Capécure : mettre à pied les capitalistes

Capécure : mettre à pied les capitalistes

 

Ces dernières semaines, deux entreprises liées au « complexe international de transformation du poisson » qu’est Capécure connaissent des coupes sombres dans les personnels ouvriers. Cela fait déjà quelques temps que le pôle industriel de Capécure vacille mais le patronat semble plus que jamais à l’offensive car désormais, il licencie à moindre frais sous couvert de mises à pied disciplinaires. Moyens faciles de se débarrasser des travailleurs en ces temps de crise profonde du capitalisme.

arb14.jpg

 

L’usine Conegan : 5 mises à pied

Le 8 décembre dernier,  cinq salariés de l’entreprise de conditionnement de poissons surgelés Conegan, basée à Wimille et qui emploie 70 employés environ, ont été mis à pied par leur direction. Motif retenu : des erreurs dans la manutention et la soudure des sachets de poisson. Les mesures disciplinaires sont lancées et aboutissent un mois plus tard aux licenciements de deux inculpés, les autres restent en suspend, parmi eux une déléguée CGT du personnel. Un mois (et quel mois!) pendant lequel le salaire n’est pas versé et malheureusement pour les licenciés aucune indemnité versée contrairement à un licenciement économique plus onéreux pour le patron. Une manière de se débarrasser d’un prolétaire à petit prix…

L’usine PRF Atlantys: 3 mises à pied

Le contexte est différent car il s’agit d’une boîte en lutte depuis plusieurs mois (il faut attendre la Mouette n°30 pour plus d’infos) contre son patron et les conditions de travail. Il s’agit d’une usine de filetage du groupe Atlantys, basé à Rungis avec une filiale à Capécure. Mais le patron est passé à l’offensive en prononçant  trois mises à pied cyniquement appelées «mise à pied à titre conservatoire ». Motif retenu : maltraitance (c’est le mot utilisé) du patron par les salariés, il est question d’insultes et de chansons humoristiques. Les patrons seraient-ils devenus susceptibles ? Encore une fois, les capitalistes ont grand besoin de trouver des prétextes pour se débarrasser d’un capital variable (les ouvriers) devenu trop coûteux dans un contexte de rétractation général de la consommation et de la production.

Un climat général de tensions

Ces deux épisodes ne sont pas isolés et s’inscrivent dans un contexte plus général de mise à sac du prolétariat boulonnais. Il n’est de secret pour personne que le secteur de la pêche et de la transformation boulonnais se cassent de plus en plus la figure. Chaque mois, des plans sociaux sont annoncés :

 

– en octobre, la Continentale Nutrition (un des leaders de la production d’aliments pour chiens et chats) ferme son usine de Vedène, près d’Avignon, mettant 99 travailleurs sur le carreau. A Boulogne-sur-mer, 22 licenciements et deux lignes de production sont fermées, la faute à la crise dit-on.

 

– en novembre-décembre, Findus, autre géant industriel de Capécure, annonce un « plan social » car l’investisseur Lion Capital connaît des problèmes de compétitivité alors que deux mois avant les salariés avaient renoncé à dix jours de RTT pour une promesse d’investissement et de pérennisation de l’activité. C’est que la course en avant du capitalisme est cruelle, une promesse de plus ou de moins, ils sont prêt à tout! On parle alors d’un rachat de l’usine par le concurrent allemand Captain Igloo, qui veut racheter la marque mais pas les unités de production boulonnaises, toujours pour une histoire de compétitivité. Une vraie histoire de pirates que les politiques s’empressent d’accaparer au nom de la défense de l’agroalimentaire français. Ils obtiennent un suspens du processus de vente de la société, mais pas un arrêt. Le navire continue de prendre l’eau, le temps-argent fera sûrement son œuvre… après les élections.

 

– Aujourd’hui, c’est au tour des entreprises moyennes de 70-80 employés de licencier comme on l’a vu avec les usines Conegan et PRF.

Jusque quand va-t-on subir cette logique implacable, qui ira toujours contre les intérêts de ceux qui travaillent ? Il est temps de proposer une réponse adaptée : celle du coup de pied bien placé

Publié dans Dossier Pêche | Commentaires fermés sur Capécure : mettre à pied les capitalistes

Déjà cinq semaines de détention « provisoire » pour les inculpé-e-s de Labège !

Déjà cinq semaines de détention « provisoire » pour les inculpé-e-s de Labège !

 

Le 14 novembre dernier à Toulouse, une dizaine de personnes ont été interpellées au cours de la rafle menée par une centaine de gendarmes mobiles dans sept lieux d’habitation, et quatre d’entre elles sont depuis incarcérées à la maison d’arrêt de Muret.

 

liberteimmediate.jpg

Ils et elles sont, avec une autre jeune femme, poursuivis pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou de dégradations de biens » ;
« violence commise en réunion sans incapacité » ;
« dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion ». Des chefs d’inculpation très lourds, au regard des faits qui leur sont imputés, et pour lesquels ils et elles nient toute participation – l’action réalisée à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Labège, le 5 juillet dernier, par une dizaine de personnes qui ont déversé des excréments sur des bureaux et des ordinateurs, et laissé sur les lieux des tracts dénonçant à juste titre l’accentuation de la répression à l’encontre des mineur-e-s. Depuis, quatre des personnes inculpées demeurent ainsi détenues sans que l’on sache pour combien de temps encore, et alors que le soutien matériel (argent, livres, vêtements, courrier) qui leur avait aussitôt été apporté est resté bloqué en tout ou partie pendant des semaines, de façon à les couper du monde extérieur et à faire pression sur elles pour les faire craquer. Par ailleurs, des prélèvements de leur ADN ont été effectués contre leur gré pendant leur garde à vue – le refus qu’elles y ont toutes opposé leur vaudra un procès le 9 mai prochain –, et le tribunal prétexte attendre le résultat de ces prélèvements pour les maintenir en détention en se gardant d’avancer la moindre date concernant leur libération.

