Capécure : mettre à pied les capitalistes

Capécure : mettre à pied les capitalistes

 

Ces dernières semaines, deux entreprises liées au « complexe international de transformation du poisson » qu’est Capécure connaissent des coupes sombres dans les personnels ouvriers. Cela fait déjà quelques temps que le pôle industriel de Capécure vacille mais le patronat semble plus que jamais à l’offensive car désormais, il licencie à moindre frais sous couvert de mises à pied disciplinaires. Moyens faciles de se débarrasser des travailleurs en ces temps de crise profonde du capitalisme.

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L’usine Conegan : 5 mises à pied

Le 8 décembre dernier,  cinq salariés de l’entreprise de conditionnement de poissons surgelés Conegan, basée à Wimille et qui emploie 70 employés environ, ont été mis à pied par leur direction. Motif retenu : des erreurs dans la manutention et la soudure des sachets de poisson. Les mesures disciplinaires sont lancées et aboutissent un mois plus tard aux licenciements de deux inculpés, les autres restent en suspend, parmi eux une déléguée CGT du personnel. Un mois (et quel mois!) pendant lequel le salaire n’est pas versé et malheureusement pour les licenciés aucune indemnité versée contrairement à un licenciement économique plus onéreux pour le patron. Une manière de se débarrasser d’un prolétaire à petit prix…

L’usine PRF Atlantys: 3 mises à pied

Le contexte est différent car il s’agit d’une boîte en lutte depuis plusieurs mois (il faut attendre la Mouette n°30 pour plus d’infos) contre son patron et les conditions de travail. Il s’agit d’une usine de filetage du groupe Atlantys, basé à Rungis avec une filiale à Capécure. Mais le patron est passé à l’offensive en prononçant  trois mises à pied cyniquement appelées «mise à pied à titre conservatoire ». Motif retenu : maltraitance (c’est le mot utilisé) du patron par les salariés, il est question d’insultes et de chansons humoristiques. Les patrons seraient-ils devenus susceptibles ? Encore une fois, les capitalistes ont grand besoin de trouver des prétextes pour se débarrasser d’un capital variable (les ouvriers) devenu trop coûteux dans un contexte de rétractation général de la consommation et de la production.

Un climat général de tensions

Ces deux épisodes ne sont pas isolés et s’inscrivent dans un contexte plus général de mise à sac du prolétariat boulonnais. Il n’est de secret pour personne que le secteur de la pêche et de la transformation boulonnais se cassent de plus en plus la figure. Chaque mois, des plans sociaux sont annoncés :

 

– en octobre, la Continentale Nutrition (un des leaders de la production d’aliments pour chiens et chats) ferme son usine de Vedène, près d’Avignon, mettant 99 travailleurs sur le carreau. A Boulogne-sur-mer, 22 licenciements et deux lignes de production sont fermées, la faute à la crise dit-on.

 

– en novembre-décembre, Findus, autre géant industriel de Capécure, annonce un « plan social » car l’investisseur Lion Capital connaît des problèmes de compétitivité alors que deux mois avant les salariés avaient renoncé à dix jours de RTT pour une promesse d’investissement et de pérennisation de l’activité. C’est que la course en avant du capitalisme est cruelle, une promesse de plus ou de moins, ils sont prêt à tout! On parle alors d’un rachat de l’usine par le concurrent allemand Captain Igloo, qui veut racheter la marque mais pas les unités de production boulonnaises, toujours pour une histoire de compétitivité. Une vraie histoire de pirates que les politiques s’empressent d’accaparer au nom de la défense de l’agroalimentaire français. Ils obtiennent un suspens du processus de vente de la société, mais pas un arrêt. Le navire continue de prendre l’eau, le temps-argent fera sûrement son œuvre… après les élections.

 

– Aujourd’hui, c’est au tour des entreprises moyennes de 70-80 employés de licencier comme on l’a vu avec les usines Conegan et PRF.

Jusque quand va-t-on subir cette logique implacable, qui ira toujours contre les intérêts de ceux qui travaillent ? Il est temps de proposer une réponse adaptée : celle du coup de pied bien placé

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