Procès de militant-es No Border au TGI de Boulogne-sur-mer le 19 juin !

Procès de militant-es No Border au TGI de Boulogne-sur-mer le 19 juin !

 

Pour rappel, Jennifer, militante NoBorder à Calais comparaissait pour violence contre une agent de la PAF en mission pour évacuer le squat Thélu!
Elle était convoquée à 8h30 et l’audience a commencé à 12h45 environ! Il y avait 6-7 militants NoBorder en soutient, deux personnes de la LDH Boulogne, 4-5 policiers avec leur lachrymo au cas où et un RG boulonnais.
Pour commencer, la juge a évidemment demandé à la militante si elle reconnaissait avoir donné un coup à la policière. Jennifer répond que non en tout cas aucun coup volontaire!
Les questions de la juge pour Jennifer ont ensuite surtout porté sur les raisons de sa présence dans le squat, pourquoi les 3 autres militants sont sortis du squat rapidement et elle y est restée? Est-ce qu’elle pense que son activité dans le squat peut faire évoluer la situation?
Mat-Mat Naget, la fliquette qui accuse Jennifer, répond à son tour aux questions de la présidente et confirme sa position disant que le coup a été donné volontairement et que ce n’était pas en se débattant et ajoute que les deux militants qui n’ont pas voulu sortir, étaient très difficilement maitrisables. Elle dit aussi que lors du menottage, elle a essayé sans succès de donner d’autres coups.
Vient ensuite, sur une intervention de la procureure, un court débat sur la façon dont la policière a tenu Jennifer, par la gauche ou par la droite, le bras gauche ou le bras droit! Les versions de la policière semblent être différentes à l’écrit et à l’oral.
Un second débat est lancé sur l’interprétation du certificat médical de la policière, indiquant des stigmates mais ne disant pas clairement d’où ça venait!
Le troisième débat est au sujet de la déclaration de la policière, ses versions un peu différentes (ce qu’elle a dit dans sa déposition, ce qu’elle a dit au médecin et ce qu’elle dit au tribunal). La première version est qu’elle a reçu un coup de genou, la deuxième un coup de pied et la troisième deux coups de genou.

 

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La procureur interroge ensuite Jennifer et lui demande si elle serait prête à aller plus loin pour défendre ses idées. Jennifer répond que oui. Elle signale aussi qu’elle agit en fonction de ses positions et idées personnelles et non en fonction des idées globales des autres militants ou des No-Border en général. Elle lui redemande pourquoi elle a refusé de sortir du squat alors qu’il n’y avait plus personne, et elle répond que son ami (un autre militant) était bousculé par les policiers et qu’elle ne voulait pas le laisser seul.

Monsieur Deguisne, l’avocat de la policière (qui a souvent été l’avocat de migrants ou de militants, JC Lenoir par exemple) explique que sa cliente n’a rien contre les idées des NoBorder ni contre eux, mais qu’elle fait son travail et exécute les ordres qu’elle reçoit, c’est a dire de contrôler les migrants et de faire sortir les militants du squat. Il dit qu’elle a fait son travail consciencieusement et de façon irréprochable et n’a jamais utilisé plus de force qu’il n’était nécessaire et que malgré ça Jennifer lui aurait donné volontairement un coup de genou. Il termine sa plaidoirie en disant qu’on ne peut pas accepter des violences contre un agent qui travail et qu’ils demandent 200€ de dommage.

Vient ensuite le speech de la procureure! Elle commence en disant qu’elle serait la première à dénoncer des violences policières si celles-ci étaient avérées et réelles. Elle confirme que les agents sont formés à utiliser la force de façon strictement nécessaire et adaptée à chaque contexte. Elle ajoute aussi que Jennifer provoque en refusant de sortir du squat et qu’en plus de ça elle refuse de signer le procès verbal et a refusé de donner ses empreintes, ce qui aurait pu aussi être retenu contre elle.

Elle parle aussi du gabarit de la policière qui n’est pas grande et pas costaud et laisse supposer en décrivant Jennifer comme une grande sportive, que la violence venait de Jennifer plus que de la policière. Elle requiert elle aussi 200€ d’amendes.

Enfin Madame Calonne, l’avocate des NoBorders, donne sa version. Elle rappelle une nouvelle fois le doute sur l’interprétation du certificat médical. Ensuite elle rappelle le contexte général de la situation en commençant par rectifier la parole de la procureure, elle signale que la majorité de migrants présents ne sont pas des « clandestins » (comme l’a souvent répété la proc.) mais sont des demandeurs d’asile. Elle ajoute que d’ailleurs l’Etat ne respecte pas son devoir car ne les loge pas comme il devrait le faire. Elle en vient ensuite au contexte lié aux vidéos et a l’article publié sur le net via les sites de rue89 et des inrockuptibles, montrant des policiers de la PAF dansant sur de la musique africaine dans le squat et n’arrêtant personne (elle parle de vidéos édifiantes). Elle conclut cette première partie en disant que vu ce contexte, l’activité des militants no-border dans le squat s’apparente d’avantage à un rôle citoyen qu’un rôle provocateur.
Madame Calonne fait aussi un lien avec les autres procès a venir, celui du 29 juin pour outrage et celui du 12 juillet pour violence et occupation illégale.

Elle pose aussi la question de l’intérêt de réaliser l’interpellation de la militante par trois policiers, alors que vu le petit gabarit de Jennifer, un seul aurait suffit! Elle rappelle enfin le doute sur la réalité des propos de la policière vu ses différentes versions quant au coup reçu (1 ou 2 coup de genoux ou un coup de pied)
La juge décide de délibérer la semaine prochaine, c’est a dire le 23 juin, le même jour que le délibéré du procès des trois demandeurs d’asiles soudanais comparaissant pour occupation illégale. Dans le cas de nos trois amis soudanais, la procureure a demandé 2 mois de surcis et 2 ans d’interdiction de territoire français. La procureure semble une fois de plus ne pas savoir ce qu’est un demandeur d’asile (d’ailleurs lors du procès elle utilisa « clandestin »), car de part son statut un demandeur d’asile ne peut pas être interdit de territoire.

 

Jeudi 23 juin :

Comme prévu le délibéré tombe dans la mâtiné : une relaxe pour Jennifer! La juge, pourtant réputée pour avoir l’incarcération facile, n’a donc pas cru les mensonges très mal dissimulés de la jeune policière !

Le résultat du procès des trois demandeurs d’asile soudanais arrive quelques heures plus tard : même résultats, relaxe pour les trois !

Ces deux procès spectacles et grotesques auront justes permis de criminaliser un peu plus les migrants et les militants. La faible mobilisation de soutien pour ces procès montre aussi le manque d’intérêt des associatifs humanitaires, qui une fois de plus préfèrent donner la pitance paternaliste aux pauvres plutôt que se déplacer au tribunal pour soutenir les inculpés et montrer leur désaccord face a ces arrestations et ces procédures judiciaires abjectes !

 

Deux autres procès sont prévus dans les semaines à venir, le 29 juin pour un outrage et le 12 juillet pour trois militants accusés de violence en réunion, occupation illégale et refus de se prêter au jeu des empreintes digitales !

A noter aussi que trois plaintes ont été déposées par des militants NoBorders contre des agents de la PAF et de la CRS, pour violence.

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Pour les 140 ans de la Commune, à Boulogne-sur-mer, la rue Thiers est rebaptisée rue Louise Michel.

Pour les 140 ans de la Commune, à Boulogne-sur-mer, la rue Thiers est rebaptisée rue Louise Michel.

 

Samedi 28 mai, 140 ans après la fin de la Commune de Paris, la Mouette Enragée a décidé de rappeler à tous cet événement tandis que, le même jour, les nostalgiques de Napoléon défilaient derrière leur funeste empereur.

 

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La veille au soir, quelques membres de la Mouette Enragée et du NPA ont symboliquement expulsé Adolphe Thiers d’une rue du centre de la ville. Plusieurs affiches évoquant l’épisode révolutionnaire furent apposées très librement à différents endroits. Le lendemain, d’autres organisations de gauche se sont réunies afin de rebaptiser la rue Adolphe Thiers (celui-là même qui fit fusiller les Communards au nom de la République bourgeoise), en rue Louise Michel.

 

 

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Parallèlement, un tract a été diffusé par la Mouette enragée pour rappeler à la population ce que fut la Commune et son utopie. Le but n’est pas d’en entretenir le souvenir mais bien plutôt de redonner un sens social aux luttes passées, présentes et futures, hors des appareils traditionnels qui leur font obstacle.

 

 

tractPour agrandir, cliquez sur le tract

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La Mouette Enragée n°29 est sortie

La Mouette, c’est surtout un journal … en kiosque

 

Ca y est ! La Mouette Enragée n°29 est sortie.

Le journal est disponible dans les principaux kiosques de Boulogne-sur-mer et de ses environs

 

numero 29

 

Où trouver la Mouette Enragée ? Cliquez sur la liste des kiosques

 

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Grève de la faim en plein buffet princier

Grève de la faim en plein buffet princier

 

Depuis maintenant plus de trois semaines, deux petites tentes ont été plantées respectivement au pied de l’énorme building du Home Office* (la United Kindom Border Agency) à Croydon (au sud de Londres) et face à l’immeuble du bureau international d’Amnesty International. Ces tentes sont occupées par six grévistes de la faim, demandeurs d’asile, d’origine iranienne et menacés d’expulsion. Afin de montrer leur détermination, trois d’entre eux se sont cousus les lèvres ! Cette action plus que symbolique n’est pas un cas isolé ! En effet, en Janvier dernier, la technique de la grève de la faim et de la couture des lèvres a été utilisée par plus de 300 sans-papiers en Grèce (http://www.indymedia.org.uk/en/2011/02/474751) dans le but d’obtenir une régularisation. Ils auront tenu 6 semaines avant que les autorités ne se décident à faire un geste.

