Débat public – 24 juin à 20h30 – Bibliothèque de Boulogne s/ Mer
L’article qui suit est paru dans le numéro 260 de mai 2016 du mensuel Courant Alternatif.*
Nous y présentons une analyse de la lutte contre la « Loi travail » et des différents acteurs en présence à un moment où l’issue incertaine dépendait déjà de la cohérence des initiatives et de la cohésion des opposants. Chacun-e saura que cette lutte de première urgence, comme la brutalité de sa répression , sont montés en puissance depuis le 26 avril, date de sa rédaction. Ce texte est donc un regard sur les mobilisations des mois de mars et avril 2016.
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S’il est hétéroclite à bien des égards, le mouvement – appelons-le ainsi par simplicité – contre la “loi travail” présente un certain nombre de constantes. Le spectre des positions, bien qu’il soit défini sur un fond commun de refus du projet Valls/Macron/El Khomri/Medef est aussi large que ses approches contradictoires, voire conflictuelles, et les formes variées des actions et réactions qu’il suscite. Regard sur l’état des lieux de cette lutte.
À l’origine le PS et le Medef sortent un texte de connivence qui vise à réduire toujours les conditions des travailleurs tout en optimisant les latitudes du patronat (voir CA N°259). Double jeu et discours indigents n’ont cessé d’être l’assise politique du PS au pouvoir. Ce nouveau tombereau de cadeaux au patronat inciterait ce dernier à l’inversion de la courbe du chômage. Passons. Sans doute, les collaborateurs d’Hollande et de Gattaz avaient-ils imaginé un scénario basique. La présentation de l’avant projet de loi susciterait quelques indignations, quelques aménagements – replis stratégiques préparés à l’avance – seraient vite baclés, la droite voterait la loi comme un seul homme après quelques amendement de principe et tout serait dit. Et pourtant…
Sur le plan syndical en terme d’appareils d’abord. Les intersyndicales, quand elles existent prennent la forme de cohabitation a minima. Logique puisqu’elles sont concurrentes autant que les boîtes du Medef. Représentativité, influence, subventions, gestion de caisses… autant de cadavres dans les placards des sièges qui font qu’un minimum d’apparences doit être sauvées. La CFDT n’a pas failli à sa fonction lénifiante, qui très vite a pu se satisfaire des aménagements à la marge consentis par le gouvernement.
Des divergences sévères sont apparues à certains endroits entre l’un et l’autre syndicat (CGT et Solidaires au moins), en particulier sur des questions de pratiques et de contrôle, des jeunes notamment. Nous y reviendrons.
Les centrales n’ont en effet pas intérêt à se laisser larguer par leur base et doivent s’embarquer dans le train. D’abord en s’accrochant vaille que vaille à la lutte initiée par les étudiant-e-s et lycéen-ne-s, lesquel-le-s n’entendent pas/plus, selon les endroits, se laisser voler leur mouvement ni dans les modalités, ni sur le fond. Le secteur privé ne s’est pas encore manifesté, mais son entrée massive dans la danse ne viendra que des volontés des salarié-e-s de la base, conscient-e-s des intérêts communs, de classe , quel que soit la génération ou le statut. Au sommet, les bureaux jouent le discours offensif, à l’exemple de l’affiche de la CGT relative à la répression mais ne pourront guère faire illusion tant ils ont troqué depuis des lustres toute velléité de rupture au profit d’un réformisme de collaboration. Or c’est bien d’un refus même de négocier dont il s’agit au premier chef, dès le premier jour.
Pour le moment, ce sont bien les lycéen-ne-s et étudiant-e-s qui portent le mouvement. Et qui sont les premiers à morfler. La répression policière et juridique est systématisée, au rythme des provocations, des infiltrations des incantations aux “casseurs”, sur fond d’état d’urgence et de crise du capital. Peut-on pour autant parler stricto sensu de mouvement ? Les faits démontrent une réelle mobilisation aux journées de manifs nationales déposées. Les cortèges, souvent nombreux en comparaison des défilés traîne-savate où la sono se substitue au cri collectif, sont généralement composés de la frange citoyenniste la plus consciente et concernée mais aussi des “vétérans” des luttes pour les retraites et contre le CPE – dont la sociologie est comparable –; ce qu’il reste de la gauche de la gauche en passant par les opportunistes de compétition ( Front de gauche et autres “sixième républicains”, PC, MJS (!) ); les mouvances anarchisantes sont forcément de la partie ainsi que les différentes nuances de la radicalité.
