Bibliographie – pour approfondir

 

 

I. Anarchisme/communisme libertaire

 

Ni dieu ni maître – Daniel Guérin

La première partie de cette anthologie présente le travail théorique des anarchistes du XIXe siècle à travers des textes de Stirner, Proudhon, Bakounine, Guillaume et Kropotkine. La seconde, plus historique, dresse le portrait des grandes figures du mouvement à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle : Malatesta, Henry, Pelloutier, Voline, Makhno, Durruti. Elle met en lumière le rôle intellectuel et politique des anarchistes pendant la révolution russe et la guerre d’Espagne.

 

Autonomie individuelle et force collectiveLes anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos joursAlexandre Skirda.

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Spartacus.

Sous sa forme contemporaine, apparue au XIXe siècle, l’anarchisme, d’abord présent chez les artisans, a attiré des salariés et a de ce fait acquis une dimension plus collective. Pour passer de la doctrine à l’action, tantôt coopérant avec des militants se réclamant d’un socialisme qui ne rejetait pas l’État tantôt s’y opposant violemment, convaincus que l’action syndicale devait prendre le pas sur toute autre ou au contraire la rejetant comme un acte de collaboration de classe, les anarchistes se sont trouvés confrontés à ce dilemme : comment concilier la liberté essentielle de l’individu et la discipline requise par toute action collective ?

Dans cet ouvrage sous-titré “Les anarchistes et l’organisation de Proudhon à nos jours”, Alexandre Skirda présente les formes d’organisation qu’ont adoptées, dans des circons-tances et avec des objectifs différents, les militants révolutionnaires se réclamant de l’anarchisme.

On verra donc dans ce livre comment les anarchistes-communistes, ou communistes libertaires, ont cherché à transcrire leurs conceptions dans les luttes sociales et politiques, depuis la 1e Internationale – l’Association internationale des travailleurs – jusqu’aux années qui suivirent mai 68.

Ainsi, le rôle des anarchistes dans les grands épisodes révolutionnaires du XXe siècle – les révolutions russe et espagnole – est analysé notamment sous l’angle de leur organisation. En particulier, l’échec des anarchistes face à la dictature bolchevique a donné lieu dans les années 1920 à d’importants débats, et Alexandre Skirda en a inclus les principaux docu-ments dans ce livre.

On y trouvera également comment, bien plus récemment, des groupes anarchistes ont pensé concilier dans leur fonctionnement ce que l’un d’eux qualifie de « primauté de l’individu » et de « nécessité de la vie en société », en conservant cet objectif d’une transformation profonde de la société qui ne piétinerait pas les individus qui en sont actuellement les produits.

 

Etatisme et anarchie. Michel Bakounine

Editions Tops / H. Trinquier, 500 pages

« Nous nous déclarons ennemis de tout pouvoir d’État, de tout gouvernement, ennemis du système étatique en général ; et nous pensons que le peuple ne pourra être heureux et libre que lorsque, s’organisant de bas en haut, au moyen d’associations autonomes et entièrement libres […], il créera lui-même sa vie. »

 

L’empire knouto-germanique et la révolution sociale (1870-1871). Michel Bakounine

 

 

 

 

 

 

 

Editions Tops / H. Trinquier, 650 pages.

Oeuvre principale de Bakounine, il en a souvent été publié des extraits, en particulier par Elisée Reclus sous le titre Dieu et l’Etat.

 

Théorie générale de la Révolution. Michel Bakounine

 

 

 

 

 

 

 

Éditions les nuits rouges, 384 pages.

Révolutionnaire obstiné, conspirateur d’instinct, orateur infatigable, Michel Bakounine avait souvent mieux à faire que de composer des traités. D’où, parfois, le caractère décousu de ses textes, écrits à la diable. Pourtant, ils ne méritent pas l’oubli dans lequel ils sont tombés.

Pour réhabiliter l’oeuvre écrite de Michel Bakounine, Étienne Lesourd, s’inspirant de la compilation qu’avait faite l’anarchiste russe G. P. Maximov en anglais dans les années 1950, a restitué les textes dans leur français originel – puisque, on ne le sait pas toujours, « le géant moscovite » écrivait le plus souvent dans cette langue.

L’ensemble constitue un exposé systématique de ses idées sur le matérialisme, l’État, le capital, les coopératives, la question nationale et, bien sûr, le socialisme libertaire, seul capable à ses yeux de contrer les menaces dictatoriales qu’il discernait dans le marxisme, et cela malgré l’estime dans laquelle il tenait les travaux de l’auteur du Capital.

 

La conquête du pain. L’économie au service de tous – Pierre Kropotkine

Dans cet essai est proclamée l’idée qu’une société est possible sans capitalisme. Idée qui paraît étrange au XXIe siècle où tout est censé être devenu une marchandise. Elle n’était pas moins étrange à la fin du XIXe siècle. Kropotkine décrit avec netteté et virulence le processus d’accaparement à la base du capitalisme. Main-mise sur les richesses naturelles, sur le produit du travail de nombreux siècles : depuis toujours des hommes ont travaillé, défriché, mis la terre en culture, édifié des villes, construit des routes et des ponts et, tout récemment alors, des voies de chemin de fer. Les ouvriers travaillent pour des salaires de misère, la protection sociale n’existe pas, l’enrichissement est assuré pour celui qui exploite le labeur des autres. De cette exploitation, Kropotkine fait un tableau terrible, montre que le corps de l’homme s’y épuise mais aussi que ses facultés naturelles et critiques s’atrophient. Projet utopique d’une Commune idéale, La Conquête du pain ouvre cependant au travailleur  du XXIe siècle des perspectives concrètes vers une société réellement libre et solidaire.

 

Paroles d’un révolté. Pierre kropotkine.

 

 

 

 

 

 

 

Ed.Tops. Préface d’Élisée Reclus

Suite de « La conquête du pain ». Les idées reçues sur la constitution des États, sur les lois d’équilibre social, sur les relations politiques et économiques des citoyens entre eux, ne tiennent plus devant la critique sévère qui les sape chaque jour, à chaque occasion, dans le salon comme dans le cabaret, dans les ouvrages du philosophe comme dans la conversation quotidienne. Les institutions politiques, économiques et sociales tombent en ruine ; édifice devenu inhabitable, il gêne, il empêche le développement des germes qui se produisent dans ses murs lézardés et naissent autour de lui.

 

Champs, usines et ateliers, ou l’Industrie combinée avec l’agriculture, et le travail cérébral avec le travail manuel. Pierre Kropotkine. 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Tops/H. Trinquier

Dans cet ouvrage, Pierre Kropotkine, anarchiste-communiste, géographe et scientifique applique à la société humaine les principes de coopération qu’il avait vu à l’œuvre dans son étude éthologique intitulée L’Entraide, un facteur de l’évolution (1902), véritable charge contre le darwinisme social. Comme son nom l’indique bien, il prône l’usage de la technique, et notamment de l’électricité ainsi que de la culture sous serre, afin de réaliser son utopie, à savoir des communes autogérées et autosuffisantes, capables de produire leurs biens en interne. Leur fédération permettrait alors l’abolition de l’État.

Faites que vos usines et vos ateliers ne soient plus des lieux maudits, où hommes, femmes et enfants n’entrent que parce qu’ils y sont poussés par la faim ; mais qu’ils soient des laboratoires rationnels, où l’homme sera attiré par le désir d’y trouver un travail qui convienne à son goût et où, aidé par le moteur et la machine, il choisira le genre d’activité qui répondra le mieux à ses inclinations.

 

La science moderne et l’anarchie. Pierre Kropotkine.

 

 

 

 

 

 

 

(Edition augmentée de 1913)
Editions Tops/H.Trinquier

La science moderne et l’anarchie n’est pas l’ouvrage le plus connu de Pierre Kropotkine. Pour autant, il est celui dans lequel il développe l’analyse la plus complète de l’Etat en tant que phénomène historique et instrument de la domination de classe. Après avoir retracé les caractères essentiels de l’Etat, il porte une critique argumentée à l’encontre de ceux qui succombant à sa fascination, s’imaginent réaliser l’affranchissement des travailleurs en s’en emparant.

 

Agissez par vous-mêmes .Pierre Kropotkine 

 

 

 

 

 

 

 

À quoi pourrait ressembler une révolution anarchiste à l’échelle d’un pays ?

C’est la question à laquelle tente de répondre dans cet ouvrage, inédit en français, Pierre Kropotkine (1842-1921), géographe, explorateur, militant et théoricien du communisme anarchiste.

L’auteur y expose les grandes lignes du programme antiautoritaire et les bases du fonctionnement d’une société libertaire appliquées à l’Angleterre où il réside alors.

