La Mouette publie ! Fortunes de mer, lignes maritimes à grande vitesse : les illusions bleues d’un « capitalisme vert »

La Mouette publie ! Fortunes de mer, lignes maritimes à grande vitesse : les illusions bleues d’un « capitalisme vert »

Le Groupe Communiste Anarchiste de Boulogne-sur-mer fait paraître aux éditions Acratie :

 

Clich- 2010-06-10 22-02-51

Plus de quatre-vingt-dix pour cent du trafic mondial de marchandises s’effectue sur les mers…

 

A l’heure où ils caressent l’espoir d’une croissance adossée aux « marchés verts », les capitalistes entendent faire de l’espace maritime leur nouvel alibi écologique.

En Europe, l’engorgement des voies rapides ralentit les flux de marchandises et engloutit une part de la plus-value. A eux seuls les prochains couloirs à grande vitesse ne suffiront pas à combler ce manque à gagner. A fortiori quand les populations des régions concernées comme les salariés impliqués dans ces projets en ont déjà saisi l’imposture. De multiples actions de résistance se font jour au fil de ces tracés, que ces derniers soient hypothétiques ou avérés. C’est donc vers la mer, redevenue un territoire à conquérir, que se tournent aujourd’hui les instances de l’Union européenne. La commission de Bruxelles présente les autoroutes de la mer et autres bateaux à grande vitesse comme les prochains outils d’un « transport écologique au service du développement durable ».

Mais, par-delà les annonces, que dissimulent en réalité ces projets auxquels souscrivent avec enthousiasme nombre d’écologistes officiels ? C’est ce que les auteurs de ce texte ont tenté de comprendre, en pointant du doigt quelques-unes des fausses alternatives et des vraies illusions particulières à la période qui s’ouvre devant nous.

 

Ouvrage disponible localement à l’adresse la Mouette enragée

Groupe Communiste Anarchiste de Boulogne-sur-mer

La mouette enragée

B.P 403

62 206 Boulogne-sur-mer cedex.

ou auprès des Editions Acratie, l’Essart, 86310 La Bussière. Par mail : editions.acratie@orange.fr

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Retraites : la stratégie volontairement démobilisatrice des bureaucraties syndicales.

Retraites : la stratégie volontairement démobilisatrice des bureaucraties syndicales.

 

La mobilisation de ces dernières années contre la casse du régime de retraites par répartition a été volontairement maintenue par les appareils syndicaux dans le cadre inoffensif de la “bataille de l’opinion”. La défaite de 2010 conclut un scénario dont l’issue était connue par avance. Durant cette période et notamment lors de journées sans lendemain des 22 Mai 2008 et 19 Mars 2009, la Mouette est intervenue par tract et quelque action symbolique afin de dénoncer cette stratégie délibérément perdante pour les travailleurs. En voici un aperçu :

 

22 mai 2008 = 1er tour de chauffe, 1er tract et déjà le pressentiment des balades syndicales de 2010

tract 22 mai 2008

 

On remet ça le 19 mars 2009. A cette occasion, on diffuse un tract lors de la manifestation boulonnaise et on en profite aussi pour éveiller les consciences avec une banderole accrochée sur les remparts

tract 19 mars

manif 19-03-09manif. 19-03-09

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Présentation de Fortunes de Mer

Fortunes de mer, lignes maritimes à grande vitesse : les illusions bleues d’un capitalisme vert

 

ed. Acratie. juin 2010.Collectif.

 

Clich- 2010-06-10 22-02-51

 

 » Plus de quatre-vingt-dix pour cent du trafic mondial de marchandises s’effectue sur les mers… » A l’heure où ils caressent l’espoir d’une croissance adossée aux « marchés verts », les capitalistes entendent faire de l’espace maritime leur nouvel alibi écologique. En Europe, l’engorgement des voies rapides ralentit les flux de marchandises et engloutit une part de la plus-value. A eux seuls les prochains couloirs à grande vitesse ne suffiront pas à combler ce manque à gagner. A fortiori quand les populations des régions concernées comme les salariés impliqués dans ces projets en ont déjà saisi l’imposture. De multiples actions de résistance se font jour au fil de ces tracés, que ces derniers soient hypothétiques ou avérés. C’est donc vers la mer, redevenue un territoire à conquérir, que se tournent aujourd’hui les instances de l’Union européenne. La commission de Bruxelles présente les autoroutes de la mer et autres bateaux à grande vitesse comme les prochains outils d’un  » transport écologique au service du développement durable « . Mais, par-delà les annonces, que dissimulent en réalité ces projets auxquels souscrivent avec enthousiasme nombre d’écologistes officiels ? C’est ce que les auteurs de ce texte ont tenté de comprendre, en pointant du doigt quelques-unes des fausses alternatives et des vraies illusions particulières à la période qui s’ouvre devant nous.

 


 

Sommaire

 

Pourquoi ce livre ? p.5

Avant-propos. p.7

 

I. Le Projet

 

Le transport maritime : évolution et enjeux. p.11

Autoroutes de la mer : késako ? p.13

Grandes lignes et gros travaux. p.15

Ressources énergétiques et réchauffement politique. p.19

Marco Polo à la conquête de l’Europe ! p.20

Quand Boulogne-sur-Mer pense monde… p.22

…et réciproquement ? p.25

 

II. De la marine marchande

Les bâtiments du fret. p.30

Des risques maritimes… p.33

… bien assurés. p.36

Les marins. p.39

 

III. Le contexte : un nœud gordien

 

Inter modalité : des mariages difficiles. p.44

La restructuration des lignes et des flottes. p.45

Le pivot logistique. p.46

Le pan énergétique des autoroutes maritimes. p.50

 

IV. De la mesure du temps à son accélération

 

La mesure du temps : une question de rythme… et d’argent. p.55

Chi va crescendo, va… p.59

 

V. La spécialisation des espaces : une nuisance tangible

 

L’agriculture chimique de l’Andalousie au Maghreb. p.64

Filière halieutique : la fuite en avant du modèle productiviste. p.67

Du « Super-Port » à l’« Eco-Port » : écologie et capital. p.70

 

VI. Le transport maritime dans la crise

 

Une crise « durable » ? p.73

Les vagues du capitalisme financier. p.74

Chantiers navals et transport maritime : les travailleurs payent la crise. p.76

 

VII. Les remous de la crise

 

Les illusions du capitalisme vert. p  81

La quête d’une alternative… p.82

Un projet interclassiste… p.83

Une aubaine pour le capital. p.85

 

VIII. Au-delà du capitalisme

 

Ni capitaliste, ni sauvage… p.88

… une nécessité de classe. p.89

Travailleurs des villes, Travailleurs des champs… p.91

Doubler l’horizon : vers le communisme. p.93

 

Epilogue p.97

 

Annexes

 

-Lutte de classes sur les quais : Des dockers aux portiqueurs : les exemples anglais et français, des années 80 à aujourd’hui p.102

– Paroles de marins. p.113

 

L’ouvrage peut être commandé à l’adresse postale deLa Mouette Enragée B.P 403 62206 Boulogne-sur-mer cedex.

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1999-2005 : la Mouette enragée s’engage dans le Calaisis sur la question des migrants. Brève chronique.

Contexte

    En 1998, c’est la guerre en Yougoslavie.

Au printemps 1999, arrive à Calais un nombre considérable de réfugiés, majoritairement kosovars – adjectif immédiatement péjoratif suite à un règlement de compte mortel entre passeurs et qui deviendra générique, quelle que soit l’origine des migrants des vagues qui s’ensuivront. Entrée en scène des CRS : premières chasses, premier parcage dans un entrepôt de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie).

Juin 1999 : fermeture de l’entrepôt, susceptible de favoriser, selon la Préfecture, les contacts passeurs/clients au départ en Grande Bretagne. 200 migrants occupent le parc Saint Pierre ; évacuation du quasi-bidonville en août. Les familles sont recasées face à l’hôpital de Calais, les célibataires dans le « fameux » hangar à Sangatte. La médiatisation amorcée avec les premières répressions éclate, avec les retentissements que l’on connaît.La survie des migrants est assurée par C’sur, un collectif d’associations aux réunions duquel participent individuellement des membres de la Mouette enragée.

Le 16 septembre 1999, nous assistons médusés à la foirade de la tentative de réouverture de l’entrepôt initial, propriété de la CCI. C’est l’occasion de constater les dissensions patentes au sein du C’sur, orga et perso. Dysfonctionnement propre aux cartels d’organisations qui le plus souvent trouvent leur point d’équilibre à l’interne en s’accordant sur le plus petit dénominateur commun, en l’occurrence ici, l’aide matérielle et alimentaire.

 

Analyse et pratiques

Sans nier le réel travail d’urgence des organisations humanitaires, la Mouette enragée en exprimera tôt les limites :

– l' »oubli » que la volonté des Sans-pap’ n’est pas d’être tolérés en France -et d’aller en CADA- mais de passer en Angleterre ;

– le paradoxe confrontation/négociation du C’sur avec les représentants de l’État, alors que ses membres sont régulièrement brutalisés et traînés en justice ;

– l’alibi du « respect et de la dignité dus aux migrants » comme obstacle objectif à l’autonomie de lutte de ceux-ci -et donc à un véritable soutien-, même si le turn over est perpétuel. Preuve s’il en fallait : l’éviction vindicative, dès le départ, du CSP 59 du collectif, l’abbé Boutoille considérant ces derniers comme « des manifesteurs, pas des manifestants« (sic). Exit donc l’aspect politique ;

– l’incapacité, aveugle ou volontaire, à percevoir le traitement des sans-papiers comme un laboratoire sécuritaire et répressif qui, de fait s’étend aujourd’hui à tout le champ social ;

– le manque d’appréciation à cette date – c’est peu de le dire! – de la politique d’enfermement dans les CRA relevant d’un arbitraire qui, là aussi, sera la matrice d’une politique maintenant généralisée.

– Le refus de notre part qui avons des papiers de nous substituer à ceux qui n’en ont pas, travailler avec mais en aucun cas à leur place.

– la volonté de dénoncer un humanitaire qui refuse de dénoncer les véritables responsables d’une situation catastrophique. Position entretenue par la gauche.

– le refus de prendre pour argent comptant les déclarations bien pensantes des autorités locales

Nos positions et nos actes, axés sur les enjeux sociaux et politiques – ceux de la lutte des classes – détermineront durant cinq ans nos relations locales, nationales voire internationales (avec des groupes britanniques et belges notamment) et les actions de terrain mises en œuvre, avec plus ou moins de bonheur mais toujours sujettes à réaction.

La Mouette enragée n’intègrera pas le C’sur.

     Français, étrangers, même patron, même État : même combat. Au delà du slogan les actions de la Mouette auront tendu à replacer la question des flux migratoires dans leur réalité : oppression, misère, guerres… autant d’avatars d’un capitalisme mondialisé que fuient ses principales victimes mais qui se trouvent en fait bel et bien utilisées sur le grand monopoly de la main d’œuvre.

 

 

Chronologie

     Durant ces années d’implication en Calaisis (et ailleurs), nous aurons multiplié les tentatives de convergence des luttes, au travers d’interventions multiformes s’inscrivant dans l’évolution de la situation.

En voici une trame non exhaustive de la période la plus intense :

 

2001

 

– Le 20 octobre, week-end d’action de solidarité avec les migrants, dont une marche de nuit jusqu’au tunnel trans-manche. Seront présents des membres du CSP 59, du CAE (collectif anti expulsions), de la CNT, des militants bruxellois contre les expulsions et de… C’sur en opposition avec le bureau de l’époque. C’est l’occasion d’une prise de contact effective avec lesmigrants présents.

– Préparation dans la foulée d’une manif avec des afghans pour le 30. Annulée : 200 d’entre eux passeront la Manche miraculeusement le… 29 !

– Décembre, tract d’appel : « Sans-papiers, coup d’État sécuritaire et néocolonialisme« .