 

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A Londres, la situation est encore plus critique. D’une part, ils ne sont que six grévistes, ce qui les rend beaucoup moins visibles que leurs compatriotes installés en Grèce. D’autre part, face au brouhaha surmédiatisé du mariage d’un prince de la monarchie britannique, cette lutte est passée complètement inaperçue dans les médias britanniques et européens ! Six demandeurs d’asiles iraniens peuvent bien être envoyés à l’échafaud (méthode très couramment utilisée pour punir les militants anti-gouvernementaux en Iran), ce n’est pas grave tant que William et Kate se disent « oui » !

 

Depuis le 12 juin 2009 et la reconduction de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de l’état, les partisans de son principal opposant, Mir Hossein Moussavi, sont traqués, torturés et pendus sur la place publique lors de grandes manifestations. De plus en plus de militants politiques iraniens sont contraints à l’exode vers l’Europe de FRONTEX.

 

Des soutiens militants s’organisent pour communiquer autour de cette énième lutte en courspour la régularisation des sans-papiers. Quelques indépendants ont diffusés des photos et articles sur des pages perso internet (« http://www.demotix.com/news/667984/iranian-asylum-seekers-hunger-strike-outside-immigration-centre), une pétition a été lancée (http://www.gopetition.com/petitions/save-6-uk-hunger-strikers-from-deportation.html) et le week-end dernier une manifestation festive de soutien a été organisée au cœur de Londres regroupant des exilés, des militants et de simples citoyens. Les réponses du gouvernement britannique se font toujours attendre … à suivre …

 

* Le home office est l’équivalent anglais du ministère de l’intérieur français

 

Un mouetteux enragé sur place

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Eamus Cork Solutions, les flics “ne sont pas immortels”

Eamus Cork Solutions, les flics “ne sont pas immortels”

 

A la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’ère du tout sécuritaire franchit un palier supplémentaire. La sécurité n’est alors plus une simple histoire d’aviation. Les états veulent rapidement élargir ces moyens à tous les transports et renforcer la sécurité des liaisons maritimes. Le code international pour la sureté des navires et des installations portuaires (ISPS en anglais) est signé un peu plus d’un an après (le 12 décembre 2002) mais n’entrera en vigueur qu’en Juillet 2004.La sécurité portuaire prend alors un nouvel essor et les côtes voient fleurir de nouvelles entreprises spécialisées dans ce domaine.

Eamus Cork, l’opportuniste

 

ECS est une entreprise dite « de sécurité portuaire » appartenant au groupe Eamus Cork. Ce groupe, créé en 2004 par Patrick Guerbette (ancien RG parisien puis responsable chargé de la sureté du site français d’Eurotunnel) est installé dans le nord de la France et compte cinq autres entreprises :

– Eamus Cork Sécurity (qui est spécialisée dans les métiers de la sécurité)

– Cogan consulting (qui, elle, est spécialisée dans la formation à la prévention des risques professionnels, domestiques et naturels).

– Fiona Consulting (qui fait de la gestion et coaching d’entreprise)

– Manannan Communications (entreprise de communication et d’édition qui publiera entre autre : « Les dieux ne sont pas immortels ou la légende d’Eamus Cork» écrit par … Patrick Guerbette)

Les secteurs d’activités couverts par ces entreprises nous ont amenés à tenter de comprendre les intentions de Patrick Guerbette en nous penchant sur les activités sécuritaires de sa principale entreprise ECS. C’est en fin homme d’affaire que l’ancien policier crée son entreprise de sécurité portuaire 6 mois avant l’entrée en vigueur de ce code (en janvier 2004). Grand sportif, il surfe comme beaucoup d’autres sur cette vague du tout sécuritaire. Et ça marche (4M€ pour 115 salariés en 2009), Monsieur Guerbette gagne sa croûte en faisant virer les « clandestins » des camions. Sa toute nouvelle entreprise décroche d’ailleurs de palpitants contrats.

Le premier vient de la société Norfolkline dès la première année. Cette entreprise de transport de passagers et véhicules entre Dunkerque et Douvres, satisfaite des activités de son partenaire, lui renouvelle sa confiance depuis maintenant 6 ans.

ECS s’installe ensuite un peu plus sur le port de Dunkerque en signant un contrat de surveillance de site avec NFTI, une société française de manutention portuaire.

 

 

Déploiement sur le littoral

 

Mais cela ne suffit pas à Patrick Guerbette. Toujours plus humaniste ce dernier décide d’assister les autres ports de la Côte d’Opale dans leur « lutte » contre les indésirables sans-papiers. Avec les coups très médiatiques du ministre de l’intérieur de l’époque (N. Sarkozy) telle la fermeture du hangar de Sangatte en 2002, la situation migratoire à Calais est depuis quelques temps de plus en plus catastrophique et la répression en est d’autant médiatisée. Guerbette décide alors de surfer une nouvelle fois sur la vague, cependant cette fois-ci sa stratégie change. Afin de s’imposer dans les relations sécuritaires franco-britanniques, le patron décide d’entrer en contact avec les services de l’immigration anglaise. Il décroche un superbe contrat avec l’United Kingdom Border Agency (le service administratif en charge du contrôle de l’immigration vers les Royaume Uni).

 

Guerbette atteint des sommets lorsqu’il signe en 2009 un contrat avec la chambre de commerce de Boulogne sur mer. Eamus Cork Solution s’installe alors sur les trois ports commerciaux de la région. L’entreprise se charge de la sécurité du port : le contrôle des accès, la vidéosurveillance, les rondes cynotechniques, les contrôles de sûreté sur véhicules et les fameux contrôle de détections de personnes (donc en gros la recherche des dangereux migrants). Malheureusement la CCI de Boulogne sur mer qui avait investi gros dans un terminal ferries (et sa sécurité) et attendait un second navire de la compagnie LD Lines se retrouve bien marrie lorsque cette compagnie de transport maritime décide fin août 2010 de supprimer sa liaison *. Le terminal (qui malgré la situation actuelle doit accueillir une seconde passerelle de déchargement dans les mois à venir) devient alors un géant parking à goéland. ECS est donc contrainte de licencier neuf employés de sécurité et ne renouvelle pas les contrats de sept autres. Il reste donc à ce jour une dizaine d’agents de sécurité d’ECS afin de surveiller les passages des nombreux goélands, cormorans et mouettes (enragées évidemment) transitant par ce site !

 

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Répression et exploitation

Guerbette, assisté d’un conseil composé d’anciens officiers supérieurs des polices française et britannique, déclare disposer « d’un contingent de personnes testées qui lui permet de faire face aux arrêts maladie ou aux congés annuels ». Il n’hésite pas à parler de ses agents de sécurité comme des « héros anonymes ».

En septembre 2010 Eamus Cork reçoit le prix du meilleur service de gestion et formation lors de la 5ème édition des trophées de la sécurité, dans le cadre d’un projet lié au stress au travail…

Ingrats, plusieurs employés avaient pourtant attaqué Guerbette au tribunal des prud’hommes pour non paiement des heures supplémentaires de travail, et d’autres se sont permis de témoigner, dans un reportage de l’émission de France Inter « là-bas si j’y suis », sur leurs mauvaises conditions de travail: vestiaire sans point d’eau, avec des rats, fenêtres cassées depuis des mois, impossibilité d’apporter des secours de base aux migrants débusqués dans les camions alors que Guerbette clame haut et fort l’humanisme de ses services et exige de ses agents une formation de secouriste.

Ces témoignages donneront lieu au sein de l’entreprise à des incitations à la délation pour découvrir qui avait osé parler. Trois employés virés suite à leurs témoignages font actuellement appel aux Prud’homme pour licenciement abusif.

 

Les Etats renforcent les mesures sécuritaires concernant les sans papiers mais la tendance est à la sous-traitance à des sociétés privées, ainsi les responsabilités se fondent dans les méandres des contrats de délégations de services.

 

En octobre de cette année, Jimmy Mubenga, Angolais de 46 ans, escorté par trois agents de sécurité de la société G4S à laquelle le ministère de l’Intérieur britannique sous-traite l’essentiel du sale boulot des rapatriements forcés de clandestins, décèdera sous les yeux des autres passagers de ce vol commercial, étouffé par ses tortionnaires au fond d’un Boeing 777 sur l’aéroport de Londres.

La société G4S se targue d’être la première compagnie de sécurité privée au monde, présente dans plus de 110 pays – dont l’Irak et l’Afghanistan, mais aussi l’Angola . Sur son site internet, elle vante ses qualités d’intégrité : « On peut nous faire confiance pour toujours faire les choses comme il faut. »

Quelques députés britanniques réclament une enquête indépendante sur les conditions de ce décès mais la volonté de nos gouvernements de développer la sous-traitance au privé pour pourchasser les migrants, n’est pas remise en cause.

 

Pour en terminer avec Eamus Cork, son patron toujours en quête d’honorabilité, a lancé le 26 octobre, un grand concours national d’illustration des personnages de son roman. Il a annoncé aussi un projet de BD et de film sur la si belle histoire que reflèterait sa philosophie d’entreprise.

 

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* LD-Lines s’est repliée sur saint Nazaire, profitant par la même occasion de subventions publiques dans le cadre du lancement des “Autoroutes de la mer”.

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A Calais, enfin une alternative au Nord Littoral

A Calais, enfin une alternative au Nord Littoral

 

Chaque jour, les habitants de Calais se voient imposer de fausses informations sensationnalistes dans les rubriques « migrants » ou « faits divers » des journaux locaux. Plutôt que de faire un réel travail d’analyse et d’information, le Nord Littoral et La Voix du Nord se contentent en général de relayer les versions policières et les discours xénophobes municipaux et nationaux.

 

C’est pourquoi, dans l’optique d’apporter une nouvelle source d’information à la population calaisienne, les militants de No Border ont décidé en Novembre dernier de créer un journal mensuel de 4 pages, intitulé « Sans Frontières ». En février 2011, alors que Natacha Bouchart souhaitait voir disparaître les No Border de Calais, le troisième numéro de Sans Frontières était bouclé et diffusé gratuitement en ville et sur le net

 

 

 

(http://sansfrontieres-calais.blogspot.com/).