Relais des revendications des cortèges, le moins que l’on puisse dire est que, paradoxalement, ces rassemblements restent indéfinissables quant aux attentes de leurs participant-e-s. On se gardera bien de porter un jugement sur le bien-fondé ou non de cette initiative. Cependant, il est difficile de ne pas s’interroger sur la multitude de questionnements que génèrent les débat nocturnes et au-delà. Si l’opposition à la “loi travail” est voulue motrice, les déclarations, les échanges s’engagent sur l’ensemble des problèmes liés à la domination capitaliste sous toutes ses formes et sur les plans nationaux, européens, internationaux. Une réminiscence d’Indignés, en somme. Cela va de la privatisation de l’eau à l’élection dans la violence de Sassou N’Guesso au Congo Brazzaville; des “Panama papers” à la possibilité pour les sourds et malentendants de communiquer par téléphone… Mais aussi le soutien aux migrants, les luttes de boîtes non médiatisées et une “commission grève générale” qui vise à une jonction avec les travailleurs et aider “ceux qui ne savent pas comment faire grève” (!) Cette commission énonce que “La grève générale est un levier nécessaire pour faire pression et prendre le pouvoir.” Mais à qui ira ce pouvoir ?
C’est là que la dimension politique est intrinsèquement une ambiguïté de ces rassemblements. D’un côté, un refus d’être catégorisé, identifié dans un positionnement net. En même temps, l’accueil enthousiaste fait à Varoufakis ou l’intervention de François Ruffin (Fakir) chez Ruquier pour conspuer Gattaz en dénote une évidente aspiration à quelque chose comme Podemos ou Syriza. Difficile de dire de quel objet politique il s’agit. Un citoyennisme d’inspiration “Occupy Wall Street”, gauchisant mais pas classiste à l’évidence. La bourgeoisie a relégué l’espace d’expression populaire aux confins du mode associatif subventionné, de la « contre-culture » médiatiquement encadrée, de l’« opinion publique » indéfinie. Le jeu démocratique républicain en fait la seule dépositaire de la parole politique. Les Nuits debout offrent au moins la possibilité de combler ce vide. On ne saurait pour autant se satisfaire d’un simple soulagement et l’on peut se demander si, au delà de son aspect de « thérapie citoyenne », cette ré-appropriation du discours débouchera sur une lutte directe en lien avec les mobilisations actives contre la loi dite El Khomri. Bref : quelles perspectives ?
F. Ruffin déclare vouloir “leur faire peur”. Notamment et en principe par la convergence des luttes. Et effectivement, bien qu’encore frileuse, on peut sentir la volonté de la construire au travers du rapprochement de certains zadistes et paysans de Notre dame des Landes ou de la visite d’ouvriers en lutte, par exemple.
Mais force est de constater que la peur ne s’est pas installée au PS. La première évacuation s’est produite un petit matin sans heurts avec autorisation paternaliste de revenir le soir…
Non, ce qui règne au PS, c’est l’énervement, le coup de sang que provoque comme tous les tiers de siècle en moyenne, et quand la gauche est dans l’opposition la partie la moins “Génération future” homologuée. Une frange de la jeunesse qui monte au créneau contre le système d’exploitation dans lequel elle se voit déjà enfermée.
Et comme à chaque fois, même mépris des autorités sur le mode : petite manif, pédagogie en retour pour expliquer que c’est pour un bien et retour à la maison. Échec de la leçon, durcissement des positions des jeunes qui ont tout compris et mise en œuvre d’actions décidées à la base et localement : blocage de bahuts, entraves à la circulation, assemblées intempestives…
Sur le plan géographique, si la mobilisation est forte, la fiabilité dans la durée repose sur plusieurs facteurs. L’ancrage militant et réactif dans des villes comme Paris, Rennes, Nantes, Toulouse ou encore Lille, Lyon… augure d’une possibilité d’une montée en puissance de la lutte et de sa pérennité. Les pratiques et les liens entre les individus et, stratégiquement, d’organisation – il ne s’agit pas en l’occurrence d’intersyndicales de circonstance – comptent également. Ainsi la tenue d’assemblées générales décisionnaires est un atout autant qu’une garantie d’appropriation de la lutte. Autant dire que dans les villes où des AG réelles sont pour l’instant inexistantes, faute de volonté, de nombre ou simplement d’investissement d’un lieu de discussion l’hypothétique mobilisation est vouée au tape-à-l’œil et à la mort annoncée, pour ne pas dire programmée.
Il reste sans doute aussi indispensable de coordonner un mouvement d’ensemble plutôt que d’en rester à la stratégie des places fortes. L’État et ses forces de répression auront d’autant plus de mal à organiser une réponse globale qu’à “reconquérir” bastion après bastion. C’est aussi la possibilité d’une mutualisation matérielle, juridique, logistique et surtout d’une objectivation commune et de créer un rapport de force offensif plus que basiquement protestataire.
