L’occupation de logements libres à Calais se poursuit.  Solidarité !

L’occupation de logements libres à Calais se poursuit. 

Solidarité !

Depuis quelques jours, plusieurs logements vides de la ville de Calais sont occupés en réaction à la politique de harcèlement que mènent les Etats français et anglais à l’égard des exilé-es contraints d’errer sous la menace dans les rues de la ville. Nous revenons sur le déroulement de la journée du mardi 8 novembre.

Une vingtaine de policiers sont arrivés sur les lieux en tenue de Robocop, assistés d’un commissaire et d’un huissier. Ils se sont postés devant la porte de l’immeuble déclarant que plus rien ni personne n’entrerait et qu’ils n’engageraient pas l’expulsion pour le moment car ils attendaient que les occupants sortent d’eux mêmes.

Peu à peu des dizaines d’habitants du quartier de tous âges sont venus s’informer des événements. Des gamins se sont chauffés à crier «tout le monde déteste la police», un petit caillou ou deux ont volé et ils ont été chargés et gazés. Les deux militants les plus proches ont été arrêtés ; nous n’avons pas de leurs nouvelles. Cinq personnes sont sorties de la tour d’habitation, trois militants et deux voisins venus visiter les lieux. A leur tour ces militants ont été arrêtés, tandis que l’identité des voisins a été contrôlée. 

L’avion de Frontex(1) est passé à de nombreuses reprises au dessus du site. Il est possible qu’il utilise une caméra thermique afin de connaître le nombre d’occupants(2).  

Les CRS sont arrivés, ils ont évacué la place devant l’immeuble en petite charge et en frappant les trainards. Il y a de l’espace au pied de ces tours et la petite foule n’a pas été repoussée bien loin … En fin de soirée, il y avait encore du monde pour observer la situation et rire du comportement des flics. L’ambiance est épatante et les fâcheux du quartier se font discrets. Les voisins sont tous solidaires et l’idée que la tour soit destinée à loger des exilés ne leur fait pas peur comme aux habitants du centre ville. 

Marc de Fleurian, l’élu d’extrême-droite à la mairie de Calais est passé en observateur durant l’après midi. Il est reparti sous les huées. Quant à Natacha Bouchart, la maire «les républicains», elle s’est juste risquée à une incursion en voiture.

Dans la soirée, la commissaire adjointe a prévenu que la police resterait sur place tant qu’il y aurait du monde et que la porte serait gardée durant la nuit. 

Un siège va commencer. Les occupants disposent de quelques réserves et des voisins se creusent la tête pour tenter de les ravitailler.

Boulogne-sur-mer, le 09/02/2022

(1) A propos de Frontex : http://www.frontexit.org/fr/a-propos/frontex

(2)Pour suivre l’avion: https://globe.adsbexchange.com/?icao=32002e


Communiqué de soutien aux habitant.e.s des bâtiment occupés à Calais

Nous sommes des associations mobilisées à Calais et/ou en France et en Europe en soutien aux personnes exilées depuis de nombreuses années, et nous déclarons publiquement notre soutien aux personnes qui occupent des bâtiments vides à Calais depuis le 03/02/2022.

A Calais, environ 1500 personnes vivent dans la rue dans des conditions de vie inacceptables, tandis que de nombreux bâtiments restent vides et gaspillés. Les personnes déplacées occupent des terrains vagues et n’ont qu’un accès limité aux services de première nécéssité : logement, assainissement, eau, nourriture et soins médicaux. L’État impose des conditions d’extrême précarité et d’invisibilisation par des expulsions illégales toutes les 48 heures, le vol d’effets personnels par la police, des déménagements illégaux sans possibilité de se défendre devant un juge, des violences policières récurrentes. Les gouvernements français et britannique, Natacha Bouchard et autres, ont délibérément transformé une question politique en une crise humanitaire, maintenant les personnes qui veulent passer la frontière dans une situation de survie.

De plus, le travail des associations est systématiquement entravé par l’Etat : contrôles d’identité et fouilles régulières des véhicules, intimidations, pierres bloquant l’accès aux points de distribution, arrêtés préfectoraux et municipaux interdisant la distribution de nourriture. Le travail des personnes solidaires à la frontière est soumis à une telle pression que la lutte pour le logement est mise de côté.

Face au refus du gouvernement de fournir un logement digne, adapté et inconditionnel, et à la politique ridicule contre les points de fixation, nous soutenons les militants qui occupent des bâtiments dans leur objectif de fournir un logement décent aux personnes qui dorment dans la rue à Calais.

Le droit au logement est un droit fondamental à valeur constitutionnelle, la base d’une vie digne et sûre. Nous affirmons notre soutien à ceux qui réquisitionnent les bâtiments vacants pour assurer ce droit.

Nous rappelons qu’il ne peut y avoir d’expulsion sans décision de justice exécutoire et qu’une expulsion ne fait pas partie des actes d’enquête prévus dans le cadre de la flagrance. Nous relayons ici les revendications des personnes qui habitent les bâtiments et les soutiennent :

– Nous exigeons l’arrêt de toutes les expulsions à Calais, notamment les expulsions dans le cadre de la flagrance et le démantèlement des lieux de vie par des soit-disant “mises à l’abri” forcées.

– Nous exigeons la régularisation de tous les squats de la ville.

– Nous exigeons la fin du harcèlement des personnes exilés, ainsi que des personnes qui les soutiennent, par la police.

– Enfin, nous exigeons la réquisition immédiate de tous les bâtiments vides de Calais et que des solutions concertées et durables soient proposées à tous les habitants, quel que soit leur statut administratif ou leur vulnérabilité.

Pour ajouter votre association à la liste des soutiens, contactez calaislogementpourtoustes@gmail.com

 


Calais : quelques dates à retenir 

– Samedi 12 février : Le Show de la Frontière – The Border Show !!!  14h-17h Parc Richelieu, venez découvrir à travers différents stands, jeux et autres  » 30 ans d’échec des politiques publiques menées à la frontière franco-britannique » (mais aussi danser, manger et vous amusez). 

Vendredi 18 février : Avant première à l’Alhambra de : « Ils sont vivants » en présence des réalisateurs du film, de Marina Foïs et temps de débat avec Utopia 56 à la fin de projection !!

Vendredi 25 février : Conférence sur la sécurisation de la frontière 18h, au Channel dans laquelle les intervenantes dévoileront les contours de la sécurisation de la frontière franco-britannique à travers sa barriérisation et sa privatisation, entre autres… 


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