En dépit des changements économiques, politiques et sociaux, les propositions de Kropotkine, à plus d’un siècle de distance, restent des pistes d’une grande actualité.

Agir par, et pour, soi-même, sans intermédiaire et dans la solidarité, constitue sans aucun doute, encore et toujours, la voie à suivre pour parvenir à l’émancipation.

Ed.Nada, 240p. 2019. 

 

Articles politiques – Errico Malatesta.

Errico Malatesta.Ed.10/18.

Face aux échecs du syndicalisme et du mouvement ouvrier, depuis la révolution de 1917 jusqu’au réformisme quotidien, la vision fulgurante du syndicalisme, son analyse dès 1907, par Malatesta, ne peuvent qu’éclairer notre action personnelle. La lutte des classes n’est pas une panacée, elle est  contradictoire. Etre prolétaire n’est pas forcément avoir un brevet de révolutionnaire. Niant les mythes simplistes, Malatesta invite à la réflexion, à l’action parmi les salariés, tout en sachant les déviations inévitables qu’elle comporte.(Israël Renof).

 

Anthologie 1956-1970. Noir et rouge, cahiers d’études anarchistes  

Noir et Rouge est le nom d’une revue mensuelle anarchiste apparue en 1955 (premier numéro en 1956), sous-titrée Cahiers d’études anarchistes révolutionnaires.

Elle était à l’origine l’organe du mouvement anarchiste Groupes anarchistes d’action révolutionnaire (GAAR) avant que cette organisation n’éclate en 1961 pour donner naissance à l’Union des groupes anarchistes-communistes (UGAC). Gabriel Cohn-Bendit a mis son frère Daniel Cohn-Bendit en relation avec le groupe. La revue, devenue indépendante, a continué à exister, et eut une influence sur les mouvements anarchistes lors des événements de mai 1968, puis disparut en 1970.

 

Etat Des Lieux … et la politique bordel ! Organisation communiste libertaire

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Acratie.1986

Enterrée la luttes des classes ? Enterrés les grands mouvement sociaux ? Enterrées les grèves, les contestations, les désirs de changer la société ? 

Allons donc !

Ce qui a changé, c’est la manière dont tout cela s’est exercé jusqu’à présent. Des mythes se sont écroulés ; il ne suffit pas de changer de gouvernement pour construire une société égalitaire, sans exploitation ni oppression. Il ne suffit pas non plus d’incantations à la révolution et du passé faire simplement table rase. 

La “crise” qui, soit dit en passant, n’est pas la nôtre, mais un simplement dans la restructuration capitaliste, a en partie déstructuré les réseaux classiques de solidarité, d’appartenance, de sociabilité :le retour en force de l’idéologie du consensus s’est pourtant greffé sur ce déchiffrement du tissu social.

Mais le fait même que ce consensus ait besoin d’être martelé et crié par ceux qui y ont intérêt, les patrons, les politiciens, les intellectuels de gauche et de droite, montre bien qu’il est fragile ; des éléments de recomposition sociale sont en train de réapparaître , il importe avant tout de les favoriser, de les consolider et par là même de réfléchir sur les contradictions nouvelles qui peuvent surgir dans cette société actuelle. 

 

 

II. Révolution Russe

 

Sur 1905. Jacques Baynac, L. Engelstein, R. Girault, E. L. Keenan et A. Yassour

 

 

 

 

 

 

 

Paris, Editions Champ Libre. 1974

Peut-on réduire la première révolution russe de 1905 au modeste sort de “répétition générale” de celle de 1917 sans s’ôter le moyen de comprendre la nature de l’une aussi bien que de l’autre ?  Et encore : par-delà les différences d’époque, de niveau économique et de rapport de force à l’échelle mondiale, quelles ressemblances ont fait ressurgir, ici et maintenant les questions alors posées là-bas par les questions nationales, par la stratégie de guérilla urbaine, par les rapports entre spontanéité et organisation, par la concurrence entre les soviets et les partis ? 

 

La révolution inconnue. Russie, 1917-1921. Voline.

Ed. Entremonde

Voline, de son nom complet Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum (1882-1945), fut un révolutionnaire russe participant à la makhnovtchina en tant que responsable de la culture et de l’éducation. Il s’exila en France suite à la répression bolchevique.

« Cette Révolution inconnue est la Révolution russe ; non pas celle qui a été maintes fois traitée par des hommes politiques ou des écrivains patentés, mais celle qui fut ou négligée, ou adroitement voilée, ou même falsifiée : celle qu’on ignore. L’auteur a vécu la Révolution de 1917. Il y a activement participé.

 

Les Soviets trahis par les bolcheviks – Rudolf Rocker

Rudolf Rocker. Ed. Spartacus.

Il s’agit là de la première critique d’ensemble du régime bolchévik d’un point de vue anarchiste, parue en Allemagne en 1921 sous le titre La faillite du communisme d’État russe.
Rudolf Rocker, militant anarcho-syndicaliste, avait au cours d’une longue période d’exil à Londres participé aux combats des ouvriers de la confection contre l’exploitation ; rentré en Allemagne en 1918, il avait œuvré au regroupement des militants anarcho-syndicalistes.
Dans ce livre, il montre comment, devenus maîtres des Soviets qui étaient nés de l’action spontanée des masses, les bolcheviks, après s’être emparés des pouvoir étatiques, en ont usé pour tenter d’intégrer à l’appareil d’État toutes les autres tendances révolutionnaires, ainsi que pour diffamer, calomnier, éliminer et massacrer quiconque refusait de se soumettre. S’appuyant sur des témoignages de première main, il dénonce les méthodes des bolcheviks qui ont, par exemple, cyniquement trahi le pacte conclu avec les troupes de Makhno, aggravé la famine qui sévissait déjà en détruisant les communes et les coopératives paysannes et ont fondé un État tout-puissant, prétendument socialiste, instrument d’une nouvelle forme de l’esclavage salarié.

 

Les Anarchistes Russes, Les Soviets et La Révolution de 1917Alexandre Skirda

Alexandre Skirda. Ed. Editions de paris.

Si l’effondrement spectaculaire de l’URSS en 1991 a surpris la plupart des observateurs, nombreux sont ceux qui restent impuissants à comprendre comment un régime né des aspirations libertaires de la révolution russe de 1917, qui incarna, un moment, les espoirs séculaires des peuples, a pu se transformer en un univers d’oppression tel que le monde n’en avait encore jamais connu.

L’auteur explique le processus en mettant en perspective l’histoire millénaire du pays, non point à travers les dynasties régnantes, mais par l’étude inédite des institutions démocratiques et égalitaires de la Russie ancienne : le vétché, l’assemblée souveraine des républiques russes du Moyen Âge, et le mir, la commune paysanne, fondées toutes deux sur la base de l’élection et de la révocation de toutes les responsabilités ou fonctions sociales et politiques. Les anarchistes ont été les principaux artisans de cette Russie qui a émergé en 1917 sous la forme des soviets. Mais, très vite, ils se sont heurtés à la formation d’un parti-Etat, prétendument « détenteur de la vérité historique du devenir humain ». L’affrontement entre ces deux conceptions antagonistes est exposé et analysé avec précision. On constate aujourd’hui, au vu de la situation tragique dans laquelle se débat la Russie, où a conduit le détournement démagogique et pervers des espoirs populaires.

 

Mémoires et écrits 1917/1932 – Nestor Makhno

Nestor Makhno.Ed. Ivrea.

Nestor Ivanovitch Makhno (1888-1934) est issu de la paysannerie pauvre d’Ukraine orientale, berceau des Cosaques zaporogues. Sous son impulsion, entre 1917 et 1921, le groupe communiste libertaire de Gouliaï-Polié prit la tête du formidable mouvement insurrectionnel paysan dont l’intervention contre les troupes d’occupation austro-allemandes, puis contre les armées blanches, infléchit de manière décisive le cours de la guerre civile russe. Mais l’épopée de la guerre des partisans ne constitue qu’un aspect de l’histoire de la Makhnovchtchina. Makhno et les siens se battaient pour un nouvel ordre social  » où il n’y aurait ni esclavage ni mensonge, ni honte, ni divinités méprisables, ni chaînes, où l’on ne pourrait acheter ni l’amour ni l’espace, où il n’y aurait que la vérité et la sincérité des hommes « . Sur un territoire de deux millions et demi d’habitants affranchi de tout pouvoir d’État, ils formèrent des communes agraires autonomes dotées des organes d’une démocratie directe : soviets libres et comités de base. Les insurgés makhnovistes croyaient sauver la révolution russe et mondiale – car ils ne luttaient pas seulement pour leur compte – et s’aperçurent trop tard qu’ils faisaient le jeu de la dictature d’un Parti-État dont les objectifs s’opposaient radicalement aux leurs. Malentendu tragique, non seulement pour eux-mêmes mais pour le projet révolutionnaire du xxe siècle – jusqu’à nos jours.