Reste la nécessaire mobilisation des salariés, première cible de la loi El Khomri… Autrement dit, que la grève générale, exclusivement limitée par l’abandon du projet, advienne. Il est de toute première instance de recourir au seul langage que comprenne la bourgeoisie : le blocage de son économie. Entraver la production, la circulation marchande et énergétique et tout négoce. Le nombre de grèves éparses et isolées du moment n’est pas négligeable ! En effet, des luttes de boîtes ou carégorielles récurrentesl s’expriment tous azimuts : les intermittentsl du spectacle, les cheminots, les salarié-e-s de XPO logistics, les ouvriers de la Continentale de nutrition à Boulogne sur Mer, et tant d’autres… Manque l’agrégation au combat général pour en faire un mouvement. Et puis il est une évidence : le gouvernement, l’opposition, les staffs politiques et syndicaux sont en pleine capilotade et perdent tout contrôle, à commencer par celui de leurs propres institutions se résumant à de simples appareils politiquement déserts.
La situation dans laquelle s’est fourré le PS est intenable. Outre les bagarres dans ses propres rangs, ses tentatives de se re-concentrer sur l’électorat du centre voire un peu plus à droite où Macron souffle Valls, malgré le vague affichage d’un maintien à gauche dont personne ne veut, pour des raisons de stratégie clientéliste d’ailleurs, rien n’y fait, pas même la guignolade / thérapie de groupe « Hé, oh, la gauche » du 25 avril : tout fout le camp. On apprend maintenant que Gattaz poussé par les barons du Medef refuse de voter la “loi travail” hors sa version initiale, celle-là même qui a rempli les rues…
Parallèlement, la traduction classiste des Nuits debout par la conjugaison unitaire des actions des étudiants, des salariés, sans emploi, retraités, zadistes, migrants reste un scénario à écrire de la lutte en cours.
Les socialos et leurs derniers inféodés ne peuvent même plus choisir leur camp. Le PS n’a plus d’intermédiaires face aux contestataires; reste la police, recours systématique. Le PS est condamné. Et d’un !
Boulogne sur Mer le 26 avril 2016
C’était sur la zone industrielle le long de Liane, en marge d’un barrage filtrant contre la loi “Travaille !” Le Parti Socialiste agonisait à la place qu’occupe depuis toujours la Social-démocratie : dans les rebuts du capitalisme…
Boulogne-sur-mer, le 21/05/2016.
Le 10 mai, dans le cadre d’une action contre la “loi Travail” menée au terminus des bus, place de France, deux étudiants furent pris à partie par la police et placés en garde à vue.
Dès l’arrestation du premier de leurs deux camarades, les lycéens mobilisés se sont rendus devant le commissariat pour réclamer sa libération tandis que d’autres informaient la population aux alentours des faits qui venaient de se dérouler. A seize heures, une trentaine d’entre eux retourneront rue Perrochel où la police jouera d’intimidation et les filmera depuis le toit de l’hypermarché du boulevard Daunou. Certains subiront ensuite un contrôle d’identité à l’intérieur de la galerie commerciale. Le second étudiant sera arrêté, au soir, chez lui, avec la grossière invitation à se munir de son téléphone portable …
Le 11 mai, une trentaine de personnes : des lycéens, des étudiants, des parents, des salariés se sont réunis pour échanger sur les arrestations survenues la veille et réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour y faire face le plus collectivement possible. Une discussion nourrie s’est engagée et plusieurs pistes ont été retenues. D’abord a été rappelé la nécessité de faire circuler de l’information précise sur les conditions de la garde à vue en particulier et sur les droits des interpellés face à la police et à la justice en général (4). Les procès sont pour l’Etat un moyen de réprimer mais également de vider les poches des militants ou de leurs proches. Pour cette raison la question de la solidarité financière a été posée et des pistes ont explorées. Lors des actions de barrages du 17 mai, les lycéens ont déjà récolté des fonds auprès d’ automobilistes solidaires.
Tôt le matin du 11 mai et durant toute la matinée, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir les deux étudiants qui sortaient de 48 heures de garde à vue. Nous reviendront ultérieurement sur les conditions dans lesquelles celle-ci s’est déroulée. La date du procès a été fixée au 7 juillet, d’ici là, la lute continue contre la “loi travail”, contre le capital. La solidarité est partie intégrante de cette lutte, c’est une des conditions de sa victoire, elle doit continuer à s’exprimer et à s’élargir sans restriction.
Boulogne-sur-mer, le 22/05/2016.
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Notes:
(1)“Boulogne : la police a interpellé un étudiant qui voulait bloquer la circulation des bus” in la Voix du Nord du 11/05/2016.
(2)“Les paysans dans la lutte des classes”. Bernard Lambert. Editions du Centre d’histoire du travail.
(3)“La Voix du Nord : impostures, arnaques et profits”, à lire ici. Un autre texte à lire sur le sujet, celui de Frederic Lépinay “La Voix du Nord, histoire secrète” dont le site Acrimed fait une présentation sur son site là.