 

La situation des « inculpé-e-s de Labège » rejoint en fait celle de nombreuses autres personnes placées en détention « provisoire » dans diverses geôles françaises pendant des mois et des mois (dernièrement à Paris et à Nantes). Les innombrables lois sécuritaires votées depuis une dizaine d’années – et appliquées en particulier à l’encontre d’une certaine jeunesse criminalisée sous les étiquettes « ultra-gauche » ou « mouvance anarcho-autonome » – permettent en effet à l’État français de s’asseoir désormais en toute légalité sur la « présomption d’innocence » censée être à la base de sa justice, créant un véritable délit d’opinion dans un silence presque parfait. La solidarité montrée aux personnes qui se trouvent jetées dans le collimateur policier et judiciaire fait de plus facilement l’objet d’une répression violente. D’imposantes forces de gendarmerie mobile ont par exemple encerclé la manifestation organisée à Toulouse le 17 décembre en soutien aux « inculpé-e-s de Labège » en voulant disperser brutalement ses quelque 200 participant-e-s après les avoir soumis-e-s à un contrôle d’identité. Que cette manifestation ait malgré tout et heureusement pu se tenir un peu plus tard prouve combien il est important de ne plus laisser faire.

 

Libération et arrêt des poursuites pour les « inculpé-e-s de Labège » et d’ailleurs !

 

En soutien aux inculpé-e-s de Labège, le CCL à Lille organise un concert de soutien, ce samedi 14 janvier à 21h.

 

 

Publié dans Répression sociale et politique | Commentaires fermés sur Déjà cinq semaines de détention « provisoire » pour les inculpé-e-s de Labège !

Dhuime tire sur ses ambulanciers

Dhuime tire sur ses ambulanciers

La maison Dhuime est une entreprise de transport sanitaire quasi incontournable pour le Boulonnais depuis des générations, Aussi lorsque pour la première fois de son histoire, en janvier 2011, son personnel se met en grève, cela sonne-t-il comme un événement.
 
La Maison Dhuime

Pour mémoire, Dhuime est la plus grosse boîte locale du genre (environ 35 véhicules). C’est un conglomérat de petites entités rachetées dans les années quatre-vingt, issu du principe d’absorption des petits par les gros. La loi basique du capitalisme. Ainsi lorsqu’un véhicule arborant l’étoile bleue se présente sous les marques Ambulances de la côte d’Opale, Outreloises, Duchêne (Neufchâtel) ou Rinxentoise : c’est Dhuime. Aujourd’bui, c’est à un patronat bicéphale que sont soumis l’ensemble des salariés de ces différents « sous-traitants ».

Nous allons voir que l’organisation de la nébuleuse repose sur le bon vouloir de l’historique famille aux commandes.
Premier point : aucune des entreprises n’excède un effectif de 49 employés, ce qui est bien pratique quand l’idée d’un CE (comité d’entreprise) révulse un patron ; il faudrait 50 salariés.
Second point : juridiquement, les véhicules devraient être garés sur les lieux des sièges sociaux des différentes compagnies. Mais tout est regroupé route de Desvres et route de Saint Omer. Faille dans laquelle la DDASS évite de s’engouffrer en prévenant Dhuime à l’avance d’un contrôle. Résultat : au
moment de l’hypothétique inspection, les véhicules tournent pour éviter de rentrer au garage…

L’entreprise a su s’adapter au marché de la morbidité en diversifiant ses missions. En effet, outre le transport sanitaire strict des patients , assis, en VSL (véhicule sanitaire léger) pour un examen… ou couché en ambulance dans le cas. d’une urgence ou d’une hospitalisation, le déplacement en taxi(l), Dhuime propose en cas de décès : la démarche administrative relative à l’autorisation de transport d’un corps -signer un document administratif en mairie- le transport de corps, la location de la housse mortuaire. Bref, le marché post-mortem est particulièrement lucratif

Le sacerdoce de l’ambulancier
Ce sont davantage les conditions de travail auxquelles les soumet leur patron que les exigences inhérentes à leur métier qui engendrent la réelle pénibilité du quotidien des ambulanciers. Et c’est sur des revendications de cet ordre, et pas salarial, que les travailleurs de Dhuime déclencheront leur grève

Concernant le temps de travail, d’abord, c’est sur une décennie qu’il faut considérer l’évolution, qui s’accélérera ces dernières années : en 2002, les ambulanciers sont payés à hauteur de 75% de leur temps de travail, en 2010 à 83 %, et à 86 % en 2011.

Ils savent déjà que les 90% promis pour 2012 seront un plafond. Certes, lorsqu’ils sont par trop éloignés de la base, il existe un temps d’attente mais dans un contexte professionnel; ils ne sont pas chez eux en famille, ni au bistrot, ni… ils sont au boulot ! D’ailleurs, ils sont toujours sous la direction d’un médecin : « vous pouvez me l’amener en radio » ou autre et l’aide à la marche des patients n’est pas une exception, alors que partout ou presque les heures de nuit et de week-end sont majorées dans le cadre d’un accord national, chez Dhuime c’est 75 %

Dans la même veine et contrairement aux accords nationaux et d’entreprise, les ambulanciers sont tenus de nettoyer (intérieur et extérieur) tous les véhicules. Avec l’agréable conséquence du lavage extérieur au “karcher” : le local est sans évacuation d’humidité, les casiers des personnels juste à côté… sacs de couchage et oreillers prennent la flotte.

Le week-end, en plus des trajets planifiés et des urgences (par définition imprévues), les ambulancier procèdent à des tâches de désinfection, de vérification des valises de secours… En cas de garde SAMU, l’équipe est en attente sur le lieu de travail, de l’oisiveté payée à 75% ; là encore il faut les occuper: nettoyage, balayage y compris des bureaux et véhicules personnels des patrons… S’ajoutent les modalités de prise de service. Le personnel est prévenu de son horaire d’embauche la veille au soir, sans savoir quand il va finir(2). On se doute que ce fonctionnement « à flux tendu » désagrège tout projet dans la vie personnelle du salarié. Dhuime ne refuse jamais une course , même si le retard de la prestation est inévitable, il faut être sur le coup.

