Vidéo-surveillance à Boulogne-sur-mer: de la proximité des élections municipales, de la petite bourgeoisie social-démocrate locale et de ses caméras de surveillance

Vidéo-surveillance à Boulogne-sur-mer: de la proximité des élections municipales, de la petite bourgeoisie social-démocrate locale et de ses caméras de surveillance

 

 

Nous pressentions qu’il ne s’agissait que d’une question de temps. La période et la proximité des élections municipales ont semble-t-il hâté les choses.

La gauche boulonnaise a donc franchi le pas et s’abandonne depuis peu à la pratique de la vidéo-surveillance. Reconnaissons d’abord que dans la population locale, l’annonce a suscité fort peu de réactions. Les difficultés quotidiennes accaparent une partie grandissante des familles, que la banalisation des multiples formes du contrôle social ont rendu, par ailleurs, fort peu sensibles à la question. (texte aussi disponible en pdf, ici)

 

camouette.jpg

 

Le consensus sécuritaire : des Facistes aux Sociaux-démocrates, une vieille histoire…

 

Il n’en fut pas de même au coeur du sérail politique local. L’espionnage de rue y a déclenché une empoignade verbale entre têtes de liste aux prochaines municipales, sans égard pour le citoyen candide qui escomptait proprement un débat contradictoire. Mais voilà, de débat, il n’y aura pas. Du Front National jusqu’à la femme de paille du ministre des transports, mairesse par intérim, tous ont clamé et revendiqué à l’unisson la paternité du contrôle de la population par les écrans. Signifiante unanimité. Tous, à un bémol près. Le PS, tenant du double discours ordinaire, s’est défaussé sur l’ Office Public de l’Habitat qui prétexta de son côté le “réaménagement des quartiers”. Joli numéro de duettistes … Dans une version citoyenniste, l’égale en tous points de ses soeurs jumelles républicaine de droite ou d’extrême droite, l’adhésion de la gauche à l’idéologie et aux pratiques sécuritaires n’est une surprise que pour les gobe-mouches. Pour qui connaît l’histoire des sociaux-démocrates européens, le bilan en la matière n’est plus à écrire mais inlassablement à exhumer. Petit inventaire non exhaustif : “Va-t-en guerre” des deux côtés de la frontière en 1914; gagnés à l’Union Sacrée en France; bouchers de la commune de Berlin et assassins de Rosa Luxembourg -un petit meurtre entre “camarades”, outre Rhin; ralliés à Pétain en avril 1940 (90 parlementaires de la SFIO); briseurs des grèves de mineurs de 1948; colonialistes de la première heure et “saigneurs d’indigènes” à la demande : Indochine, Algérie … de Gustav Noske à Manuel Valls en passant par Mitterand1, la social-démocratie se compose depuis plus d’un siècle d’une petite bourgeoisie arriviste prompte à tout ralliement aux pouvoirs forts, invariablement du côté du manche, au seul service des intérêts du capital.

 

Qu’est ce que la politique sécuritaire ?

 

La politique sécuritaire est l’appendice idéologique de l’offensive travestie sous le vocable de “Crise” que mène la bourgeoisie contre le prolétariat depuis la fin du compromis fordiste. C’est à dire, depuis le début des années 70. A partir de cette date, le capital est confronté à une crise sans précédent de sa valorisation ; une crise structurelle. Afin d’entraver, au coeur même du procès de la production, la chute du taux de profit, les Etats ont d’abord eu recours à la restructuration et la liquidation de pans entiers de l’industrie jugés obsolètes. Ces restructurations

ne seront qu’une première étape. Les mêmes Etats vont alors se livrer à la déréglementation tous azimuts des marchés du travail et de la finance, puis recourront aux délocalisations et s’attaqueront enfin à tout ce que la bourgeoisie avait un temps concédé aux travailleurs comme contrepartie de leur exploitation, à savoir les différentes formes d’assurances sociales : retraites, système de santé, allocations et salaires indirects, etc … C’est cette politique de la terre brûlée dont on peut constater aujourd’hui les effets en Grèce que les économistes bourgeois nomment le “libéralisme”. Mais surtout, le capitalisme étant un rapport social total et non seulement économique, il détermine également les formes d’existence concrètes des individus. Voilà pourquoi une masse sans cesse croissante de prolétaires devenus surnuméraires a subi la destruction pure et simple de son mode de vie. Toute une culture, des formes de solidarités, de vie sociales et collectives, d’entre-aide et de résistance ont été depuis quarante ans purement et simplement éradiquées, annihilées.

 

 

Un mode de contrôle et de gestion des

populations par temps de “Crise”

 

Depuis, sur les ruines du prolétariat déchu des « trente glorieuses », une foule grandissante de nouveaux déclassés compose une masse diffuse; moins disposée pour les raisons parfois les plus contradictoires à se laisser encadrer. Les émeutes urbaines qui sévissent sur tous les continents, sans exception, nous en rapporte l’écho depuis ces dernières décennies. Partis et syndicats, aujourd’hui inadaptés à contrôler des masses d’individus atomisés, les Etats se tournent vers desexpédients plus directs. L’élaboration d’un discours idéologique criminalisant tout ou partie des prolétaires est un outil parmi d’autres d’un processus global de soutient à l’ordre bourgeois. Ce discours n’est pas seulement l’apanage de la droite et des fascistes. Ces derniers temps, la gauche se l’est approprié à mesure qu’elle allait puiser son fond électoral vers d’autre latitudes. Délaissant une base ouvrière qu’elle avait précédemment mené à l’abattoir, elle fraye dorénavant avec les dites “classes moyennes” parfumées aux essences libéralo-sécuritaires. Mais l’idéologie, à elle seule, ne saurait suffire si elle ne trouvait, sur le terrain, à s’incarner dans des pratiques efficaces de contrôle et de domination des populations. A cet effet, on assiste à la mobilisation de tout un arsenal mêlant méthodes contre-insurectionnelles héritées des guerres coloniales, militarisation des polices, désinformation et déploiement d’outils technologiques des surveillances dernier cri.