Les lycéens et étudiants qui menaient ce matin une action place de France dans le cadre de la lutte contre la loi « Travaille ! » ont été une nouvelle fois pris à parti sans ménagement par la police. L’un d’entre eux a été interpellé et emmené au commissariat. Un autre à été arrêté chez lui. Que les Hollande, Valls et consorts qui s’apprêtent à imposer par la matraque et le dictat du 49.3 les desiderata du Medef aux travailleurs ne s’imaginent surtout pas que ces derniers resteront sans rendre les coups qu’on leur assène, que ce soit, ici à Boulogne-sur-mer, ou ailleurs. Nous informerons régulièrement sur ce blog des suites qu’il impose de donner à ces événements.
Boulogne-sur-mer, le 10/05/2016.
Comptant sur le pourrissement du conflit mené contre leur loi “ Travaille !”, Valls, Gattaz et toute la clique pensaient que quelques coups de menton et un rien d’aménagement suffiraient à en terminer avant la discussion du texte par les parlementaires, lesquels d’ailleurs, d’où qu’ils viennent, ne savent pas sur quel pied danser.
A Boulogne-sur-mer, Frédéric Cuvillier sait parfaitement où il va et quels intérêts il sert. Ce premier mai, il participait aux côté des jaunes de la CFDT à une réunion durant laquelle il a défendu le projet présenté par madame el Khomri. Un projet selon lui “adapté au monde économique actuel, au travers de cette grande avancée qu’est le compte personnel d’activité” dans lequel il entrevoit la manière “de faire progresser les droits de salariés”. Il est vrai que comme nombre de ses homologues, monsieur Frederic Cuvillier a une longue expérience du monde du travail en général et de la condition de salarié en particulier …
Depuis Sivens et la mort de Rémi Fraisse, les pratiques assumées du Parti Socialiste en matière de répression des mouvements sociaux ne laissent planer aucun doute sur ce qu’on est en mesure de redouter de sa part(1). Incontestablement, le déchaînement de violence policière auquel on assiste depuis plus de deux mois partout sur le territoire, que ce soit en métropole ou comme dernièrement à Mayotte relève d’un choix stratégique qui repose sur la tension. Ce choix, politique, tente à la fois d’étouffer une contestation qui peine à trouver les conditions de son extension tout en l’entraînant sur le terrain de l’affrontement militarisé où l’Etat se sait en position de force. Un jeu dangereux qui pourrait peut-être finir par produire l’effet contraire de celui escompté …
L’action à la Société Générale
Il y a quelques semaines, les lycéens et étudiants s’étaient fait sortir par la police d’une des salles de la mairie qu’ils avaient joyeusement investi pour y tenir une réunion/discussion collective. Le vendredi 29 avril, un petit groupe de jeunes a de nouveau été pris à parti par des policiers lors d’une action qu’il menait devant la banque Société Générale directement impliquée dans l’affaire des “Panama Papers”. Sept mineurs ont été amenés au commissariat central parmi lesquels cinq d’entre eux ont été placés durant vingt heures en garde à vue. La solidarité s’est immédiatement exprimée et un rassemblement s’est tenu le soir même devant le commissariat. On a appris depuis que le procureur a engagé des poursuites pour dégradation. Lui emboîtant le pas, l’administration du lycée Cazin avait convoqué plusieurs élèves, faisant planer à leur encontre la menace de sanctions disciplinaires. Le rassemblement de plusieurs dizaines d’élèves solidaires à l’extérieur de l’enceinte et l’intervention de quelques délégués syndicaux semblent avoir ramené nos fonctionnaires à la raison.
Notes :
Stop à la répression contre les lycéens dans les Hauts-de-Seine : https://www.versailles.snes.edu/spip.php?article3848
Suite aux révélations des affaires “Panama Papers” et “Luxleaks” ainsi que dans la continuité des mouvements sociaux en opposition à la “Loi travail”, les jeunes en lutte du Boulonnais souhaiteraient s’expliquer sur les “événements” survenus le vendredi 29 avril 2016 à la Société Générale où des oeufs et de la farine ont été lancés sur la devanture. Cette action pacifique et politique montre que nous aussi, entendons bien recevoir “notre part du gâteau”. Les affaires “Panama Papers” et “Luxleaks” nous montrent une fois de plus que les multinationales pratiquent sciemment l’évasion fiscale, le tout avec l’accord des gouvernements européens au détriment de l’intérêt général.
Ces événements ne sont pas comme nous avons pu l’entendre “des bêtises de jeunesse”. Il s’agit d’actes qui s’inscrivent dans un mouvement de lutte global et suivi partout en France qui visent à dénoncer les principaux responsables de l’actuelle “crise”.
S’il ne s’agit que de “bêtises de gamins”, pourquoi les arrestations et la répression sont-elles si violentes ?