 

Le mythe bolchévik – Journal 1920-1922 – Alexander Berkman

Alexander Berkman.Ed.La Digitale.

En 1919, les États-Unis expulsent des opposants : socialistes, anarchistes, syndicalistes “radicaux”. Alexander Berkman, Emma Goldman ainsi que 247 autres américains sont déportés vers la Russie soviétique. Le “Mythe bolché- vik” est aussi un récit de voyage dans la Russie des années 20 en Ukraine, Sibérie, Carélie et Géorgie. Berkman rencontre des dirigeants bolcheviks, des socialistes-révolutionnaires, des anarchistes mais aussi le peuple russe des villes et des campagnes.

Ce témoignage exceptionnel trace un tableau inédit de la Russie à l’aube de la révolte de Krondstadt en 1921, dont il défend la cause face aux bolchéviks.
Ce livre totalement ignoré, nous fait comprendre, l’impasse du léninisme, dès 1922. Par une rare clairvoyance politique Berkman prévoit et argumente la dérive totalitaire et le véritable visage de ce que sera “La Patrie des Travailleurs”.

 

L’AGONIE DE LA RÉVOLUTION
Mes deux années en Russie (1920-21). Emma Goldman. 

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Les nuits rouges.

Expulsée des Etats-Unis fin 1919, la militante anarchiste débarque en Russie révolution-née, où elle espère prendre sa part dans la construction d’une société nouvelle. Petit à petit, son enthousiasme va céder la place au scepticisme, puis à la désillusion devant les signes de corruption du nouveau régime qu’elle découvre tout au long de ses voyages dans le pays et de ses rencontres avec les militants et dirigeants du parti au pouvoir, les anar-chistes persécutés et de nombreux anonymes. Certes, Goldman fait la part des destruc-tions, des souffrances et des famines provoquées par les interventions armées des Etats capitalistes et de la résistance acharnée des armées Blanches, mais les conceptions «  autoritaires  » des bolchéviques ont aussi leur part de responsabilités dans cette invo-lution, pense-t-elle, dont on sait depuis qu’elle préfigurait le totalitarisme stalinien. « On ne soulignera jamais assez que la révolution ne sert à rien si elle n’est pas inspirée par son idéal ultime. Les méthodes doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens mis en œuvre pour réaliser la révolution doivent correspondre à ses buts  », écrit-elle en conclusion de son récit.

 

La Makhnovtchina. L’insurrection révolutionnaire en Ukraine de 1918 à 1921. Archinov. 

Ed. Spartacus.

Après le renversement du Tsar en 1917, la révolution suivit en Ukraine son propre cours. Le traité de Brest-Litovsk eut en particulier pour conséquence un retour au pouvoir des grands propriétaires réactionnaires, appuyés par les troupes austro-allemandes, contre lesquels se mobilisèrent paysans et ouvriers pour défendre les acquis de la révolution.

Ce mouvement révolutionnaire autonome prit une ampleur et une durée considérables dans le sud-est de l’Ukraine, dans la région bordant la mer Noire et la mer d’Azov. Les groupes d’auto-défense apparus en 1917 et 1918 constituèrent une armée pour faire face aux armées blanches qui se dressèrent contre la révolution russe. Leur dirigeant le plus éminent en fut Nestor Makhno, un ouvrier anarchiste originaire de cette région ; d’où le nom de makhnovchtchina qui fut donné à l’époque à l’ensemble de ce mouvement. L’armée révolutionnaire ukrainienne joua un rôle déterminant dans les défaites de Dénikine, puis de Vrangel, et donc dans la sauvegarde de la révolution bolchevik, pour être finalement anéantie par l’Armée rouge.

Archinov, qui fit la connaissance de Makhno en prison à Moscou, le rejoignit en Ukraine en 1919 et prit une part importante à l’action éducative et culturelle du mouvement. Il entreprit d’en écrire l’histoire dès 1920, en réponse aux déformations et calomnies de toutes sortes dont il était l’objet, en particulier de la part des bolcheviks. Dans des circonstances très difficiles, il l’acheva en avril 1921, quelques mois avant la défaite finale du mouvement.

 

La commune de Cronstadt. Le crépuscule sanglant des Soviets. Ida Mett.           

Ed. Spartacus.

L’insurrection de Cronstadt, présentée à l’époque par le pouvoir bolchevik comme un complot fomenté de l’étrangère par des forces contre-révolutionnaires pas vraiment identifiées, a ses racines dans le mécontentement des marins, y compris des marins communistes, vis-à-vis des méthodes du commandement politique de la flotte baltique. Mais elle trouve sa cause immédiate dans la répression militaire du mouvement de grève déclenché à la fin de février 1921 par les ouvriers de Petrograd pour protester contre les énormes difficultés de ravitaillement dont ils souffraient ; cette protestation s’était étendue dans certaines usines à la revendication de libertés politiques et à la contestation du monopole du parti communiste. C’est en appui de cette protestation que, le 28 février, les marins de Cronstadt adoptent une série de 15 résolution dont voici la première : « Étant donné que les soviets actuels n’expriment pas la volonté des ouvriers et des paysans, (d’)organiser immédiatement des réélections aux soviets au vote secret en ayant soin d’organiser une libre propagande électorale. »

On est à la veille de l’ouverture du 10e congrès du Parti communiste. Même si des soulèvements paysans de faible ampleur se produisent encore ici ou là (comme ce sera encore le cas dans les années suivantes), les armées blanches ont été vaincues. En Ukraine méridionale, les troupes makhnovistes, qui ont contribué à cette victoire, sont en passe d’être écrasées. Le régime ne craint plus ni les résistances intérieures, ni l’intervention étrangère. En Arménie et en Géorgie, c’est lui qui intervient pour imposer des gouvernements soviétiques. Depuis près de trois ans, aucune organisation politique autre que le parti communiste n’a droit de cité.
Mais la famine menace, et Lénine va faire mettre en œuvre la Nouvelle politique économique (N. E. P.), rétablissant une certaine liberté du commerce. Au même congrès, pour mettre fin à l’intérieur du parti lui-même aux contestations, dont celle de l’Opposition ouvrière, les fractions sont interdites. La direction du parti, consolidée par les victoires militaires et fragilisée par le chaos économique, renforce sa mainmise sur l’ensemble des décisions politiques.

 

Les Soviets en RUSSIE ( 1905 -1921) / Oskar Anweiler

Editions Gallimard Trad. de l’allemand par Serge Bricianer. Préface de Pierre Broué / 384p.

Reconstituant la courbe d’évolution de l’«idée des conseils» telle qu’elle fut mise en avant par les diverses formations du socialisme de Russie, il montre aussi, par là, comment, en 1917-1918,les bolcheviks guidés par Lénine, après avoir exalté dans les soviets une forme de passage au socialisme, en firent des instruments pour établir leur dictature.

 

Kronstadt 1921. Prolétariat contre dictature communiste.
Alexandre Skirda

 

 

 

 

 

 

 

Les Editions de Paris Max Chaleil, 376 pages

Devant le blocage des conquêtes sociales et politiques obtenues auparavant, des grèves ouvrières se déclenchèrent à Pétrograd. En mars 1921, par solidarité, éclate l’insurrection des marins, soldats et ouvriers du port militaire de Kronstadt. Les insurgés, fidèles aux idéaux de la Révolution, veulent supprimer la dictature du parti communiste au nom du pouvoir des soviets librement élus.Ceux dont Trotsky avait dit qu’ils étaient « la gloire et la fierté de la Révolution » vont être désormais présentés comme des contre-révolutionnaires, leurs mots d’ordre déformés. Encerclés et pris d’assaut, ils seront impitoyablement liquidés, une partie seulement parvenant à passer en Finlande.

 

Petrograd Rouge,  la Révolution dans les usines (de février 1917 à juin 1918)        Steven A. Smith

 

 

 

 

Edition : Les Nuits Rouges

Ce classique de l’universitaire anglais Steven A. Smith (publié en 1983) s’intéresse à ces acteurs paradoxalement méconnus de la révolution russe – les ouvriers – à travers l’action des comités créés spontanément dans leurs usines, d’abord pour contrer le sabotage des patrons, puis pour contrôler la production. L’auteur décrit dans le détail, et sans parti pris, les conditions spécifiques du salariat russe, les avancées permises par la révolution de Février, mais aussi les difficultés de la période, le chômage massif, les déplacements d’entreprises, et le choix final opéré par les bolchéviques de subordonner les comités d’usine aux syndicats – entraînant leur disparition et avec eux les espoirs mis par certains dans l’autogestion ouvrière.

 

Les Bolchéviques et le contrôle ouvrier L’Etat et la contre-révolution
Maurice Brinton.