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Dunkerque a la banane !

Dunkerque a la banane !

 

   Le 27 mars 2008, le Fort de St Pierre, porte conteneur de la société CMA CGM appareille de Fort de France. Cap à l’est. A son bord 48OO Tonnes de bananes des Antilles. Douze jours plus tard, il touche le port de Dunkerque. Ce trajet en apparence anodine, quoi de plus normal pour un bateau que de transporter des marchandises ? Mais ce voyage marque plusieurs événements d’importance : d’une part la reprise de la production de bananes aux Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique) après le passage du cyclone Dean qui a ravagé les plantations d’autre part, la reprise du trafic de bananes sur le port de Dunkerque et l’inauguration d’un espace spécialisé dédié à ce trafic, enfin l’intervention d’un syndicat de dockers qui a annoncé son intention de maintenir la paix sociale sur les docks.

 

Un flux de marchandises d’apparence anodine on peut ainsi permettre de comprendre tout un pan d’une économie basée sur l’exploitation du travail.

 

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Un syndicat couleur… banane

 

A Dunkerque, pour la première fois de ses 18 ans d’histoire la CNPTA (Coordination Nationale des Travailleurs Portuaires et Assimilés) a appelé à une grève le 20 janvier 2011. La contestation portait sur la reconnaissance de la pénibilité du travail sur les docks . Ce syndicat né d’une scission de la CGT lors de la réforme portuaire de 1992 n’a jamais fait mystère de vouloir maintenir coute que coute la paix sociale sur les docks.

 

 

Situation du port de Dunkerque

 

Le port de Dunkerque s’est développé à partir de 1959 avec la création du complexe sidérurgique industrialo portuaire d’usinor (aujourd’hui Arcelor Mital) et la raffinerie des Flandres. Dans les années 70 l’extension des quais et des docks lui permet d’accueillir les pondéreux (charbons et minerai), les pétroliers (en lien avec la raffinerie des Flandres créée par Total en 1974), les conteneurs mais également le  » vrac sec « , (essentiellement des produits agricoles) et un terminal roulier pour les camions. Troisième port de France, le Port Autonome de Dunkerque se trouve à la sixième place sur la façade maritime du Havre à Hambourg. Il est en concurrence directe avec le port de Zeebrugge en Belgique. Son arrière pays (Interland, zone de départ ou d’arrivée du fret transitant par le port) passait par la Picardie pour les pondéreux et les produits agricoles mais aussi l’Angleterre en tant que port de reroutage, la Belgique en association avec une filiale des chemins de fer belges  » IFB « . Plus loin, Dunkerque réexpédie vers les aciéries de Florange en Moselle pour les produits sidérurgiques mais également vers l’Allemagne rhénane. Dans la pratique l’essentiel du tonnage était destiné à l’industrie dunkerquoise. L’année 2005 constitue avec 53,33 Millions de tonnes une année record pour ce port qui mise sur la diversité des possibles plutôt que sur un marché défini et garanti. Or depuis 2005, les difficultés s’accumulent sur le port: fermeture d’aciéries, concurrence du tunnel sous la Manche, désengagement de partenaire anglais, choix de Zeebruge pour le trafic Roro d’automobiles entre Espagne et Europe du Nord et dernièrement la fermeture de la raffinerie des Flandres mettent à mal les perspectives du port qui se voit contraint de se concentrer sur quelques niches comme les filières agricoles froid. D’où le développement du trafic de banane entre la France et les Antilles.

 

 

La Banane aux Antilles, c’est bon pour les esclaves

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Si l’on dit que les troupes d’Alexandre le Grand auraient mangé des bananes lors de la conquête de la vallée de l’Indus, les premiers européens connus à en manger sont les portugais lors des voyages d’exploration le long des côtes de l’Afrique. Pour mémoire rappelons que ces voyages sont à l’origine du premier empire colonial européen. La banane est ensuite exportée de la Guinée aux Antilles avec les cargaisons d’esclaves qu’elles sont censées nourrir. Les premiers plants  » occidentaux  » du bananier sont introduits à Saint-Domingue en 1516, soit seulement 20 ans après la découverte. Ce n’est que progressivement que les européens s’approprient ce fruit nourrissant et riche en vitamines. Une fois réalisé le pillage des ressources en or et un premier partage, le développement colonial s’oriente sur la monoculture de produits tropicaux: canne à sucre essentiellement, la banane ne servant que pour les populations locales esclaves.

 

Une ordonnance royale du 7 septembre 1736 obligeait les maîtres à planter 25 plants de bananier par esclave possédé, au minimum. Elle est, avec le manioc, la nourriture de base de la main d’œuvre esclave productrice de canne à sucre. La banane dont il s’agit est en fait la banane plantain. La forme de fruit stérile que nous connaissons est issue de multiples croisements : le fruit voyage très mal à température normale. Il ne peut voyager qu’une fois séché et ses propriétés sont alors moins intéressantes.

 

 

Les républiques bananières

 

Avant 1870 les américains n’avaient jamais vu une banane. Mais cette année-là l’ingénieur ferroviaire Minor Cooper Keith exporta du Costa Rica les premières bananes au port de la Nouvelle-Orléans. Trois décennies plus tard, les USA consommaient approximativement 16 millions de régimes par an. Pour la construction des routes qui vont de Puerto Limon à San José, il avait recruté une première cargaison de 700 voleurs et criminels des prisons de Louisiane; seulement 25 survécurent aux dures conditions de la jungle et des marais. L’homme d’affaires ne se découragea pas et fit venir 2000 Italiens. A voir les conditions de travail, la plupart préférèrent fuir dans la forêt. L’entrepreneur attira alors des Chinois et des Noirs, en apparence plus résistants aux maladies tropicales.

 

Dans l’installation des premiers 40 kilomètres de rails, 5000 travailleurs moururent. Il se fit des relations dans la provinciale haute société costaricaine, soudoya des politiciens, acheta des autorités et obtint la concession du chemin de fer flambant neuf pour 99 ans. Il put alors se consacrer à plein au négoce de la banane. En 1899 il chercha des associés et fonda à Boston l’United Fruit Company, la compagnie bananière la plus grande du monde, avec des plantations en Colombie, au Costa Rica, à Cuba, au Honduras, en Jamaïque, au Nicaragua, au Panamá et à Saint Domin-gue. En peu de temps il devint propriétaire de 10 % du territoire costaricain et se fit connaître comme “le roi sans couronne d’Amérique centrale”.

 

 

 » L’homme banane « 

 

En 1895, à 18 ans Zemurray commença à acheter à bas prix des bananes sur le point de se décomposer sur les quais de la Nouvelle-Orléans. Il les vend rapidement à des villages voisins. A 21 ans il possède 100.000 dollars sur son compte en banque. En 1910 il est propriétaire de 6000 hectares, mais il est endetté avec diverses banques américaines. Il décide alors de s’emparer de tout le pays au moindre coût. Il y parvient l’année suivante en s’appuyant sur l’ancien président Manuel Bonilla, Lee Christmas, Guy “Mitrailleuse” et Molony, des tueurs professionnels. En janvier 1911, les quatre em-barquent à bord d’une flotte de corsaires en direction du Honduras. Armés seulement d’une mitrailleuse lourde, d’une caisse de fusils à répétition, de 1500 kilos de munitions et de bouteilles de bourbon, les mercenaires dévastent tout sur leur passage et arrivent à Tegucigalpa le 1er février 1912 où ils installent Bonilla au pouvoir.

 

En 1912, le président reconnaissant attribue à Zemurray une concession libre d’impôts de dix mille hectares pour cultiver la banane durant 25 ans.

 

La colonisation n’est plus le fait des états ou des églises mais celui des entreprises privées. Cette étape marque la forme actuelle du colonialisme. Aujourd’hui encore on parle de  » bananes dollars  » provenant principalement de l’Equateur, du Costa Rica, de la Colombie et du Panama, et ainsi dénommées parce que commercialisées par des firmes multinationales, notamment américaines (Chiquita, Dole Food Company)

 

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Monoculture coloniale

 

Avant la banane d’exportation, le modèle économique de la Guadeloupe est en crise : la monoculture coloniale de la canne à sucre ne s’est pas remise de la concurrence de la betterave ni de la disparition définitive de l’esclavage en 1848. Mais l’abolition ne s’accompagne pas de réforme agraire. La propriété agricole reste entre les mains des planteurs alors que la plupart des anciens esclaves désertent le travail de la canne à sucre. La production connait une chute. La Guadeloupe qui produisait 37 994 tonnes de sucre en 1847 ne peut plus garder sa capacité malgré l’arrivée des Indiens en 1854.

 

La banane d’exportation aux Antilles est récente, elle se développe dans les années 20. Depuis longtemps déjà, en France, la banane était un fruit apprécié. Elle venait alors des Canaries.

 

Il ne faut pas s’étonner du temps mis par la production antillaise pour s’imposer sur le marché : les liaisons maritimes n’étaient ni sûres, ni régulières, ni rapides ; les distributeurs européens étaient déjà habitués à d’autres provenances, à d’autres qualités. Les mûrisseurs, qui avaient noué de longue date des liens avec les Canaries privilégiaient naturellement leurs fruits. Dans les années 1920-30, les exportations de bananes de la Guadeloupe se substituent aux produits dérivés de la canne à sucre : de 30 tonnes de bananes en 1922 on passe à 40 000 tonnes à la veille de la seconde guerre mondiale. Ce développement s’accompagne de celui des structures capitalistiques en charge de cette production : création en 1928 de la compagnie locale  » La Fruitière  » qui prend en charge le stockage et les exportations. La culture de la banane profite de la mesure de taxation des bananes d’importation en métropole au profit des bananes antillaises : les plantations se font massives, et les exportations vers la métropole décollent rapidement. Parallèlement la culture de la banane va structurer la société antillaise : aux grands colons la production sucrière et aux  » petits planteurs  » la production de bananes. Historiquement, c’est donc de 1928 à 1939, et grâce à la banane, que se crée dans les campagnes une petite bourgeoisie paysanne. Souvent même, il y a une concurrence locale entre exploitants de bananes et la propriété békée ancestrale et parvenue restant, elle, fidèle au sucre.