Cette « philosophie » engendre des attentes qui peuvent excéder une heure. Aux ambulanciers, en première ligne, d’affronter le mécontentement des patients, de leurs familles, des personnels soignants qui ont poireauté. Appelés continuellement, le stress est permanent. Reste pêle-mêle les vicissitudes matérielles : pas de local d’habillage/déshabillage chauffé(3); casiers à l’air libre dans le garage; pas de papier toilette ni de produits d’entretien aux wc; chambres et lits vétustes , et Dhuime ne fournit aucune protection: le personnel achète ses gants en latex et ses protège-chaussure !

La grève

Les ambulanciers ont mis sur la table de façon répétée leurs griefs quant à leurs conditions de travail, plus essentielles à leurs yeux que les questions salariales. Le mépris revendiqué de leurs patrons pour ces petits bobos a graduellement exacerbé les tensions. À la base, nous l’avons dit, les revendications portent sur les conditions (primaires) de travail : des vestiaires dignes de ce nom, du matériel d’entretien et de désinfection des véhicules… et la mise en place d’un planning voté lors de l’accord d’entreprise. Le planning n’est pas horaire. Il y a une équipe du matin, une intermédiaire (10/12 heures) et une du soir ; c’est à dire de midi à … plus d’heures, selon les déplacements lointains (jusqu’à Lille voire le centre de la France). Aucune réponse n’a jamais été apportée aux revendications relatives à cet emploi du temps.

Tant que la CFDT était majoritaire chez les élus du personnel, les signaux de détresse des salariés s’évaporaient. La CGT, arrivée au poste de porte-parole s’est rendue compte de l’ampleur du ras le bol et de la prise de conscience des capacités à réagir des employés(4). Après avoir laissé bouillir la marmite, les syndicats, ayant raccroché les wagons, ont joué leur rôle de catalyseur. Et le 14 janvier 2011, pour la première fois dans l’histoire de la maison Dhuime, les travailleurs déclarent la grève. Le conflit sera réglé dans la journée.

Entamé à six heures du matin, le conflit démarre par des menaces verbales des patrons, qui en sont coutumiers. Cette fois, les salariés ne se laissent pas intimider et les négociations très vite menées débouchent sur la signature d’accords par Dhuime, représentant régional des compagnies d’ambulances pour sa part et la CGT.

Un état stationnaire.

Constat après l’incident: vestiaires merdiques etc. La mise en place du planning reste au bon vouloir des patrons et une entourloupe à la clef : un accord sur une prime de repas et le temps de pause. Une demi heure pour manger et une prime de 12,10 euros ; une demi heure sur la prime, une demi heure après le temps de travail. Autrement dit, une demi heure de travail reconnue en sus du temps de travail effectué. Exemple : l’ambulancier travaille dix heures avec sa pause d’une demi heure, on y ajoute une demi heure, il a donc… dix heures et demi de travail reconnues ! Ensuite, les patrons font en sorte que le personnel ait toujours une heure de pause, donc plus de prime repas. Illustration avouée des Dhuime : “Avec l’économie réalisée, on va pouvoir s’acheter une belle Mercedes !”.

Finalement, c’est le statu quo. L’escalade est ouverte, les revendications pourraient déborder sur le plan salarial, paraît-il… Le pouvoir bicéphale s’en fout. Il est d’autant prêt à aller au clash qu’il n’y a pas eu de retour de flamme au non respect des engagements paraphés. Le partenariat social a repris ses droits et ses travers. Les ambulanciers sont décidément… patients.

Notes

1) NB : le transport en taxi pris en charge par la “sécu” est mieux remboursé que le VSL. Par ailleurs, les longs trajets sont préférés à l’intra-muros : le parcours et le temps d’attente du « chauffeur de taxi » sont facturés à la sécu.
2) Légalement 12 heures consécutives maxi. Temps de travail qui est explosé en permanence pour certains.
3) Un local de douche transformé qui offre 1,5 m2 pour deux.
4) Il est évident que les affaires de collaboration, de négociation ou au contraire de lutte vis à vis du patronat repose davantage sur les militants au sein de l’entreprise que sur l’étiquette à proprement parler : chacun connaît des boîtes locales où la CFDT sait monter en première ligne.

——————————————-

Dernière minute.

Depuis la rédaction de cet article durant l’automne 2011, certaines choses ont changé. Un vestiaire digne de ce nom et chauffé a été construit, une évacuation d’air humide installée et la chambre rénovée. Ceci ne doit pas faire oublier que les plannings n’ont toujours pas été mis en place. A cela s’ajoutent des disparités salariales notamment au niveau des primes, des heures supplémentaires, des indemnités repas, et le harcèlement patronal font que le personnel a de nouveau débrayé le jeudi 26 janvier 2012. Au jour de l’écriture de cet article, le 26 janvier 2012, les négociations viennent juste de s’ouvrir. Elles s’annoncent difficiles et tendues. Rendez vous au lecteur-trices au prochain numéro du journal pour les tenir informés des avancées de la lutte.

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur Dhuime tire sur ses ambulanciers

“Au pays d’Usinor”, la projection et le débat autour de l’expérience du Syndicat de Lutte des Travailleurs d’Usinor-Dunkerque.

“Au pays d’Usinor”, la projection et le débat autour de l’expérience du Syndicat de Lutte des Travailleurs d’Usinor-Dunkerque.

Rapide retour sur la soirée du 23 septembre où en compagnie de camarades du Syndicat de Lutte des Travailleurs d’Arcélor-Mittal de Dunkerque nous avons débattu autour du film de Richard Prost : “Au pays d’Usinor”.

Avouons le après coup, l’organisation et la réussite de cette soirée relevaient quelque peu du pari, et il le fut finalement avec un certain succès puisqu’une cinquantaine de personnes assistèrent à la projection et à sa suite entamèrent le débat durant près d’une heure et demi.

81

 Pour nous, l’intérêt de cette réunion était double: d’abord évoquer une expérience que nous qualifierions “d’autonomie ouvrière” et en regard de cette histoire, faire le point sur ce que la période actuelle porte de limites mais également de possibles dans la lutte contre le capitalisme.