 

 

 

 

 

 

 

Ed Les nuits rouge.

« La classe ouvrière russe fit une révolution qui alla au-delà d’un simple changement de personnel politique au sommet. Elle put exproprier les anciens propriétaires des moyens de production (modifiant de ce fait profondément les rapports de propriété). Mais jusqu’à quel point fut-elle capable de – ou était-elle disposée à – transformer de façon révolution-naire les rapports de production ?

Chercha-t-elle à détruire la structure d’autorité que les rapports de production entretien-nent et perpétuent dans toutes les sociétés de classes ? Jusqu’à quel point était-elle dis-posée à gérer elle-même la production (et donc la société dans son ensemble) ou jusqu’à quel point tendait-elle plutôt à déléguer à d’autres cette tâche ? Et jusqu’à quel point l’idéologie dominante triompha-t-elle, poussant la classe ouvrière à remplacer ses ennemis avoués par un parti qui déclarait parler “en son nom” ? » (M. Brinton).

Cet exposé chronologique, paru en 1970, de la dépossession progressive du pouvoir con-quis au moins partiellement par les travailleurs russes en 1917 a gardé une grande part de son efficacité didactique et pose encore aujourd’hui de bonnes questions.

 

Lénine face aux moujiks  Chantal de Crisenoy.


 

 

 

 

 

 

Ed. Seuil. 1978

Lénine n’aime pas le paysan russe, le moujik : dès ses premiers écrits, dans sa polémique avec les populistes russes, il se montre convaincu que la révolution ne pourra venir que des secteurs avancés de la société, de la grande industrie, non pas des campagnes archaïques. Selon lui, le moujik est un « petit-bourgeois », réactionnaire, viscéralement adverse à la classe ouvrière.

Les faits démontrent l’exact inverse : en 1905, la paysannerie réclame comme un seul homme l’abolition du salariat; durant la révolution elle prend les armes par millions, exproprie les grands domaines, revendique l’union avec les ouvriers, qui viennent à peine de quitter la communauté villageoise, et en partagent les souffrances et les espérances. Pourtant, Lénine continue de mépriser cette classe, qui persiste à contredire son marxisme modernisateur.

En effet, Lénine ignore tout ou presque des campagnes russes. C’est dans un bel isolement scientifique qu’il forge l’image d’un moujik avare, à l’instinct propriétaire, dont l’alliance avec le prolétariat constituerait « la pire violation du marxisme ». C’est en répétant inlassablement des schémas de pensée absurdes et très éloignés du monde réel qu’il a préparé, théorisé et mis en pratique la liquidation de la paysannerie, prélude à la liquidation de la révolution elle-même.

 

Au coeur de la Révolution : Mes années de Russie, 1917-1927. 

Marcel Body. Préface Alexandre Skirda. 

 

 

 

 

 

 

 

Editions de Paris. 288 pages.

Marcel Body est né à Limoges dans une famille ouvrière en 1894. Il devient apprenti typographe et apprend le Russe en découvrant l’oeuvre de Tolstoï. Pendant la première guerre mondiale, l’Armée française cherche des volontaires pour une mission d’instruction en Russie, Marcel Body s’y joindra. Arrivé en Russie juste après la révolution de Février, il assiste à celle d’Octobre. Il se met au service des bolcheviks, notamment pour la propagande du nouveau régime en direction des Français. En 1921, prenant déjà quelques distances vis-à-vis du régime, il sera nommé à la représentation soviétique à Oslo. Il y travaillera plusieurs années aux côtés d’Alexandra Kollontaï, militante de premier plan dans les années précédentes de l’Opposition interne du Parti communiste. Certains épisodes, dont celui de la liquidation de trois délégués français, Lefebvre, Lepetit et Vergeat, supprimés pour leur clairvoyance et leur volonté de révéler aux ouvriers français la vérité sur le régime, éclairent de nombreux points restés troubles en déboulonnant bien des statues. Un témoignage de première importance pour comprendre la révolution russe et son détournement, un récit critique et savoureux empreint d’humour et de chaleur humaine.

 

MÉMOIRES D’UN RÉVOLUTIONNAIRE 1905-1945 . Victor Serge

 

 

 

 

 

 

 

 

Édition Lux Editeur

« Les Mémoires de Serge, plus que le récit minutieux et détaillé de sa vie – qu’il ne fait d’ailleurs pas –, sont l’exposé critique des événements historiques et sociaux auxquels les hommes de ce temps ont dû s’affronter, et dont il convient de tirer des leçons pour que, plus avertie et donc plus assurée, la marche vers un objectif ou un idéal sans doute jamais assuré se poursuive. Il s’agit de rendre compte et, ce faisant, de se rendre compte. »

Jean Rière, extrait de la préface

 

 

III. Révolution Espagnole

 

Enseignements de la révolution espagnole – Vernon Richards

Vernon Richards. Ed. Acratie.

Ce livre expose une position libertaire avec un point de vue à la fois critique et pratique sur les anarchistes, les socialistes et les communistes d’Espagne pendant la « guerre civile » entre 1936 et 1939. Il décrit le phénomène révolutionnaire le plus profond de notre époque, à l’opposé des expériences russe ou chinoise.

 

Révolution et contre révolution en Catalogne – Carlos Maura Semprun

Ed. Les Nuits Rouges

On a souvent dit pour expliquer ce phénomène qui cadre mal avec les schémas marxistes léninistes, que ce sont les ouvriers immigrés qui constituaient la majorité des membres de la CNT et que ces ouvriers avaient peut-être des motifs pour être étrangers, sinon hostiles, au nationalisme catalan. Mais cette explication trop simple est fausse. 80 % des ouvriers syndiqués en Catalogne (ce qui représente plusieurs centaines de milliers de travailleurs) étaient membres de la CNT et il est bien évident que tous n’étaient pas immigrés ! Même pas la moitié. D’ailleurs, l’influence des idées libertaires débordait largement le cadre ouvrier. Nombre d’employés, d’artisans, de petits commerçants de paysans et d’intellectuels catalans étaient libertaires. Et pourquoi refuser aux révolutionnaires catalans le droit d’être internationalistes ?

 

Barricades à Barcelone 1936-1937 – La CNT de la victoire de juillet 1936 à la défaite de mai 1937 – Agustín Guillamón

Agustín Guillamón. Ed. Spartacus.

Quand, au petit matin du 19 juillet 1936, les militaires factieux sortirent de leurs casernes en pensant s’emparer facilement de Barcelone, ils trouvèrent en face d’eux les comités de défense de la Confédération nationale du travail (C.N.T.) appuyés par toute une population ouvrière dressée contre le fascisme. En fin d’après-midi, le général Goded, l’un des organisateurs du soulèvement avec Franco, arrivé des Baléares pour prendre le commandement de la ville, doit reconnaître sa défaite. Cette victoire populaire contraignit le gouvernement de la République à organiser la résistance contre les nationalistes, au lieu de pactiser avec eux. En Catalogne, les ouvriers armés se retrouvèrent non seulement maîtres de la rue, mais aussi en charge de nombreuses entreprises abandonnées par leurs propriétaires. Leurs organisations, et d’abord la plus puissante d’entre elles, cette C.N.T. redevenue légale seulement quelques mois auparavant, participent à la direction de la guerre contre les fascistes, à celle de l’économie et de l’ensemble des activités sociales. Mais en accordant une priorité absolue à cette lutte contre le fascisme, la direction de la C.N.T. va aider l’État à se réapproprier ce pouvoir acquis par les ouvriers les armes à la main. À Barcelone encore, en mai 1937, une nouvelle étape dans cette reconquête donnera lieu à une puissante riposte armée des ouvriers, qui sera suivie de leur défaite politique et d’une vague de répression contre les militants révolutionnaires.

Les révolutions sociales, ces tentatives de réorganisation de la production et de la société sur de nouvelles bases, sont extrêmement rares. Au-delà des circonstances particulières dans lesquelles elles surgissent, elles apportent toujours une expérience irremplaçable sur ce qui peut en faire le succès ou l’échec. Agustín Guillamón, qui publie depuis 1993 Balance (Bilan), une revue en espagnol d’histoire du mouvement ouvrier international et de la guerre d’Espagne, décrit dans ce livre, sous une forme ramassée mais avec une grande précision, ce parcours de la C.N.T. de juillet 1936 à mai 1937. Ses commentaires et ses interprétations ne peuvent que nourrir la réflexion de tous ceux qui s’interrogent sur les chemins à prendre pour construire une société libérée de l’exploitation et de l’oppression, ce communisme libertaire auquel aspiraient les militants de la C.N.T.