 

tract-dec-2001.jpg

 

2002

    En 2002, les militants britanniques seront à l’origine et/ou répondront à des initiatives communes aux deux côtés de la Manche.

– En février, ils obtiennent la fermeture du centre de Campsfield, près d’Oxford. Mais celui de Douvres est mis en service dans la foulée et le combat ne fera que commencer.

– Avril, participation à la manif contre le CRA de Douvres (GB).

– Mai, le 4 : manif contre l’extension du CRA de Coquelles ; parution du numéro 23 (spécial immigration) de la « Mouette enragée« .

manifestation contre le centre de r-tention de Coquelles. M

in la presse bourgeoise « la Voix du Nord »

 

– Juin, manif à Londres pour l’accueil des « réfugiés » en Angleterre.

Ces trois actions se sont enchaînées dans le cadre de la lutte en réponse à la politique de « chasse à l’étranger » menée communément par les États français et britanniques. Notre partenaire d’outre manche étant le NCADC. Nous ferons parallèlement une diffusion « toutes boîtes » d’un tract d’information sur la réalité des CRA à Coquelles même.

– Juillet : campement No Border à Strasbourg.

– Octobre : rassemblement devant le CRA de Coquelles avec la volonté de faire savoir aux prisonniers qu’ils sont soutenus à l’extérieur. Qu’ils soient le but des itinéraires des manifs ou le lieu direct de rassemblements, cette motivation sera constante et la police n’aura de cesse d’interdire le contact.

– Novembre-décembre : fermeture du site de Sangatte. Participation des militants de la Mouette enragée aux manifs.

2003

– Janvier : La Mouette enragée n° 24 est dans les kiosques. Nous organisons à Calais, dans le cadre de la lutte contre tous les CRA, une conférence-débat sur la politique migratoire et les répressions en Europe (avec la participation d’Alain Morice, anthrologue impliqué dans la question des phénomènes migratoires et contributeur de la publication Vacarme, ainsi que du CSP 59).

Cette rencontre fait suite à une manifestation à Coquelles « sabotée » par ce qu’il faut bien considérer comme une contre-manif organisée par le C’sur, lequel affirmant dans la presse locale n’être pas foncièrement contre les CRA.

 

tract janv 2003

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In la presse bourgeoise « la Voix du Nord »

  Au cours de la manifestation, un texte est lu et diffusé devant les grilles du CRA de Coquelles. Ci-joint, le recto-verso

 Texte-lu-devant-le-CRA-de-Coquelles.Recto-.jpgTexte-lu-devant-le-CRA-de-Coquelles.-Verso.jpg

 – Févier : nous publions un texte à destination des boîtes aux lettres des Coquelois, toujours aveugles ou indifférents à la prison pour étrangers implantée sur leur commune.

 tract-coquelles-1.jpg

– Mai : des moutons noirs des assos humanitaires ou des quidams qui ont apporté leur aide aux migrants (accueil chez eux…) sont (à nouveau) traînés en justice; nous organisons une soirée de soutien à ces victimes du « délit de solidarité ». Pour l’occasion, la Mouette fait un tract de bilan.

 bilan-mai-2003-recto.jpgbilan-mai-2003-verso.jpg

 – Juin : le 28, le C’sur organise sa soirée de soutien. Malgré les pressions toujours plus lourdes de l’État, le cartel d’assos résistera et notre solidarité sera constante.

      À partir de l’automne, dans la dynamique de la lutte contre les CRA et dans un contexte de harcèlement de l’État envers les militants, La Mouette enragée, cherche des relais nationaux avec lesquels organiser une mobilisation élargie. C’est dans cette perspective que nous rejoindrons la « Coordination nationale contre les centres de rétention » envisagée par le CAE.

 2004

    Tout au long de cette année, notre collaboration à la coordination nous aura amené à Paris et sa banlieue – sur des chantiers de construction de CRA, avec l’appui des riverains, notamment à Palaiseau -, à Lyon – au CRA de Lyon Satolas et à l’OMI pour une occupation (foireuse car mal préparée) ou à des actions d’ agit-prop. », contre les boîtes de BTP ou cabinets d’architectes complices intéressés de la politique d’État d’enfermement.

 – Février : nous parvenons lors d’une manifestation à un contact direct avec les « retenus » ce qui permet d’obtenir de l’info vérifiée sur leurs conditions d’enfermement, dont la dureté est alors niée par les autorités. Lors d’actions ultérieures, la police s’assurera de l’impossibilité d’un contact aux grilles des cellules ou ailleurs entre migrants et militants solidaires à l’extérieur… Un tractage à destination des Coquellois est organisé.

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 – Mai : le 15, C’sur, Inter-lutte, le CAE de Paris, les sans-papiers amiénois et La Mouette enragée se rencontrent dans la perspective d’étudier de nouvelles pistes d’actions en phase avec des positions politiques cohérentes, notamment sur l’aspect classiste de l’enfermement.

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In la presse bourgeoise « La Voix du Nord »

 – Mai-juin, arrestations en masse de sans-papiers sur la métropole lilloise. Les hommes sont concentrés au CRA de Lesquin, les femmes à celui de Coquelles. Grèves de la faim de ces dernières. Nouvelle campagne d’information à Calais/Coquelles et par Indymédia. S’ensuivront de nouveaux procès …

 – Août : verdict et durcissement des lois sur l’immigration en Europe. En hiver, nouvelle marche sur le CRA de Lesquin.

2005

     Après des années de lutte non-stop aux côtés de militants versant tantôt dans l’humanitaire tout-crin, tantôt dans l’activisme forcené, mais dont la volonté d’agir aura permis de marquer quelques points ou, à tout le moins de gagner du temps, et au regard de l’ensemble des combats à mener, La Mouette enragée décide de revenir sur un champs socio-politique plus large, mais n’excluant pas la lutte avec les sans-papier , de Calais en particulier.Nous quittons aussi la Coordination nationale.

D’autres combats nous ont d’ailleurs occupé sur cette période, en parallèle et pour les mêmes raisons…

 – Novembre : parution de notre analyse de 1999 à 2004 dans une contribution au livre Politiques migratoires, grandes et petites manœuvres aux éditions Carobella ex-natura. A lire dans l’article éponyme !

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Politiques migratoires, grandes et petites manoeuvres

Il semble intéressant de refaire circuler ce texte de la Mouette Enragée, initialement paru dans le bouquin collectif « Politiques migratoires. Grandes et petites manœuvres » (éd. carobella, 2005) pour mieux comprendre la situation politique calaisienne et envisager le retour d’une lutte globale.

Bonne lecture

 

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A propos du camp “No border” de Calais calais no border

calais no border

Du 23 au 29 juin 2009 s’est tenu à Calais un rassemblement se voulant en prise directe avec la réalité endurée par les sans papiers cherchant à gagner la Grande-Bretagne. Une semaine durant, quelques trois cents personnes ont tenté en lien avec le réseau “No border” d’informer, de nouer des contacts et parfois de se dresser face à la répression qui s’abat au quotidien sur les immigré-es. Ayant oscillé entre participation et retrait à ce projet, nous revenons aujourd’hui sur les quelques points qui, dès le départ, nous ont semblé en fixer les limites.

Lorsqu’en novembre 2008, les États français et anglais échouent devant la CEDH (Cour Européenne des Droits de l’Homme) à expulser par un vol commun des afghans sur Kaboul, ils se heurtent sur le terrain à une forte mobilisation. Des contacts se nouent alors autour du CRA (Centre de Rétention Administratif) de Coquelles où sont détenus les afghans bientôt relâchés. De cette collaboration entre militants français, anglais et belges germera l’attente d’une intervention qui dépasserait enfin le cadre humanitaire stricto sensu sur lequel se polarisent les associations locales. L’intention se veut donc politique et revendique “la liberté de circulation pour les personnes, la fin des frontières et des contrôles migratoires”. Au demeurant, les promoteurs ont une idée assez précise des moyens à mettre en œuvre afin d’y parvenir. Il s’agirait avant tout d’organiser un camp labellisé et autogéré, implanté en périphérie de la ville.

L’objet du camp… le camp lui même.

Rapidement, l’objet du camp deviendra le camp en lui même. Au détriment d’ailleurs de tout débat sur le sens de sa tenue quinze ans après l’arrivée des premiers migrants sur les côtes de la Manche. A ce titre, on peut s’interroger sur les délais extrêmement serrés, quelques mois à peine, que s’étaient fixés les organisateurs afin de tenir le calendrier. De fait, contraints par l’urgence matérielle, le politique fut évacué dès le départ des discussions. L’architecture et la logistique s’imposèrent comme priorités. Il est ainsi impossible de trouver un compte rendu qui fasse état d’une approche politique comparée de la question à l’échelon local et avant tout international. A notre connaissance, les seuls bilans publiés après coup ne mentionnent que les points forts ou faibles en rapport avec l’activité quotidienne au sein du lieu (1). Comme souvent à l’issue de ces rassemblements, on évalue en priorité le rapport des groupes entre eux en relation avec les impératifs de la vie en collectivité. L’autre ligne de partage concerne essentiellement la stratégie à adopter face à l’action policière. Forcément offensive pour les uns, naturellement pacifiste pour les autres. Mais cette fois les opportunités de ressasser le vieux “vrai/faux” débat ne se présenteront pas. Le quadrillage policier confinera durant la semaine les participants aux limites du camp. Toute sortie en groupe se révélera impossible, toute tentative d’action collective se verra immédiatement réprimée.

 

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source : http://www.contre-faits.or/spip.php?article101#photo

 

Quand l’activisme tourne court.

Neutralisés sur place, il ne restait aux participants qu’à patienter jusqu’à la manifestation, autorisée celle-là, en fin de semaine. Une moindre consolation. Certes il y eu bien l’action réussie au CRA de Lesquin, car délocalisée à 120 kilomètres de Calais. Maintenant, on ne peut que s’interroger sur les choix retenus par les organisateurs. Que l’on néglige volontairement les débats de fond afin de rassembler largement est déjà discutable sur le principe. Que l’on dévalue la réalité du terrain sur lequel on entend porter l’action l’est tout autant, si ce n’est davantage.

Depuis plusieurs années, Calais et sa périphérie sont l’objet d’une occupation policière et parfois militaire permanente. La côte, la ville et l’arrière pays sont les lieux d’arrestations et de violences ininterrompues de jour comme de nuit. S’y concentrent en regard de l’activité Trans-Manche par mer et par tunnel un arsenal sécuritaire proprement délirant évoqué déjà à plusieurs reprises. Renforcer le dispositif en place en temps ordinaires afin d’enserrer quelques centaines de manifestants ne fut donc qu’une formalité pour l’État. Or, si l’on admet, à quelques exceptions près, le manque d’ancrage des militants dans cette histoire migratoire “particulière” à Calais autant que dans la réalité sociale et politique locale, si l’on reconnaît le caractère éphémère de l’initiative, on saisit comment la presse locale a réussi aussi aisément à construire et alimenter la peur bien avant l’arrivée des premiers campeurs.

Une presse locale…

La presse nationale a tu l’événement. A peine quelques lignes dans un ou deux titres du matin. Il en fut autrement avec les presses régionale et locale qui savonnèrent grassement la planche préparée par la sous-préfecture et la mairie UMP. C’est sans doute sous cet angle que l’on peut le mieux saisir la distance qui a séparé la détermination affichée par “Les No Border” comme les baptisèrent les journalistes et la réalité calaisienne. Rien n’étonne moins que la prose de “La Voix du Nord” ou de “Nord Littoral”, quand bien même l’accès du camp leur fut interdit, ce qui est heureux. Ce qui surprend, c’est la position des militants en regard de la campagne de criminalisation qu’ils ont subie. Leur obstination à démentir les accusations portées par ces journalistes les a cantonné dans une posture défensive et sans doute paralysante. Certainement parce que l’influence de cette presse dans une ville moyenne comme Calais n’a pas été estimée à sa vrai mesure. En raison peut être de la place qu’occupent aujourd’hui les outils de communications virtuelle au sein des sphères militantes et de la manière dont ils déforment notre approche du monde réel.