 

serrure.jpg

 

Caméras de surveillance et

libertés publiques”

 

Ecartons maintenant tout argumentaire en défense du non-respect des “libertés publiques et des droits de l’homme”. Il y a bien longtemps déjà que les dites “libertés publiques” se réduisent à la seule injonction de se conformer aux règles édictées par et dans l’intérêt exclusif de la bourgeoisie. Et c’est précisément au nom de cet “intérêt général” que cette même minorité masquée par ses écrans surveille du haut d’une légitimité usurpée la masse anonyme des exploités qui la fait vivre et l’entretient. Les écrans ne sont qu’un des outils d’un contrôle social généralisé pour lequel l’Etat a reçu la charge d’établir le cadre juridique taillé à la mesure. Un cadre par ailleurs amplement contourné puisque pour une large part d’entre elles, les caméras sont installées, soit en totale infraction des lois édictées, soit dans le flou juridique. Ces caméras sont avant tout un instrument entre les mains des couches urbaines les mieux loties : commerçants, classes moyennes, et autres alliés objectifs de la bourgeoisie dans le contrôle et le redécoupage à façon des territoires urbains en vue de leur subordination aux lois du capital.

 

 

Le marché très juteux de la surveillance

 

Maintenant, parlons gros sous ! Le coût de l’installation de neuf caméras “pour commencer et à titre expérimental” s’élèverait selon les édiles locaux à un montant de “83 000 euros” et “la moitié de cette somme devrait être subventionnée par le fonds interministériel de la lutte contre la délinquance”. Selon l’Etat lui même, le coût par caméra et par an s’élèverait à 7 400 euros en moyenne. S’il est un marché qui ne connaît pas la crise, c’est bien celui de l’industrie sécuritaire. Actuellement, en France, quinze entreprises principales se partagent un pactole de près d’un milliard d’euros à l’année dont une partie non négligeable provient directement de la poche des contribuables. Et ce n’est qu’un début ! Bientôt, des caméras d’un nouveau genre permettant l’utilisation de logiciels et le recours au système informatique global remplaceront celles actuellement en service. C’est donc l’ensemble du parc que ces entreprises entendent faire renouveler et ainsi pouvoir continuer à se gaver jusqu’à la gueule. Bref, les petites affaires entre amis ont un bel avenir devant elles …

 

 

A l’usine, au bureau et au bistrot : le patron te mâte

 

Que ce soit à l’usine, au bureau, dans l’industrie ou les services, le flicage a toujours fait partie intégrante de la condition du prolétaire. Les dernières affaires en date sous les enseignes des groupes Ikéa, Castorama,etc… ne sont que la partie visible de pratiques très largement répandues sous de multiples formes. La CNIL, cette caution démocratique à l’hystérie sécuritaire dit aujourd’hui s’en inquiéter. Selon elle, entre 2011 et 2013, les plaintes déposées par un salarié contre son patron pour espionnage vidéo ont augmenté de 13 %. En réalité, la seule chose qui a évolué, ce sont les méthodes qu’emploient dorénavant le patronat pour parvenir à ses fins. Le petit chef ou le mouchard cède progressivement la place à un arsenal dont la vidéo n’est qu’un instrument parmi d’autres. Mais ce processus se double d’un autre, plus pervers encore. Celui là s’introduit partout et se montre d’autant plus redoutable qu’il bénéficie de l’adhésion, en partie au moins, indispensable à toute forme de domination pour qu’elle puisse se déployer et assujettir à sa guise. Les nouveaux outils de la communication placent dorénavant l’objectif des caméras au centre de pratiques consuméristes régressives assez inédites. Leurs utilisateurs n’hésitent plus à se mettre en scène sur les réseaux dit “sociaux”, là où la désinhibition domestique et mercantile s’incarne ostensiblement au travers d’un exhibitionnisme débridé. La fascination/soumission envers l’ordonnancement capitaliste de la technique et des technologies atteint chaque jour de nouveaux sommets …

 

 

camover.jpg

 

Dieu pardonne … Pas le prolétariat !

 

Maintenant, que faire ? Nous sommes bien sûr solidaires des luttes en cours contre l’ordre sécuritaire et qui s’expriment au travers des actions de collectifs locaux. Nous le sommes tout autant de celles menées plus spécifiquement contre les caméras de vidéosurveillance : campagnes, débats, destructions de caméras, etc… Tout ce qui est gagné, même à une échelle réduite, de manière partielle et temporaire prouve, s’il le faut encore que, la domination du capital n’est et ne sera jamais totale ni définitive. Mais, il est parfaitement évident que ce n’est qu’à partir du moment où les exploité-es se mettront en mouvement, qu’ils commenceront à s’organiser par leurs propres moyens afin de défendre les seuls intérêts qui sont les leurs, que la peur commencera à changer de camp. Pour cela, il n’y a pas de recette, ni d’homme ou de femme providentiel-le à attendre. Il n’y a que la nécessité de commencer à se regrouper, discuter, réfléchir, échanger sur nos lieux de travail, nos lieux de vie… Et c’est ce qui est le plus difficile à réaliser en ce moment, nous en sommes bien conscients. Sur plusieurs continents des mouvements populaires contestent dans la rue l’ordre existant et sa logique qui nous conduit à tombeau ouvert vers la barbarie. En Europe, c’est également le cas dans des pays comme la Grèce, par exemple. Il n’y a donc pas de “reprise” ou de “relance” à attendre, le capital entend simplement nous faire la peau et compte au surplus sur notre collaboration afin d’y parvenir. A nous tous, travailleurs, chômeurs, retraités, étudiants, lycéens… avec ou sans papiers(!) de lui faire quitter la scène de l’histoire au plus vite et de la seule manière qu’il se doit : les deux pieds devant ! Une révolution reste à faire !

 

 

Petite galerie de portraits Sociaux-démocrates avec citations à l’appui :

 

Gustav Noske : (1868-1946). Artisan, puis journaliste. Elu du SPD, il assure la collaboration du parti avec l’état major de l’armée dont il bénéficie de la totale confiance durant toute la durée de la première guerre mondiale. Lors de la commune de Berlin, Noske donne plein pouvoir aux “corps francs”, des troupes de mercenaires qui préfigurent les milices nazis, afin de réprimer les ouvriers insurgés. Lors de ces événements, Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht seront assassinés. Citation : « Il faut que quelqu’un fasse le chien sanguinaire: je n’ai pas peur des responsabilités ».