 

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Banane … et patriarcat

 

Peau de bananes et casques lourds

 

La banane antillaise est concurrencée après 1946 et la départementalisation en DOM par la banane  » dollar  » puis par la banane africaine. La production ne survit que grâce aux subventions de l’état. A la Guadeloupe, une première grève d’ouvriers des sucreries, le 14 février 1952 est réprimée dans le sang sur la commune de Moule : l’armée tire sur les grévistes. La journée est restée dans l’histoire locale sous le nom de massacre de la St Valentin. A la Martinique des émeutes font 3 morts et de nombreux blessés à Fort de France en 1959. En Octobre 1960, dans le contexte de la Guerre d’Algérie, Debré prend une ordonnance qui pose que  » les fonctionnaires de l’État et des établissements publics de l’État en service dans les DOM dont le comportement est de nature à troubler l’or-dre public peuvent être, sur la proposition du préfet et sans autre formalité, rappelés d’office en Métropole par le ministre dont ils dépendent pour recevoir une nouvelle affectation. Cette décision de rappeler est indépendante des procédures disciplinaires dont ces fonctionnaires peuvent faire l’objet. Elle est notifiée par l’intermédiaire du Préfet qui peut prendre toutes mesures nécessaires à son exécution. » Cette ordonnance est utilisée contre les indépendantistes antillais Dufond, Guiteau, Mauvois et Nicolas membres du Parti Communiste Martiniquais ainsi que de Edouard Glissant et Marcel Manville créateurs du front antillo-guyanais pour l’autonomie, tous fonctionnaires exilés, rétrogradés, sanctionnés pour leur appartenance politique. Par ailleurs les autorités maintiennent une violence répressive endémique depuis les années 20. Le maire qui prononça le discours lors de l’enterrement des trois victimes fut poursuivi et suspendu par la justice coloniale.

 

Avec la création en 1967 du Bumidom Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre Mer, les Antilles connaissent une migration massive de main d’œuvre vers la métropole. La Guadeloupe ne vit plus que des importations de la métropole qui impose ses tarifs sur les biens vendus en supermarché . La France a besoin de main d’œuvre les antillais sont recrutés à l’image des ouvriers étrangers venus grossir les rangs des ouvriers des usines métropolitaines. Les salaires, envoyés “au pays” permettent le maintien de la soumission à l’économie coloniale des îles.

 

Le Chlordecone

 

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A partir de 1972 l’utilisation massive de pesticides détruit progressivement l’environnement. Destiné à lutter contre un charançon attaquant les bananeraies, le chlordécone détruit la santé des ouvriers agricoles d’abord, des antillais ensuite. Le produit est interdit aux USA en 1976 mais autorisé aux Antilles Françaises à plusieurs reprises. Il est interdit depuis 1990 mais les planteurs de bananes eurent droit à une dérogation de 3 ans.

Le chlordécone a pollué toutes les Antilles. Les plantations de bananes étant situées en amont des terres agricoles, il a contaminé les cultures de patates douces en aval, puis l’eau des rivières et leurs élevages d’écrevisses, les crabes en bord de mer, les bovins, le lait de vache, jusqu’au sang de 90 % des femmes enceintes. Seules les bananes – sauf à en déguster la peau – échappent à cette contamination. . En septembre 2007, le rapport du professeur Belpomme dresse l’état des lieux de la pollution: le produit fortement cancérigène est présent partout. Il parle de  » désastre sanitaire « . Un lobby bananier tente de développer une con-trexpertise en vain, même si des travaux ont été entrepris pour faire repousser des bananes. Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) estime que du fait des 1 250 tonnes de chlordécone répandues avant que l’usage ne soit définitivement interdit (1993), la pollution ne devrait disparaître que dans 7 000 ans !

 

 

La tempête Dean en Aout 2007 ravage 100 % des plantations

 

« 2007 devait être l’année phare du planteur », explique, Francis Lignières, président du groupement des Producteurs de Guadeloupe.  » Après des années de vaches maigres, nous avions enfin achevé notre mutation et redressé nos exploitations. » Cinq ans plus tôt la banane antillaise amorce son aggiornamento : divisée en plus de 40 marques, éparpillée sur des centaines de propriétés, minée par l’éternelle rivalité martiniquo-guadeloupéenne, discréditée à Bruxelles, la principale production agricole des tropiques français n’en finissait pas de perdre du terrain. Incapable de rester compétitive face aux coups de boutoir des bananes dollars et d’homogénéiser son système de distribution, la profession courait à sa perte. Le 1er janvier 2006, l’Organisation Mondiale du Commerce prévoyait de réduire les barrières protectionnistes européennes en vigueur. Réunis dans une seule structure: l’Union des groupements de producteurs de bananes (UGPB), présidée par Eric de Lucy – un béké martiniquais – les planteurs antillais ont donc sauvé leur profits, allant jusqu’à obtenir de l’Union Européenne un nouveau régime de montants compensatoires, non plus fondé sur la production mais sur une aide fixe. La production coloniale comptait maintenir les conditions de sa survie. Or en Août 2007, la tempête tropicale Dean fait 42 morts et ravage les plantations :  » Les choses sont claires : 100 % de nos plantations ont été détruites. Au moins, il n’y aura ni polémique ni abus « , déclare Frédéric de Reynal, président de Banamart, principal groupement de planteurs martiniquais. Grâce aux subventions européennes et françaises, les bananiers ont été replantés et la production a repris. Les exportations aussi.

 

Les nouvelles bananes

 

A l’heure actuelle trois multinationales contrôlent à 60 % le marché mondial de la banane : Chiquita brands International, Dole Fruit Company et Del Monte Foods. 10 à 20 % du prix final revient dans le pays producteur et 1, 5 à 3 % dans la poche des paysans producteurs. Ceux des pays en développement comptant pour la majeure partie. A elles seules, l’Amérique du Sud et Centrale (Equateur, Costa Rica et Colombie) ont contribué pour près de 70% des exportations mondiales en 2006. Traditionnellement, les importations européennes de bananes proviennent de trois origines : de la production coloniale espagnole (Îles Canaries), et française (avec la Guadeloupe et la Martinique), de Grèce et du Portugal, des exportations en provenance des pays d’Afrique ont bénéficié d’un accès privilégié au marché européen par le biais de la Convention de Lomé et plus tard de l’Accord de Cotonou, et, finalement, d’Amérique centrale et du sud qui fournissent des pays dont le marché est libre.

La France ne s’approvisionnait avant 2006 qu’auprès de ses départements d’Outre-Mer (Guadeloupe et Martinique) et de deux pays : le Cameroun et la Côte d’Ivoire !

 

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Un os dans la banane

 

Si depuis les années 90 des démarches ont été entreprises pour développer une production biologique , celle ci reste limitée : sur les 538 900 t que les français ont consommé en 2008, 48 % venaient de la Martinique, 23 % de Côte d’Ivoire, 14 % du Cameroun et 11 % de la Guadeloupe (11%). A la même date la production mondiale de bananes bio était de 152 000 tonnes. Les principales origines des bananes bio étaient la République Dominicaine 60.000 t, le Pérou : 27.000 t (en 2004), le Mexique, le Honduras,le Guatemala, les îles Canaries… Les importations françaises de bananes bio sont estimées de 5 à 6 000 t.

 

Une autre piste est également développée pour améliorer la production de bananes:  » Le Cirad développe depuis de nombreuses années des programmes de recherche sur les bananiers. Aujourd’hui, l’objectif général de ces recherches est de pouvoir proposer des systèmes de culture durables et respectueux de l’environnement. Pour ce faire, toutes les disciplines sont mises à contribution : l’agronomie, la physiologie, la phytopathologie, la génétique… Dans ce dernier domaine, le programme d’amélioration génétique cherche à créer de nouvelles variétés résistantes aux principales maladies et aux ravageurs de la culture. Ces variétés seront incluses dans des systèmes de culture où l’utilisation des pesticides aura presque totalement disparu. Alliés à une qualité accrue des fruits, ces caractères apporteront aux productions antillaises une valeur ajoutée plus grande.

Les programmes d’amélioration génétique en cours vont permettre d’obtenir un matériel génétique diversifié de grande qualité agronomique et organoleptique. Ce matériel sera valorisé à travers des réseaux régionaux de plate-formes d’échanges, favorisant les interactions entre les instituts de recherche et tous les utilisateurs, producteurs et transformateurs.  » peut on lire sur une brochure de l’INRA consacré aux bananes. En conclusion, il s’agit bel et bien de nous faire bouffer des bananes OGM.

 

La lutte !

 

Le Liyannaj Kont Pwofitasyon, ou abrégé en LKP (Collectif contre la profitation dans profitation, il faut comprendre “profiteur”, “exploitation” et tacitement “abus” que certains ont traduit par “exploitation outrancière”), est un collectif guadeloupéen qui regroupe une cinquantaine d’organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles de la Guadeloupe. L e collectif a été créé à la suite des premiers mouvements de décembre 2008 concernant le prix de l’essence en Gua-deloupe. En effet, comme tous les espaces dominés, les Antilles souffrent d’un déséquilibre commercial: exportatrices de matières premières, elles dépendent totalement pour leur approvisionnement de biens manufacturés de la métropole qui impose ses tarifs. Ajoutons que si le territoire est petit, les transports publics sont très mal organisés et par conséquent l’essence et les véhicules individuels jouent un rôle indispensable.