La restructuration de nombreux secteurs de la production a entraîné la disparition d’une mémoire, de réflexes et de pratiques de classe qui laisse aujourd’hui un vide lourd de conséquences. Cela fut répété à plusieurs reprises et semblait assez partagé par une partie importante de l’assemblée. Les témoignages de jeunes travailleurs renforcèrent cette idée lorsqu’ils évoquèrent les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, afin de simplement discuter et échanger sur ce qu’ils vivent et subissent sur leurs propres lieux de travail.

Pour autant, depuis, d’autres manières d’envisager la lutte et de l’organiser ont fait leur apparition comme c’est le cas par exemple dans le secteur du nettoyage ou de la restauration rapide. Des “collectifs de solidarité” aux travailleurs en lutte mêlant syndiqués, non syndiqués et associatifs ont joué un rôle déterminant ces dernières années dans l’issue et le succès de ces bagarres.

Le “mouvement contre la réforme des retraites” fut également discuté et à travers lui le rôle de pompier social et la fonction intégratrice des bureaucraties syndicales.

Nous reviendrons plus longuement dans les pages du prochain numéro de La Mouette Enragée sur le déroulement de cette soirée ainsi que sur le fond des discussions qui s’y sont tenues. D’ores et déjà nous tenons à remercier les camarades du SLT ainsi que toutes les personnes présentes lors de cette soirée. Nous remercions particulièrement Richard Prost de nous avoir fourni une copie de son film.

Le site de richard Prost : http://prost.tv/1.html


Retour sur la soirée du 23 septembre

 
Le 23 septembre 2011 la Mouette enragée organisait une soirée débat autour d’un documentaire de Richard Prost : Au Pays d’Usinor. Ce documentaire tourné en 1984 relate une expérience de lutte ouvrière dans le secteur de la sidérurgie. Il évoque une partie de l’histoire du Syndicat de Lutte des Travailleurs (SLT) à Usinor Dunkerque alors que vient de se produire un grave accident à l’aciérie. Il paraissait églement important de faire connaître ce film interdit à deux reprises (1985 et 1986) au festival  » Cinéma et Monde Ouvrier  » de Saint-Nazaire.
Revenir sur cette expérience bientôt vieille de 30 ans avait pour nous un intérêt multiple.

Un intérêt historique, certes, celui d’un retour sur une expérience de combat ouvrier mené contre la restructuration d’un pan stratégique de l’industrie à un moment où la gauche est au pouvoir et les centrales syndicales soumises à la volonté moderniste de l’État.
Une histoire qui nous parle encore aujourd’hui car si dans la sidérurgie les restructurations sont achevées, nous traversons actuellement une période de réorganisation qui frappe d’autres secteurs : les transports, l’énergie, les communications… ces restructurations produisent les mêmes effets sur les travailleurs : licenciements, intensification du travail, nouvelles techniques de contrôle et de gestion de la main d’œuvre, maladies, suicides, etc.
Mais avant tout, ce court métrage est à notre connaissance un des rares documents témoignant d’une démarche ouvrière autonome et collective dans la région, au moment où ailleurs d’autres empruntaient des chemins identiques : le SDB à la BNP, le Comité 79/84 à Longwy, le SAT à la Poste, le SNPIT à Air Inter.
Aujourd’hui, l’intégration des centrales syndicales à l’appareil d’État est achevée et s’illustre dans la série de « démobilisations » et défaites sciemment orchestrées ces dernières années. Pour autant, l’exigence qu’exprime les travailleurs d’organiser et contrôler leurs luttes par et pour eux-mêmes n’a pas disparu. Elle n’a cessé de prendre des formes changeantes : depuis les Coordina-tions des années 80, aux Assemblées Générales syndicales de base de 1995, en passant par les Assemblées Interprofessionnelles ou les AG de villes de 2003, les comités locaux de lutte contre le CPE, etc.

Les débats ayant suivi la projection ont d’ailleurs rebondi sur certains de ces points. En effet, ont été évoqués différentes luttes qui se sont produites notamment à l’automne 2010 contre la réforme des retraites, mais également le besoin pour les travailleurs d’un espace de discussion où échanger sur les conditions de travail.

Coup de projo sur une lutte ouvrière et le débat publique qui s’en suivit.

Suite à la projection du film, une discussion s’est engagée entre les personnes venues assister à la soirée et les camarades du SLT. Trois grandes thématiques sont ressorties de ces échanges : un patronat avide de bénéfice au mépris de la vie ; des syndicats et parfois des ouvriers jaunes1 préférant leur intérêt personnel à la sécurité de chacun ; un manque croissant de communication entre les ouvriers d’une même usine et, par là même, entre les salariés.

Patrons meurtriers : 210 morts à Usinor depuis l’ouverture

Face à une direction qui laisse mourir ses salariés en ne leur permettant pas d’exercer en toute sécurité, le SLT s’est créé et a agi à chaque manquement entraînant des drames. Ce sont ainsi 210 ouvriers qui sont morts à Usinor depuis son ouverture.
Personne ne bouge quand un ouvrier meurt ou se blesse sur son lieu de travail, mais quand le patron est séquestré ; haro sur les terroristes !
Ce sont eux les terroristes : patrons, juges aux ordres, inspecteurs du travail conciliants. Lorsqu’un de ces derniers avait l’heur de s’intéresser aux conditions de travail des ouvriers « il ne tenait pas plus d’un an ou deux » souligne un des camarades du SLT.
Aujourd’hui peu de choses ont changé. A cette différence près que maintenant les boulots les plus dangereux sont effectués par des sous-traitants. Ainsi, Mittal a beau jeu de dire qu’il n’y a pas de mortalité dans l’entreprise : on ne compte pas bien sûr les morts dans l’ambulance. Même pour ceux qui meurent sur place, certains ne sont pas comptés car ne faisant pas partie des ouvriers Mittal. D’ailleurs les entreprises extérieures comptabilisant trop d’accidents ne peuvent plus avoir de contrat avec Mittal ; elles cachent donc les accidents.
Pour le SLT un travailleur est un travailleur qu’il soit de l’entreprise ou non. Alors forcément les chiffres diffèrent.

slt.jpg

Quand 2 morts peuvent valoir une légion d’honneur

Encore un exemple du rôle tenu par la justice lorsqu’il s’agit de condamner des patrons meurtriers. Dans le film, deux décès sont évoqués suite à la suppression d’un pont à la coulée continue. Le SLT intente alors des poursuites au pénal contre Marcus, directeur des aciéries de Solac à l’époque. Il est alors condamné à 5 000 Fr d’amende et de la prison avec sursis.
Les suites d’un autre procès sont encore plus édifiantes sur cette connivence de fait entre justice et patronat. Après 13 années de procédure suite à un nouveau décès dans l’entreprise, le même Marcus est condamné à 6 mois de prison avec sursis. Il propose alors à la famille de retirer sa plainte contre une grosse somme d’argent. En effet, cet honnête homme n’aurait pas pu en cas de récidive recevoir sa légion d’honneur !!!