 

François Mitterand : (1916-1996). Ministre de l’intérieur en 1954, opposé à l’indépendance de l’Algérie. A couvert les exactions en tous genres de l’armée française contre les indépendantistes. Citation : “Nous ne frappons donc pas d’une manière collective. Nous éviterons tout ce qui pourrait apparaître comme une sorte d’état de guerre dont nous ne voulons pas mais nous châtierons d’une manière implacable les responsables.”

 

Manuel Valls : (1962). Ministre de l’intérieur de F.Hollande. N’atteint pas encore le palmares des deux précédents mais se montre prometteur. Citations : “Tu me mets des Whites, des Blancos … hi hi hi!” ou encore : «Oui, il faut dire la vérité aux Français: ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation avec les populations locales.»

 

 

Comptez vous êtes filmés

Quand la cour des comptes dénonce les caméras de surveillance

 

Pour nous, la Cour des Comptes n’est non seulement pas une référence, mais bien plutôt un instrument politique au service de l’Etat et de la Bourgeoisie. Nous noterons toutefois que, l’Etat lui-même lorsqu’il se préoccupe de nos sous, pointe ses propres contradictions. En conclusion de son rapport sur l’usage des « forces de sécurité » en France, on pouvait lire : « …Encouragé par l’Etat, le recours croissant à la vidéosurveillance de la voie publique ne peut se substituer à l’action des forces de sécurité étatiques ; il s’y ajoute. La charge financière et la gestion des dispositifs incombent, pour l’essentiel, aux communes. Le déploiement et l’utilisation de ces dispositifs s’opèrent dans des conditions de régularité mal contrôlées par l’Etat et parfois en infraction à la loi. L’absence, en France, de toute évaluation rigoureuse de l’efficacité de la vidéosurveillance de la voie publique est une lacune dommageable, notamment au regard du montant des dépenses publiques engagées… »1 La cour reprochait entre autre au gouvernement de ne pas donner les moyens aux commissions de contrôle départementales de la vidéoprotection de faire son travail à savoir éviter les abus : « son rôle est exclusivement formel », « …en l’absence de moyens matériel et humain, les commission départementales ne peuvent exercer ce pouvoir de contrôle… ». Un autre reproche porte sur l’absence de qualification ou d’habilitation des personnes chargées de l’exploitation des systèmes de vidéosurveillance. Enfin en pointant l’absence d’analyse scientifique sur l’impact sur la criminalité ou la délinquance, la cour note que le nombre d’infractions élucidées par la vidéosurveillance est négligeable.

 

En d’autres termes, on nous fait payer trop cher un outil inutile, utilisé par des incompétents que l’Etat lui-même ne peut pas contrôler…

 

1 – La Cour des Comptes. L’organisation et la gestion des forces de sécurité publique. Juillet 2011

 

Ci-joint, nous mettons à disposition l’affiche réalisée et collée par nos soins contre la vidéo-surveillance à Boulogne-sur-mer.

 

affiche

Publié dans Politique sécuritaire | Commentaires fermés sur Vidéo-surveillance à Boulogne-sur-mer: de la proximité des élections municipales, de la petite bourgeoisie social-démocrate locale et de ses caméras de surveillance

La Scop : tentative de réappropriation collective ou nouvelles formes de dépossession des travailleurs. Seafrance/My Ferrylink.

La Scop : tentative de réappropriation collective ou nouvelles formes de dépossession des travailleurs. Seafrance/My Ferrylink.

 

Confrontés à la fermeture de l’entreprise dans laquelle ils travaillent, des ouvriers, des marins, des techniciens… décident de poursuivre l’activité pour leur propre compte en s’organisant sous le régime de la Scop. Nous n’allons pas relancer le débat mainte fois rebattu entre partisans et adversaires de la coopérative ouvrière, tout a déjà plus ou moins été démontré et quant à nous, nous avons affirmé à plusieurs reprises que nous n’entretenions aucune illusion sur le sujet (1). Pour autant, ces travailleurs ont fait des choix, comme ceux de Seafrance par exemple, qui les placent au coeur de nouvelles contradictions. Ce sont ces nouveaux antagonismes qu’il nous plaît aujourd’hui de sonder dans le long et sinueux cours de la lutte entre les classes.

La scop, le nouveau flambeau d’une certaine gauche

Depuis quelques années, la scop connaît une certain regain d’intérêt. En 2011, on dénombrait plus de 2000 entreprises adhérentes à la Confédération Générale des Scop ainsi que 45 000 salariés travaillant sous ce régime particulier. La santé des scop serait bonne, nous dit-on, voire meilleure que celles de certaines entreprises classiques. Quelques patrons affirment d’ailleurs qu’elles sont l’avenir d’un capitalisme qu’ils rêvent pacifié, plus humain et solidaire(2). Pour une certaine gauche, la philosophie de la scop semble aujourd’hui occuper la place qu’y tenaient il y a quelques décennies encore “l’autogestion” et/ou les “nationalisations”, lorsqu’il s’agissait alors de trouver la voie d’un “socialisme à la française”. Ainsi le Parti de Gauche y entrevoit : “…un outil formidable pour lutter contre les délocalisations.(…) un levier d’espoir pour les salariés et les citoyens de ce pays(3).» En quelque sorte, une piste programmatique supplémentaire aux côtés de l’inusable “défense des services public” et des campagnes mystificatrices contre les “excès du capitalisme financier”; un fanal additionnel dans la recherche d’un nouveau compromis social pour le moins anachronique.
En regard des reculs qu’accuse le mouvement ouvrier et face à l’offensive que mène actuellement le capital, ceux qui encouragent à emprunter cette voie participent d’abord à légitimer des réflexes funestes mêlant protectionnisme économique et discours nationaliste(4). Ils inoculent de la sorte un poison qu’ils disent combattre par ailleurs et persistent à désarmer les travailleurs dans un contexte international qui réclame, pour le moins, d’avoir les idées claires. L’engouement actuel pour la reprise en scop d’entreprises qui ferment leur portes : l’imprimerie Hélio-Corbeil dans l’Essonne ou l’usine Fralib du groupe Unilever pour ne citer que ces seuls exemples, traduit assez nettement ces limites. Il témoigne incontestablement de la combativité de la base, d’une volonté de trouver collectivement une issue, voire de dépasser les limites qui s’imposent aux travailleurs lors d’une fermeture d’entreprise(5). Un choix qui semblerait offrir d’avantage en terme de perspective que la “prime à la valise” même arrachée de haute lutte, qui, en définitif, renvoie chacun à l’isolement et à l’impuissance.
Quand les scop révèlent les limites actuelles du mouvement ouvrier.