En effet, les forces de police ont procédé à l’arrestation arbitraire et aléatoire de 5 mineurs qui n’ont même pas été clairement identifiés comme responsables/partie-prenante de ces actions. De plus, il s’agit ici d’actes collectifs, décidés démocratiquement en assemblée générale. En réponse à une jeunesse en colère face aux inégalités, les forces de police ont placé des mineurs en garde à vue près de 24 heures alors que les responsables de l’évasion fiscale restent libres et que leur vol est évalué à des milliards d’euros. Nous attirons aussi l’attention sur le fait que ces mineurs sont vos enfants, vos nièces, les enfants de vos proches, les amis de vos enfants, vos élèves, vos apprentis, vos stagiaires …
La stratégie de l’Etat est ainsi claire : la peur et l’intimidation sont les moyens de casser notre mouvement, à une échelle locale aussi bien que nationale. Le tout étant relayé largement par les médias traditionnels, nous réduisant ainsi à de simples casseurs. Les casseurs sont les flics qui matraquent les jeunes, dispersent les assemblées “Nuit debout”, terrorisent les protestations syndicales à Lille, les salariés d’Air France et de Goodyear, criminalisent toutes les revendications et font régner l’ordre d’Etat d’Urgence permanent.
En conséquence, Nous, jeunes de Boulogne-sur-mer, sommes déterminés face à la répression et appelons à amplifier la mobilisation.
Jeunes en Lutte/Section du boulonnais.
Samedi 9 avril, tandis que le gratin du Parti Socialiste – comme le fond de soupe D’EELV de son côté – se préoccupait de tambouille électorale sur fond de primaires à gauche, quelques 200 cortèges battaient à nouveau le pavé contre la “Loi travail”, un peu partout en France. La provocation policière, prélude à la répression programmée a, cette fois encore, été bien orchestrée pour tenter d’endiguer le danger d’une alliance dans la lutte entre les bases lycéennes/étudiantes et celles des salariés, syndiqué-e-s ou non.
À Boulogne-sur-mer, le mouvement est porté à bout de bras par les lycéens et les étudiants que tente de canaliser sans succès une CGT locale paternaliste, verticale, spécialiste du verrouillage et qui ne manifeste aucune volonté d’en découdre. La manifestation du 31 mars a réuni quelques milliers de travailleurs mais de nombreuses boîtes et certains secteurs manquaient à l’appel. Quelques coupures de courant ont heureusement égayé une manifestation syndicale bien ordonnée et sans perspective de lendemain.
En lien le tract distribué lors de la manifestation du 31 mars. tract_31_mars
L’état d’esprit du PS local, relais du gouvernement, est manifeste : prenant systématiquement pour agression toute contestation, les édiles optent en réponse pour la menace. D’abord en mars, lors de la rencontre “ouverte” sur invitation dépêchée par courrier électronique aux syndicats et à quelques associations, le ci-devant J.C Etienne n’a rien moins que prévenu les opposant-e-s que “ça [allait] mal se passer …” s’ils poursuivaient leurs réactions bruyantes et goguenardes en réponse aux éléments de langage liminaires : “nous avons un gouvernement qui négocie !”, alors que Valls avait déjà la main sur son 49.3.
La vidéo de cette réunion à la salle de la Faïencerie avec la CFDT et le Parti Socialiste
Puis, à la suite de la manifestation du 31 mars, au cours de l’occupation de l’Hôtel de ville, le Citoyen Maire F. Cuvillier joua à son tour d’intimidation, menaçant les jeunes des sommations de la police mobilisée en nombre. S’ensuivirent au cours de l’évacuation quelques incidents mineurs dont les forces de l’ordre sont coutumières : propos pour le moins déplacés et démonstrations virilistes sans conséquences. Loin il est vrai des passages à tabac en règle, des blessures et mutilations et autres menaces sordides (proférées à l’adresse de lycéennes parisiennes, par exemple), qu’ont subi de leur part nombres de manifestant-e-s à Nantes, Rennes, Lille …
Quelque chose est pourtant en train de se passer qui, pour déboucher sur la construction d’un véritable mouvement, nécessite l’implication concrète et massive de la classe ouvrière. Cela ne sera possible que si l’ensemble des travailleurs se démarquent du scénario perdant d’avance dans lequel les bureaux syndicaux nationaux et leurs relais locaux tentent de nous enfermer. Il est d’ailleurs inutile d’attendre de leur part ce qu’ils ne veulent et ne peuvent donner. La cgt, pour ne citer qu’elle, n’a ni la volonté et encore moins les moyens d’appeler, ni d’organiser une grève de masse, une grève générale.
A Boulogne-sur-mer, les initiatives prises à la faïencerie ou à l’Hôtel de Ville, mêlant des travailleurs, des lycéens, des étudiants n’ont pas mobilisé beaucoup de monde mais elle ont eu le mérite de surprendre, de bousculer le ronron de la collaboration Etat/syndicats. Ce ne sont pas quelques défilés traîne-savates, même de plusieurs dizaines de milliers de personnes qui feront basculer le rapport de force en notre faveur, nous le savons d’expérience. L’Etat et le patronat reculeront si et seulement si leurs intérêts immédiats sont mis à mal, si le fonctionnement de l’économie est enrayé par une grève massive et reconductible qui frappe directement au coeur le profit capitaliste.