Des syndicats et des travailleurs à la botte des patrons

De tout temps il y a eu des jaunes dans toutes les boîtes ; c’est pas nouveau ! Mais cet état de fait s’est accentué depuis que l’outil d’organisation des travailleurs, le seul légal, à savoir le syndicat sert la cause des patrons.
La culture de la lutte a beaucoup changé. On l’a vu notamment en 81. Avec l’arrivée de Mitterrand au pouvoir, les syndicats se sont tous tus et surtout la CGT. On ne pouvait plus se battre contre un gouvernement dans lequel les camarades communistes pointaient. Et puis les patrons y ont mis leur graine : divisons les ouvriers pour mieux régner, faisons leur croire qu’ils participent réellement à la réussite de l’entreprise. Ainsi ils ne lutteront plus contre l’entreprise dont ils ont l’impression d’être eux-même les entrepreneurs. C’est ce qu’a mis en place Mittal : des réunions dans des hôtels 5 étoiles avec des bourreurs de crânes canadiens présents pour diviser les travailleurs en passant par les cercles de qualités, leur dernière invention est la PEP petite entreprise personnelle que chaque travailleur peut développer pour participer à la grande entreprise. Foutaise que toutes ces inventions patronales qui n’ont que pour but d’éloigner les travailleurs de la lutte quotidienne : pour l’amélioration de leurs conditions de travail et contre la main mise des patrons sur les revenus de leur production.
Et les syndicats dans tout ça ? Même si la CGT ne peut plus utiliser les mêmes excuses qu’en 81 (la présence du PC au gouvernement) qui améliorera la condition des travailleurs ; il y a bien longtemps qu’elle n’est plus là pour défendre les travailleurs face aux requins navigant dans les eaux troubles de la bourse. Pour exemple la réaction de celle-ci lors de la reprise à Gandrange d’Arcelor par Mittal : « après tout Mittal c’est pas si mal que ça ». Comme le dit le camarade du SLT : « T’as perdu quand t’en es là ! ». Car il ne faut pas se leurrer Mittal reste en France pour l’instant car il peut bénéficier des aides de l’état lors de chômage technique partiel sans avoir à débourser un centime pour les impôts puisque le siège social est au Luxembourg. Mais lorsque la situation ne lui sera plus favorable, il n’hésitera pas à mettre les voiles pour retrouver ailleurs des coûts de production moindres.

On nous cache tout, on s’dit plus rien

La presse bourgeoise depuis longtemps propriété des patrons ne parle des actions des travailleurs qu’en les présentant comme de dangereux terroristes prêts à tout pour garder leur gagne pain quitte à détruire, polluer, séquestrer, etc. Ou alors ils sont décrits comme des inconscients prenant en otage les gentils travailleurs qui n’ont rien demandé et qui veulent tant aller travailler. Bref les travailleurs en grève sont une engence qu’il faut empêcher de nuire et patronat et gouvernement ont tout a fait raison de faire en sorte que le droit de grève soit rogné.
C’est avec cet état de fait en tête que le SLT a attaqué les patrons de Mittal au pénal ; pour faire de la publicité sur ce que les médias nous cachent habituellement. Et oui, travailler tue !
Néanmoins, cela peut aussi être un avantage de ne pas passer dans la presse de son maître.
Mais bien plus grave que la désinformation ambiante, il y a le manque total de communication qui semble gagner tous les travailleurs. Le patronat n’est d’ailleurs pas innocent dans ce manque de communication. Un bel exemple encore une fois mis en place à Arcelor Mittal : les grands réfectoires qui permettaient autrefois de prendre le repas ensemble et de discuter ont tout simplement disparu. Sont venues les remplacer des petites cuisines de 6 places environ empêchant toute discussion de groupe.
Autre exemple : les prises de poste perlées monnaie courante dans de nombreuses boîtes. Personne ne commence à la même heure, donc les pauses ne sont pas prises ensemble (quand elles peuvent être prises) et fins de poste échelonnés pour tout le monde. Impossible dans ces conditions de discuter entre collègues.
Le problème va bien au-delà de l’entreprise, on ne discute plus entre travailleurs. Il n’y a plus de lieu de discussion à l’intérieur ou en dehors de l’entreprise qui permettrait a minima de se tenir au courant les uns les autres et pourquoi pas de mettre en place des stratégies de lutte contre le patronat et les gouvernants qui les soutiennent.

De là à dire que recréer des lieux de discussions ouvertes non phagocytés par les syndicats mais bel et bien entre les mains des travailleurs serait une partie de la solution, hé bien oui ! Se parler, échanger, se rencontrer n’est-ce pas déjà un premier pas vers la lutte contre ces “ patrons ripoux “, comme le proposent certains intervenants. N’hésitons pas à nous rejoindre et à discuter dès que cela est possible ; n’attendons pas les appels des syndicats pour nous réunir dans la rue. Car ces ballades ne sont bien souvent pas des lieux d’échange. Utilisons l’espace public comme nous l’entendons, pas besoin pour cela des centrales ou d’une quelconque autorisation.

Notes :
1 – On entend par « jaune » les syndicats et travailleurs qui avant de penser à aider, soutenir, défendre, etc. leurs collègues réfléchissent à comment plaire aux patrons pour en tirer des avantages divers.

 

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur “Au pays d’Usinor”, la projection et le débat autour de l’expérience du Syndicat de Lutte des Travailleurs d’Usinor-Dunkerque.