Nous ne balayons donc pas d’un revers de manche ces expériences. Elles piquent forcément notre curiosité et ont valeur d’exemple. Particulièrement dans le cas qui nous occupe, celui de l’entrepriseSeaFrance, où s’exposent assez clairement les multiples rapports de force à l’oeuvre dans l’élaboration d’un projet qui, en cherchant d’abord à se prémunir de la concurrence, échappe déjà à ses initiateurs et servira, en définitive, les intérêt d’un groupe capitaliste initialement concurrent.
Ce retour en grâce de la scop, révèle par ailleurs la difficulté actuelle à penser, sur le terrain de la production, le sens que l’on entend donner aux luttes. Ces dernières années, les ouvriers de boîtes condamnées se sont d’abord battus afin d’obtenir de meilleurs indemnités de départ. L’objectif leur apparaissait, si ce n’est à portée de main, du moins accessible à l’issue d’un rapport de force mené parfois de manière désespérée. Faire ce choix, comme aujourd’hui celui de la scop, montre que c’est avant tout la proximité immédiate, celle du lieu de travail, ou en l’occurrence sa disparition prochaine qui borne l’horizon de ceux qui luttent. Le champ des possibles y apparaît fatalement réduit et la direction à prendre s’impose pratiquement d’elle même. Cette réalité se découvre d’autant plus rude à ceux qui se battent, qu’ailleurs, d’autres qu’eux se confrontent dans des conditions comparables aux mêmes difficultés. Néanmoins, ce sentiment bien souvent partagé s’accompagne parfois d’une intuition : c’est en parvenant à s’extraire du cadre imposé que l’on établira avec les patrons et l’Etat un rapport de force notable(6).
L’enjeu de la période engage par conséquent à porter l’affrontement au delà du lieu de production lui même, de travailler à la création d’un rapport de force commun et global en lien avec ceux qui ailleurs subissent le même sort. Une démarche difficile, s’il en est, qui trouvera forcément sur son chemin les opposants résolus à toute initiative autonome de la base, en premier lieu desquels figurent les appareils et bureaucrates syndicaux. Le tour que semble prendre la mobilisation dans le cadre de la fermeture de l’usine d’Aulnay nous en apporte l’exemple une fois encore. (ibid).
Lorsque la raison de la justice croise celle des politiques …

Aux propositions émanant de l’alliance DFDS/Louis Dreyfus et du suédois Sténa-Lines, le tribunal de commerce de Paris a finalement préféré le projet porté par le groupe Eurotunnel. Jacques Gounon, son président a ainsi racheté trois navires de l’ex-société SeaFrance, les stocks et la marque pour un montant de 65 millions d’euros(7). La société ferroviaire devient ainsi armateur et loue depuis les navires à la coopérative par le truchement d’un montage financier reposant sur six filiales dont le capital est ouvert aux collectivités locales.
La question de l’emploi aurait été déterminante nous affirme-t-on, dans la décision que le tribunal a été amené à rendre. La promesse faite par l’ancien secrétaire de la CFDT de créer à terme 560 postes aurait somme toute permis à la Scop de voir le jour après de multiples péripéties. Mais c’est d’abord l’effacement d’une créance d’un montant de 180 millions d’euros au profit du principal débiteur, la SNCF, qui dans le climat électoral du moment a plus sûrement fait pencher la balance du côté d’Eurotunnel(8).
… l’opportunisme électoral n’est jamais loin.


Si la CFDT a recherché l’appui des politiques locaux afin de mener à bien son projet, force est de constater que, dès le départ, l’affaire semblait bien mal engagée. Eric Vercoutre, le secrétaire du comité d’entreprise SeaFrance rappelait à ce titre : “On connaît tous les détails de cette histoire et les positions des deux gouvernements n’ont jamais été claires. Des deux côtés, on nous a mis des bâtons dans les roues”. Il est sûr qu’avant les élections présidentielles, ni la droite ni le Parti Socialiste ne soutenait le projet. A la tête de la région, le socialiste Daniel Percheron ne cachait d’ailleurs pas sa défiance à l’égard de la coopérative ouvrière. Plus généralement, le P.S s’en tenait comme à son habitude à produire un double langage et à jouer un double jeu. Ainsi, devant les caméras et la presse, il entretenait le simulacre d’un appui à la Scop tandis que “dans l’ombre, le vice président de la région Nord-Pas-de-Calais, Pierre de Saintignon, usait de persuasion auprès de l’avocat de la CFDT afin qu’il convainc ses leaders de rencontrer le consortium Dreyfus/DFDS”(9).

Avant sa nomination au poste de ministre des Transport, Frederic Cuvillier, alors maire de Boulogne-sur-mer, s’était lui aussi abstenu de prendre parti pour le plan porté par la CFDT. Il en était au sein de sa formation politique l’ un des opposants déclaré : “ Je pense que la suite à donner dans cette affaire, qui est entre les mains du liquidateur, doit prendre en compte à la fois la plus-value sociale des offres ainsi que leur crédibilité dans un marché tendu. On ne doit ni déstabiliser le marché, ni prendre le risque de se retrouver avec un nouveau SeaFrance dans deux ans. Rien ne serait pire pour la cause de l’économie sociale et solidaire qu’une reprise qui ne se trouve pas, au final, être durable ni pérenne”. A la faveur des échéances électorales, il s’est ravisé s’empressant de dénoncer : “ la façon regrettable dont la SNCF et le gouvernement Fillon avait traité l’affaire (…) les ministres concernés n’ayant pas rempli leur mission”. Puis, une fois assuré de la forme juridique que prendrait l’affaire, une ordinaire société anonyme, il s’est rallié à : « une solution pérenne sur le plan économique et favorable à l’emploi». Enfin, le 7 juin 2012, il s’emparait de l’affaire et proclamait avec détermination : “J’ai informé le président de la République François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault de ma démarche en conseil des ministres, précise-t-il. Je me suis également entretenu de la situation de SeaFrance avec Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif) et Benoît Hamon (ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire). Les choses sont claires : c’est moi qui pilote !”