.à la toxicité sous estimée.

En règle générale, les éditions locales et régionales se portent mieux que les quotidiens nationaux. La proximité des nouvelles qu’elles colportent leur ouvrent encore aujourd’hui la porte de nombre de foyers. A l’heure du “haut débit”, leur ton immuable et soporatif façonne toujours l’opinion. C’est bien entendu dans leurs colonnes que furent annoncées à la population calaisienne l’annulation des fêtes publiques et des kermesses scolaires, la fermeture des magasins et des centres commerciaux, le bouclage de plusieurs axes de circulation et le quadrillage policier. En réponse à l’orchestration de la psychose, les militants révulsés tentèrent de donner des gages de bonnes intentions. Se privant par la même occasion d’une critique en lien avec le terrain social local. La “Voix du Nord” pour ne citer qu’elle n’est pourtant pas à son coup d’essai en la matière. Il eut été piquant, par exemple, de remémorer en réponse à la calomnie la responsabilité que porte ce titre dans le fiasco judiciaire que fut “l’affaire d’Outreau”. Une sordide offensive de la presse bourgeoise menée elle aussi tambour battant…

Au final

La manifestation de la fin de semaine se déroula aux marges de la ville et réunit entre 2 et 3000 personnes. Comme il a été dit et répété, le dispositif policier était impressionnant au point d’imposer sans résistance la fouille de tout un chacun sortant du camp et désirant rejoindre le cortège.

Que retenir d’autre, si ce n’est malgré tout les contacts établis tant avec les sans papiers qu’avec les habitants du quartier populaire jouxtant le campement. Sur le principe, l’objectif de “créer l’événement” fut atteint. Sur le fond, peu ou pas de réflexion collective, une approche formelle et abstraite de la question, en dehors des rapports de classes et au profit d’un humanisme pourtant si décrié lorsqu’il est porté par les associations calaisiennes.

On peut ainsi regretter que malgré la présence de camarades anglais ne fut saisie l’occasion de comprendre le sens réel des grèves sauvages de la raffinerie de Lindsey où l’on entendit réclamer entre autre « des jobs anglais pour les ouvriers anglais ». On était pourtant là au cœur du sujet.

Depuis, le ministre Besson a commandé la destruction des squats, camps ou refuges des vietnamiens, palestiniens, afghans, irakiens, érythréens … non sans avoir au préalable “ouvert la frontière” afin de ne rafler que ceux qui restaient. Comme après chaque annonce, et avant la suivante…

 


(1) Récits et analyse du camp No border- Aux frontières du réel. http://lille.indymedia.org/article16998.html

Premier point de vue rétrospectif sur le camp No Border. in : http://lille.indymedia.org/article16889.html

 

Boulogne sur mer. Le 22/09/09.

 

Manifestation No Border du 27 juin 2009, filmée par la TV locale :  VOIR VIDEO

 

 

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La pêche artisanale rattrapée par le productivisme.

blocage port

Le mouvement de ces derniers mois met en lumière l’échec de la logique productiviste à laquelle n’a finalement pas échappée la pêche artisanale européenne. L’augmentation du prix du carburant révèle les contradictions de nature écologiques et sociales qui frappent l’activité et annoncent sa prochaine restructuration.

 

Jusqu’au tournant du vingtième siècle, la pêche en mer demeurait au même titre que le travail de la terre une activité rythmée par le cycle des saisons. Progressivement, les industriels de la conserverie et de la transformation vont prendre le contrôle de la filière, en Bretagne d’abord, puis sur les littoraux de la Méditerranée et ensuite de la Manche. En imposant leurs conditions aux pêcheries, ils recevront un approvisionnement de matière première dorénavant soumis aux impératifs du marché. Dès lors, les rapports de productions capitalistes – étayés parles“plans de soutien” de l’Etat à l’activité -s’appliqueront méthodiquement aux hommes comme à la ressource, ouvrant une époque ininterrompue de crises. La reconstitution des stocks durant les années de la deuxième guerre mondiale, masquera pour les décennies suivantes les effets du déséquilibre qui s’annonce. Mais au sortir des années soixante-dix, le réveil est brutal. Les stocks travaillées par les flottes industrielles sont en voie d’épuisement, les espèces telles : la morue, le hareng ou le thon sont menacées de disparition. Cette flotte trouve alors le salut dans la capture des espèces des profondeurs et le déplacement vers les mers du Sud. L’activité artisanale, frappée à son tour par les mêmes maux, ne peut envisager pareille échappatoire. Nulle possibilité s’offre à elle de travailler dans des eaux plus lointaines ou encore en profondeur.

Ainsi, le mouvement qui se développe aujourd’hui en Europe, ne peut s’apprécier à l’aune du seul coût du baril de pétrole ; ce à quoi entendent le réduire les médias. Il exprime en réalité la résistance des unités les moins performantes d’une certaine pêche artisanale, soumises à une exploitation intensive des fonds et dorénavant poussées vers les chantiers de démolition. Et la saignée s’annonce violente : les armements disposent de plus d’une fois et demie la capacité maximale d’extraction, alors que les trois quarts de la ressource disponible a déjà été pêchée.

En amont, le marché européen des produits de la mer – en expansion depuis plusieurs années -entend maintenir ses marges. N’en doutons pas, les états l’y aideront en rationalisant le secteur. La restructuration de la flotte est de nouveau à l’ordre du jour et avec elle sa concentration.

La politique européenne de la pêche.

La politique de pêche européenne s’est construite sur le modèle productiviste de la PAC- la politique agricole commune. Comme pour le secteur agricole la priorité fut donnée à un exercice intensif de l’activité soutenu par les aides publiques d’Etat et de l’Europe. Mais à contrario de l’industrie agraire, et bien qu’elle dispose du premier espace maritime au monde et compte pour la troisième puissance de pêche mondiale, l’U.E importe 60 % de ses besoins en produits de la mer. A cela on peut évoquer deux raisons : la première étant le rapport à la propriété, différent sur mer de celui qui s’applique sur les terres. Rappelons que les petits paysans propriétaires constitueront au long du siècle dernier une opposition tenace à la concentration des terres et à leur exploitation sur un mode productiviste. L’exploitation des eaux non soumise au même droit de propriété a permis une concentration plus rapide de l’activité sans qu’aucune résistance ne lui soit opposée. En conséquence, l’épuisement des fonds marins précéda puis accompagna celui de l’appauvrissement des terres cultivées. La seconde tient à l’accès de l’U.E aux zones de pêches de plusieurs pays d’Afrique, des caraïbes et du pacifique. Sous couvert d’accords, ce redéploiement de la pêche industrielle maintient la paix sociale au Nord. Elle alimente la presque totalité de l’industrie de la transformation qui emploie 150 000 travailleurs directs pour une recettede 18 milliards d’euros par an.

En retour, la pérennité des pêches locales est mise à mal et menace la sécurité alimentaire des populations. Une partie d’entre elles sont alors contraintes à l’exil. Une tendance qui se renforce par le biais des programmes d’aides de la banque mondiale et de la FAO. En favorisant la création d’unités industrielles dans ces pays, elles ont surtout encouragé la chasse aux devises étrangères et précipité la destruction du tissu social côtier.

Les artisans happés par le marché.

D’abord, précisons qu’au delà du statut juridique, il n’existe pas un, mais bien différents types de pêches artisanales. Les effets sur le milieu naturel et l’organisation sociale du travail sont donc ressentis différemment selon que l’on pratique, une pêche rationalisée à l’extrême en mer du Nord, ou quelques captures par sortie, comme c’est encore le cas parfois en Méditerranée. Les oppositions durant le mouvement entre filayeurs et chalutiers boulonnais, mettront certaines de ces particularités en lumière. Les uns consommant peu de carburant se mobilisèrent avant tout pour des obtenir des quotas plus important quand les seconds partant pêcher au loin revendiquaient le gas-oil à 40ct d’euro à la pompe.

Traditionnellement, les artisans approvisionnent le marché local en pêche fraîche. L’intérêtdes sociétés de mareyage puis de la grande distribution pour cette production va encourager les flotilles à accroître leurs rendements et les contraindre à se moderniser. Graduellement, le capital va se substituer au travail ; la mécanisation des taches entraînera la diminution en proportion du nombre de marins. Les équipements électroniques et informatiques de détection, les GPS, les nouveaux systèmes de mise à l’eau de chaluts plus efficients, etc …permettent maintenant des prises plus sélectives mais augmentent la pression exercée sur les stocks. Pour financer ces investissements, les artisans recourent aux coopératives intéressées en retour aux résultats des flotilles. Certaines ont prospéré et diversifié leur activité au-delà de la seule pêche : mareyage, restauration… La coopérative maritime d’Etaples près de Boulogne sur mer emploie actuellement 700 personnes dont 380 pêcheurs.

Cette course à la mécanisation exacerbe la concurrence sur les mêmes zones de pêche et contribue en parallèle à éliminer les bateaux les moins équipés. Contraints à la surpêche par le remboursement d’équipement extrêmement onéreux alors que la ressource est au plus bas et les marges bénéficiaires en baisse, les artisans sont pris au piège d’une logique sans issue après avoir perdu le contrôle de leur activité. Puisqu’ils n’interviennent ni sur les prix, fixés en criée par un système de vente aux enchères, ni sur la nature des ventes et les marges exigées par la grande distribution qui écoule 67 % de leur production, il ne leur reste alors qu’à se tourner vers l’Etat.

 

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A qui profitent les aides ?

Au regard de la situation, la revendication sur le prix du gas-oil apparaît comme une aubaine pour les Etats. D’abord parce qu’ils peuvent y répondre, donc calmer le jeu et donner l’illusion de soutenir l’activité : la pêche ne représente que 1% de la consommation de carburant, tous secteurs confondus. Mais surtout parce que l’Europe n’ignore pas qu’au delà de la revendication d’un “gas-oil eurocompatible”, l’unité affichée dans les manifestations vole en éclat. Quant au “non irlandais” évoqué par certains, il ne change rien à la donne.

Les aides consenties par Barnier et l’Europe ne sont d’ailleurs qu’un allégement fiscal déjà prévu et facilement accordé aux P.M.E. Le plus souvent, ces aides donnent lieu à une sérieuse mise en concurrence entre eux des organismes chargés de les percevoir, et avivent les tensions au sein de la profession.

D’ailleurs, maintenant qu’ils savent les pêcheurs en situation de fragilité, les Etat vont pouvoir appliquer le “plan 2007-2013” prévu par le FEP – le plan européen pour la pêche. Un nouveau fond dit de “déchirage” y est inclus qui, sous forme d’aides, envisage la réduction “substantielle de l’effort de pêche”. Les précédents plans avaient d’abord profité aux plus gros navires et conduit les petites unités à la casse voir au rachat de chalutiers artisans par des armements industriels. Rappelons au passage que, le déblocage de 12 millions d’euros d’aides “minimis” en févier, le furent d’abord pour les gros chalutiers… Le plan à venir confirmera donc la tendance à la concentration d’une pêche qui, avec moins de bateaux et moins de marins continuera d’alimenter les étals de la grande distribution.

Le mouvement : patrons et comités contestés par la base.