Localement la mobilisation reste encore à construire et dans un premier temps il est urgent de trouver un lieu où se discuteront à la base les modalités de cette élaboration ainsi que son contenu.
A suivre.
Boulogne-sur-mer, le 12/04/2016.
Le projet de loi de la ministre du travail El Khomri dite « loi travail », s’inscrit dans cette vision de la société où ce qu’il subsiste encore du fameux “modèle social” doit désormais disparaître. Nous ne rentrerons pas dans un inventaire à la Prévert en la décortiquant car nous en avons compris l’intention. La bourgeoisie se sent à tort ou à raison en position de force et elle commande à son actuel fondé de pouvoir, le Parti Socialiste, de lui ouvrir la voie vers une exploitation quasi sans limite du travail salarié. Pour la bourgeoisie l’époque du compromis relève dorénavant de l’histoire ancienne. Elle a décidé de liquider une fois pour toute les derniers garde-fous concédés en contre partie de l’exercice de son pouvoir. Elle les avait accepté de bien mauvaise grâce, comme un mal nécessaire.
Allons-nous nous laisser dépouiller sans broncher ?
….. le tract complet est à télécharger ici.
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Bonne lecture et n’hésitez pas à nous faire part de vos critiques (bonnes ou mauvaises).
Toujours à l’affût d’une opportunité qui lui permette de prendre pied dans le secteur de l’enseignement, le patronat joue la carte de l’innovation pédagogique dans les zones où se concentrent les difficultés scolaires, les “Réseaux d’Education Prioritaires” (REP). Dans certaines académies, comme celle de Lille par exemple, des enfants des quartiers populaires servent de cobayes à des expérimentations impulsées par quelques faux-nez du Medef.
Afin de lutter contre les difficultés scolaires rencontrées par les enfants des milieux populaires, la gauche arrivée au pouvoir en 1981, crée un dispositif baptisé “Enseignement prioritaire”. Programmé pour une durée de quatre ans à l’issu desquels les écarts constatés étaient censés s’être résorbés, trente ans plus tard “l’enseignement prioritaire” concerne plus d’un élève sur cinq du niveau primaire ou du secondaire. Les principaux concernés sont à plus de 73 % les enfants dont les parents sont recensés lors des enquêtes sociales dans les catégories : “ouvriers, employés, inactifs”.
Dès son retour à la tête de l’Etat, le Parti Socialiste réclame à Vincent Peillon de remettre à plat les objectifs de l’éducation prioritaire. Celui-ci s’y attelle et favorise en premier lieu le niveau élémentaire. Sur le fond, rien de bien neuf ne ressort de son plan. Comme ses prédécesseurs il se contente de rappeler les banalités d’usage en insistant sur l’importance de la “maîtrise de l’oral, de la lecture et de l’écriture”. Afin de le mettre en oeuvre, il dote les enseignants des zones concernées de moyens qu’il estime “supplémentaires”. Ceux-ci reposent essentiellement sur deux axes : le premier étant “la pondération horaire”. Il s’agirait d’un temps dégagé durant lequel les enseignants pourraient idéalement échanger, se concerter entre eux afin d’adapter leurs pratiques aux besoins du terrain. En réalité, ce sont des heures de réunions la plupart du temps obligatoires et chronophages au contenu souvent indigent. Le temps nécessaire à leur tenue est pris sur les heures d’enseignement, parfois il intervient en supplément. Pour leur faire avaler la pilule, les enseignants en REP perçoivent à chaque fin de mois une prime spéciale d’un montant approximatif d’une centaine d’euros. Le second axe du plan Peillon, de loin le plus inquiétant, c’est le volet pédagogique. Comme bien souvent, il s’appuie sur les récentes trouvailles en la matière expérimentées par quelques spécialistes flânant d’une école d’application à l’autre. Cette fois-ci, l’objet en question se présente sous les traits de “l’enseignement explicite”.
La méthode a au moins ce mérite de mettre en lumière tous les préjugés de classe que trimbale toujours avec elle l’institution Education Nationale comme le scientisme dont elle demeure imprégnée. L“enseignement explicite” se veut le fruit de recherches menées au Canada dans une école de médecine. Ses promoteurs opposent ce qu’ils caractérisent comme des données probantes, les “Evidence-Based-Medecine” (EBM) aux pratiques de classes diverses et variées qu’ils proscrivent car elles seraient depuis toujours le “fruit de la tradition, de la croyance, ou de principes philosophiques”. Ce qui n’est évidemment pas le cas de “l’enseignement explicite” comme chacun l’aura deviné … En France, c’est le docteur Michel Zorman qui est à l’initiative du programme de référence. Décédé depuis, il affirmait s’appuyer sur “les dernières connaissances en matière de fonctionnement du cerveau apprenant”. Pour les partisans de Zorman ce qui rendrait leurs intentions pédagogiques si infaillibles, ce sont les découvertes importantes qu’aurait réalisé la recherche dans le domaine des neuro-sciences. Le secret en terme d’apprentissage se logerait dorénavant dans certaines zones du cerveau de l’enfant qu’il s’agirait de stimuler de manière intensive et répétitive, exit les dimensions et interactions sociales et culturelles jugées désormais accessoires. Il n’aura pas échappé à quelque esprit acerbe que le marché des neuro-scicences, tout comme celui de la génétique, par exemple, est actuellement en pleine expansion et qu’il brasse des sommes colossales (1). Enfin, tout devient intelligible lorsqu’on découvre qui sont les promoteurs de ce projet et quels sont leurs desseins auxquels se sont ralliés les équipes du Parti Socialiste.