Cette récupération d’entre deux tours permit un affichage à peu de frais au tout nouveau ministre ainsi qu’à son homologue du “Redressement Productif”. Ainsi à son tour, Arnaud Montebourg se découvrait une humeur coopérative, jugeant le dessein :“ intéressant, humain, performant et non délocalisable”, concluant que : “les coopératives ont une place importante car c’est un capitalisme à visage humain … » . Il est vrai que se précipiter au chevet d’une filiale agonisante de la SNCF n’implique pas la même détermination que d’affronter un groupe industriel de taille international. Les travailleurs d’Aulnay et de Florange jugeront sur pièce…

La comédie fut à son comble lorsqu’à son tour, le PCF, par la voix de l’ancien maire de Calais remercia “publiquement le groupe Eurotunnel et particulièrement son PDG Jacques Gounon de l’implication positive qu’ils auront eu dans ce dossier», qualifiant dans le même temps “d’ignoble le comportement de la SNCF”. Les derniers laudateurs des secteurs étatisés du capital en cherchent encore leur latin …

Sous l’oeil inquisiteur des mécènes …

L’équilibre de la trésorerie sera d’évidence le point névralgique de la scop si elle parvient à maintenir son activité. A son lancement, la coopérative ne disposait que des fonds investis par les 850 sociétaires. Parmi ceux là, figurent les 400 salariés ayant apporté avec eux 5 000 euros chacun au titre de leur indemnité de licenciement. Au total, le capital de départ s’élevait à 2 millions d’euros. A notre connaissance, les 25 000 euros promis par la SNCF à chaque employé qui les investirait dans le projet ne leur ont toujours pas été versés et feraient, encore à cette date, l’objet d’un litige. Conscientes de ces difficultés, certaines collectivités territoriales ont apporté leur contribution au projet porté par des marins qui, par ailleurs, sont également des électeurs. La ville de Calais a donc versé un million d’euros, de même que la ville de Gravelines et celle de Grande-Synthe. La pratique est monnaie courante puisqu’il s’agit selon la formule consacrée de “soutenir le tissu économique local” en versant des aides publiques à des entreprises privées, la plupart du temps sans contrôle ou contre partie aucune. Cette fois, le scénario apparaît un peu nouveau et le contrôle des mécènes ouvertement intéressé. En plus de l’autorité du groupe pour lequel elle soustraite, la scop aura vraisemblablement à supporter les menées et les rivalités des potentats locaux.
Prenons pour exemple le président de la Région Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron. En promettant une aide d’un montant de 10 millions d’euros à la scop il réclamait en retour la réouverture d’une ligne trans-Manche au départ du port de Boulogne-sur-mer(10). Un moyen comme un autre de rentabiliser le Hub-port, ce caprice du patronat local financé pour un montant de 45 millions d’euros par les fonds public et aujourd’hui sans activité. Est ce à dire qu’il y aurait deux poids deux mesures dans la manière de distribuer l’argent public ? On serait amener à le supposer. Les mêmes, d’habitude si peu regardant admonestent cette fois, comme le doctoral Frédéric Cuvillier qui prévient:” la qualité de service, la régularité, le sérieux seront des gages de crédibilité. Il y a toujours des leçons à retenir du passé. Il y a parfois des actes courageux à accomplir, dans la vie d’une société. (…) My Ferry Link doit trouver sa vitesse de croisière, si j’ose dire. Elle doit adopter une stratégie commerciale qui assure sa pérennité. Elle devra se rendre attractive, notamment par une qualité de service irréprochable.”

… et entre les mains d’Eurotunnel.

Avec désormais quatre enseignes exerçant une même activité sur le détroit, les anciens de Seafrance se retrouvent livrés in naturabilus entre les mains et au service de la stratégie d’une ordinaire entreprise capitaliste. Le supplément d’âme dont, d’ordinaire, on aime à parer l’ économie dite “solidaire” risque en la circonstance de se diluer dans les combinaisons du groupe Eurotunnel. En rachetant les actifs de SeaFrance, Jacques Gounon entend avant tout consolider une position dominante sur le marché et se prémunir face à une concurrence qui dernièrement s’est diversifiée(11). L’acquisition des navires de la SNCF pour une somme inférieure à leur valeur réelle permettra au groupe d’asseoir sa position tout en imposant le contrôle des tarifs pratiqués sur et dessous la Manche. L’équilibre financier serait obtenu à partir de 6 % à 9 % du marché global d’ici deux ans.
Il n’échappe donc à personne que les gains de productivité escomptés par les uns et les autres ne pourront se réaliser qu’à la condition d’une exploitation accrue de la force de travail, voire au prix de la disparition à terme d’une ou plusieurs unités de production. Les patrons de P&O n’ont pas tardé à réagir, d’abord en laissant entendre qu’ils attaqueraient Eurotunnel auprès de la commission européenne pour “Abus de position dominante”, puis en déclarant qu’à l’issue“d’une étude détaillée”, ils réduiraient leurs coûts d’exploitation. Se voulant rassurante, la directrice de la société anglaise a affirmé qu’il ne s’agit pas pour le moment de supprimer des postes mais : d’analyser toutes les activités pour voir celles où l’on pourrait baisser les coûts, gagner en rentabilité. »Il semble pourtant que pour le capital, la gamme des moyens lui permettant d’y parvenir demeure invariablement la même : attaques sur des conditions de travail, réduction des salaires. concentration de l’activité, diminution des effectifs. Dès lors, la scop se borne à n’ être plus qu’un simple instrument au service d’une politique dont les travailleurs, quelque soit l’enseigne sous laquelle ils se font exploiter, seront les premières victimes.
Le contrôle par les travailleurs …