Le collectif est à l’origine de la grève générale de 2009 qui a touché l’île entre le 20 janvier et le 4 mars. Sur la base de la grève précédente, le LKP a formulé un catalogue de 110 revendications (40 revendications sont ajoutées durant la grève) réparties en dix points de  » niveau et condition de vie  » à  » arete pwofitasyon  » (= arrêter la profitation) en passant par l’eau, l’aménagement du territoire ou la formation…

 

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Le collectif parvient très vite à imposer ses mots d’ordres et ses pratiques : barrage des routes, fermeture des magasins, intimidation des patrons de l’hôtellerie en pleine période de carnaval et de vacances scolaires en métropole.

A partir du 26 janvier, il obtient une négociation quadripartite: Patronat, Etat, représentants des élus et LKP soit au septième jour de blocage. Le ministre de l’outre mer qui n’intervient que le 1er février (11ème jour de grève) arrive avec plusieurs compagnies de gardes mobiles chargés de faire respecter la liberté de travail et de circulation. Après une semaine d’atermoiements le ministre repart. Les négociations sont dans l’impasse. Le patronat, les élus et l’Etat refusent l’augmentation de 200 euros pour tous les bas salaires. Le LKP réplique par des opérations “île morte”. Sur les barrages les affrontements deviennent quotidiens. De plus en plus de voix patronales dénoncent “l’irresponsabilité des syndicalistes qui vont torpiller l’économie de l’île”. Le 18 février, au 30ème jour de grève, on relève un mort sans qu’on puisse directement le rattacher à la lutte en cours. Dans la pratique, après chaque déblocage des routes, les jeunes réoccupent la chaussée et réinstallent les barrages. A partir du 20, les affrontements diminuent en intensité mais le MEDEF local refuse de prendre la suite de l’Etat dans la politique salariale. Le 4 mars le travail reprend dans l’île : la principale revendication : + 200 euros sur tous les bas salaires est satisfaite.

 

La diversité des revendications et des membres du collectif à permis de tenir 44 jours de grève générale à la Guadeloupeet de déborder les structures d’encadrement dans une confrontation directe aux autorités. A l’heure actuelle le LKP négocie pied à pied face aux atermoiements des autorités d’état et au patronat beké sur les points non satisfaits du cahier des 150 revendications.

 

 

Références :

 

LIBERATION.17/10/2000. Un nouveau syndicat s’ancre chez les dockers.

http://www.dunkerque-port.fr/fr/presse/dossiers-presse-port-dunkerque.html

http://www.wk-transport-logistique.fr/actualites/detail/31607/le-mouvement-social-des-ports-francais-s-intensifie.html

http://lecodunord.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=404:dunkerque-port-charte-de-partenariat-avec-les-producteurs-de-bananes&catid=99:ports-et-eurotunnel&Itemid=139

Wikipédia : article banane

Marc Dufumier, « Amérique centrale et Caraïbes : les Républiques bananières de l’arrière-cour », in Agricultures et paysanneries des Tiers mondes, Ed. Karthala, Paris, 2008)

http://www.spandidos-publication.com/ijo/34/4/1037

http:collectif5fevrier.org

http://www.antilles.inra.fr/antilles/la_documentation/dossiers_et_documents

http://www.lkp-gwa.org/

F Gircour.LKP : grève générale en Guadeloupe. Syllepse. 2010

 

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Le règne sécuritaire de la République : une classe dominante, un Etat policier, un ordre de type colonial

Le règne sécuritaire de la République : une classe dominante, un Etat policier, un ordre de type colonial

 

    Et si la mission séculaire de la France chère à Jules Ferry qui, dans son discours du 28 juillet 1885, convaincu d’exporter l’Idéal républicain, invoquait « le devoir de civiliser les races inférieures [des] races supérieures » sonnait en flash back dans le désormais célèbre discours « de Dakar » de Guaino/Sarkozy du 26 juillet 2007 ? Et si cette perception du monde ne convenait pas aux colonisés ? Et s’il avait fallu pacifier les territoires occupés ? Encore et toujours. Ailleurs. À l’étranger. En Outre-mer. En France métropolitaine. Ici.

Alors, il faudrait bien concevoir que « Défense et Sécurité nationale » soient définis comme un seul et même enjeu ; ce qui fut fait dès 2008 dans le Livre blanc éponyme rédigé par une commission sous la présidence du conseiller d’Etat Jean-Claude Mallet.

Une ligne politique nécessitant une (ré)organisation et des moyens à la hauteur de cette idéologie du « danger global », terroriste lointain et ennemi intérieur.

 

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La « guerre des polices, les services de renseignement qui se tirent dans les pattes, la vieille antienne de la concurrence flics/pandores, toutes ces bisbilles intérieures à l’Etat semblent avoir été résolues d’un point de vue administratif et organisationnel par les staffs de Sarkozy, (premier) ministre de l’intérieur puis Président de la République.

 

Parallèlement, rixes, révoltes voire « émeutes » dans les quartiers n’ont cessé d’envenimer le règne d’un ordre dominant sur fond de crise économique et, de fait et surtout, sociale. Les mouvements sociaux venant des boîtes ou des bassins d’emploi, ou les vieilles entourloupes de fin de conflit comme à la Guadeloupe, ont, avec quelques apparences de succès dans la défaite, connu leurs heurts de foirade glorieuse. À d’au-tres antipodes, sur fond de guerre anti-terroriste, les « théâtres des opérations » à l’étranger n’ont jamais autant hydrocarburé.

Des contextes apparemment aussi éloignés offrent l’avantage de masquer assez proprement le fond de la/des( ?) question(s) : comment régler le problème des zones « sensibles » ? À tout cela, qu’il s’agisse des quartiers ou banlieues, d’espaces géopolitiques internationaux, ou de territoires impossibles à délimiter rigoureusement -quelques fois délibérément-, il existe un facteur commun : les populations qui y vivent prennent conscience de subir -et durement- la situation. L’analyse la plus rentable est dès lors simplissime : définir ces populations comme étant le problème en-soi.

 

La solution en découle (presque) toute seule : éradiquer les fauteurs de trouble, leur attribuer l’épithète le plus porteur selon le lieu et le contexte tout en les amalgamant in fine pour justifier la prévention des risques qu’ils représentent pour tous, et les réprimer avec cette précision aveugle -et technologique- dont le capitalisme armé a le secret.

 

L’ombre des « zones grises »

 

Les zones grises sont définies, sur le plan militaire, comme étant

des espaces où l’ennemi n’est plus identifiable sous la forme d’un Etat (et de son armée), mais comme une zone de chaos dont l’adversaire est constitué de groupes « terroristes », « criminels » ou « rebelles » susceptibles de jouir de ramifications internationales. L’ambiguïté du terme « zone grise » de par son caractère polymorphe et polysémique, reste généralement entretenue par les Etats « légitimes » qui se targuent d’en combattre les « ressortissants » et concerne généralement des espaces géopolitiques, stratégiques et à fort potentiel

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économique sous couvert de guerre de religion, de combat pour le « monde libre » (ou la démocratie) et… de ressources minières, agro-alimentaires ou énergétiques. Si aucune place décisionnaire n’est jamais laissée aux populations qui subissent les règlements de comptes entre chefs de guerre locaux, narcotrafiquants, clans au pouvoir déchu – sans oublier les véritables mouvements rebelles ou révolutionnaires ! – et les régimes fragilisés et/ou les forces étrangères engagées chez elles (y compris l’ONU), celles-ci sont systématiquement suspectées, à tout le moins, de faire le jeu des factions à combattre. Elles deviennent par nature l’« ennemi ».

 

C’est donc naturellement que les espaces qui échappent au contrôle total de l’Etat au sein même des pays « démocratiques », industrialisés, civilisés, etc., entrent sous l’acception de « zone grise » dans le jargon de la politique intérieure de ces modèles d’application du droit, notamment en France. Comprendre : derrière les révoltes, affrontements avec la police, il y a la main de ces jeunes désoeuvrés/trafiquants d’ultra périph’ dont les capuches dissimulent mal les origines musulmanes, polygames, d’hommes noirs non-entrés-dans-l’Histoire et hors du schéma républicain. La boucle est bouclée.

 

Pas de surprise, alors, quand, dès la préface de la commission « Mallet », Sarkozy annonce lui-même le programme : « [mettre en place] une stratégie qui associe sans les confondre la politique de défense, la politique de sécurité intérieure, la politique étrangère et la politique économique ». Tout est dit, à cette exception près que la « confusion » et le mélange des genres est radicalement la règle.

 

 

Le contrôle des populations

 

Il s’agit donc de penser le contrôle et la répression des quartiers sensibles tels qu’en territoires occupés ou « à reconquérir », comme on a pu l’entendre à l’occasion. Autrement dit en utilisant des techniques et des moyens militaires.

La République a, à l’aune de son passé colonial, une vieille expérience conceptuelle et pratique de la chose, qu’elle dé-veloppe aujourd’hui dans le cadre distillé sous le vocable de violences urbaines (1).

 

La toute première nécessité est d’obtenir l’adhésion voire la collaboration du citoyen, essentiellement par opposition à l’« autre », l’ennemi, potentiel (en marge de la République en tout ca) : l’indigène, l’immigré, le squatter, le délinquant, l’épicier saboteur, le subversif… bref le déviant, le danger, pourvu que la menace soit crédible (2). La manipulation médiatique jouera alors un rôle déterminant (3). Les esprits sont préparés à légitimer les mesures sécuritaires, tant en prévention qu’en répression des révoltes, même les plus velléitaires.

Dès lors, les systèmes et instances de surveillance mis en place sont cautionnés, naturalisés par le citoyen lambda. Aux peurs orchestrées se conjuguent les appels à la délation, rémunérée au besoin, légitimés par l’option sécuritaire de la méfiance de l’« autre ».