L’acteur principal dans cette affaire est l’association “Agir pour l’école”. Elle a développé un programme de “prévention de l’illettrisme et de l’échec scolaire” qui s’inspire directement des travaux du docteur Zorman. Elle s’est allouée les services de quelques chercheurs et bénéficie de relais locaux. Son travail de lobbying a fini par payer puisqu’elle intervient dorénavant comme partenaire attitré de l’Education nationale dans plusieurs académies, notamment celles de Lyon et de Lille. Avant son décès, Zorman a tenu à se dissocier des activités de l’association avec laquelle, a-t-il dit, “ il n’a jamais travaillé ”. Quoi qu’il en soit, “Agir pour l’école” est dans les faits une création de Claude Bébéar, le patron du groupe d’assurance Axa associé dans cette démarche à une autre membre du groupe, Françoise Colloc’h. Claude Bébéar est connu par ailleurs pour être le fondateur de l’influent Institut Montaigne.
Ce “laboratoire d’idées” regroupe en son sein tout le gratin du patronat national et souffle à l’oreille des gouvernements successifs les mesures de régression sociale qu’ils se devront d’imposer aux travailleurs(2). Les groupes capitalistes membres et bailleurs de fonds de l’Institut Montaigne sont aussi les partenaires et financeurs de l’association “Agir pour l’école”. Une simple consultation du site de l’association nous le confirme. On y retrouve que du beau monde : le groupe Axa, le groupe Dassault, le groupe Total, la banque HSBC, la fondation Bettencourt Schueller, la Caisse des dépôts, la banque Société Générale (3) …
L’institut se vante dans ses publications de “bien connaître les questions éducatives de manière générale” et entend jouer de son ascendant. En s’appuyant sur les résultats de la fameuse enquête PISA, ce hochet de l’OCDE, l’institut Montaigne salive de convoitise devant les scores enregistrés par les pays arrivés en tête à l’issue des dernières évaluations : la Chine, la Corée du sud et le Japon (4). Des Etats avant tout préoccupés, comme on le sait, du bien être de leur population scolarisée et où les taux de suicides chez les jeunes laissent pour le moins songeur … Mais peu importe, car l’ambition poursuivie par “Agir pour l’école” est avant tout de soumettre les enfants des milieux populaires qui plombent les résultats nationaux à un bachotage aliénant qui permettrait aux patrons de retrouver le sourire. A l’école, au chômage ou au travail, les pauvres coûtent toujours trop chers et ne rapportent jamais assez. C’est uniquement de cela dont il est question. L’Institut Montaigne s’est donné pour mission de réduire les dépenses publiques, notamment en augmentant le temps de travail des salariés ainsi qu’en réduisant fortement la dégressivité des allocations chômage, alors autant que les enfants de prolos comprennent dès le départ ce qui les attend.
Nombre de collègues ont tout de suite flairé l’escroquerie et les critiques sont virulentes mais peu d’enseignants refusent de se plier aux injonctions des IEN(5). Cela s’explique en partie par le fait que, bien qu’ils disposent encore d’une certaine liberté dans les choix de leurs pratiques pédagogiques, pour un certain nombre d’enseignants en REP, ce n’est déjà plus le cas. Dans certaines zones d’expérimentation, la méthode “explicite” est imposée en maternelle comme au primaire. Sans compter que cela semble être en prime une affaire commerciale relativement juteuse. La méthode nécessite l’achat d’un matériel pédagogique qui coûterait aux alentours de 8000 euros. Toutefois, dans certains endroits, l’Education Nationale semble faire machine arrière et n’a pas reconduit l’expérience. Quelques cadres de l’institution ne souhaitaient pas la généraliser et auraient même fait valoir une question d’éthique …
Boulogne-sur-mer, le 17/04/16
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Notes :
(1) La commission européenne vient d’allouer plus d’un milliard d’euros aux projet de recherche “Humain Brain Project”.
(2) Mediapart a révélé dernièrement que le tout nouveau mouvement politique de Macron était hébergé au domicile personnel du directeur de l’institut Montaigne.
(3) Site : « http://www.agirpourlecole.org/portfolio/partenaires/«
(4) Essentiellement pour les activités mathématiques.
(5) Inspecteur de l’éducation nationale.