Historiquement, les coopératives ouvrières sont nées au XIX° siècle de la réaction des ouvriers de métiers issus des corporations, à l’encontre de l’industrialisation accélérée de la production. Aujourd’hui, une scop mobilise, comme dans n’importe quelle autre entreprise, différentes catégories de travailleurs ce qui pose de fait la question de la hiérarchie des tâches et de l’organisation du travail. Dans le meilleur des cas, celui où la structure du travail sera repensée collectivement, on tentera malgré des contraintes incontournables -l’existence d’un marché reposant sur la loi de la valeur- d’organiser autrement l’activité : éviter autant que faire se peut la spécialisation, organiser la rotation des rôles, repenser les gestes et les façons de produire, les horaires, etc… Toutes choses difficilement imaginables dans un secteur d’activité comme celui où exerce la scop Seafrance marqué justement par une très forte spécialisation et séparation des fonctions. A notre connaissance, les Ferries d’Eurotunnel naviguent avec des officiers mis à leur poste par la direction et de toutes les façons inamovibles. Et il en va de même à chaque échelon de la hiérarchie sur les navires. On touche ici à l’une des limites évidentes des scop. Si elles peuvent offrir parfois et de manière très marginale des espaces d’initiative, il apparaît in-envisageable qu’elle puisse s’extraire de l’organisation capitaliste du travail.

… ou le contrôle des travailleurs !?

Maintenant, regardons les choses en face. Sur un marché concurrentiel comme celui du ferry trans-Manche, quel rôle va être amenée à jouer l’ex-bureaucratie syndicale de la CFDT ? Organisera-t-elle la riposte ou encadrera-t-elle la main d’oeuvre afin de l’amener à accepter des baisses de salaires, des modifications d’horaires et la dégradation de ses conditions de travail ; en bref, la contraindra-t-elle à l’auto-exploitation afin une fois encore de “sauver l’emploi”, entendez, convenir aux seuls intérêts du patronat du détroit ?

La question mérite d’être posée à au moins deux titres. Le premier car la scop Seafrance est assez représentative des coopératives créées et portées à bout de bras par une équipe syndicale quand survient une cessation d’activité. Dans ce cas précis, le syndicat occupe une place prédominante ainsi qu’une fonction tutélaire qui, sans trop de surprises, laisse présager de la suite des événements. Précédemment considéré comme le principal, si ce n’est le seul, interlocuteur de la direction il s’y substitue dorénavant auprès de la base. C’est une évolution plusieurs fois observée dans l’histoire de scops. Une séparation s’opère alors entre d’un côté les producteurs et de l’autre un groupe issu ou reconnu par la base elle-même comme “le plus apte” à conduire les affaires de l’entreprise. On assiste alors au retour sous une autre forme de la séparation entre les spécialistes de la gestion et les assujettis à l’exécution… Nous n’éplucherons pas les mécanismes à l’oeuvre dans ce glissement vers de nouvelles formes de dominations, la plupart du temps à l’oeuvre antérieurement…

Le deuxième tient tout bonnement à l’annonce faite par le PDG d’Eurotunnel à propos des salaires. Le salaire mensuel moyen perçu à Seafrance était à l’époque de 3 600 euros brut. Jacques Gounon a dans une de ses déclarations été on ne peut plus catégorique :“ … le meilleur standard sur le détroit c’est P&O je pense (…) le coefficient de SeaFrance ne permettra pas à l’entreprise de survivre (…) La scop devra baisser les coûts salariaux de moitié”.A bon entendeur …

Et maintenant …

Lors de ces derniers mois, les marins de Seafrance ont démontré une réelle détermination dans la lutte, tant à l’encontre de leur ancienne direction que contre l’appareil de la CFDT. Ils ont par ailleurs résisté sans fléchir à l’une des pires campagnes de dénigrement orchestrée par les médias à l’encontre de travailleurs en lutte. Nous aimerions imaginer qu’ils pourront à l’avenir se consacrer exclusivement à l’élaboration de nouvelles manières de penser et vivre leur activité. En réalité, nous croyons qu’à terme ils seront appelés à reprendre le chemin de la lutte, tout comme leurs camarades des autres compagnies condamnés, comme eux, à subir la guerre que se livrent sur la Manche les patrons du secteur…


Notes :