 

La conception colonialiste de la surveillance des populations trouve sa pleine dimension dans le 37 quater de la « Lopsi 2 » créant une « réserve civile » de la police nationale avec pouvoir de dresser des PV et …de porter une arme !(4) Se jetant sur ce recrutement légal de supplétifs autochtones, la municipalité UMP de Crau, dans le var, crée un « Comité de vigilance citoyenne », un « corps » dont les membres anonymes jouent le rôle d’auxiliaires de police et de gendarmerie. Ils y seraient un sur cent (et pour le coup, ils existent)(5). Sous le même registre, l’arrivée des BST (Brigades Spéciales de Terrain) a pour vocation « d’établir un contact plus affirmé » avec la population. Banco ! le 7 février : premiers affrontements avec des jeunes d’une cité de Gennevilliers. La délation institutionnalisée : une méta-STASI qui ne demande qu’à s’étendre… Trop de proximité tue la proximité.

 

Flicage à tous les étages

 

Aussi, à une organisation de dénonciation par la base -où n’importe qui peut être balancé pour la moindre inimitié- l’Etat a repensé ses services de renseignement. En créant la DCRI (Direction Centrale du Renseigne-ment Intérieur), fusion des RG (Renseignements généraux et de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire), l’Etat français s’est doté du dernier avatar de son système de contrôle sophistiqué des risques et dangers sociaux ou belliqueux, chez lui et tout azimut. Une espèce de « FBI à la française » mâtinée de barbouzerie. Installée à Levallois-Perret ( Hauts-de-Seine ) dans des locaux ultra-sécurisés et forte de 4 000 fonctionnaires, dont 3 000 policiers dits “actifs”, la DCRI traite de ce qui « relève de l’intérêt de la nation » : terrorisme, grands mouvementsde contestation, intelligence éco-nomique. C’est ce que les policiers nomment, dans leur jargon, le « milieu fermé », auparavant du ressort quasi exclusif de la DST. Les policiers de la DCRI, dotés de l’habilitation « secret défense », sont implantés par zone dans chaque département. 175 commissaires, soit 10 % de l’effectif total, y seront affectés, dont une centaine à Levallois (6).

 

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Une mise sous tutelle des « zones sensibles », dont les administrateurs ont les coudées franches pour prévenir et réprimer. L’organe majeur de la surveillance généralisée est donc soumis à des prérogatives de contrôle social intérieur et international, du maintien de l’ordre sur le sol français comme du renseignement extérieur, d’avoir à l’œil les particuliers, les réseaux, les « communautés »… Il existe en France 36 ou 37 fichiers, fastidieux à énoncer et détailler, dont les plus célèbres, bien que très peu publics, sont les ARIANE (fusion de STIC et de JUDEX), EDVIGE et CRISTINA. Le tout est démocratiquement empaqueté ; il n’est qu’à retenir que sont visées toutes les personnes « âgées de 13 ans et plus, susceptibles de troubler l’ordre public» (participer à une manif, par exemple), mais surtout « ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif ». Autrement dit, personne ne pourra échapper au fichage et à un suivi d’autant personnalisé que l’engagement sera politique et contestataire.

 

Cet organigramme sécuritaire pour être opérant appelle des stratégies de surveillance des territoires considérés hostiles et nécessite des moyens hautement technologiques. Les « zones sensibles » nationales font donc l’objet d’une écoute et d’un regard des plus attentifs (voir l’encadré « Gros yeux et grandes oreilles »). Le moindre soubresaut d’un quartier, au besoin provoqué à dessein, est interprété par le Pouvoir comme un fait divers politiquement -sur fond d’électoralisme- immédiatement exploitable. Dans l’esprit et dans sa forme l’intervention des forces de l’ordre devient une bataille. Et la militarisation croissante de la police et de ses (ex)actions, un corollaire désormais inutile à justifier politiquement.

 

Une police armée pour la guerre sociale

 

En effet une fois installé ce jeu de « memory » -comprendre un amalgame islamiste/bronzé, narco-Etat ou cartel / dealer, rebelle / terroriste…-, les forces de l’ordre sont légitimées pour réprimer tout ce qui déborde, qui échappe ou « contenir » à l’avance les contestations les plus élémentaires, quelles que soient leur expression, et qui, au mieux, risquent de porter préjudice ne serait-ce qu’à l’ image du Pouvoir et du capitalisme auquel celui-ci est inféodé. Dès lors les moyens mis en œuvre reposent sur des stratégies, des modes opératoires du maintien de l’ordre éprouvés issus des réflexes coloniaux. Il n’est pas d’aujourd’hui que la République écrase dans le sang les mouvements populaires comme elle l’a fait lors des opérations de « pacification », parfois génocidaires, des populations à Madagascar, aux Comores, en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Algérie (bien avant la guerre d’indépendance), en Indochine… ou, dans les années 1980 en Nouvelle Calédonie et à La Guadeloupe en 2009-2010.

 

La brutalité policière devient systématique dans l’intervention en milieu urbain : rafles, évacuations musclées de squats ou de « jungles » (7), portes défoncées au bélier à l’aube ; elle est également de mise lors de la répression des mouvements sociaux. Ainsi les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont pu être qualifiées de « batailles » à Strasbourg lors du sommet de l’OTAN en 2009, à Poitiers en 2009 -année décidément « riche » en évènements socio-politiques- lors de manifs anti-carcérales, à Grenoble après la mort d’un jeune à l’issue d’une course poursuite avec la police… Quelle que soit la variable de la contestation, la réponse étatique est globale : tentative de contention des foules, charge et autres stratégies de dispersion et/ou de groupes ou d’individus ciblés (« meneurs », militants repérés, ou plus simplement au faciès), agression physique, arrestations, plaintes de la police pour rebellion, jugement (après la case hôpital). Outre l’esprit de corps et la psychologie viriliste des flics, la violence policière repose sur plusieurs paramètre bien intégrés. En premier lieu une toute-puissance vis-à-vis de populations exigées soumises et culpabilisées, ensuite un sentiment d’impunité le plus souvent avérée,enfin un équipement garantissant l’anonymat (uniformes, casques à visières fumées…) et des armes directement inspirées de l’attirail militaire mais… « non-léthales » : tonfa, flash-ball, taser… Et pourtant elles tuent. Régulièrement.

 

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Le mort paradoxal

 

En 1986, à la suite de la mort de Malik Oussekine (8), tué par des « voligeurs »(9) en marge d’une manif contre le « projet Devaquet », Robert Pandraud, Ministre délégué à la sécurité, sous la tutelle de Charles Pasqua, ministre de l’intérieur de l’époque, déclare : « Si j’avais un fils sous dialyse, je l’empêcherais d’aller faire le con dans les manifestations ». C’est ce fameux « syndrôme Malik Oussekine » qui obnubile l’Etat : surtout pas de mort civil ! Tout en incitant les forces de l’ordre à se lâcher, les auteurs d’homicide assermentés et leurs chefs parlent d' »accident » ; aujourd’hui encore, les victimes des impulsions électriques des tasers seraient aussi des malades (cardiaques, notamment) qui auraient dû rester chez eux. Des émeutes se sont propagées en 2005 à Clichy-sous-bois, qui se sont étendues à d’autres quartiers populaires partout en France, après la mort par électrocution de deux jeunes de 15 et 17 ans traqués par la police… En 2007, à Villiers le Bel, une voiture de police percute la mobylette qu’elle poursuivaient : deux jeunes sont tués. Là encore, bidouillage dans la version des flics. Résultat, deux nuits de combats entre forces de l’ordre et habitants ; la police essuie des tirs venant de fenêtres des blocs du quartier. 1 100 flics, toutes brigades confondues, débouleront à l’aube pour arrêter 33 personnes.

 

Force est donc de reconnaître que les opérations menées dans ces quartiers relèvent d’une guerre de basse intensité, livrée à la « racaille », jeunes de ces zones où sont con-centrés les travailleurs dont, immanquablement, une forte proportion de travailleurs immigrés, ou considérés comme tels, et leurs familles.

Paradoxalement, du côté des vraies guerres, la doctrine du « zéro mort » concerne les militaires. Lors de la première guerre du Golfe, des pilotes de l’USAF, racontaient leurs sorties comme des jeux vidéo. Des explosions au sol, des points marqués, au pire des dégâts reconnus « colatéraux ». Les guerres d’Irak et d’Afghanistan, l’occupation des territoires amène un contact avec l’ennemi. Et les cercueils rentrent : du plus mauvais effet. Mais qui permet, dans la phraséologie étatique, d’entretenir le fantasme du terrorisme tentaculaire qui viendrait jusque dans nos bras égorger nos filles et compagnes (10).

 

Le stratagème du Suburbistan

 

L’installation du système capitaliste français s’est inscrit dans le contexte de la domination coloniale. Son intérêt, en cas de troubles dans les territoires occupés, est bien de créer l’identification ou la confusion des mouvements à caractère social ou professionnel avec les mouvements politiques de résistance et /ou de rejet du régime colonial (11). En ethnicisant leur lutte contre la classe ouvrière, Etat et patrons imposent les clivages nécessaires au maintien de l’ordre établi socialement, économiquement, politiquement. À cet égard le musulman est aujourd’hui un candidat de premier choix. Déjà, c’est sous ce vocable qu’était désigné l’indigène en Algérie française. Il permet également l’association d’idée simplissime musulman/immigré/délinquant et d’appliquer un programme sécuritaire largement tiré du fond de commerce du FN. Enfin, il est le point de jonction idéal des guerres où le capitalisme nous mène et de la répression de révoltes où il nous conduit en sabordant les lieux de production, en exploitant les sans-papier davantage encore que les travailleurs du terroir, en perpétuant les ségrégations de type colonial ailleurs (DOM-TOM compris).