La contestation par les marins pêcheurs du marché qui les étrangle, s’est d’abord exprimée dans les actes. Sur la question de la rémunération du travail et des intermédiaires, nombreux furent les hypermarchés dont les étals furent vidés ou saccagés et le poisson distribué gratuitement. Des mareyeurs et des poissonneries connurent le même sort ainsi que les camions frigorifiques important du poisson aux usines de transformation de Boulogne sur mer. Un matelot expliquait : “Le cabillaud est acheté 3,18 € en criée et revendu 18 € dans des poissonneries parfois gérées par des professionnels eux-même”. Plusieurs ports furent partiellement ou complètement bloqués interdisant dans certains d’entre eux le trafic marchand ou passagers. Dans le détroit du Pas de Calais, une “opération escargot” a ralenti momentanément le trafic de “portes conteneurs” le plus dense au monde ! Les dépôts de carburant furent bloqués et la répression inégalement ressentie selon les régions.

Mais, la nouveauté dans ce mouvement fut la forte contestation par la base des instances dites représentatives : comités locaux, régionaux et national des pêches ainsi que les syndicats. Une contestation qui entraîna de multiples démissions et donna lieu à des tentatives de coordinations. L’Etat a d’ailleurs pris la mesure de la charge en faisant avancer la date des élections professionnelles à janvier 2009. Les raisons de cette opposition sont de deux ordres : des instances nationales jugées proches de l’Etat et accusées de diviser la profession en privilégiant les intérêts des patrons. Et ensuite, le fameux système des aides sur le prix du carburant, qui pour les marins n’a profité qu’aux patrons alors que le montant du gas-oil est prélevé directement sur leur fiche de paie. C’est ainsi que le 26 mai, les matelots votèrent la grève quand les patrons appelaient à reprendre le travail : “si nous devons aller droit dans le mur, nos dirigeants viendront avec nous… nos patrons ont réussi à payer leurs bateaux et nous on risque de nous prendre nos maisons”.

A suivre donc.

Boulogne sur mer le 25/06/08.

 

Lexique

Le comité national des pêches maritimes:

Il est crée dans les années 30 au moment de la crise économique. c’est un organisme paritaire composé d’élus professionnels et de représentants syndicaux issus de tous les types de pêche ainsi que de 13 comités régionaux et de 39 comités locaux auxquels adhèrent obligatoirement les membres des professions.

Le patron de pêche:est le marin responsable de l’équipage, du navire et du produit de la pêche.Le patron de pêche artisanale exerce sur des bateaux de moins de 12 mètres à 16 mètres de long.

Il peut être propriétaire de son bateau.

L’armateuréquipe un bateau en vue d’une activité de commerce, de pêche, de transport… . Il fournit le matériel nécessaire à l’activité en question. . L’armateur peut donc être propriétaire du navire ou simplement affreteur. L’armateur d’un bateau de pêche artisanale est souvent son propriétaire.

Le fileyeur: dépose ses filets sur le fond, le long des côtes, en « art dormant ». Le plus souvent, c’est une installation du jour pour le lendemain.

Selon les zones de pêches, les espèces et les saisons, le pêcheurs utilisera différents types des filet aux mailles différentes ; le plus courant est appelé : filet trémail ».

Le chalutier :pratiques les « arts traînants ». Il laisse dériver un filet derrière le bateau, soit entre deux eaux, soit sur le fond.

Les aides de « minimis » : sont des aides attribuées par l’ Etat ou les régions, ou d’autres pouvoirs publics, d’un montant inférieur à 100000 euros sur une période de 3 ans. L’Europe estime que son faible montant n’entrave pas les règles de la libre concurrence.

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Retour sur la situation des sans papiers de Calais

8G1B3914moyenEn visite à Calais le 27 janvier, Besson, le tout nouveau ministre de l’immigration y a entonné le refrain de ses prédécesseurs. Les thèmes de l’insécurité, de l’activité maffieuse des passeurs ou de la souffrance de la population locale ont permis de répéter la volonté de l’État de “rendre la zone étanche”. Une visite inutile, car malgré l’acharnement et la détestation affichée de l’État à l’encontre des sans-papiers, ceux-ci continuent de rejoindre l’Angleterre. Traqués et violentés, désormais, ils se déplacent par delà le Calaisis, le long d’une ligne entre Roscoff et les Pays-Bas.

 

Avant toute chose, rappelons que les conditions endurées au quotidien par les sans papiers bloqués dans le port de Calais ne sont en rien une nouveauté. Même, et surtout, si la presse et les télévisions s’essaient depuis la fermeture du camp de Sangatte à démontrer le contraire. Le plus souvent d’ailleurs sur un mode misérabiliste ou proche du fait divers.

Depuis quinze ans…

Bien antérieure à la fermeture du camp géré par la Croix Rouge, la réalité calaisienne est complexe. Son histoire remonte à 1994, date de l’arrivée dans la ville des premiers “réfugiés” d’origine polonaise. Puis, en 1997, à celle d’une quarantaine de Roms d’origine tchèque refoulés d’Angleterre. Pour leur venir en aide, quelques associatifs locaux créent alors le premier “Comité de Soutien aux Réfugiés”. Viendront ensuite la série des guerres impérialistes menées par les occidentaux en Yougoslavie, en Afghanistan et en Irak. Elles contraindront des milliers de personnes au départ. Nombre d’entre elles se heurteront à l’issue d’une longue route au franchissement du détroit. Ainsi, en 1998, les bombardements de l’OTAN sur la Yougoslavie conduisent de jeunes kosovars et leurs familles jusqu’aux plages du Pas-de-Calais. Suivront bientôt des milliers d’irakiens, de kurdes et d’afghans.

A noter qu’à cette période, le Royaume-Uni dont les origines géographiques de l’immigration diffèrent de celles des autres pays de l’U.E reçoit plus de 50 % des migrants ayant transité par les Balkans.

Mais à eux seuls ces conflits n’expliquent pas tout. Car, en quinze ans, plus d’une centaine de nationalités différentes se sont croisées aux abords du Calaisis(1). Et toutes n’étaient pas originaires de régions ravagées par les combats. Loin s’en faut. Comme nous l’évoquions, il y a quelques années déjà, le “pourquoi” de la présence de ces hommes et des femmes sur les côtes de la Manche tient autant au caractère global du capital qu’à des raisons dites “humanitaires”. Clairement, la question du travail et la dimension internationale du marché de la main d’œuvre s’impriment à celles et ceux qui rejoignent clandestinement l’Angleterre. Moins, comme on l’affirme souvent, parce qu’on y propose d’abord des “petits boulots”, que pour les très nombreux secteurs de la production et des services dans lesquels les conditions d’exploitation légales y sont comparables à celles du travail clandestin.

Dans ces circonstances, le rôle des États sera d’abord d’organiser, contrôler ou interdire l’accès aux territoires. Au fil des ans, les quatre pays limitrophes : France, Grande-Bretagne, Belgique et Pays- Bas se sont armés d’un dispositif juridique, technologique et policier invraisemblable. Si bien que l’enchevêtrement d’accords européens et nationaux, fait aujourd’hui du port de Calais une de ces “zone-entonnoir” en bien des points identique à celles qui ceinturent l’U.E. Une politique répressive qui recherche de plus en plus à “sous-traiter” les demandes d’asile en les externalisant auprès d’états tampons.

 

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Les lois.

Parmi ces lois, il convient de distinguer celles qui s’appliquent au sein de l’Espace Schengen dont l’Angleterre n’est pas membre, des accords conclus avec ses voisins d’outre Manche. La première catégorie, regroupe le “Code Schengen”, le “Traité de Dublin” et leur extensions. Ce dernier permet actuellement à l’Angleterre d’expulser nombre d’étrangers de son territoire. Pour se faire, il lui suffit d’apporter la preuve de l’enregistrement d’une personne étrangère dans un premier “État membre” afin qu’elle y soit renvoyée. C’est à cet effet que le fichier européen d’empreintes “Eurodac” a été crée .

Dans la seconde série, entrent les “Protocoles de Sangatte” et le “Traité du Touquet”. Ils réunissent polices françaises et anglaises dans les ports de la Manche et de la Mer du Nord mais aussi dans les gares et sites dits “sensibles” des deux côtés de la frontière. Ainsi, l’État français accueille actuellement sur son territoire 800 policiers anglais disséminés en différents points de contrôle. Leur surveillance se concentre avant tout dans la gare du Nord à Paris, dans celles de Lille, Dunkerque et Frethun jusqu’au tunnel sous la Manche… Enfin, un système d’amende sanctionne les transporteurs dans le cas où seraient découverts des sans-papiers dans leur véhicule lors d’un contrôle.

 

Le dispositif sécuritaire

En plus de ces lois, un puissant dispositif sécuritaire s’applique à rendre inaccessible l’accès aux endroits de passage. Calais et ses environs se transforment progressivement en un agencement de zones concentriques enceintes de palissades et de grillages. Le port, où la chambre de commerce et d’industrie a mis en place son propre service de sécurité est aujourd’hui clôturé de murs et de barbelé électrifié. En outre, il a été équipé d’un système d’alarme, de fibres optiques et de caméras thermiques. A Coquelles, la société Eurotunnel a installé 280 caméras, des détecteurs infrarouges ainsi que 40 kilomètres de barbelé autour de sa zone surveillée par 360 agents de sécurité…

Une partie des contrôles frontaliers est d’ailleurs sous traitée par des sociétés privées. Les véhicules sont examinés au moyen d’un matériel militaire appartenant à l’armée anglaise. Des scanners vérifient l’intérieur des remorques, des détecteurs traquent les battements du cœur, des sondes calculent les émissions respiratoires de CO2. Les États justifient l’ensemble de ces contrôles en invoquant la sécurité des personnes. Notamment depuis la mort en 2000 de 58 chinois, asphyxiés dans la remorque d’un camion néerlandais. Calais offre donc un marché juteux aux patrons de la sécurité. Un budget de 12 millions d’euros annuel leur est ainsi exclusivement consacré.

Pour autant, le recours systématique aux contrôles a des effets immédiatement négatifs pour le capital. Il provoque un ralentissement de la circulation de la marchandise et des dix millions de passagers qui transitent chaque année entre la France et l’Angleterre. C’est le talon d’Achille de cette architecture pour laquelle le temps est avant tout de l’argent. On comprend alors que s’il est en effet plus difficile de franchir le détroit, il est toujours possible de le faire.

 

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Sur le terrain

Sur le terrain, la situation demeure inchangée. Actuellement entre 500 et 700 personnes attendent leur tour de passer. Ce qui, il est vrai, est un nombre relativement important en cette saison. Pour elles, les conditions de survie sont extrêmement difficiles. Les groupes organisés par nationalité se terrent aux alentours de la ville, dans les bois, près des dunes, sous des campements de bâches qu’ils nomment “jungle”. Certains occupent des squats dans la ville. Les problèmes de santé sont multiples et difficilement pris en charge car ils reposent sur le seul volontarisme des associatifs locaux. En face d’eux, l’État, les soumet à un harcèlement constant. L’objectif est clair : éloigner et rendre invisible la présence de ces hommes et de ces femmes dans le centre de la ville et à ses abords. A cette fin, il y aurait en ce moment à Calais plus de 500 policiers affectés à la seule action contre les sans-papiers. Au V.V.F de Blériot-plage stationnent en permanence les compagnies de C.R.S chargées des interventions. Elles se font à tout moment. Parfois en journée, certaines eurent lieu sur le lieu des repas servis par les associations. Elles prirent l’allure de véritables rafles. La nuit aussi, quand les campements sont détruits. Les violences sont fréquentes : les effets personnels, les vêtements sont parfois brûlés, des policiers urinent dessus. A certaines époques, il y eu des marquages à l’encre à même la peau des sans-papiers. Des ramassages qui se terminaient à plusieurs dizaines de kilomètres par des “libérations” en pleine campagne après leur avoir ôté les chaussures ; il y en eu même derrière la frontière belge… Les arrestations se terminent parfois au centre de rétention administratif (CRA) de Coquelles. S’y retrouvent, avant tout, les personnes susceptibles d’être expulsées. Dans l’enceinte même des locaux de la PAF, adossé au CRA, siège le tribunal de grande instance, délocalisé depuis Boulogne sur mer. Les oppositions qui se manifestèrent à l’époque contre la facilitation matérielle d’une justice “à la chaîne” n’y changèrent rien. Ici on passe en quelques pas de la cellule à la salle d’audience.