Old Great Britain : Pete Simpson ou les réflexes thatchero-victoriens

Old Great Britain : Pete Simpson ou les réflexes thatchero-victoriens

Les « émeutes » de Londres ont été l’occasion pour le gouvernement anglais de tester et élargir son système répressif. De nombreuses personnes, impliquées ou non ont fait l’objet d’arrestations arbitraires et se sont retrouvées rapidement dans des geôles déjà surchargées.

Prenons l’exemple très concret de Pete Simpson, un militant anglais qui, au début des révoltes urbaines ne se trouvait pas au Royaume Uni. Il décide, au vu des événements de rentrer à Londres pour voir ce qu’il s’y passe. N’étant pas d’accord avec le pillage des très petits commerçants (dont certain se trouvaient eux aussi dans la rue), il préfère ne pas se mêler aux révoltés, juste rester en observateur. Le lendemain d’une nuit très agitée dans les rues de Peckham, il s’en va avec un ami chercher de quoi manger. Il se retrouve dans un quartier plutôt calme situé à 4-5 km de Peckham, occupé par les policiers. Quelques uns d’entre eux considérant que ce binôme pouvait être un groupe suspect décide d’aller le contrôler. Lors de la fouille, ils ne découvriront dans les sacs que des produits alimentaires récupérés dans les poubelles du quartier quelques minutes avant et, dans celui de Pete, un cutter qu’il avait oublié. La détention de ce cutter sera le prétexte pour placer Pete deux nuits en garde-a-vue au commissariat de Camberwell. Ce dangereux militant sera ensuite enfermé dans une des minuscules cellules de la prison de Brixton. Les ordres avaient été donné de garder en détention l’ensemble des personnes arrêtées durant la période des émeutes et pouvant probablement être impliquées dans ces « désordres ». Ainsi, ses deux premières demandes de libération sous caution furent refusées, la troisième fut acceptée fin septembre, après presque deux mois à croupir en prison. Pete est aujourd’hui assigné à résidence chez sa famille dans le Yorkshire et attend son procès qui aura lieu en Décembre.

Pete a la chance d’avoir un bon avocat et de part ses nombreux camarades, connaissances et amis, a eu la chance d’être soutenu psychologiquement dès le premier jour de son séjour en prison. En effet, il a reçu de nombreuses cartes de soutien provenant de nombreux militants d’Europe, ce qui lui a permis de tenir durant ces longues semaines d’enfermement.

N’oublions pas que d’autres anonymes n’ont pas cette « chance » et sont encore enfermés, probablement sans aucun soutien dans les nombreuses et immondes prisons de Grande-Bretagne.

Pete est une victime parmi d’autres des lois liberticides et du système répressif accru qui sévit en Angleterre depuis quelques années et qui est constamment renforcé (comme dans l’ensemble de l’Europe), l’approche des jeux Olympique n’améliorant rien !

Soyons solidaires avec les enfermés !

Publié dans Répression sociale et politique | Commentaires fermés sur Old Great Britain : Pete Simpson ou les réflexes thatchero-victoriens

Projection-débat « Au pays d’Usinor », le 23 septembre à 20h30

Projection-débat « Au pays d’Usinor », le 23 septembre à 20h30

 

promo-slt.jpg

 

Extrait du film ici

Publié dans Dans vos agendas | Commentaires fermés sur Projection-débat « Au pays d’Usinor », le 23 septembre à 20h30

Répression des luttes et des mouvements sociaux : deux nouveaux procès à venir en septembre. Contre la répression, organisons la solidarité

Répression des luttes et des mouvements sociaux : deux nouveaux procès à venir en septembre. Contre la répression, organisons la solidarité

 

150x150.png

 

En cette période où la légitimité des gouvernants est contestée en Europe, en Méditerranée et au delà, la répression demeure in fine la réplique des Etats aux revendications populaires. L’offensive à laquelle se livrent les capitalistes depuis trois décennies sur l’ensemble des champs sociaux : travail, formation, aménagement du territoire, etc… entraîne ces derniers temps une remontée des luttes partout dans le monde. En France, le personnel politique de gauche comme de droite anticipe et accompagne ce retour -fantasmé ou réel- de la contestation en renforçant continuellement l’arsenal répressif. A chaque poussée sociale pleuvent procès et condamnations bornés par une foisonnante législation d’exception et autres lois dites “Anti-Terroristes”. La construction d’un ennemi de l’intérieur : la figure du jeune, politisé et actif dans les luttes affublé du grotesque épithète “d’anarcho-autonome” achève de dévoiler la stratégie que poursuit le pouvoir dans le combat qu’il mène contre les intérêts des prolétaires : travailleurs en activité ou pas, immigrés, jeunes …

Si ces manoeuvres ne trompent personne, pour autant elles ne doivent pas nous laisser isolés et donc désarmés face à cette machine à broyer lorsqu’elle se présente sous son aspect policier et/ou judiciaire. La question de la répression et la réponse que l’on se doit d’y apporter est donc essentielle pour celles et ceux qui luttent. Elle passe en premier lieu par l’expression d’une solidarité active et concrète : faire circuler l’information, les textes et les outils, les adresses utiles qui permettent de faire face, de trouver des appuis, des conseils, d’organiser le soutien, de l’élargir, de mobiliser et peser le moment venu en posant politiquement les problèmes… Tout cela repose sur la capacité dont nous disposons à nous organiser localement et à mettre en lien les acteurs de cette solidarité.

Une problématique particulièrement d’actualité et qui mériterait d’être débattue sur le littoral dans le contexte des procès en série qui frappent les militant-es solidaires des sans papiers sur le  Calaisis…

 

La Mouette Enragée le 9/08/11.

 

A noter dès maintenant, deux appels à la mobilisation lancés pour le mois de septembre à Lille puis à Boulogne-sur-mer.