 

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Les gesticulations pathétiques autour de l’identité nationale, de la place de l’Islam en France sont des écrans qui masquent un fond bien plus crucial : les rebellions populaires croissantes et de plus en plus fréquentes doivent absolument être prévenues (12) ou écrasées. La guerre de classe menée par l’Etat et le patronat repose sur la division du prolétariat, son auto-contrôle, sa responsabilité dans sa condition, l’illégitimité de la contestation, la criminalisation de son ex-pression dans la rue, l’entreprise, le bâtiment public. De la même façon qu’à l’échelon international, le contrôle des frontières est vital, la ghettoïsation des quartiers sensibles en est un élément essentiel. Lors du sommet de l’OTAN de 2009, des militants ont été empéchés de rejoindre Strasbourg, (cars bloqués aux frontières, contrôles inerminables…) de la même façon que des jeunes venant des banlieues avaient été interdit de participer aux manifs anti CPE en 2006. Avec toujours l’alibi du « casseur ».

 

De proche en proche ou de loin en loin, de loi en loi, il se dessine le profil du « casseur », du « rebelle », du « terroriste ». Il ressemble comme deux gouttes de pétrole à un travailleur de plus en plus précaire, à un immigré, à un jeune sans avenir… Quelqu’un de gris dans une zone grise. Et qui va être de plus en plus difficile à mater.

 

 

Notes :

 

(1)Voir entretiens avec Mathieu Rigouste, chercheur en sciences sociales, auteur de « L’ennemi intérieur »

(2)Le 16 septembre au 20Heures, France 2, pour illustrer un sujet sur la « surreprésentation de certaines minorités ethniques dans la délinquance française, a offert en illustration six bobines de noir-e-s et arabes qui s’avèreront être celles… de salarié-e-s de la chaîne tirés des archives ! Une employée a porté plainte (cf. le Canard enchaîné).

(3)La convocation des caméras lors des opérations coup-de-poing -sans compter remakes et bidonnages lors de la découverte d’armes notamment- peuvent être comparés à la mise en scène, filmée depuis la plage, du débarquement des GI’s en Somalie.

(4)Même la SGT-FO Police s’en est émue… (cf. Rue 89 du 3 février 2011)

(5)Mentionné par Rue 89 et le bulletin n° 94 de Résistons ensemble

(6)cf. Le Monde.fr avec AFP ; 7 août 2008

(7)Terme désormais générique pour les campements de fortune des migrants autour de Calais

(8)Mlik Oussékine était un jeune étudiant franco-algérien atteint d’une affection rénale.

(9)Désigne des flics en binôme : l’un pilote, l’au-tre cogne. Sections dissoutes depuis. (10)En 2006, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, Sarkozy avait fait retirer leur badge d’accès à plusieurs dizaines de bagagistes musulmans des aéroports parisiens de Roissy et Orly. Quatre des bagagistes concernés ont saisi jeudi le tribunal administratif de Pontoise. Une plainte pour «  »discrimination » » a été déposée auprès du procureur de la République de Bobigny au nom de la CFDT.

(11)Voir le site : etudescoloniales.canalblog.com

(12)Dès que Sarkozy se rend quelque part (usine, province, télé, salon…), un périmètre de sécurité infranchissable est mis en place -même les riverains ne peuvent plus rentrer chez eux-, les figurants triés sur le volet, les forces de l’ordre massives et surarmées.

 

 

Encadré n°1 : Black out in Africa

 

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A quand un équipement français pour la police tunisienne ?

 

La réaction avérée du soutien de l’Etat français jusqu’à l’ultime limite au régime totalitaire de Ben Ali en Tunisie (ancien protectorat français) en démontre parfaitement l’aspect idéologique. La proposition d’Alliot-Marie d’exporter le savoir-faire des forces anti-émeutes françaises (en l’occurrence les CRS et la livraison d’armes anti-émeutes) est à comparer avec l’intervention de l’armée française pour sauver Deby au Tchad (ex colonie française), par exemple récent. On comprend alors que mater une révolte populaire dans le premier cas, relève des mêmes exigences que de combattre une force armée rebelle à l’« Ami » au pouvoir dans le second : maintenir les intérêts de la France -et en l’occurrence, anecdotique, familiaux-, c’est-à-dire la mainmise économique et géopolitique, desquelles Etat et capitalistes occidentaux tirent un profit essentiel. En novembre 2004, l’armée française indécise entre le coup d’Etat anti-Gbagbo et le « rétablissement de la paix » tirait délibérément sur les manifestants. Bilan : 90 morts au jugé ; justification du ministère de la Défense : » légitime défense élargie ». Une armée étrangère qui invoque la légitime défense dans une intervention néo-coloniale !

 

Dans son délire médiatique de (presque) fin de règne, Khadafi a bien rappelé que les Etats et entreprises occidentales, et nommément la France, ont d’énormes intérêts en Lybie. Et partout sur le continent africain. En rafale en quelque sorte…

Les accords franco-africains ( entre six et huit selon les chiffres de 2008, jamais unanimes selon qu’ils viennent du Parlement ou de la Défense ) reposent sur un marchandage issu des indépendances respectives des pays « contractuels ». Ce qui importe, ce sont les clauses inavouées (inavouables ?) -secret défense oblige- inhérentes aux accords en question. En gros :  » le deal est simple : vous nous réservez vos matières premières et on vous assure la conservation du pouvoir « *. Et qui s’applique pareillement à ce qui relève des marchés publics. Comprendo ?

 

Le « savoir faire » français, en terme de « techniques de renseignement », a lui aussi été fort prisé dans les années soixante-dix par les dictatures d’Amérique du sud dans le cadre de l’opération Condor -pour faire vite l’éradication du communisme- chapeautée par la CIA, longtemps impressionnée par la démonstration de la « bataille d’Alger ». Aussaresses alla donner des cours au Brésil’ en tant qu’attaché militaire au CIGS (Centre d’instruction de la guerre dans la jungle), enseignant « la guerre sale » à l’usage des Pinochet, Videla et consort. On a les gloires qu’on mérite…Qui penserait aujourd’hui qu’une telle ingérence consentie par une dictatutre pour son maintien au pouvoir, au Maghreb ou au Moyen-Orient par exemple, soit possible ? Les compagnies minières ? agro-alimentaires ? la grande distribution ? le lobby militaro-industriel ? Il faudrait pour cela que la patrie des Droits de l’Homme ouvre au public son plus beau patrimoine exotique : son jardin secret… défense ! Qu’on sache un peu s’il sent tant que ça le jasmin.

 

*Voir l’article de Raphaël Granvaud dans le numéro de novembre 2008 de la revue Regards. cliquez ici

 

Encadré n°2 : Gros yeux et grandes oreilles

 

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Sous Mitterrand et sa pratique quasi-pathologique des écoutes téléphoniques, la culture du renseignement surdéveloppait la surveillance de l’opinion, et du territoire. Pour Chirac : « les RG » (Renseignements généraux, qui ont depuis fusionné avec la Direction de la surveillance du territoire pour former la DCRI) « devaient rester un instrument de contrôle politique ». Avec Sarkozy, le pêcher mignon du premier se cumule aux conceptions du second pour prendre, à coups de dispositions legislatives et de développement technologique, une ampleur délirante, au vrai sens du terme.

La mise sous contrôle de territoires et de goupes ou d’individus ciblés nécessite la mise oeuvre de moyens techniques, logistiques et humains. Reste à légitimer les dispositifs imposés à la population, à l’y soumettre, de gré ou de force, la première option restant politiquement (au sens clientéliste) la plus payante.

 

Chacun sait la tendance à l’omniprésence de la vidéo-surveillance, que cette dernière soit révélée (« souriez… ») ou installée en douce. Davantage ignorent que toute personne impliquée dans une affaire quelconque, fût elle hors de cause (témoin d’un accident de la route par exemple), peut rester fichée à perpète, si, par « négligence » son nom demeurait stocké dans la machine. Le fichage génétique quant à lui a opéré un dérapage contrôlé -il faut être naïf ou hypocrite pour imaginer que le schéma exception/systématisation n’est pas programmé à la source, et depuis l’ Hadopi l’Etat peut fouiner chaque recoin de la vie privée et/ou épistolaire de tout internaute. Un décret publié au JO le 1er mars contraint les fournisseurs d’accès à l’internet, les hébergeurs et prestataires de services web et de réseaux sociaux à conserver les données permettant d’identifier qui sont les gens qui vont sur l’internet, ce qu’ils y font, quand, et comment. (1)

 

Quasiment personne ne sait que les dernières générations de téléphone mobile sont équipés d’un système permettant non seulement de le localiser, mais aussi de capter ce qui est dit dans la pièce, y-compris lorsque l’appareil est éteint. Pas de surprise, l’industrie du blabla et du voyeurisme a une vocation de communication qui confine au renseignement. Ce qui se trame est un calque hexagonal du flicage total élaboré par le NSA (National Security Agency) yankee dont le réseau Echelon qui désigne le système mondial d’interception des communications privées et publiques (SIGINT), élaboré par les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De quoi faire saliver le renseignement français.

 

Voilà pour le suivi des individus ; certains étant privilégiés intrinsèquement par le dispositif (hommes ou femmes publics, militants, journalistes voire avocats ou juges et aujourd’hui… militaires et diplomates ! (2)

 

Selon Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, « la reproduction du terrorisme en Europe même, via Internet ou par symbiose de jeunes déracinés avec des personnages liés à des organisations terroristes, est un phénomène de plus en plus inquiétant ». Il appelle de ses voeux la création d’une « académie du renseignement » : « Les échanges, la mobilité, la connaissance des uns et des autres favoriseront le fonctionnement en réseau et démultiplieront l’efficacité des actions ».(3) Argument majeur pour la promotion de l’infiltration des quartiers par des agents opérant sous un peudo comme de vulgaires tchateurs. Qui plus est, ces indics seront couverts, à l’instar des vrais espions et autres agents secrets : révéler le vrai nom de ces agents-espions, ou leur appartenance à l’un des services, coûtera 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Un délit porté à 7 ans et 100 000 euros d’amende « lorsque cette révélation a causé des violences, coups et blessures aux personnes concernées ou à leur famille » ; et jusqu’à 150 000 euros d’amende en cas de décès. Ce n’est pas tout. Alors que policiers et militaires ont déjà la possibilité de témoigner sous X, leur nom n’apparaîtra plus dans le dossier. Leur « identité réelle, souligne le projet de loi, ne doit apparaître à aucun stade d’une procédure judiciaire ». Même le juge ne pourra pas exiger de les connaître. Seuls, les chefs de service des agents pourront être entendus en qualité de témoins (4). On comprendra que pareille garantie est un atout majeur de l’entrisme au sein de groupes ou organisations jugés subversifs. L’Islam polygame ou le terrorisme épicier donnant le change légitimé à toute entreprise barbousarde d’éradication, en amont, des luttes (qu’elles nous paraissent justes ou pas ; la criminilisation populiste étant un fourre-tout sans fond). S’ensuivent presque naturellement les gros moyens -patrouilles permanentes, vérifications au faciès (ethnique ou social) à vocation provocatrice, rotations de drones et d’hélicoptaires- surdéveloppés en cas de mouvement quelconque(5).