Mairie calaisienne et associatifs.

A un échelon local, ancienne et nouvelle majorité municipale partagent avec les hautes sphères de l’État le souci de tenir les sans papiers dans la clandestinité. On se rappelle qu’à la fermeture du camp de Sangatte, le maire P.C.F de Calais déclara d’abord : “ … Je reconnais le travail réalisé par MM Sarkozy et Blunkett, mais c’est dommage d’avoir attendu si longtemps…” . Puis lorsqu’il vit arriver sur la ville ceux que l’État anglais continuait de refouler, il se ravisa. S’adressant aux associatifs qui lui réclamaient la mise à disposition d’un lieu sanitaire il leur déclara : “ … Je regrette que des abrutis, et je pèse mes mots, aient dévoyé la cause des réfugiés…Je ne suis pas favorable à l’ouverture d’un local cautionné par la ville”. Depuis, l’U.M.P a gagné la mairie. Par un discours et des pratiques éprouvés, Natacha Bouchart entend museler et faire le ménage à sa manière. Elle qui considère les sans papiers “responsables de dégradations perpétuelles” et qui“rendent sales les lieux où ils passent”. Si la mairie PCF a toujours refusé de rencontrer les associatifs, Bouchart, elle, les invite à une table ronde. Elle initie un “Conseil des Migrants” qu’elle crée pour l’occasion. Elle a compris l’effet anesthésiant de la parole auprès de ceux qui déploraient depuis des années de ne pas écoutés. Une subvention en augmentation a donc été versée à deux des principales associations et des promesses de financement de toilettes ont été évoquées. Et déjà certains parlent “d’avancée”…

Actuellement, il faut compter plusieurs semaines, parfois plusieurs mois afin d’atteindre les plages anglaises. Alors, des groupes partent s’installer ailleurs. En retrait, dans les terres, à trente ou quarante kilomètres de la côte. Là, l’accès aux camions est plus rapide. Calais perdrait-elle de sa centralité ? (2).

 

(1) Afghans, Irakiens, Iraniens, Kosovars, Kurdes, Albanais, Indiens, Roumains, Turcs, Soudanais, Erythréens, Palestiniens…

(2) Le phénomène existe dorénavant en différents lieux : Roscoff, Cherbourg, Dieppe, Dunkerque ou Ostende.

 

Pour en savoir plus : “La loi des jungles” de la Coordination Française pour le droit d’Asile. http://www.apsr.asso.fr/com/CFDArapport0908.pdfhttp://www.apsr.asso.fr/com/CFDArapport0908.pdf.

– La Mouette enragée (2005) De Sangatte à Coquelles : situations et interventions (1999 – 2004) in Politiques migratoires : grandes et petites manœuvres, Marseille, Carobella ex-natura, pp. 112-163.

 Boulogne sur mer, le 27/01/08.

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Les classes moyennes : une garde rapprochée idéologique

Les classes moyennes : une garde rapprochée idéologique

 

En janvier 2006, le ministre du budget affirmait qu’ un professeur certifié en fin de carrière : “gagne à peu près 4. 100 euros par mois. Un informaticien après 10 ans d’expérience, un conducteur de T.G.V. en fin de carrière, un V.R.P., gagne aussi entre 4.000 et 4.200 euros par mois. Cela veut dire qu’on va demander à toute une frange de nos concitoyens qui gagnent effectivement quatre fois plus que le Smic et au delà, de voir leurs impôts augmenter”. Cette affirmation, fausse au demeurant, recherchait l’adhésion de certaines catégories de travailleurs au discours d’une classe dominante s’exprimant en la circonstance par ministre interposé. On reconnaîtra la pratique routinière de la fabrique médiatique et à travers elle, l’objet de toutes ses attentions et intentions : produire et maintenir le consensus. Pour se faire, elle modèle par le discours une figure sociale aux contours indéterminés : « la classe moyenne ». Une catégorie à la fonction « propagandiste », “missionnée auprès des classes dominées à la diffusion des intérêts, idées et valeurs de la classe dominante”. Nous n’entendons pas nous livrer ici à l’étude de cette hypothétique agglomérat social mais simplement croiser quelques éléments afin de comprendre la raison de tant de sollicitudes …

 

Avant toute chose, rappelons que cette notion de « classe moyenne » n’est pas nouvelle et qu’elle accompagne l’histoire de la classe dominante depuis le XIXème siècle. A cette période, la république établie par et pour la bourgeoisie s’appuie en partie sur la paysannerie et son environnement social immédiat. Majoritaire jusqu’en 1936, la population des campagnes se compose alors de fermiers partiellement propriétaires, tour à tour dominants face aux travailleurs saisonniers et dominés face aux maîtres vivant d’une partie de leur travail. La troisième république puisa dans ce réservoir ses instituteurs, demoiselles de la poste ou ses officiers donnant ainsi naissance au mythe de l’ascension sociale républicaine. Entre temps, la menace que révèle la « Commune de Paris » mit la bourgeoisie dans l’obligation de se constituer un rempart social face au mouvement ouvrier. Se crée autour d’elle un bloc animé d’une idéologie fortement teintée de méritocratie. Elle ouvrit auprès des couches intermédiaires du salariat et de la petite paysannerie l’espoir d’une vie meilleure ; si ce n’était pour elles mêmes, du moins pour leurs descendants. Cadres naissant de l’État, professions libérales, petits commerçants et artisans représentent les classes moyennes de l’époque, elles le demeureront jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale (l).

Petit commerce

De 1945 aux années 70, le fordisme contribue à modifier non pas le statut social des populations urbaines issues de l’exode rural mais les conditions matérielles de sa vie quotidienne. Un nouveau discours se répand au travers de l’idéologie consumériste naissante. Ainsi, l’explosion du marché de l’électroménager est sensée libérer les femmes, ouvrières comprises mises sur un pied d’égalité dans un univers publicitaire en développement avec celles de la bourgeoisie. A ceci près que, les premières connaîtront a contrario des secondes, la joie des chaînes d’assemblage en usine (2). En uniformisant les modes de la consommation entre urbains et ruraux, entre cols blancs et cols bleus, l’idéologie marchande semblait donner corps aux déclarations naissantes sur la disparition des classes sociales. Par ailleurs, le besoin de compétences nouvelles dans le secteur industriel impulse un prolongement général des études supérieures renforçant l’illusion de la “moyennisation sociale de la société  » : ces professeurs, cadres commerciaux, techniciens supérieurs ne disposaient ils pas de diplômes comparables voir supérieurs a ceux de leurs patrons ?

 

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Classe moyenne way of life : l’idéal américain, la voiture, les vacances, le chien et la banlieue pavillonnaire

 

Corollairement à la fin du modèle fordiste, la représentation traditionnelle de la classe ouvrière entre à son tour en crise. La liquidation/modernisation de l’appareil de production, la délocalisation industrielle engendre la disparition progressive de l’image ainsi que l’affirmation politique et les valeurs du prolétariat des grandes concentrations industrielles. Aujourd’hui, les jeunes ouvriers ne se reconnaissent plus dans l’image de ces aînés. Plus de prolo selon les sociologues et les médias, la société se partage dorénavant en deux ensembles certes distincts mais qui n’entrent pas en contradiction la classe moyenne  » et  » les exclus « .

Depuis les années 80, l’atomisation généralisée du prolétariat favorise l’émergence d’une rhétorique piégée, car inclusive, sur le thème de  » l’exclusion « . Inscrite dans le prolongement des précédentes, elle tient dorénavant pour illusoire, voire potentiellement totalitaire tout changement social. Le démocratisme de marché s’érige en horizon ultime et il ne tient qu’à la volonté de chacun d’y prendre sa place. Cette novlangue crée une nouvelle figure  » l’exclu « , qui n’est plus un travailleur mais  » l’individu  » à insérer dans la société. Il s’agit d’abord de lui (ré)apprendre les bonnes manières en le culpabilisant. S’il n’a pas de travail c’est sa faute, Rmiste, il vit au crochet de la société, chômeurs c’est qu’il ne fait pas assez de démarches, seule la soumission lui permettra d’accéder au bonheur de l’insertion, en d’autres termes : l’exploitation de sa force de travail. Au regard des résultats des dernières élections présidentielles, cette stratégie se révèle payante. Le vote ouvrier dont a bénéficié l’actuel président a exprimé ce clivage entre deux segments du prolétariat, les premiers contestant aux seconds le versement à leurs dépens de prestations sociales.

 

Une  » non classe  » sans intérêt propre

     Du côté des chercheurs en sciences sociales, règne aussi la confusion lorsqu’il s’agit de donner un peu de relief à cette improbable classe moyenne. Faute de mieux, la plupart s’appuient sur le salaire, avec une fourchette de revenu fixée à 40 % du salaire médian (soit 1484 euros). Se regrouperaient en son sein une population dont les revenus oscilleraient entre 9 00 et 2 100 euros. Xavier Molénat dont les travaux interrogent les identités de classes, en conclut à l’impossible définition de celle-ci. Émile Pin constate avec plus de perspicacité que l’action commune des membres de la classe moyenne n’est pas fréquente alors que pour définir une classe il ne faut pas seulement prendre en compte les revenus, les habitus mais la conscience d’être une classe et le fait d’être en lutte contre les autres (3). L. Chauvel voit dans  » Les classes moyennes à la dérive  » la classe de ceux qui n’évoluent pas ou qui n’évolueront plus. Sociologue à la mode (professeur à Science Po), il fait partie de ceux qui préfèrent « laisser dans l’ombre les privilèges et les privilégiés et ce pour des raisons plutôt mauvaises que bonnes : la rareté des financements susceptibles de permettre de tels travaux [universitaires], mais aussi à la difficulté au fait de mener des investigations auprès d’agents qui occupent des positions dominantes, qui disposent de pouvoirs étendus et remettent ainsi le chercheur à sa place, de dominé« . C’est pourtant l’auteur de référence sur le sujet sitôt qu’il est question de malaise de la classe moyenne, quant les mômes se soulèvent contre le CPE ou que leurs aînés tentent de préserver leur droit à une retraite acceptable.

Il y a donc un enjeu particulier à démystifier le discours de la bourgeoisie sur la question. Cette bourgeoisie tient historiquement sa position dominante des alliances qu’elle passe avec divers groupes sociaux qu’elle domine et qui invariablement lient leurs destins au sien. Ce sont eux qui diffusent dans la société les valeurs du capital : ordre social et moral, propriété et travail. A.Bihr rappelle à profit que l’hégémonie d’une classe passe par la constitution autour d’elle de ce bloc qui « assure à la classe dominante une assise sociale parmi les classes dominées… et constitue de surcroît un rempart social pour la classe dominante. Elle lui permet d’isoler, d’affaiblir, voire de neutraliser politiquement celles des classes dominées éventuellement exclues du bloc hégémonique, à commencer par le prolétariat, en les amenant en définitive à se résigner à accepter leur subordination « (4). Illustrons ce propos dans le temps présent, et entendons ce bloc relayer les inquiétudes des patrons face à une concurrence mondialisée ou encore le credo sur l’impôt qui accablerait les entrepreneurs et les dissuaderait d’investir de ce côté de leur frontière. Ce  » mur de l’argent  » trouve un écho auprès des employés du bureau, de la boutique voire de l’usine qui reprennent avec entrain la fameuse ritournelle des  » charges patronales trop lourdes  » qui ne sont, rappelons le, que la part différée des salaires.

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Une volonté de taire les recherches sociales ? le CNRS dans la rue

 

Vers la fin des classes moyennes ?