 

Les comités de défense de la CNT à Barcelone (1933/1938) – Augustín Guillamón

Des Cadres de Défense aux Comités révolutionnaires de Quartier, aux Patrouilles de Contrôle et aux Milices Populaires

 

 

 

 

 

 

 

Ed. Les cahiers du Coquelicot – 276 pages

La mise en déroute de l’armée fasciste par le peuple de Barcelone, le 19 juillet 1936, est un des mythes les plus enracinés de l’histoire de la Révolution sociale espagnole. La « spontanéité » de la réponse ouvrière et populaire au soulèvement militaire fut catalysée et coordonnée par les Comités de Défense de la CNT. 

Ces Comités furent les noyaux de l’armée des milices, qui délimitèrent le front d’Aragon dans les jours suivants. Ils posèrent également les bases des nombreux Comités Révolutionnaires de Quartier, qui allaient contrôler Barcelone jusqu’à la ré-instauration du pouvoir bourgeois de la Généralité, avec l’appui indispensable des Comités supérieurs de la CNT et de la FAI. L’insurrection « spontanée » de mai 1937 contre la contre-révolution, dirigée par le stalinisme, ne peut pas non plus s’expliquer sans les Comités de Défense des quartiers de Barcelone.

 

Guerre de classes en Espagne et textes libertaires – Camillo Berneri

Ed. Spartacus

Anarchiste italien de tendance collectiviste, Berneri arrive en Espagne dès le début de l’insurrection de 1936 et participe activement à la constitution des premières colonnes anarchistes partant en Aragon. Très tôt, il est de ceux qui affirment que seule la lutte anti-capitaliste peut s’opposer au fascisme et que le piège de l’anti-fascisme signifie l’abandon des principes de la révolution sociale. Il ne cesse de répéter que la révolution doit être gagnée sur le terrain social et non sur le terrain militaire. Il s’oppose ainsi à la militarisation des milices qu’il voit comme la première victoire des forces étatiques.
Les staliniens ne le lui pardonneront pas. Le 5 mai 1937, à Barcelone, Berneri et Barberi, l’un de ses compagnons, sont arrêtés chez eux par des policiers armés au motif qu’ils seraient des « contre-révolutionnaires ». C’est au cours de ces journées que des unités sous commandement du parti communiste tentèrent d’écraser le mouvement social et éliminèrent de nombreux militants anarchistes et du P. O. U. M.
Les articles publiés par Berneri et ses camarades dans leur revue, Guerre de classe, apportent un regard lucide et critique sur le cours de la révolution espagnole, et les orientations prises par la direction de la C. N. T. en particulier.

 

Protestations devant les libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1937 – par un « incontrôlé » de la Colonne de Fer

Ed. Ivrea.

Ce texte, mentionné dans l’ouvrage de Burnett Bolloten, a été publié par No- sotros, quotidien anarchiste de Valence, des 12, 13, 15, 16 et 17 mars 1937. Cet appel d’un milicien anarchiste inconnu appartenant à la fameuse “Co- lonne de fer”, paraît bien être, jusqu’à ce jour, l’écrit le plus véridique et le plus beau que nous ait laissé la révolution prolétarienne d’Espagne (…). Celui qui revendique hautement le titre, alors injurieux, d ”incontrolado”, a fait preuve du plus grand sens historique et stratégique (…). Les principales causes de son échec y sont dénoncées : celles qui procèdent de la constante action contre-révolutionnaire des staliniens relayant, dans la République, les forces bourgeoises désarmées et des constantes concessions des respon- sables de la CNT-AIT (ici amèrement évoqués par le terme “les nôtres”) de juillet 1936 à mars 1937.

 

Los Incontrolados. Chronique de la Colonne de Fer. Espagne 1936-1937. par Nestor Roméro.

Ed. Acratie.

Qu’était ce donc que cette “Colomna de Hierro” dont pas une des nom- breuses et considérables “histoires de la guerre d’Espagne” n’omet, le plus souvent en quelques lignes, d’évoquer le caractère trouble et extrémiste. Et en quels termes !

L’histoire que nous conte Nestor Roméro est celle de la célèbre “Colonne de Fer”, emblème du refus de la militarisation au nom d’une pseudo-efficacité anti-fasciste. Une histoire minutieusement retracée au moyen d’interviews de certains survivants de cette colonne et de nombreux documents publiés à l’ époque.

S’agissant de la Révolution espagnole, on le verra, c’est la question de la participation des anarchistes à l’État qui est ici traité à travers l’histoire de la Colonne de Fer.

 

Ouvriers contre le travail
BARCELONE ET PARIS PENDANT LES FRONTS POPULAIRES
Michael Seidman. 

368 p.

Michael Seidman montre la continuité de la résistance au travail, en grande partie ignorée ou sous-estimée par les théoriciens et historiens du xxe siècle. Au moment des Fronts populaires, les ouvriers ont persévéré dans leurs pratiques antérieures qui donnaient déjà le caractère extérieur, utilitaire du sens de leur travail : des refus directs et indirects, par l’absentéisme, le coulage de cadence, le vol, la grève, etc.
Au moment où s’est posée la question du contrôle ouvrier – révolutionnaire ou réformiste – du procès de production, les luttes quotidiennes sur le lieu de travail, à Paris et Barcelone, étaient des faits de résistance : « La résistance était aussi un phénomène conjoncturel et cyclique, mais les refus sont restés une part intrinsèque de la culture ouvrière et sont apparus à différentes périodes avec diverses divisions du travail.

 

VERS UNE NOUVELLE RÉVOLUTION
Jaime Balius & Amigos de Durruti Cahiers du coquelicot

Juillet 36, mai 37, deux occasions manquées  pour Balius et « Les amis de Durruti » d’une prise de pouvoir par le prolétariat catalan. Jaime Balius (1904 – 1980), secrétaire du Groupement des amis de Durruti écrivit « Vers une nouvelle révolution » en 1938. Il préfaça ce texte en 1978 pour une édition anglaise. Jusqu’ici inédit dans son intégralité en français, « Vers une nouvelle révolution » est augmenté dans cette édition d’autres articles de Jaime Balius, Pablo Ruiz et Charles Ridel.

 

Les Mujeres Libres. La vie sera mille fois plus belle. les anarchistes espagnols et l’émancipation des femmes. Martha A. Ackelsberg.

 

 

 

 

 

 

 

Atelier de création libertaire, 256 pages.

Mujeres Libres est la première organisation féministe autonome prolétarienne en Espagne. Avec ses 20000 adhérentes, en juillet 1937, provenant majoritairement des secteurs populaires, Mujeres Libres défend l’émancipation des femmes et leur participation à la lutte révolutionnaire. L’organisation se réclame d’un « féminisme prolétarien »3 dans le but de se dissocier du féminisme libéral qui prône l’égalité des femmes sans contester les rapports de domination de classes. Leurs « camarades » n’étaient pas pour autant enclins à les reconnaître politiquement comme une organisation autonome au sein du mouvement libertaire.

 

Espagne libertaire 1936 1939
Gaston leval.

 

 

 

 

 

 

 

Editions Tops Eds H. Trinquier, 2013, 406 p.

Gaston Leval (Pierre Robert Piller), est né en 1895. Militant libertaire, il a été travailleur manuel, enseignant, photographe, journaliste en France, en Espagne et en Amérique latine.
Participant fervent à la révolution espagnole, il est très tôt conscient du rapport de force défavorable au camp antifasciste. Il entreprend alors de « recueillir pour l’avenir les ré-sultats de cette expérience unique », étudie « sur place, dans les villages collectivisés, dans les fabriques et les usines socialisées, l’œuvre constructive de la révolution espagnole », basée sur l’autogestion et la démocratie directe.
Les réalisations de l’époque ne sont pas uniquement le résultat de tendances collectives spontanées. Elles ont aussi été favorisées par la réappropriation populaire des théories anarchistes, par la construction d’un mouvement libertaire dès 1870 : groupes locaux, journaux, écoles, entraide, révoltes. Le million d’adhérents à la CNT en 1936 témoigne de la force du milieu libertaire espagnol, auprès duquel l’anarchisme français de l’époque paraît velléitaire et peu concret aux yeux de l’auteur.

 

 

IV. Luttes des classes / Conseillisme

 

Le Capital. Critique de l’économie politique. Karl Marx. Livres I. / II. / III.

Editions Gallimard. Traduction de l’allemand par Michel jacob ; Jospeh Roy ; Maximilien Rubel et Suzanne Voute. Editions Maximilien Rubel.

Maximilien Rubel, disait « N’écoutez pas les marxistes. Lisez Marx »

Livre 1 : La marchandise.
Livre 2 : Le procès de circulation du capital
Livre 3 : Le procès d’ensemble de la production capitaliste.