Le plus affligeant dans cette histoire, c’est de vendre une marchandise frelatée, c’est à dire un apprentissage de type frontal des plus classiques où « le professeur dit le savoir, fait répéter individuellement ou en choeur de manière très fréquente » pour le nec plus ultra du marché de la pédagogie … L’enseignement explicite très concrètement c’est la chaîne de production telle que Taylor l’a définie appliquée à l’espace classe :
– Une organisation prétendument scientifique des tâches en lien cette fois avec les recherches en neuro-sciences.
– Une totale parcellisation des tâches d’apprentissage et une perte de sens. En activité de lecture, les enfants peuvent répéter des syllabes sans faire de sens pendant des semaines. Quand on juge qu’ils ont suffisamment syllabé, ils ont le droit de “faire du sens” avec les mots, de construire des phrases.
– La pratique est chronométrée (!) l’enfant doit sans cesse tenter d’améliorer son score.
On y retrouve même l’équivalent du bureau des méthodes : la méthode, le matériel et les procédures sont fournis et on ne peut s’y soustraire. L’enseignant est ravalé à la simple fonction d’exécutant. Enfin il y a la mise en compétition des enfants durant l’apprentissage afin d’augmenter la cadence et les résultats du groupe.
Jusqu’à cette année, j’étais assistante dans les écoles et classes de REP+. Mais depuis la dernière rentrée scolaire, on m’impose une nouvelle mission dans certaines classes de « grande section » (GS) de maternelle, toujours en lien avec le dispositif REP+.
Elle consiste à mettre en application une nouvelle méthode de lecture, dite syllabique, avec des enfants de 4/5 ans, qui, jusqu’à présent, ne devaient apprendre que quelques bases, progressivement, afin d’intégrer la classe de CP et, l’apprentissage traditionnel de la lecture.
Voilà en quoi consiste mon travail lorsque, chaque matin, je me rends à la maternelle :
A mon arrivée dans l’établissement, on me remet une liste de groupes, qui comporte environ 5 ou 6 noms d’élèves. Je dois m’organiser pour faire passer tous les groupes en une matinée. Cette tâche est chronométrée par le directeur de l’école (ça fait partie des choses qu’on lui a demandé d’appliquer). Je dois, selon le niveau des groupes, « accaparer » les enfants pendant 20, ou 30 minutes. J’ai une salle de classe à ma disposition, je suis donc également chargée de faire « le transfert » d’élèves répartis dans les 2 classes de GS. C’est une opération délicate puisque, par manque de temps, nous sommes obligés (l’enseignant et moi-même) de mettre sous pression le ou la petit(e), qui, bien souvent à cet âge, a besoin d’un certain temps pour arrêter son travail en cours et regarder ce qu’il se passe autour…
Hormis les conditions de travail qui font réellement penser à l’usine, la partie pédagogique vaut également le coup d’œil.
Donc, une fois le petit groupe assis, je sors un énorme classeur avec un tas de fiches d’exercices numérotées. Il y a une fiche par exercice qui comporte plusieurs items. De plus, pour continuer dans le domaine de la frustration des petits, je dois noter au fil de la séance mes observations, si un enfant a soudainement un défaut de « performance » ou, au contraire, si son voisin a bien réussi, tout est noté, devant eux. Bien souvent, un rapport de force s’installe entre les élèves, cette méthode met en avant celui qui réussit, et banalise l’échec lorsqu’un enfant a un rythme moins « performant ».
C’est une méthode de lecture syllabique, donc, aucune place n’est laissée à la réflexion, l’élève doit répondre du « tac au tac ». Par exemple, si je prononce le son « r » et la voyelle « a », l’enfant doit rapidement me dire « ra ». Nous travaillons placés en cercle et dans le sens des aiguilles d’une montre. Pendant 20 minutes (ou 30) je leur pose une question à tour de rôle, et ainsi de suite. Si au bout de 8 secondes il n’y a pas de réponse, ou si elle est fausse, c’est au voisin de prendre le relais. « Si je dis la syllabe « mi », quels sons entends-tu dedans? » 1-2-3-4 … « tu ne sais pas ? Alors à ton voisin ! ».
A la fin d’une fiche d’exercice, nous procédons à une évaluation pour décider si nous pouvons passer à l’étape suivante. Dans un groupe, un élève peut recevoir la notation : A (acquis), et un autre : NA (non acquis) ; dans ce cas je dois réorganiser les groupes afin qu’ils restent homogènes. Cela demande énormément de temps et de patience.
Un enfant qui arrive en GS a 4 ans ou déjà ses 5 ans, dans tous les cas il n’est pas prêt et en condition pour assimiler cette méthode très technique et robotisée. On coupe court à la réflexion, on le lobotomise avec cette façon directe de répondre à une question. Une fois que l’on a capté son attention, on ne le lâche plus et on lui bourre le crâne pour lui apprendre la technique de l’automatisme.
Bilan en cette fin de mois d’avril : tout est à jeter !