      Au regard de quelques exemples pris ça et là: en Argentine, en France et en d’autres endroits du monde travaillés par des conflits sociaux d’importance, on constate la mise en mouvement de fractions du salariat habituellement rangées dans les classes moyennes. Ces dernières années en Argentine, des milliers de cadres, professeurs, commerçants se sont joins aux actions des chômeurs et travailleurs Piqueteros (groupes autogestionnaires) au cri de  » Qu’ils s’en aillent tous ! ». En France, ces catégories aujourd’hui frappées de  » prolétarisation « , ne sont plus reproduites à l’identique mais aux conditions actuelles du prolétariat : précarité, flexibilité, pauvreté, déclassement. La prolétarisation en cours des classes moyennes est une réalité révélée par la place qu’on pu jouer dans les luttes de 2003 certaines des catégories sociales qu’y s’y rattachent et avec plus d’évidence encore par sa descendance lors des mobilisations de 2006 contre le CPE.

Boulogne-sur-mer. Juin 2007

 

Notes

(1) Soulignons que la C.G.T. d’avant 1914 syndiquait les artisans comme les ouvriers. Ainsi un Marius Jacob refusait de cambrioler les médecins et architectes qu’il voyait comme des bourgeois utiles, rangeant les autres dans le parti de l’ordre et de la répression contre les  » partageux « … Dans un même registre, rappelons que jusqu’aux années 1950, le fait d’avoir un domestique à disposition était considéré comme un signe d’ appartenance à la bourgeoisie.

(2) Par ailleurs, est il nécessaire de rappeler que dans les vraies familles bourgeoises ce n’est toujours pas Madame qui met le linge sale dans la machine à laver.

(3) Émile PIN. Les classes sociales, Paris, Spes,1962

X. MOLENAT. Les nouveaux clivages de la société française. in Sciences Humaines.

n° 138. 2003

Louis CHAUVEL. Les classes moyennes à la dérive. Seuil. 2006

(4) A.Birh. p.49  » Retour à Gramsci  » in  » Pour en finir avec le front national  » ed Syros. 1992.

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Le projet-fiasco « Bateau Grande Vitesse et Autoroute Maritime » – analyse

L’ histoire rocambolesque du Hub-Port de Boulogne-sur-mer, aujourd’hui à l’arrêt, nous éclaire sur les intérêts très privés qui motivent la réalisation des projets d’aménagement du territoire. Le dernier rebondissement en date, le départ pour Saint-Nazaire de la société maritime LD-Lines afin de capter de nouvelles subventions publiques dans le cadre du lancement des “Autoroutes de la mer”, nous le prouve une fois encore. Mais s’en tenir à ce seul niveau de critique, nous conduirait à nous détourner des véritables enjeux que porte le projet.

 

Analyse en 2 articles

 

 

« Bateau Grande Vitesse et Autoroute Maritime »:l’idéologie techno-marchande a encore frappé !

 

Pour l’Union Européenne, premier exportateur mondial, la circulation de la marchandise ne souffre pas les temps morts. Ainsi, l’annonce faite il y a peu d’un projet d’ »Autoroute de la Mer », résonne déjà comme une prochaine étape dans la course au « toujours plus et plus vite ». Un accord liant différents ports européens signé à la C.C.I de Boulogne sur mer, prévoit la création de lignes maritimes à « Grande Vitesse ». Des fruits et légumes en provenance d’Espagne y seront acheminés vers l’Europe du Nord, quand en retour, des tonnes de poissons nordiques prendront le chemin inverse. Discrètement saluées par quelques écologistes (1) comme une alternative au transport routier, ces nouvelles voies rapides n’en seront qu’une extension aux effets bien connus : vitesse, frénésie technique, spécialisation des espaces et des productions, préjudices naturels et enjeux géostratégiques.

 

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Le projet voit le jour en juin 2003, à la demande de la Commission Européenne. Le groupe ’Van Miert’ (2), en charge du Réseau Trans-européen de Transport (RTE-T), soumet au rapport un point qualifié de prioritaire qu’il baptise « Autoroute de la mer ». Son intention est de répondre à l’exigence d’une circulation toujours plus flexible de la marchandise qui, selon ses estimations, progresserait pour l’ensemble de l’Union de 70% d’ici à 2020. Van Miert envisage en conséquence un transfert massif du fret de la route à la mer, afin de désengorger les grands axes routiers. Ces lignes maritimes s’étendraient le long de quatre corridors ceinturant le littoral du Nord au Sud de l’U.E (3), pour ensuite rejoindre la Mer Noire et, potentiellement, le canal de Suez. A une condition toutefois, poursuivre la restructuration des modes de transport permettant à terme, la mise en réseau de chacun d’entre eux. L’enjeu est de taille car, l’ ’intermodalité’ aspire à tisser une toile permettant aux marchands européens de réduire les ruptures de charge, et donc les coûts.

Une fois le dossier bouclé, il ne restait qu’à le vendre. Quoi de mieux pour ce faire, que d’en appeler au ’Progrès’ incarné dans un ’concept Innovant’, fruit des recherches en matière d’aménagement portuaire et de navigation. Comme il date un peu, et ne pouvait se prévaloir du label ’Développement durable’, il sera simplement ’Écologique’(4). De fait, le groupe Van Miert use d’une langue commune aux cénacles d’experts-décideurs’, interchangeable quelqu’en soit l’objet et le lieu. Et s’il fallait encore s’en convaincre, lorsque le président de ’Réseau Ferré de France’(RFF), ou le ’Comité pour la Liaison Lyon-Turin’ évoquent le T.G.V. transalpin, l’écho répond sur le littoral : ’L’objectif est d’atteindre 40 millions de tonnes par an, alors que les trains n’en transportent que 9 millions aujourd’hui par le tunnel du Mont-Cenis… L’ambition est de s’unir pour promouvoir la liaison dans une logique industrielle au service de l’Économie, de l’Environnement et de l’Europe’.

 

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Réforme portuaire à l’horizon

Au demeurant, ce dossier risque de relancer la ’réforme des ports’. Les patrons et l’État sont catégoriques sur la question : les hydrocarbures et les matières premières tiennent une place prépondérante, mais le fret demeure l’activité à plus forte valeur ajoutée. Pour devenir compétitifs, les ports français n’augmenteront le volume du trafic de conteneurs, qu’à la condition de parer aux conflits sociaux. Certes, la grande mobilisation des dockers cet hiver à Strasbourg a, pour un temps, calmé les ardeurs patronales mais cela ne saurait durer. D’autant que du côté du ’Ministère de l’Équipement’, le retard pris dans le développement de zones logistiques indispensables pour jouer la concurrence, se justifie d’abord par l’insuffisance de la réforme portuaire de 1992…et le poids prépondérant des syndicats d’ouvriers dockers dans la gestion de la place portuaire’ et de renchérir : ’ La culture marchande des ports français est insuffisante. Les ports français, et en particulier Marseille, sont encore handicapés par des conflits sociaux’(5). A contrario, le Bénélux fait figure de modèle avec sa culture ’traditionnellement marchande, aux coûts de manutention moins élevés, et à la main d’œuvre réputée plus efficiente’. La messe est dite ! Enfin, pour ainsi dire car, l’efficacité exigée suppose la spécialisation d’un certain nombre de ports et la relégation des places moins stratégiques ou qui ne pourront se doter des moyens et services adaptés. Pour elles, c’est l’annonce de la disparition du secteur fret.

Chronophobie du capitalisme.

Maintenant, observons ce qui fonctionne afin de comprendre ce que l’on nous prédit à l’avenir. A ce jour, on achemine par mer des conteneurs ainsi que des semi-remorques chargés de fret, à bord de bateaux appelés ’rouliers’(6). Le ’roulier’ offre l’avantage d’embarquer des contenants sans qu’il soit nécessaire de manipuler la marchandise. Les cadences de chargement/ déchargement sont rapides et rendent ce mode de transport relativement économique. Insuffisamment semble-t-il, car, bien qu’adapté à l’intermodalité, le roulier est jugé trop lent. Il hypothèque un projet pour lequel le temps et la vitesse détermineront ou non, sa mise en œuvre. Le ’Mer-Routage’- de l’autre nom donné à ce projet, ne verra le jour qu’à la condition de concentrer des flux de trafics sur mer, à partir d’un outil combiné : le ’Bateau à Grande Vitesse’. Le BGV illustre à son niveau, le rapport que le capital entretient avec le temps, son appropriation et sa soumission à la loi de la valeur.

Plus qu’hier encore, la prolifération d’outils qui concourent tous à ’réduire/détruire le temps à travers l’espace’ rendent l’économie du temps plus vorace. Le temps de circulation est par définition un temps mort pour le capital : un temps qui non seulement ne lui rapporte rien mais lui coûte. Les frais de circulation engagés viennent en déduction des profits, raison pour laquelle, il recherche constamment à les réduire dans une course perdue d’avance. Ceci dit, si le capital ne peut supprimer le temps, il le modifie en profondeur et en permanence avec les conséquences que l’on sait dans les secteurs de la production, des transports ainsi que dans la plupart des champs de la vie sociale. A. Birh évoque dans un texte récent (7), le caractère ’chronophobe’ du capitalisme dans le sens où, il ampute notre rapport au temps de la dimension d’avenir justement nécessaire à la réflexion et à l’élaboration de possibles. Reprendre la critique de son appropriation par le capital, de l’instantanéité qu’il poursuit car indispensable à sa reproduction, semble en cela intéressant et nécessaire. Et puis, ouvrons la parenthèse – l’opportunité s’offre peut-être d’entamer la discussion avec d’autres considérant pour leur part cette question sous le jour des : ’… goûts (qui) tendent à remplacer la critique : pour la vitesse ou contre la vitesse, pour les T.G.V. ou pour les automobiles et les camions, pour le nucléaire ou pour le charbon, etc.’

La vague technologique.

Reste que, aujourd’hui, le fameux ’B.G.V’ n’existe que sur le principe. Les énormes catamarans transportant sur la Méditerranée des passagers à grande vitesse sont, à n’en pas douter, les navires les moins éloignés du concept. Hors les eaux européennes, le « Jetfoil », propulsé par deux réacteurs de Boeing, effectue des traversés Hong Kong-Macau à une vitesse de 40 nœuds, mais arrêtons là les comparaisons car, transporter des passagers est une chose, acheminer du fret en est une autre…Voilà sans doute la raison pour laquelle, nous ne serons pas surpris d’apprendre que c’est du côté de projets militaires en cours, dans le cas présent destinés au transport logistique, que la solution a été recherchée. Soulignons au passage que, dans leur version militaire, certains d’entre eux sont destinés à la surveillance et l’interception de l’immigration (8). Le constructeur « BGV-International »(9) travaille ainsi à la réalisation de versions adaptées au transport de marchandises, pour livraison desquelles un accord a été trouvé entre, un armateur et la Chambre de Commerce de Boulogne sur mer.

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Pour des dessins encore plus chouettes, voir le site BGV : http://www.bgvdesign.com/concept.htm

Voilà sans doute la raison pour laquelle, nous ne serons pas surpris d’apprendre que c’est du côté de projets militaires en cours, dans le cas présent destinés au transport logistique, que la solution a été recherchée (8). Le constructeur ’BGV-International’(9) travaille ainsi à la réalisation de versions adaptées au transport de marchandises, pour livraison desquelles un accord a été trouvé entre, un armateur et la Chambre de Commerce de Boulogne sur mer.