 

Alors que la rentrée de 2010 avait commencé de manière sportive avec des nombreux rassemblements de citoyens pour défendre leur retraite ou dire non aux renvois arbitraires des communautés roms, la rentrée 2011 s’annonce beaucoup moins festive avec pas moins de 2 procès en 2 jours, à Lille puis à Boulogne sur mer,

 

Le premier à lieu le 6 septembre 2011 à 14 heures au TGI de Lille. Julien, un militant du mouvement contre la réforme des retraites est envoyé au tribunal par la SNCF qui lui réclame pas moins de 45000 € pour avoir participé au blocage des voies de la gare Lille Flandres le 18 octobre 2010. Cette procédure grossière vise clairement ce camarade très actif dans la région lilloise alors que le blocage était organisé par 70 citoyens refusant l’avenir professionnel que nous propose l’état capitaliste. La SNCF s’était déjà illustrée dans sa collaboration avec les nazis en 39. Elle brille aussi dans sa collaboration avec le ministère de l’immigration en dénonçant à la PAF les sans-papiers présent dans ses wagons ! La SNCF  peut aujourd’hui être fière d’être l’entreprise publique de la répression des mouvements sociaux.

 

Le second procès à lieu le 8 septembre 2011 à 13h30 au TGI de Boulogne-sur-mer et verra comparaître Lauren et Lauren, deux citoyennes britanniques qui elles aussi ont été clairement visées lors de leur arrestation le 2 juillet 2011. En effet, ce jour-là une trentaine de militants No Border avaient bloqué le centre de rétention de Coquelles pendant une partie de la matinée afin de dénoncer l’enfermement des sans-papiers, la militarisation des frontières ainsi que la prolifération de ces prisons pour étrangers. Connues des services de la PAF Coquelles pour avoir été forcées d’en visiter les cellules quelques mois précédant l’action, seules ces deux activistes furent choisie dans le groupe. Au cours de leur garde à vue, elles refusèrent toutes deux de se soumettre au prélèvement des empreintes digitales comme elles l’avaient déjà fait lors de leur première interpellation (ce qui les avait entre autre déjà emmenées devant le TGI de Boulogne le 12 juillet dernier). Le fichage des militants et plus généralement des populations gênantes est systématique, récurant et honteux ! Ce procès sera l’occasion pour nous de dénoncer une nouvelle fois ces méthodes de fichage des populations avec ou sans papier.

 

Nous, militants No Border, vous invitons à venir soutenir Julien, Lauren et Lauren contre la répression d’état qui frappe toutes les branches des classes modestes.

 

Rendez vous :

  • à Lille le 6 Septembre 2011 à 11h devant la direction générale de la SNCF (33 avenue Charles St Venant) pour une manifestation jusqu’au tribunal. Un rassemblement se tiendra ensuite devant le tribunal, de 13h45 jusqu’à la sortie du camarade inculpé.
  • à Boulogne sur mer le 8 Septembre 2011 à 13h place de la  Résistance en face du TGI pour accompagner et soutenir nos deux camarades dans la lutte contre la répression et le fichage des populations.

 

 

Legal team No Border Calais

Publié dans Répression sociale et politique | Commentaires fermés sur Répression des luttes et des mouvements sociaux : deux nouveaux procès à venir en septembre. Contre la répression, organisons la solidarité

La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages

La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages


Le 12 juillet 2011, trois de nos camarades comparaissaient pour des accusations grotesques d’occupation illégale, rébellion en réunion et refus de prise d’empreintes.

Courant Avril, alors qu’ils étaient en pleine activité pacifiste de Cop-Watching, nos trois amis avaient été arrêtés dans le principale squat de sans papiers et demandeurs d’asile du Calaisis. Ce raid policier intervenant quelques jours après la publication sur les sites de rue89 et des inrocks de vidéos présentant ces même agents de la PAF agir de manière peu déontologique. Ceux-ci n’ont pas caché leur volonté de se faire justice eux même : immobilisation violente, coups et noms d’oiseaux volèrent une fois de plus ce jour la!

Le système judiciaire français étant adapté pour protéger et légaliser au maximum les violences d’état, se défendre face à des déclarations mensongères de policiers assermentés n’est pas chose facile.

 Tribunal.jpg

Convoqué à 8h30, il fallut cependant attendre jusqu’à 13h pour entendre le président énoncer les faits reprochés et donner la version des nombreux policiers ayant soumis de faux témoignages pour l’occasion. Ni les parties civiles (Fréderique Gourdin et Gael Bertaux), ni les 4 témoins policiers trouvés pour l’occasion n’ont pensé opportun de venir s’expliquer de vive voix devant la cour! Avaient-ils peur de se retrouver face aux prévenus sans pouvoir utiliser les tonfas ou les lacrymogènes, ou bien peur de voir démonter leurs versions des faits en direct par notre avocate? Après avoir écouté les réquisitions du procureur qui pour la globalité des faits demandait 3 mois de sursis pour chacun, maître Marie Hélène Calonne a su relever les nombreuses incohérences des déclarations des policiers, mettre en avant la légitimité de l’action pacifique des activistes, véritables grains de sables dans le système répressif, et lier ce procès à la diffusion des vidéos et à la saisine du défenseur des droits de l’Homme sur les violences policières à Calais.

  Sans-titre-14.jpg

Le délibéré tomba à 16h en présence de la trentaine de militants restés toute la journée pour soutenir nos camarades. Les trois sont relaxés pour les faits de violences et d’occupation illégale et sont reconnus coupables mais sans peine pour le refus de prise d’empreintes. Le jugement pour les dernières charges ajoutées à la hâte contre deux des trois prévenus lors de l’action contre le CRA de Coquelle quelques jours auparavant (refus de se soumettre à un contrôle d’identité) est reporté au 8 septembre a 13h30.

Ce résultat est évidemment une victoire pour notre mouvement et achève une série de comparutions ridicules. Pour rappel, le 23 juin une militante a été relaxée pour des faits similaires de violence contre agent de la PAF, ce même jour trois de nos amis demandeurs d’asiles soudanais ont eu aussi été relaxés pour des accusations d’occupations illégales et le 29 juin une autre militante a été condamnée à 500€ d’amende ( +1€ symbolique pour l’honneur du policier) pour outrage.

Prochain rendez-vous au TGI de Boulogne, jeudi 8 septembre à 13h30!

Ni la répression,ni les intimidations ne feront plier notre détermination. Nous continuerons à surveiller et dénoncer les méthodes ultra-répressives de la police envers les exilés et à lutter pour la liberté de circulation et d’installation, la fermeture des centres de rétention et la fin des expulsions.