(1) Voir article précédent : “La liquidation de SeaFrance : le grand bal des faux culs”. Courant Alternatif n° 218. Mars 2012.
(2) Gilles Mougenot, associé du groupe de capital-investissement Argos Soditic déclare dans la presse; “L’économie libérale s’honorerait selon moi d’encourager les Scop, une excellente façon de réunir le travail et le capital.”
(3) L’avocat Philippe Brun, proche du Front de Gauche et spécialiste des plans sociaux ne manque jamais une occasion de promouvoir la reprise en scop des entreprise dont il gère le dossier. Jusqu’au sein du P.S où Benoît Hamont annonce que “le gouvernement veut contribuer au doublement des Scop et à un passage de 40 000 à 100 000 salariés dans ce secteur dans les 5 années qui viennent ».
(4) En quelque sorte une version réactualisée du “Produisons Français” entonné par le Parti Communiste Français lors des présidentielles de 1981.
(5) Pour autant, les Scop issues de la reprise d’entreprise en difficulté ne comptent que pour 5 % du total des entreprises coopératives.
(6) ”…Il manque une perspective. Et on ne voit pas comment elle pourrait être donnée sans dépasser le cadre de Citroën seul. Elle ne pourra l’être que si nous nous tournons vers l’extérieur, si nous trouvons le moyen d’ajouter nos forces à celles de tous ceux qui aujourd’hui font face aux mêmes problèmes et aux mêmes ennemis ; de toutes ces boîtes qui ferment, licencient, ou toutes ces entreprises du secteur privé comme public où les conditions de vie et de travail empirent(…) dès que des contacts se concrétisent, les mentalités changent vite..”. in : http://onsbouge.unblog.fr/2012/10/29/meeting-du-npa-intervention-d’un-camarade-chez-psa.
(ibid). A lire également: “…Finalement, le plus positif de la journée aura été le déplacement d’une soixantaine de camarades (de PSA Aulnay – ndlr) à Faurecia Méru (Oise) où ils ont envahi l’usine équipementier de PSA. Grosse ambiance, accueil enthousiaste par les ouvrières lors de cette rencontre, qui montre le potentiel de solidarité qui pourrait exister si des objectifs clairs, combatifs et communs étaient portés au premier plan..” http://ouvalacgt.over-blog.com/article-psa-aulnay-nouvelle-etape-le-8-novembre-112119181.html
(7) Les trois bateaux étaient initialement estimés à une valeur de 150 à 200 millions d’euros. L’offre de la société Louis Dreyfus s’élevait à 50 millions d’euros, celle de la société Sténa-Lines à 30 millions d’euros. Rappelons que LD-lines a embauché lors de son arrivée à Calais plus de 200 ex-marins SeaFrance. A l’issue de la vente, Eurotunnel a en outre acquis le portefeuille clients (283 adresses e-mail réparties sur douze pays), le portefeuille autocaristes (1 107 noms répartis sur quatre pays) ainsi que le portefeuille clients-fret (1 000 clients et plus de 2 000 contacts).
(8) Le tribunal de commerce de Paris a cédé les actifs de feue SeaFrance sous réserve qu’ Eurotunnel s’engage à respecter trois conditions : – Les trois navires sont inaliénables pendant cinq ans (ils sont affectés sur Calais-Douvres), MFL ne peut accorder, sur les tarifs de transport ferroviaire transmanche de fret, de remise subordonnée à l’offre de transport maritime et ne peut traiter de façon discriminatoire, les clients qui n’utiliseraient pas MFL pour leur transport maritime transmanche de fret ».
(9) https://lamouetteenragee.noblogs.org/post/2012/02/15/la-liquidation-de-sea-france-ou-le-grand-bal-des-faux-culs/
Rappelons que le Conseil Régional détient la propriété et la responsabilité de décision du port de Boulogne-sur-mer.
Pour l’année 2012, le groupe est passé de 38 à 43 % du contrôle du trafic camions et de 46 à 55 % de celui des automobiles.


1° Encadré : Qu’est ce qu’une Scop ?

Scop : jusqu’en 2010, Société Coopérative Ouvrière de Production; depuis, Société Coopérative et Participative. Dans sa forme juridique, la Scop ne diffère pas de celle de la SA ou de SARL. Elle s’en distingue essentiellement dans le fait qu’elle y associe un fonctionnement de type coopératif. Les salariés ont qualité de sociétaires. Ils possèdent au moins 51 % du capital de l’entreprise et disposent de 65 % des droits de vote quant au partage des risques et à l’utilisation des bénéfices. Ces derniers sont d’abord redistribués aux salariés et au fond de consolidation de la Scop. Les fonds constituants la réserve ne peuvent être redistribués. Il existe différents niveaux d’adhésion qui ne confèrent pas les mêmes responsabilités ni les mêmes avantages. “Le sociétaire” participe financièrement ainsi qu’aux assemblées générales d’une scop. Il est électeur au Conseil d’Administration. “Le sociétaire extérieur” apporte, lui, un capital mais ne travaille pas à la scop. Enfin, “l’auxiliaire” est un simple travailleur, qui ne participe pas aux décisions, n’est pas sociétaire mais juste un prolétaire qui perçoit un salaire de la scop.

Encadré 2 : Chérèque, la presse et le syndicat maritime nord de la CFDT.

Opposé au projet de scop, François Chérèque lance à l’époque une procédure de radiation contre le syndicat maritime nord pour « accumulation de faits et événements qui portent gravement atteinte à la CFDT prise dans son ensemble, à ses militants et adhérents ». Le 22 mars 2012, le bureau national confédéral de la CFDT radie le Syndicat Maritime Nord. Depuis, L’ex secrétaire général de la CFDT a été mis en examen par un juge d’instruction de Boulogne-sur-mer à la suite d’une plainte déposée en diffamation par le syndicat Maritime Nord. La même plainte a été déposée à l’encontre de plusieurs journaux après qu’ils aient accrédités dans leurs colonnes les propos tenus par F.Chérèque. Sont concernés les titres suivants : Le Parisien, Libération, Le Figaro, Le Nouvel Observateur, le Journal du Dimanche, France 5 et Nord-Littoral. Un ex député Nouveau Centre du Loir-et-cher Nicolas Perruchot est également visé par cette plainte.

Encadré 3 : Coopérative et mouvement ouvrier : une vieille histoire…

Nous livrons aux lecteurs cet extrait du livre de Michael Löwy : “La théorie de la révolution chez le jeune Marx”. Editions Sociales.1997. On y retrouve énoncé en substance les enjeux qui s’imposent hier comme aujourd’hui au mouvement ouvrier lorsque la Social-démocratie entend le mener dans les impasses de la dépendance à l’Etat. “Dans la Critique du programme de Gotha (1875) Marx écrit : “Au lieu de découler du processus de transformation révolutionnaire de la société, l’organisation socialiste de l’ensemble du travail résulte de “l’aide de l’Etat”, aide que l’Etat fournit aux coopératives de production que lui même (et non le travailleur) a “suscitées”. Croire que l’on peut construire une société nouvelle au moyen de subventions de l’Etat aussi facilement que l’on construit un nouveau chemin de fer, voilà qui est bien digne de la présomption de Lassalle !”(…) d’un côté, l’aide de l’Etat, l’intervention de la royauté prussienne; de l’autre, l’action autonome du mouvement ouvrier réel et la transformation révolutionnaire de la société”.

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur La Scop : tentative de réappropriation collective ou nouvelles formes de dépossession des travailleurs. Seafrance/My Ferrylink.