Il faut alors imaginer des cargos capables d’embarquer 150 remorques traçant à 35 nœuds soit 70 KM/h, contre 15 à 20 nœuds actuellement. De son côté, un consortium d’entreprises en lien avec la Commission Européenne, étudierait un projet comparable baptisé ’Seabus-HYDAER’. Ce navire pourrait atteindre la vitesse de pointe d’environ 120 nœuds(220 km/h), soit près de 3 fois celle des ferries actuellement en service (10). Naturellement, la communication entretenue autour de ces projets élude les effets de la vitesse sur le milieu marin. Les navires rapides sont pourtant à l’origine de nombreux accidents, les vagues qu’ils produisent sont différentes de celles générées par les navires conventionnels ou même de celles dues au mauvais temps. ’Elles se rapprochent d’une houle imprévisible que l’on ne voit pas de la surface et qui arrive en se brisant à grande vitesse sur les côtes. »(11) 
Particulièrement dangereuses dans les zones de changement d’allure, elles ont provoqué des échouages, des chavirements et envoyé des hommes à la mer. D’autres incidents ont eu lieu cette fois sur les plages : ’On ne voit pas venir ces vagues qui se développent soudainement entraînant une forte aspiration d’eau vers le large avant de se casser successivement sur la côte. Ce phénomène très surprenant, est fréquent pendant les mois d’été, lors des périodes de vent et de mer calmes’(12).

 

Pêche et l’agriculture intensive.

Au final, la question demeure : qu’est ce qui motive la mise en chantier d’un tel projet ? On le sait, la circulation de la marchandise, en l’occurrence les fruits et légumes en provenance d’Espagne et le poisson de Norvège, tous deux exploités de façon intensive. A l’autre bout de la chaîne, on retrouve le marché anglais et l’appel d’air qu’il produit depuis plusieurs années. Il absorbe par an et à lui seul 60 000 trajets depuis l’Espagne, auxquels il faudra bientôt associer un trafic irlandais en très forte progression ; sans oublier le marché russe, qui progressivement s’alimente lui aussi en Espagne. On comprend alors l’opportunité pour les patrons européens de rejoindre en 20 heures au lieu de 3 jours par la route, un échangeur (13) situé à quelques kilomètres du Tunnel sous la Manche… Et de faire d’une pierre deux coups, puisque le port de Boulogne sur mer (14) spécialisé dans le conditionnement du poisson à l’échelle de l’U.E sera assurée de ses 100 000 tonnes de poisson livrées dans l’année. Le capital poursuit donc sa logique de spécialisation des espaces et des productions. Les fruits et légumes d’Espagne, produits dans des conditions d’exploitations terribles pour le milieu naturel et les hommes, sont acheminés pareillement à leur élaboration. On casse la vague comme la terre et la vie des sans-papiers exploités des serres d’Alméria et de Huelva. La même logique prédatrice vide les mers des principales espèces halieutiques, intoxique et pollue consommateurs et zones côtières par un élevage industriel qui va croissant.

Un projet à combattre.

Il y a une quinzaine d’années, les patrons et l’État annonçaient le passage de l’autoroute A16 sur le littoral Nord, comme le moyen de ’désenclaver’ une zone en perdition sociale. Depuis la misère frappe toujours, plus encore et plus durement qu’à l’époque. Cette fois, il ne sera pas aisé de vendre le bébé à une population qui n’attend plus grand chose des caprices et de l’idéologie techno-marchande du capital. Le BGV ne représente pas une alternative au routier et à son engorgement, il en est le prolongement et préfigure la saturation des axes de la circulation maritime. La bonne nouvelle, c’est l’occasion qui s’offre de poser politiquement les questions essentielles autour de nos besoins réels : quelle alimentation à partir de quelle agriculture et de quelle pêche ? Ouvrir et élargir depuis le littoral, le débat ainsi que le champ de la critique sur le travail et aux transports serait un premier pas fait en ce sens. A suivre donc…

Boulogne-sur-mer. Le 01/06/2006.

Encadré 1 : Spécialisation des espaces et des cultures : l’exemple espagnol. La spécialisation des espaces et des productions, fait de l’Espagne le fournisseur de fruits et légumes en titre de l’Union Européenne qui reçoit 80 % de ses exportations. Elle consacre 54 % de son sol à l’activité agricole et se place au 4ème rang des producteurs mondiaux d’agrumes. Rappelons qu’ une grande partie des cultures se fait sous serres, concentrées le long du littoral, sur sol artificiel composé de sable et de fumier. La chaleur permet de produire fruits et légumes tout au long de l’année au prix d’une consommation considérable de fertilisants et pesticides : 6 millions de tonnes par an. L’Espagne est à ce titre un client privilégié des chimistes européens. Ajoutons que, depuis sept ans, cet État cultive sur 25 000 hectares du maïs transgénique à des fins commerciales et se retrouve confronté à une contamination majeure des espaces de culture plus traditionnels et de ceux dits biologiques. Sur les conditions d’exploitation de la main-d’œuvre sans papiers dans l’agriculture espagnole, nous vous conseillons la lecture de ’La galère de l’or rouge’ de Sissel Brodal in ’Politiques migratoires : grandes et petites manœuvres’ aux éditions Carobella ex-Natura.

Encadré 2 : A terme un couloir vers le pétrole russe.

Lorsque l’on s’attarde un peu sur la prose des ’experts’ européens, on comprend qu’ils nourrissent des projets plus sensibles que celui du transport de légumes. Derrière de nouvelles routes maritimes rapides, se profile un possible approvisionnement pétrolier en Sibérie d’où est extrait 25 % de la production mondiale. Actuellement l’approvisionnement se fait par un système d’oléoducs qui traverse le permafrost de Russie dans des conditions très difficiles. Le projet ARCDEV étudie donc :’ la fiabilité et la rentabilité d’un couloir maritime reliant les régions arctiques de Russie au marché européen occidental, permettant ainsi à la zone de l’Ob de devenir durant toute l’année une source énergétique stratégique pour l’Europe ; Le pétrolier finlandais M/T Uikku testera les nouvelles technologies mises au point pour transporter des produits pétroliers liquides à -30ºC ». Des industriels et des instituts de recherche européens et russes, parmi lesquels d’importantes compagnies pétrolières et des industries de construction et de fourniture navales, plancheraient aujourd’hui sur le projet.

 

Notes :

(1) : ’La première autoroute de la mer ainsi crée, serait une alternative à la route : une bonne chose du côté environnemental…’ in : ’Le BGV pourrait faire des vagues ’ : http://verts-boulonnais.ouvaton.orghttp://verts-boulonnais.ouvaton.org. Que l’on se rappelle la propagande qui accompagna la mise en service des premières lignes de T.G.V : ’ Le T.G.V : Un transport collectif très écologique, moins dévoreur d’énergies…’

(2) :Socialiste flamand, karel Van Miert présidait à cette date le groupe de l’Union Européenne de haut niveau sur les Réseaux de Transport Transeuropéens’. Aujourd’hui, Mr Van miert est membre du conseil d’administration du groupe Vivendi Universal pour le compte duquel il dirige : Agfa-Gevaert NV , Mortsel / Anglo American plc , Londres / De Persgroep , Asse / DHV Holding BV , Amersfoort / Royal Philips Electronics NV , Amsterdam etc.Site de la direction générale de l’énergie et des transports de la commission européenne : ’ http://ec.europa.eu/comm/ten/transp…http://ec.europa.eu/comm/ten/transp… concernant les autoroutes de la mer : consulter la brochure en version PDF : ’ http://ec.europa.eu/comm/transport/…

(3) : La mer Baltique, l’Europe de l’Ouest : (océan Atlantique – mer du Nord/mer d’Irlande), l’Europe du Sud-Ouest : (mer Méditerranée occidentale), et l’Europe du Sud-Est : (mer Ionienne, Adriatique et Méditerranée orientale).

(4) :D’après la DATAR, le transport maritime international est responsable de 2 % des émissions de CO2 mondiales, contre 17 % pour la route. Sur une liaison européenne, la navigation à courte distance est 2,5 fois moins polluante en terme d’émissions de CO2 que l’option routière.

(5) : ’Les handicaps des ports français’ in : http://www.ac-nancyhttp://www.ac-nancy metz.fr/enseign/ TransportsLP/PDF/atouts%20ports%20fran%E7ais.pdf

(6) : Un ’roulier’ est un navire utilisé pour transporter entre autres, des véhicules, chargés grâce à une ou plusieurs rampes d’accès. On les dénomme aussi ’Ro-Ro’, de l’anglais Roll-On, Roll-Off signifiant littéralement « Roule dedans, roule dehors », pour faire la distinction avec les navires cargo habituels où les produits sont chargés à la verticale par des grues. in http://fr.wikipedia.org/wiki/Roulier

(7) : ’Le capital tend nécessairement à circuler sans temps de circulation’ K.Marx in : ’Capitalisme et rapport au temps’. Essai sur la chronophobie du capital. 2004. http://www.revue-interrogations.org…

(8) : ’Les formes nouvelles de la production matérielle, soulignait Marx, se développent par la guerre avant de se développer dans la production en temps de paix’. in Karl Korsch : La guerre et la révolution. ed Ab Irato.

(9) : http://www.bgv-france.com/images/Br…

(10) : Le projet SEABUS-HYDAER – http://ec.europa.eu/research/rtdinf…

(11) : ’Les problèmes liés à la vitesse sur les NGV’, Mémoire de fin d’études DESMM 1998-1999 par Gregory Le Rouillé Extrait article Infocéan Septembre 1997 dans rapport FASS WP1 23/11/98

(12) : ibid.

(13) : L’échangeur est appelé ’HUB-Port’. C’est une plate-forme de correspondance (en anglais hub, litt. moyeu) adaptée d’ un concept développé dans les années 1980 et destiné à remplir les vols des compagnies aériennes. L’effet est renforcé par des décollages par vague.

(14) : Le 29 juin 2005, un accord a été signé à la chambre de commerce et d’industrie de Boulogne sur Mer associant les ports de Vigo et Sheerness aux ports de Boulogne sur Mer, Drammen et Santander pour le lancement du concept de hub-port au départ du port français.

 

 

Bateau Grande Vitesse et autoroutes de la mer : derrière l’alternative, un projet du capital

 

Le projet d’autoroutes maritimes n’est que la partie visible, ici, sur le littoral de la Manche, d’une (ré)organisation globale et permanente de l’espace physique et économique par et pour le capital européen. Le projet de Bateau Grande Vitesse (BGV) s’inscrit dans cette logique de colonisation de l’espace et du temps par la marchandise ; une vrai fausse alternative que nous ne souhaitons pas accompagner avec critique et vigilance mais dénoncer clairement pour ce qu’elle est.

 

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Boulogne sur mer, un port à la conquête du monde … capitaliste

En regard des dernières annonces faites localement, on pourrait douter de la faisabilité de ce projet auquel s’accroche la C.C.I (Chambre de Commerce et d’Industrie) de Boulogne sur mer. Les déclarations contradictoires et de dernières minutes opacifient le dessein et sèment le doute. On évoque maintenant une classique liaison trans-manche chargée dans un premier temps d’assurer la promotion du B.G.V avant son hypothétique accostage… Tout cela laisse songeur, à ce point que, certains envisagent déjà le dossier B.G.V comme une entreprise de captation de fonds publics permettant à quelques financiers de capitaliser une opération finalement bien éloignée du projet initial – une de plus, serions nous tentés d’ajouter… Il est un fait avéré que les projets d’aménagement de grande échelle mettent en circulation des fonds importants. Il est tout aussi vrai que ces mannes juteuses profitent pour une part et à l’échéance d’un parcours souvent sinueux, à de très inattendus bénéficiaires. A titre d’exemple, citons les propos éclairant de ce président de la C.C.I de la ville basque de Pasaia qui, dans la presse et en termes limpides, commentait ainsi un projet d’aménagement portuaire – une recommandation elle aussi de l’Union Européenne : “ Je ne connais pas le contenu du projet, peut-être que le port est nécessaire, peut être pas, mais il sera financièrement intéressant ” (1).