Publié dans Répression sociale et politique | Commentaires fermés sur La PAF va devoir peaufiner ses faux témoignages

Rendez-vous mardi 12 juillet à partir de 8h30 au TGI de Boulogne-sur-mer pour

Rendez-vous mardi 12 juillet à partir de 8h30 au TGI de Boulogne-sur-mer pour

 

Dans tout juste moins d’une semaine aura lieu un procès important lors duquel trois de nos camarades actifs auprès des sans papiers de Calais comparaîtront pour des faits (non-avérés) de violences en réunion, occupations illégales et refus de soumission à la prise d’empreintes.

 

Comme les deux précédents procès du mois de juin, cette convocation a uniquement pour but de nous affaiblir psychologiquement, moralement et financièrement. Après l’intimidation des migrants, les services de l’état semblent avoir pour objectif de se ré-attaquer à celles et ceux qui sur le terrain leur expriment une solidarité concrète.

 

Nos trois camarades étaient présents le 21 avril dernier dans le squat africain (aujourd’hui démantelé) afin de travailler main dans la main avec les sans-papiers contre la répression policière dont ils sont victimes depuis de trop nombreuses d’années. Après avoir subi violemment les multiples assauts de la Police Aux Frontières, ils furent arrêtés et gardés à vue quelques heures. Ce raid policier n’était pas le fruit du hasard puisqu’il s’est déroulé juste après la diffusion par le groupe No Border Calaisien de vidéos et de témoignages montrant les mêmes agents de la PAF de Coquelles en bien gênantes postures… (1) Mardi, le système judiciaire donnera probablement raison aux voix assermentées des deux policiers accusateurs…

 

A noter que ces même services de police se sont acharnés depuis sur deux militantes convoquées au tribunal mardi prochain. En effet, depuis le 21 Avril, elles ont subi de véritables agressions physiques de la part des agents de la PAF de Coquelles et des CRS stationnés dans la ville; trois d’entre elles ayant abouti de la part des militantes à des dépôt de plaintes avec certificats médicaux + jours deux d’ITT.

 

Rappelons le : Calais est le lieu de toutes les expérimentations répressives et sécuritaires française et britannique. Les techniques de contrôle, d’intimidation et de répression sont systématiquement appliquées par l’Etat à l’encontre des populations les plus fragilisées telles que les sans-papiers, les demandeurs d’asiles, les prolétaires en lutte avec ou sans emploi … Aujourd’hui, elles tendent à cibler des fractions plus large de la population avec le développement du fichage électronique généralisé par exemple… Cette répression d’ Etat nous concerne tous que nous ayons des papiers ou pas et c’est ensemble que nous devons commencer à nous organiser afin d’y répondre, de l’affaiblir et de la détruire !

 

 

—————————————————————————————————–

 

(1) vidéos disponibles sur : http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/62977/date/2011-04-10/article/harcelement-policier-a-calais-les-videos-qui-font-honte/

 

Publié dans Répression sociale et politique | Commentaires fermés sur Rendez-vous mardi 12 juillet à partir de 8h30 au TGI de Boulogne-sur-mer pour

Le port de Calais de nouveau le champ des manoeuvres sécuritaires de l’Etat

Le port de Calais de nouveau le champ des manoeuvres sécuritaires de l’Etat

 

Depuis de nombreuses années, la traque des sans papiers à laquelle se livrent conjointement les Etats français et britannique configure la région calaisienne en champ de manoeuvre privilégié d’exercices sécuritaires.

     Véritable “zone laboratoire” où l’Etat éprouve chaque innovation en matière de détection, de surveillance et in fine de répression, c’est dorénavant sur les bassins du port que devrait se déployer un dispositif qui, pour l’heure, semble plutôt relever de l’effet de manche.

     Qui croira que la mise à l’eau d’un canot pneumatique piloté par quelques C.R.S freinera la détermination des sans-papiers qui, rappelons le, continuent d’échapper aux mailles du filet aussi serrées soient-elles.

un-canot-pneumatique-et-trente-crs-pou-1181116-copie-1

    Par contre, il n’est plus à démontrer que la figure de l’immigré compte pour l’Etat d’abord au nombre des bouc émissaires qu’il façonne à dessein, attisant ainsi les peurs d’une fraction de la population déboussolée par les effets dramatiques d’un capitalisme à l’appétit insatiable.

     Rappelons nous simplement le délirant déploiement militaire qu’occasionna en 2009 à Calais la tenue du camp « No Border ». L’annonce par la presse locale d’un déferlement sur la ville de hordes de casseurs allogènes avait offert à l’Etat l’occasion d’exalter consensus et adhésion à l’endroit de ses valeurs d’ordre et de sécurité. C’est d’ailleurs lors de cet événement que se déploya pour la première fois dans le port un dispositif tel que celui que nous annonce aujourd’hui le préfet du Pas-de-Calais

No Border. police port-4.

     Les futurs “Jeux Olympiques” nous dit-on, et bientôt le projet d’extension du Port, voilà qui justifierait en plus de la chasse quotidienne à l’étranger une présence des forces de répression toujours plus visible, toujours au plus prêt de la population.

      Pour nous, il apparaît nettement qu’à mesure que s’intensifiera l’offensive du capital contre les conditions d’existence des travailleurs et des chômeurs – la situation que rencontrent actuellement la Grèce, l’Islande, le Portugal, l’Espagne ou l’Irlande ne constituent pour l’heure que les prémices de bouleversements à venir bien plus profonds- le quadrillage du territoire et le contrôle des populations s’aggravera implacablement.

       Si habituellement l’Etat expérimente et systématise ses méthodes répressives à l’encontre des groupes sociaux les plus fragiles : immigré-es, lumpen-prolétaires, etc… les temps à venir pourraient mettre face à lui des franges bien plus larges de la population, qui à mesure que la crise les précipitera dans la difficulté n’auront une fois leur tour venu plus grand chose à perdre.

Publié dans Luttes des Sans Papiers : Sangatte - Coquelles - Calais | Commentaires fermés sur Le port de Calais de nouveau le champ des manoeuvres sécuritaires de l’Etat