 

La contre-révolution bureaucratique – Karl Korsch / Paul Mattick / Anton Pannekoek

 

 

 

 

 

 

 

Ed. 10/18.1973

Au cours des révolutions russes (1905-1917) et allemande (1918-1923), apparut une nouvelle forme organisationnelle de lutte du prolétariat : les conseils ouvriers. Défaits par la contre-révolution capitaliste, en Allemagne sous sa forme social-démocrate, en Russie sous sa forme bolchevique, les conseils ouvriers purent cependant s’affirmer comme l’expression la plus claire du projet communiste :  » Tout le pouvoir aux conseils ouvriers, et tous les moyens de production aux mains des ouvriers « . Destruction des syndicats et du parlement, lutte sans merci contre le capitalisme d’État russe, exploiteur des travailleurs au même titre que les autres tels furent les thèmes abordés par Karl Korsch, Paul Mattick, Anton Pannekoek, Otto Ruhle, Helmut Wagner dans les textes ici présentés, extraits de revues publiées aux Etats-Unis entre les années 1934-1943: Living Marxism, International Council Correspondence. 

 

Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ? – Paul Mattick

Ed. Entremonde. 2011.

“(…) Sans crise il n’y a pas de révolution,. C’est une vieille conviction qui vient de Rosa Luxemburg, qu’on a appelée la théoricienne de la catastrophe. Moi aussi je suis un politicien de la catastrophe dans la mesure où je ne conçois pas que la classe ouvrière s’attaque au capitalisme si elle vit dans une société sans crise à long terme, sans une décadence permanente. Dans une telle situation, elle s’installera au contraire dans le capitalisme, elle ne l’attaquera pas. S’il n’y a pas de catastrophe, il n’y aura pas de socialisme. Et la catastrophe viendra du capitalisme.(…)”

Œuvre posthume de Paul Mattick (1904-1981), “Marxisme, dernier refuge de la bourgeoisie ?” fut la dernière expression de toute une vie de réflexion sur la société capitaliste et l’opposition révolutionnaire. Connu surtout comme théoricien des crises économiques et partisan des conseils ouvriers, Paul Mattick fut aussi un acteur engagé dans les événements révolutionnaires qui secouèrent l’Europe et les organisations du mouvement ouvrier au cours de la première moitié du XXe siècle. À l’âge de 14 ans, il adhéra à l’organisation de jeunesse du mouvement spartakiste. Élu au conseil ouvrier des apprentis chez Siemens, Paul Mattick participa à la Révolution allemande. Arrêté à plusieurs reprises, il manque d’être exécuté deux fois. Installé à Cologne à partir de 1923, il se lie avec les dadaïstes. En 1926 il décide d’émigrer aux États-Unis. L’ouvrage présent est organisé autour de deux grands thèmes. Poursuivant son travail de critique de l’économie capitaliste contemporaine (Marx et Keynes, les limites de l’économie mixte, Gallimard, rééd. 2011), Paul Mattick revient sur les contradictions inhérentes au mode de production capitaliste. S’ensuit un réquisitoire contre l’intégration du mouvement ouvrier qui, en adoptant les principes de la politique bourgeoise, a abandonné définitivement toute possibilité de dépassement du capitalisme. Un texte éclairant pour une période où la crise dévoile la nature instable et socialement dangereuse du capitalisme.

 

Socialisme ou Barbarie. Anthologie

Ed. Acratie.

I) Luttes ouvrières 1953-1957. Dans cette présente édition, c’est l’aspect le moins connu de la revue que nous découvrons : delui de la vie dans les usines, de la chronologie de grèves très importantes qui ont marqué la France contemporaine, de l’analyse impitoyable des syndicats s’alliant au patronat pour briser ces mouvements. Des problèmes comme ceux rapports entre ouvriers français et nord-africains, comme ceux des restructurations , de la désyndicalisation – qui sont Ô combien d’actualité- sont analysés, disséqués, tels qu’ils existaient déjà à la fin de la IV° république ! Ils éclaireront certainement tous ceux que ces thèmes préoccupent -avec raison- toujours aujourd’hui.

 

II) Pendant la seconde moitié du XXe siècle, le monde a semblé divisé en deux camps irréductiblement opposés. Mais, derrière les mots –  » socialisme « ,  » plan « ,  » marché  » -, quelle était la véritable nature des systèmes qui s’affrontaient ? Le groupe  » Socialisme ou Barbarie  » (1949-1967), qui publia la revue du même nom, a essayé de montrer que, pour ce qui est du sort réservé aux hommes, il y avait une unité profonde entre les deux systèmes. Cette double critique sans concessions – menée dans un isolement presque total – a semblé confirmée par les révoltes ouvrières de 1953 et 1956 à l’Est, par la contestation de plus en plus générale des formes d’organisation sociale dans les années soixante à l’Ouest. Mais comment agir pour transformer la société, comment lutter ou s’organiser en rompant avec les pratiques qui ont mené à l’échec le mouvement ouvrier traditionnel ? Si  » Socialisme ou Barbarie  » n’a pas donné de réponse concrète et toute faite à ces questions, ses interrogations mêmes peuvent être une source de réflexion. Ces textes ont été écrits il y a quarante ou cinquante ans. Le monde a changé depuis et, sur certains points, leur intérêt est historique – mais l’histoire peut avoir un très grand intérêt ! Sur d’autres points, ils sont plus actuels que jamais. Car on entend aujourd’hui certains politiques se poser – il était temps – la question : pourquoi les hommes se détournent-ils d’institutions qui sont censées les représenter ? La lecture des analyses de  » Socialisme ou Barbarie  » peut certainement apporter des éléments de réponse. On trouvera dans ces pages des textes de Cornelius Castoriadis, Claude Lefort, Daniel Mothé, Pierre Souyri, Albert Véga, ou Jean-François Lyotard notamment.

 

Cent ans de capitalisme en Algérie, 1830-1930 : histoire de la conquête coloniale. Robert Louzon

Ed. Acratie

Cent ans de capitalisme en Algérie retrace avec minutie le conquête coloniale française jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Né en 1882, Robert Louzon a été l’un des premiers militants anticolonialistes dans le mouvement ouvrier révolutionnaire. En 1919, il adhère à la section de Tunis du Parti socialiste qui vote son adhésion à l’Internationale comuniste. En 1922 il est condamné à huit mois de prison pour «attaque contre les droits et les pouvoirs de la République française en Tunisie» et « exortation à la haine des races » pour avoir publié divers textes en langue arabe. Expulsé ensuite de Tunisie, il rejoint la France et participe avec Monatte à La Vie ouvrière puis à L’Humanité. Il démissionne du Parti communiste en décembre 1924. « Cent ans de capitalisme en Algérie » fut publié dans les numéros du 1er mars et du 15 mai 1930, de La Révolution prolétarienne.

 

Anarchistes et Communistes dans le mouvement des conseils à Turin. Premier après-guerre rouge 1919-1920. Pier Carlo Masini

Ed. Nautilus

Le mouvement des Conseils (…) touchait le coeur plutôt qu’au porte-feuille l’organisation capitaliste, destituait les organisation syndicales en leur substituant une forme d’organisation ouvrière adéquate au moment révolutionnaire. Deux groupes politiques distincts contribuèrent à l’élaboration de la théorie des Conseils : un groupe de socialistes et un groupe d’anarchistes. Aucun autre groupe politique ne fut présent dans le mouvement, même si tous les groupes politiques italiens s’intéressèrent au phénomène. Par contre furent présents de larges groupes de travailleurs sans parti, témoins du caractère d’unité prolétarienne du mouvement. (…) Le mouvement des Conseils se vit barrer la route en Italie par deux forces de l’ordre constitué : les groupes de la grande industrie et les hiérarchies syndicales confédérales.

 

Les Conseils Ouvriers – Anton Pannekoek

Anton Pannekoek (1873–1960) a d’abord milité dans les rangs de la social-démocratie hollandaise et allemande. Dès les premières années du XXe siècle, il en critique la tactique et les formes d’organisation, et s’en sépare définitivement lors de la Première guerre mondiale, au cours de laquelle il rejoint les Communistes internationalistes allemands. Cette critique, il l’étendra à partir de 1920 à la nouvelle Internationale communiste et aux partis qui la composent et participera aux combats des Communistes indépendants allemands.

En 1942, il rédige ces Conseils ouvriers, analyse du capitalisme contemporain et tentative de dégager des luttes ouvrières elles-mêmes les lignes de force d’une société nouvelle. Il explique ainsi son approche :
« Conseils ouvriers », cela ne désigne pas une forme d’organisation fixe, élaborée une fois pour toutes et dont il resterait seulement à perfectionner les détails ; il s’agit d’un principe, le principe de l’autogestion ouvrière des entreprises et de la production… C’est une question de lutte pratique contre l’appareil de domination capitaliste.