Nul besoin d’être devin pour comprendre que l’intérêt en question n’est que celui des sociétés de transport et de l’industrie automobile locale ; l’une comme l’autre appelant de leurs vœux la mise en travaux du chantier. Alors certes, la question du financement est à poser, mais le faire de façon formelle en revient à rester au milieu du chemin, donc à accepter qu’elle garde en elle toutes ses contradictions. S’en tenir au contrôle du “ financement public ”, l’os à ronger des “ citoyennistes ”, ces fidèles un peu borgnes d’un “ État garant de l’intérêt général ” qu’ils opposent au libéralisme (2), oblitèrent le lien indissociable qui unit État et capital. Cette posture inter-classiste trouve aujourd’hui un écho auprès des étatistes ayant troqué tout projet de rupture avec le capital contre une lénifiante “ défense des services publics ” (3). Ne pas considérer l’État et ses finances comme “ l’autre moi-même ” du capital, c’est refuser de voir que ce que l’État investit lui revient, intérêts bien compris, dans des délais sans doutes variables mais certains (4). Pour en terminer et quel que soit le crédit que l’on puisse accorder à ce scénario, au demeurant tout à fait concevable, le projet n’en demeure pas moins indispensable à ceux qui le réclament. Par conséquent, poser localement la question du financement : “ qui paiera, dans l’intérêt de qui et pourquoi ” ne saurait soustraire le sens même de ce projet : la circulation de la marchandise à une critique plus large, inscrite celle ci, dans une lutte globale contre le capitalisme.

 

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La signature du contrat, entre les présidents de Chikara Shipping, BGV France et de la CCI de Boulogne

 

Du “ Livre blanc ”… au “ Cercle pour l’Optimodalité ”…

Avant tout chose, il peut être utile de rappeler qui décide et comment, des projets d’aménagement du territoire de l’Union Européenne. Périodiquement, des listes de projets prioritaires sont élaborées et publiées sous la forme de “ livres verts ” et de “ livres blancs ”. Dans le domaine des transports, ces publications repèrent les zones de faiblesses préalablement cartographiées, baptisées “ Chaînon Manquant ” afin de les doter d’infrastructures permettant une circulation toujours plus importante et rapide de la marchandise. C’est ainsi que s’est élaboré au fil des chantiers, un réseau unique, une chaîne logistique baptisée “ TEN – Transeuropean Network ”. Dans le chapitre d’un de ces livres blancs, figure le programme “ Marco Polo ” qui établit le cadre de la réalisation des “ autoroutes maritimes ” à venir. Ce n’est donc pas d’une éminence grise siégeant à la CCI de Boulogne qu’émane l’idée de “ plate-forme multimodale ”, mais de groupes de recherches sous influence pressés d’alléger les contraintes physiques et matérielles d’un secteur qui représente plus de 1000 milliards d’euros, soit 10 % du P.I.B de l’Union(5). Depuis le début des années 80, la “ Table Ronde des Industriels – E.RT ” (6) définit et impulse les principaux chantiers. Ce groupe de pression réunit les 45 plus grosses sociétés de l’U.E et travaille à la promotion de ses intérêts propres auprès de la commission européenne. Dans le cadre de réunions privées les membres de l’E.R.T, dont certains furent commissaires européens, rencontrent les plus hauts responsables politiques avec lesquels ils entretiennent une étroite collaboration. De cette manière, l’E.R.T a obtenu de l’U.E l’extension des réseaux d’autoroutes qui permirent le développement jusqu’à saturation du fret routier. Régulièrement, l’E.R.T intervient dans tous les domaines où son influence lui permet d’engager les fameuses “ réformes ” qui la positionneront au mieux sur le marché mondial, puisque là est sa raison d’être.

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A titre d’exemple, depuis la fin des années 90, elle travaille à casser les systèmes publics de retraite en trouvant des interlocuteurs attentifs, citons entre autre l’homme de gauche italien Romano Prodi, ancien président de la commission européenne. Si depuis quelques temps, l’E.R.T se montre plus discrète, elle n’est pas moins active, elle change juste de façon de faire. Elle a redéployé ses activités sous la forme de groupes paravent qui s’annoncent comme indépendant et interviennent sur des points spécifiques. Dans cet esprit, la création en mars 2007 du “ Cercle pour l’optimodalité en Europe ”, une officine composée des principaux patrons des sociétés de transports, de banques et d’entreprises de constructions (7) s’annonce comme la locomotive du prochain programme. La société “ B.G.V- France ” membre de ce regroupement en publie la charte sur son site (8).

Après le mythe du progrès voici celui de … l’alternative !

Annoncée comme une alternative à la route, attendue d’abord dans les zones saturées autour du Golfe de Gascogne, l’autoroute de la mer séduit naturellement les collectifs mobilisés contre la logique du tout camion (9). Il faut avouer que le concept est suffisamment flou pour qu’on le présente pour ce qu’il ne sera pas. Nous affirmions dans un précédent texte que les autoroutes maritimes prolongeraient sur mer la circulation à flux tendus de marchandises, que le souci des patrons n’était pas de trouver une alternative “ écologique ” au délire routier mais bien de s’approprier de nouveaux espaces afin d’augmenter les quantités transportées et diminuer les temps d’acheminement. Confirmation a été apportée lors de la signature de la fameuse charte : “ Il semble qu’un vent nouveau ait soufflé. On ne parle plus de mode “ alternatif ” à la route, mais de mode “ complémentaire ” à la route ”. Cette fois, les choses sont dites pour ce qu’elles sont…On sait dorénavant que l’autoroute maritime ne sera qu’un moment et un espace soumis à l’unique règle du temps marchand, un tronçon autoroutier sur mer, qu’à son contact les ports compteront pour des gares de péage supplémentaires. La dynamique du capital repose sur l’accumulation et sa croissance sans limite, alors, envisager ne serait-ce qu’un aménagement partiel de la chaîne qui, au surplus, entrerait en contradiction avec cette logique, relève d’un doux rêve, à fortiori quand “ Il est prévu un doublement du trafic dans tout l’espace européen et un accroissement du transport de marchandises de 300% par rapport à 1990, pour la seule Europe du Sud ” (10). Par contre, il est évident que dans les temps à venir, le pouvoir, État et capital ensemble, sous la pression de nouvelles contraintes liées au réchauffement climatique et à la dilapidation des ressources naturelles, va recourir plus encore à ces formes de la manipulation. Le renversement du discours par le pouvoir n’est pas nouveau ; durant les décennies écoulées, il a vendu le nucléaire pour le progrès, l’automobile pour la liberté et aujourd’hui la “ grande vitesse ” pour l’écologie.

Se positionner clairement et politiquement contre ces projets.

Peu importe alors que les “ Bateaux à Grande Vitesse ” accostent demain à Boulogne sur mer ou ailleurs, que dans la valse des subventions, telle enseigne les rafle à son concurrent. Aujourd’hui on ne peut avoir qu’une certitude : les patrons se donneront toujours les moyens nécessaires d’accumuler du capital, si les B.G.V en sont un, les B.G.V circuleront tôt ou tard, ici ou ailleurs. C’est un des traits essentiels de la période, que la nécessité pour le capital de mettre en circulation accélérée la marchandise, c’est donc et d’abord en rapport à la production de ces instruments et infrastructures indispensables à sa reproduction qu’il convient de prendre position. Corollairement à cela, jamais les populations ne sont conviées à se prononcer sur le bien fondé de tels projets, simplement parce que ces projets ne sont pas les leurs. On les mobilisera en recourant systématiquement au chantage à l’emploi, particulièrement efficace dans les zones socialement laminées mais pour des résultats dérisoires et à court terme en comparaison de la demande sociale qui restera, elle, non satisfaite. Systématiquement, les bénéficiaires immédiats se trouvent être les petites mains des chambres économiques, chargées de porter dans les instances régionales et locales ces projets au nom d’un bien commode “ Intérêt général ”. Sur le terrain, les groupes de construction et de B.T.P. accentuent la précarité et la flexibilité profitant au maximum de la mise en concurrence des travailleurs et dont les effets se font rapidement ressentir sur l’ensemble du bassin d’emploi. Les B.G.V seront un des instruments de la longue chaîne d’un modèle productiviste, énergivore et hiérarchique qui repose sur une articulation faussement schizophrène de la distribution . A ce sujet, constatons qu’à mesure de la destruction/inclusion des productions locales aux normes du marché mondial, de l’augmentation des distances parcourues entre la production et la consommation des marchandises, se développe en contre point, un discours certifiant et labellisant des savoirs-faire dorénavant dissociés de leur communauté de production d’origine le plus souvent préalablement désintégrées sous les coups de boutoir du capital. Le travail demeurant la question centrale, celle sans laquelle on ne peut établir qu’une critique partielle de ces projets, c’est donc en terme de : Pour qui ? Comment ? Dans quelles conditions sociales et écologiques ? et pour satisfaire quels besoins voulons nous produire et travailler ?

Alors que faire …

Il est évident que s’il se concrétise, ce programme à l’inverse d’autres en d’autres lieux, ne touchera pas directement la population boulonnaise dans son quotidien. De nombreux projets à grande vitesse – autoroutes, T.G.V, tunnels…- ont rencontré ces dernières années des oppositions fermes de la part des populations. D’importantes luttes, dans différents pays européens et ailleurs se sont parfois terminées par des victoires, il est toujours important de le rappeler. Si ici, la configuration est différente, dans un premier temps une campagne d’information peut être menée à l’échelon local dans le but d’informer, et de débattre largement de ces projets puisque : “ La lutte contre les grandes infrastructures de transport est indissolublement liée à la lutte pour la transformation radicale du modèle économique et social, auquel elles sont nécessaires et dont elles sont la conséquence ” (11)

Boulogne-sur-mer le 17/06/07.

 

(1) in : « El puorto exterior de pasaia » : Otro proyecto gigantesco e innecesario.

(2) Des citoyennistes qui, soit dit au passage, sont le plus souvent liés d’une manière ou d’une autre au fonctionnement de cet État et trouvent en son sein des intérêts très “ particuliers ” ; que ce soit en terme de carrière professionnelle ou de représentation politique, parfois les deux à la fois…

(3) Un horizon mystifié et borné par l’État, héritage du compromis fordiste de l’après guerre ; autant dire en référence à un temps très court de l’histoire du capitalisme.

(4) L’Etat et le capital : l’exemple français. Tom Thomas. éd L’Albatroz.

(5) http://europa.eu/scadplus/
leg/fr/lvb/l24007.htm – révisé ensuite : Révision du Livre blanc sur les transports : http://www.europe-international.equ

(6) E.R.T : lire in : “ Chronique internationale ” de l’IRES n° 72-septembre 2001.Etienne Davignon l’actuel président de l’E.R.T fut vice-président de la commission européenne de 1981 à 1985. Président de la Société générale de Belgique, Union Minière. Vice président dAccor, Arbed, Tractebel, Fortis Belgique, membre du conseil de surveillance de Anglo American Mining, Gilead, ICI, Pechiney, Foamex, Kissinger Associates, Fiat, Suez, BASF, Solvay, Sofina, Recticel, CMB.Membre du directoire du think tank Centre for European Policy Studies.[1] Ainsi que Président de Les Amis de l’Europe/Friends of Europe, un proéminent think tank.

(7) : Pour les banques : Dexia, CDC, HSBC… ; les constructeurs : Alstom, Eiffage, Lohr Les transporteurs : CMA-CGM, Fedex, Ports Maritimes, SNCF

(8) : http://www.hsc-bgv.com/IMG / pdf/COE_Mars_2007.pdf.

(9) Association Contre le Tunnel Inutile dans les Vallées d’Ailleurs et du Lavedan – ACTIVAL se réfère aux autoroutes de la mer qu’elle propose en remplacement d’un nouveau tunnel pyrénéen. : http://www.actival.org/-Le– Cabotage- .html

(10) Transport et capitalisme mis en question. in “
http://www.mrafundazioa-alda.org/ar… (11) ibd.

Publié dans Autoroutes de la Mer et logistique | Commentaires fermés sur Le projet-fiasco « Bateau Grande Vitesse et Autoroute Maritime » – analyse