 

Pour l’ordre dominant tout est simple (mais coûte cher) : tout voir, tout entendre et e mpêcher d’agir. L’officine centrale du renseignement n’a nulle vocation à protéger le « citoyen » ; elle est destinée à endiguer les véléités d’émancipation des classes dangereuses, d’interdire une possible coalition de celles-ci avec l’électorat de base, dont le sentiment d’insécurité est le gage de la docilité, quite à faire de chacun le flic potentiel de l’autre. Qui vivra verra. Et réciproquement.

 

(1)Voir l’article Comment le FBI, le PS et Estrosi ont mis le net sous surveillance ; Jean Marc Manach/ovni.fr

(2)cf les groupes clandestins « Surcouf » ,des hauts gradés qui ont publié sous ce pseudo leurs états d’âme quant à la réorganisation des armées voulue par Sarkozy et « Marly », des diplomates signant des tribunes contre l’amateurisme de la France.

(3) source : geostrategique.net

(4)ibid(3)

(5) Lors de la manif « No border » ( dont le parcours a été dessiné par la sous-préfecture de Calais !), 3000 flics en civil et en tenue, à pied, à cheval (si!) et en voiture ont été mobilisés pour -ou plutôt contre- moitié moins de partcipants.

 

 

Encadré n°3 : Le spectre de la guerilla urbaine

 

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Guerilla urbaine à Villiers le Bel, à Lyon, à Paris, à Amiens nord, à Chambery, à Strasbourg, à Fort-de France, à Poitiers, à Grenoble… À en croire les unes et manchettes de presse depuis, allez : un quinquénat, la France serait en proie à l’insurection, tous les guillemets fissant par sauter. Le choix des mots, une fois vidés de leur substance, porte à croire que la « guerre civile » (entre guillemets) est aux portes voire dans les murs pourtant républicains de nos cités !

 

Rappelons que la guerilla est une forme de guerre dissymétrique menée par le faible au puissant. Elle est mue par une volonté de résistance à une force armée ou/et à un régime d’oppression (1).

Alors certes, de-ci, de-là, des projectiles, même tirés par des armes à feu, atteignent sporadiquement des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions, voire en dehors. Des mouvements sociaux sont aussi régulièrements émaillés de violences ; force est de reconnaître que celles-ci sont généralement le résultat de provocations policières ou suite à des déprédations commises à dessein par des flics infiltrés dûment cagoulés dans les cortèges. Des émeutes éclatent à la suite de « bavures » plus ou moins intentionnelles ou maquillées. Et alors ? C’est l’insurection-qui-vient ? Soyons lucides.

 

La conscience politique individuelle de la guérilla et les raisons de la lutte sont aussi importantes que l’aptitude au combat. Hors les (ré)actions spectaculaires des « émeutiers » relèvent davantage des tripes que du combat politique. Ensuite, un lien direct, positif et entrenu avec la population est vital, moteur pour la poursuite et l’extension de la guerilla. De plus, la population non-combattante doit croire en un changement possible -et politiquement crédible- de sa condition au fur et à mesure des « petites victoires » remportées par les guerilleros. Enfin, le soutien actif de la population est crucial pour la lutte finale. Las ! À bien y regarder, en France, il y a des soubresauts d’ordre social, de la répression, des morts et… des appels au calme à coup de « marches blanches ». Et bien sûr, le moins d’analyse politique possible : consternation, condamnation avec fermeté et la justice qui fera… son travail.

 

Non, il n’y a pas de scènes de guerilla, pas plus à Stasbourg qu’à Grenoble ou ailleurs. Ce qui est réel c’est la construction d’un sentiment de rique insurectionnel venant d’extrémistes coupés des masses prêts à embraser des quartiers, des villes… à l’image du sentiment d’insécurité qui lui est préalable. Pour la classe dominante, Etat et patronat, le processus classique : législation, criminalisation, contrôle et répression.(2)

Restent les coulisses où, à tout hasard ?, les forces de répression se préparent à un éventuel « Grand Soir ». Comme on l’a vu, les rebellions et guerillas produites dans les colonies ont amené à forger des pratiques qui, eprouvées demeurent fiables. Le contexte et la technologie d’aujourd’hui n’en étant que des adaptations. Des rumeurs venant des forces de sécurité intérieure françaisesfont état d’une coordination avec la Mishtara (police nationale israélienne), dont la seconde, experte en terme de fusion des activités de contrôle de la population (occupée et hostile en premier lieu), de pouvoirs policiers, d’activités d’espionage et d’opérations anti-terroristes.(3) Il est vrai que l’Etat israélien ne peut ignorer la guerrilla.

 

Sur fond de lutte contre le terrorisme -qu’est-ce-que ça englobe ?-, le ministre de l’Intérieur (Hortefeux), a inauguréen 2009 la FIPN Force d’Intercvention de la Police Nationale), sa structure opérationnelle. Cette task force, pendant civil du GIGN, sera capable de mobiliser 500 policiers d’élite en cas de nécessité, notamment lors de gros rassemblements de masse, tels que les grands évènements sportifs ou autres sommets du G20. La Force d’Intervention de la Police Nationale intègre sous une même bannière, autour de 120 hommes du RAID (Unité d’élite de la Police Française), les 279 athlètes, tireurs d’élites et logisticiens des brigades anticommandos de Paris ainsi que 200 policiers issus de 10 groupes d’interventions de la police nationale. Cette structure disposera, grâce à un budget propre de plusieurs millions d’euros, d’un attirail impressionant: drones furtifs et espions, détecteurs thermiques, nouvelle génération de radars, plusieurs postes de commandement mobiles bourrés d’électroniques… Elle pourra également disposer des appareils du groupe interarmées d’hélicoptères, d’autres appareils militaires ou des avions de la police des frontières.(4)

Toutes les dictatures, tous les régimes totalitaires, toutes les idéologies impérialistes, ont défini publiquement le résistant, l’insurgé comme « terroriste », un mot bien plus maléable et rassurant que « guerrillero ».

 

 

(1) Guerilla remonterait à un mot castillan signifiant « petite guerre » et suggérant les tactiques mises en oeuvre pour s’opposer au régime imposé en Espagne par Napoléon Bonaparte.

(2)Avec une cerise sur le gâteau trop souvent ignorée : les systèmes , équipements et techniques de surveillance sont des marchandises et services exportables et un bon petit coup de force une vitrine alléchante pour les dictatures qui, elles, ont parfois affaire à de véritables guerillas.

(3) source : planete nonviolence.org se référant au « canard enchaîné » sans en donner toutefois la date de parution

(4)http://forum.anarchiste.free.fr et ailleurs.

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On s’fait une digue … sous surveillance ?

On s’fait une digue… sous surveillance ?

 

« Wimereux, le charme et la mer » ! Oui, mais sous vidéo-surveillance. En effet, avant le début de la saison touristique 2010, la compagnie de sécurité privée traditionnellement chargé de la surveillance nocturne de la digue promenade a été remplacée par ces petits engins liberticides. L’homme aux rangers accompagné de son chien féroce ne faisait plus assez peur aux adolescents adeptes de sorties nocturnes estivales ?

 

Aux mains d’une ville croulant déjà sous les dettes, Francis RUELLE, maire de Wimereux veut maintenant protéger la population des « trop nombreuses incivilités qui se déroulent sur la digue ou encore sur la place de la mairie ». Alain CAILLET (l’indétrônable adjoint délégué à la sécurité publique) veut quant à lui protéger les bacs à fleurs et les murs communaux des dégradations. C’est ainsi que six caméras ont fleuri sur le bord de mer et une sur la place de la mairie. D’autres vont probablement apparaitre prochainement rue Carnot et au camping municipal !

 

Le cout de cette première installation : 100 000 €. Cet investissement est heureusement cofinancé à 50% par l’état sécuritaire de Sarko & co via le Fonds Interministériel pour la Prévention de la délinquance. Comme sur l’ensemble du pays, la sécurité n’a pas de prix à Wimereux, et ce même lorsque les caisses sont vides et les bacs à fleurs pleins !

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Dhuime : cessez-le-feu sur les ambulanciers

Dhuime : cessez-le-feu sur les ambulanciers

Chez Dhuime, entreprise emblèmatique de Boulogne sur mer et en expansion tentaculaire; les ambulanciers se sont mis en grève le 14 janvier 2011 pour la première fois de l’histoire de la boîte. Girophares éteints et sirènes aphones, la CGT, syndicat majoritaire depuis les dernières élections, a posé sur la civière des négociations le ras-le-bol (alimentaire) des personnels :fonctionnement, horaires, salaires, conditions de travail…


L’accord entériné n’avait toujours pas été appliqué en mars. Pas d’urgence pour les délégués ? Si tout reste au point mort, la base risque fort de ruer dans les brancards.

Un article plus détaillé sera prochainement publié. Pour le lire, cliquez sur ce lien

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