 

Ni parlement ni syndicats : les Conseils ouvriers.
Les communistes de gauche dans la révolution allemande (1918-1922) – Collectif

 

 

 

 

 

 

Ed. Les Nuits Rouges

« Anéantir la totalité de l’appareil d’Etat bourgeois, avec son armée, sa police, ses geôliers et ses juges, avec ses curés et ses bureaucrates, voilà la première tâche de la révolution prolétarienne. » Ce programme net sans ambages était celui du Parti communiste ouvrier d’Allemagne (KAPD), en ces années agitées, de 1918 à 1923, où l’on put croire que ce pays allait suivre l’exemple russe de 1917 et assurer ainsi le triomphe de la révolution mondiale. Ses militants, qualifié de « gauchistes » par Lénine, avaient leurs conceptions propres (antiparlementaristes et antisyndicalistes) qui les séparaient tant des bolchéviks autoritaires que des spartakistes indécis, et, plus tard, de la direction du PC officiel, bien vite inféodée à Moscou. Les auteurs des textes et discours ici reproduits sont pour la plupart tombés dans l’oubli. A l’exception peut-être du psychologue Otto Rühle ; des futurs « nationaux-bolchéviks » Laufenberg et Wolffheim, dirigeants de la révolution de 1918 à Hambourg ; du poète hollandais Hermann Gorter ; de l’astronome, théoricien des conseils ouvriers, Anton Pannekoek ; ou enfin de Franz Pfemfert, directeur du journal expressionniste Die Aktion.

 

LA REPUBLIQUE DES CONSEILS DE BAVIERE. Munich du 7 novembre 1918 au 13 avril 1919 – Erich Mühsam.

 

 

 

 

 

 

 

Texte interdit de publication en 1932. Ed. La Digitale/Spartacus

II y a 80 ans, en 1919, le peuple allemand épouvanté par les désastres de la guerre de 14-18, écrasé d’impôts, affamé, opta pour la voie révolutionnaire suivant en cela l’exemple russe, à l’inverse, la France préféra élire la Chambre bleue. Dans nombre de villes allemandes il y aura des conseils ouvriers et de soldats ou une commune comme à Berlin. Le peuple lassé par l’union sacrée (gouvernement impérial plus les socialistes) et après la déroute du militarisme inventa une nouvelle forme de gouvernement : les conseils. La société sera démocratique  » horizontale  » et directe plutôt que parlementaire et de délégation. Evidemment l’issue sera tragique : l’alliance des forces armées aux ordres des sociaux-démocrates (les aurochs) tue et jette en prison un grand nombre d’anarchistes, de spartakistes, de communistes et de socialistes… Mühsam, en prison écrit ce texte précis sur le déroulement politique de cette révolution unique : la République des Conseils de Bavière.

 

La révolution n’est pas une affaire de parti – Otto Rühle. 

Otto Rühle. Ed. Entremonde. Juillet 2010.

« L’expérience historique nous apprend que tous les compromis conclus entre la révolution et la contre-révolution ne peuvent profiter qu’à cette dernière. Toute politique de compromis est une politique de banqueroute pour le mouvement révolutionnaire. Ce qui avait débuté comme un simple compromis avec la social-démocratie allemande a abouti à Hitler. Ce que Lénine justifiait comme un compromis nécessaire a abouti à Staline. En diagnostiquant comme maladie infantile du communisme le refus révolutionnaire des compromis, Lénine souffrait de la maladie sénile de l’opportunisme, du pseudo-communisme. » Otto Rühle.

 

 

V. Lutte des classes / Autonomie ouvrière

 

La Grève généralisée en France. Mai-juin 68 – I.C.O.

Cette brochure a été écrite à chaud par des militants ayant choisi depuis des années de mettre en commun leurs expériences de la lutte de classe dans l’entreprise et les réflexions qu’elles leur inspiraient.Après une brève description de la France de l’époque, ils donnent des exemples des formes d’actions et d’organisation qu’ont adoptées les étudiants et les salariés, montrent ce qu’elles pouvaient avoir d’éphémère, mais aussi annoncer comme tendances durables.Ils mettent également en lumière ce qu’ont été les stratégies des principaux syndicats, ce qu’elles révèlent de leur rôle réel dans la société. Enfin, ils montrent ce que sera le débouché inévitable d’une grève générale prolongée dans un pays où l’essentiel de la production est désormais assurée par des salariés : ceux-ci, pour maintenir en activité les services qui sont nécessaires à leur existence quotidienne, pour assurer leur ravitaillement et celui de la population en générale, seront conduits à remettre en route les entreprises, à leur façon et selon leur propre organisation.

 

Capitalisme, syndicalisme même combat. – Corale

Titre agressif ; signature collective d’un groupe de militants révolutionnaires, jusqu’alors militants syndicalistes résolus et actifs, qui tentent de tirer les leçons de leur expérience.
Partant du constat que le syndicat ajoute à l’aliénation des salariés par leur soumission au pouvoir patronal, un deuxième niveau, celui de la subordination aux intérêts de l’organisation syndicale, leur critique ne porte pas seulement sur le comportement de telle ou telle direction syndicale, ou sur le caractère nécessairement réformiste du syndicalisme, mais sur le rôle dévolu au syndicat dans le système capitaliste : « Un rouage indispensable à l’État, qui l’inventerait s’il n’existait déjà. »
Mais Corale ne fait pas que dénoncer ; il n’ignore pas les débats anciens et ardus qui ont traversé jusqu’au syndicalisme révolutionnaire lui-même. C’est pourquoi il donne les bases de sa réflexion, autant à travers une présentation détaillée du fonctionnement du syndicat, de la réalité de l’action des représentants du personnel, qu’à travers l’évolution du syndicalisme en France. Et il nous livre les discussions entre les membres du groupe qui ont abouti à la rédaction de ce livre, discussions qui restent d’actualité pour tous ceux qui ne peuvent rester passifs sur leurs lieux de travail.

 

 “TO THE BITTER END” grève des mineurs en Grande-Bretagne (Mars 1984- Mars 1985) – Henri Simon 

Henri Simon.Ed. Spartacus/Acratie.

« Aux Falklands, nous avons eu à combattre l’ennemi du dehors. Maintenant c’est l’ennemi de l’intérieur et c’est beaucoup plus difficile à combattre; mais c’est tout aussi dangereux pour la liberté. » Au plus fort de la grève des mineurs, le 19 juillet 1984, Margaret Thatcher, premier ministre du gouvernement conservateur, appelait à l’unité nationale pour défendre la patrie menacée par l’action des prolétaires. Ce faisant, elle résumait bien l’implacable combat de classe qui se livrait en Grande-Bretagne. Ce n’était pourtant qu’un épisode d’une lutte entre les forces du capital et ce que nous considérons comme le mouvement autonome des travailleurs dans ce pays, une lutte qui se poursuit, sous des formes diverses et renouvelées, depuis des décennies.

La violence des affrontements au cours des douze mois de grève est encore dans les mémoires. Mais les formes spécifiques dans le quotidien des organisations de survie et de lutte, leur lien avec les formes originales de la lutte de classe autonome en Grande-Bretagne, tout cela est resta, pratiquement ignoré. C’est précisément ce ce que nous avons voulu dégager de la complexité des situations. Après 9 mois de grève, une femme de mineur du Pays de Galles clamait la volonté de continuer la grève envers et contre tout : « Tu peux être sûr que nous nous battrons jusqu’au bout, jusqu’à la dernière extrémité (TO THE BITTER END comme nous l’avons repris dans le titre du livre). Thatcher avaît une réponse: elle livrait bien une bataille de classe dans laquelle, par la forme déterminée de leur action, des prolétaires se mouvaient au delà de la grève elle même, au delà de leur condition même de prolétaires.

 

Longwy 82-88 Autonomie ouvrière et syndicalisme. – Hagar dunor et Compagnie

Ed. Acratie

Une chronique des luttes de ces six dernières années dans ce qui fut le bassin sidérurgique de Longwy. Un débat au jour le jour- et aussi des analyses élaborées avec recul – entre des militants aux origines différentes, aux opinions parfois contradictoires, mais qui sont porteurs d’une sensibilité qui pose, au fond, les mêmes enjeux du combat ; sans doute parce qu’ils ont été pris dans une même histoire collective : une histoire de lutte et de solidarité. (…) Ils ont été façonnés par le sentiment d’appartenance à une communauté qui tirait sa cohérence de l’usine et de la solidarité que les travailleurs y avaient construites, et dont l’existence même se trouvait mise en cause par le démantèlement des installations. Ils ont été façonnés aussi, dans leur diversité, par les contradictions auxquelles les luttes ont été confrontées, et par la nécessité qu’elles ont mises à jours d’élargir la dynamique hors du secteur de la production, et de mettre en place de nouveaux réseaux sociaux qui permettent aux gens de prendre en main tous les éléments de leur vie.(…)

 

La « Garde rouge » raconte – Histoire du Comité ouvrier de la Magneti Marelli (Milan, 1975-78). – Emilio Mentasti

Ed. Les Nuits Rouges

Dans une grande usine milanaise, la Magneti Marelli, plusieurs dizaines de salariés s’organisent au milieu des années 1970 contre la direction et les syndicats dans un Comité politique ouvrier. Bientôt, cette « Garde rouge » comptera plusieurs centaines d’ouvriers (sur les 5000 de l’usine) – soit une force équivalente à celle du PCI – et sera en mesure d’imposer l’arrêt des mesures de restructuration (licenciements, délocalisation). Ce Comité ouvrier ne reste pas cantonné dans les murs de l’usine et participe aux autres luttes, grèves, manifestations, nombreuses à l’époque en Lombardie et dans toute l’Italie, et notamment à cette manière radicale de combattre l’inflation : les « autoréductions ». La Magneti Marelli ne fut pas la seule usine italienne à connaître des organes autonomes ouvriers, mais c’est son Comité qui a servi de référence à tous les autres, à la fois par ses initiatives propres et par sa capacité à faire profiter de son expérience les ouvriers des petites entreprises environnantes. Ce combat exemplaire s’inscrit dans le cours de cette tentative révolutionnaire des années 1968-1979, qu’il importe de défendre contre les falsifications et les calomnies qui l’accablent, et d’en tirer toutes les leçons qui s’imposent.

 

La Fiat aux mains des ouvriers.L’Automne chaud de 1969 à TurinGiachetti /Scavino. Ed. Les nuits rouges. 2005.

Ed. Les Nuits Rouges

La Fiat aux mains des ouvriers. L’Automne chaud de 1969 à Turin. Giachetti /Scavino. Ed. Les nuits rouges. 2005.
Du 19 avril au 17 mai 2004, le spectre de l’autonomie ouvrière est re- venu hanter l’Italie. Il avait pris la forme d’une grève sauvage déclenchée par la majorité des 5 000 ouvriers de l’usine FIAT de Melfi (dans la province mé- ridionale du Basilicate) et des 3 500 ouvriers des entreprises sous-traitantes. Les revendications portaient sur les salaires, les conditions de travail et la le- vée des sanctions qui pleuvaient quotidiennement sur eux. Le choc fut d’au- tant plus rude que cette usine, la plus moderne du groupe FIAT, avait été construite en 1993 selon les critères les plus récents (parc industriel avec sous-traitants à proximité, méthodes japonaises d’organisation de la produc- tion…), bref, tout ce qu’il fallait pour désamorcer les conflits. Bien que cette grève eut été rapidement contrôlée par la FIOM (la fédération de la métallur- gie de la CGIL) et qu’on n’ait pas assisté à la création de comités ouvriers in- dépendants, tout le monde – des patrons (et d’abord ceux de FIAT) aux politi- ciens, en passant par les syndicats et les partis de gauche – avait bien compris que le pays n’était pas à l’abri d’une réédition des événements de l’année 1969 …

Mais que s’était-il donc passé cette année-là qui fasse encore si peur ? Avec 300 millions d’heures de grève, dont 230 millions dans l’industrie, rien de moins que la vague de luttes ouvrières la plus massive, la moins contrôlée, de toute l’histoire de l’Italie.

 

Pouvoir ouvrier à Porto Marghera. Du Comité d’usine à l’Assemblée de territoire (Vénétie – 1960-80). Devi SACCHETO & Gianni SBROGIO.

Ed. Les nuits rouges. 2012.

Après la Fiat et la Magneti Marelli, ce livre illustre une troisième figure de l’autonomie ouvrière en Italie, incarnée par le Comité ouvrier de l’usine Montedison de Porto Marghera (1968-1972), en face de Venise. Avec d’autres comités de la Vénétie, dont ceux de la Châtillon et de l’AMMI, il se transformera en Assemblée ouvrière à partir de novembre 1972, fédérant plusieurs comités de la région. Le comité est né précisément au Petrolchimico. Cette usine chimique employait à l’époque 3 000 ouvriers et 1 000 techniciens. Il s’était formé par la rencontre entre des militants dont certains, comme Italo Sbrogiò (né en 1934), étaient déjà des cadres du syndicat et du PCI – quoiqu’en opposition avec leurs pratiques – et d’autres, comme Augusto Finzi (1941-2004) qui n’avaient aucune expérience politique. Les questions que se posaient ces militants, leur révolte devant le sort qui leur était fait seront amenées à maturité par les contacts noués avec des militants extérieurs du groupe « Potere Operaio veneto-emiliano » qui, depuis l’hiver 1965-1966, diffusaient sans relâche tracts et journaux aux portes de l’usine.

 

À l’assaut du ciel. Composition de classe et lutte de classe dans le marxisme italien. – Steve Wright

Le tournant du nouveau siècle a vu dans les pays occidentaux comme un renouveau de la gauche anti-étatique dans les pays occidentaux et au-delà, en tant qu’élément d’un plus large mouvement contre le capital global. Si, pour une bonne part, cette réapparition peut légitimement être revendiquée par diverses tendances anarchistes, le marxisme autonome a lui aussi rencontré dernièrement un intérêt renouvelé (Dyer-Witheford 1999). Étant donné que le noyau du marxisme autonome s’est développé à l’origine en Italie durant les années 1960 et les années 1970, le moment opportun est venu d’examiner son origine et son développement dans la lignée du marxisme italien connu populairement sous le nom d’operaismo (littéralement « ouvriérisme »).

 

Restructuration et lutte de classes dans lʼindustrie automobile mondiale. – Echanges et mouvement

“…Les notions de fin du travail, de refus du travail, quʼon trouve aussi dans le texte évoquant la résistance des ouvriers de Fiat-Melfi au toyotisme (la généralisation de ce mode dʼorganisation est un des fils rouges de ce livre), peuvent faire penser que ce nʼest plus dans les usines que se joue la naissance dʼune société future ; au contraire ce serait en fuyant le lieu dʼexploitation, en refusant une définition de classe imposée par le capital que le prolétariat pourrait inventer de nouveaux rapports sociaux. Reste que cʼest parce que lʼusine est le lieu de lʼexploitation du travail, de lʼextraction de la plus-value, que sʼy joue ce perpétuel combat. Les prolétaires ont lʼair de courir après les mesures prises par le capital lors de sa restructuration, mais la restructuration du capital nʼest que la restructuration des luttes, car elles ne peut jamais faire disparaître la contradiction qui pousse le capitalisme à chercher sans cesse des gains de productivité, à baisser les coûts du travail, à se débarrasser de la main dʼoeuvre dont elle a pourtant besoin…(…) cʼest pourquoi ce livre nʼest pas seulement une chronique de lʼexploitation et des défaites de la révolte, mais aussi une contribution à lʼhistoire et à la définition de la lutte contre lʼexploitation”

 

La Chine en gréve – Hao REN, Zhongjin LI et Eli FRIEDMAN

 

 

 

 

 

 

 

Éd. Acratie

En 2016, le nombre des travailleurs migrants ayant quitté la campagne pour être embauchés en ville, le plus souvent dans une précarité semi-légale était estimé а 281 millions. Ce phénomène a été le plus fort dans le Delta de la Rivière des Perles (Guangdong) dont l’industrialisation a été le terreau de luttes ouvrières, y compris dans les usines les plus modernes de l’ « atelier du monde ». Ce sont ces luttes qui sont le sujet de Chine en grève, recueil d’entretiens avec des ouvrières et des ouvriers relatant leurs luttes entre 2002 et 2010. La parole est prise par ceux qui luttent dans un décor dantesque et dont la compréhension de leur condition s’élabore collectivement. Comment est organisée l’usine, quelles sont les périodes les plus favorables pour désorganiser la production, comment minimiser les effets de la répression, voilà entre autres choses ce qu’apprennent les ouvriers а l’école pratique de la lutte autonome. Les auteurs s’informent dans chaque entretien de la composition de classe des différentes usines, de l’organisation des ateliers, des salaires pratiqués, des marchandises produites, de l’origine des capitaux et de la direction. Ceci est l’occasion pour les ouvriers de formaliser leurs réflexions sur leurs luttes et sur le système de production en partant de la réalité de l’usine. Au lecteur, l’assemblage des différents récits permet de se familiariser avec une réalité ouvrière diverse loin des images d’Epinal. Les témoignages de ces prolétaires qui ont compris, а l’autre bout du monde, qu’ils ne devaient compter que sur leurs propres forces sont une bouffée d’air frais pour les tenants de l’autonomie ouvrière.