Les « Fraisnor » en lutte : du gaz contre le chloroforme

Les « Fraisnor » en lutte : du gaz contre le chloroforme

Depuis le mois de février dernier, des ouvrier-es de l’usine agro-alimentaire Fraisnor (près d’Arras) sont en lutte contre la fermeture de leur usine. A ce jour, ils occupent en permanence leur usine depuis un mois mais sans réel espoir de reprise. Cette lutte fait écho à des luttes récentes qui marquent la période : PSA-Aulnay, Florange, les Pétroplus de Petite Couronne, etc. A chaque fois, on croit revivre le même scénario : annonce de la fermeture, mobilisation ouvrière, contre-feu politique avec des annonces de reprise ou de redressement productif et finalement débâcle ouvrière et syndicale. Dans ces scénarios , chacun a ses responsabilités : pour le patronat et l’État elles sont assumées plus ou moins publiquement car il s’agit d’accompagner la crise du Capital mais côté ouvrier, l’analyse reste à faire. En proposant ici un récit de la lutte, la Mouette Enragée (en collaboration avec la Brique, un journal lillois) souhaite avant tout porter ce combat qui n’est pas fini. C’est aussi l’occasion d’en percevoir les enseignements et les limites. L’arrogance de la classe dominante est de plus en plus forte car elle résiste à des luttes longues (plusieurs mois) mais aussi fortes (occupation d’usines, etc). Cette arrogance n’est pas contrebalancée par un rapport de force qui peut s’obtenir que par des convergences. Les seules convergences existantes sont celles avec d’autres secteurs promis à la fermeture. Cette convergence généralisée n’est ni voulue par les syndicats (qui restent trop souvent sectoriels et locaux) ni par des partis politiques qui ne diffusent pas les luttes. Reste un réseau épars de solidarité qui se construit au jour le jour. Parmi ses initiatives, les ouvrier-es de Fraisnor organisent un barbecue-festif le 7 juillet. Tout le monde est invité pour venir soutenir la lutte mais aussi discuter. (adresse : 230 Allée d’Italie, 62223 Feuchy)

Des ouvrier-ères déterminés qui occupent l’usine depuis un mois

« Cette indifférence va nous contraindre d’imaginer des actions plus radicales, pour info, les bouteilles de gaz sont prêtes ! ». C’est sur cet avertissement, qu’une trentaine d’ouvrier-ères de Fraisnor interpellent les pouvoirs publics à Arras, le 26 juin dernier. Les salarié-e-s déposent à la préfecture, à la communauté urbaine d’Arras et au conseil général des CV pour les mettre face à leurs responsabilités. Car depuis février, ces salarié-es sont engagés dans une lutte pour garder leur emploi et ne pas sombrer dans la misère. En face, les pouvoirs publics ont tout fait pour noyer la contestation et fermer l’usine.

Fraisnor est une usine agro-alimentaire spécialisée dans la fabrication des lasagnes, près d’Arras (Feuchy) . Des lasagnes de cheval, oserons les plaisantins ? Pas à Feuchy, mais le scandale Findus/Spanghero (entreprise française qui a acheté la viande de cheval déguisée en viande de bœuf ) finit par faire sombrer la trésorerie déjà fragilisée de cette entreprise de 110 salariés. Le redressement judiciaire est prononcé le 6 mars, la liquidation le 22 mai. Depuis les machines ont cessé de fonctionner mais l’usine est occupée en permanence par les ouvrier-ères.
« Faut faire du bruit … faire exploser un truc »

Pendant l’AG du 26 juin (36ème jour d’occupation), Christian Delépine, délégué CGT, et ses camarades de blocage ont toujours la même hargne des débuts. Cela a commencé par des manifestations à Arras, au Louvre-Lens et même au salon de l’agriculture pour tenter d’ « interpeller l’opinion et les pouvoirs publics » et trouver des solutions politiques à la faillite du patron Alain Leemans. Ce dernier, à entendre Christian, est « un petit capitaliste qui a perdu en rachetant l’entreprise il y a quelques années » mais qui durant le mouvement s’est éclipsé habilement derrière les offres de reprise des politiques.
Suite aux premières actions, rien ne bouge vraiment et les salarié-es décident de forcer la main : le 11 mars, deux salariés montent sur des cuves de stockage et obtiennent la venue du ministre de l’agroalimentaire, Guillaume Garot. Du 15 au 23 avril, trois salariés marchent jusqu’à l’Élysée pour rencontrer un conseiller de Hollande. Enfin en mai, un délégué CGT se met en grève de la faim : « neuf jours, neuf kilos en moins » ironise Christian « mais on n’a rien obtenu, ça a été un échec total ». Échec car l’usine ferme le 31 mai. Or les Fraisnor ont toujours cherché à faire parler d’eux en multipliant les coups médiatiques mais aussi ont cherché des convergences possibles. En avril, ils vont à la rencontre des ouvrier-es de PSA-Aulnay en lutte contre la fermeture le leur usine et, plus localement, ils reçoivent le soutien des ouvrier-ères de l’abattoir Doux à Graincourt (près de Cambrai) eux aussi menacés de licenciements. Mais des autres entreprises, rien n’est venu. Se sentant trahis par les politiques et seuls dans leur lutte, les grévistes finissent par brûler une machine et l’effigie du patron, parti se réfugier dans sa coquette maison bruxelloise. Des bouteilles de gaz sont installées sur le toit, en guise de menace contre la préfecture et la communauté urbaine d’Arras (CUA), les véritables fossoyeurs de l’usine.

L’entrée de l’usine

« Faut qu’ils se calment les Fraisnor »

Dixit (en sourdine) un adjoint du préfet. Juste avant, il s’adressait aux salariés occupant le hall de la préfecture par un hautain « qu’est ce qui vous arrive ? ». Comme si la préfecture ne savait pas. En février, celle-ci soutient moralement les Fraisnor, des comités de pilotage sont organisés et la CUA promet le 15 mars de racheter les locaux et d’injecter 1,5 millions dans la trésorerie. Un véritable espoir pour les salarié-es. La CGT s’inquiète tout juste de quelques conditions (demande d’exonération fiscale), mais Philippe Rapeneau (président de la CUA) s’empressent de répondre «la CGT ne devrait pas s’emballer comme cela (…) tout ce qu’il y a à faire c’est wait and see» (Avenir de l’Artois, 10/04). Mais début mai, les ouvrier-es découvrent le pot aux roses. La promesse de la CUA avait une condition : la non-liquidation judiciaire. Or celle-ci est préparée en sous main et elle est prononcée le 22 mai. Avec le recul, tout laisse à croire que le plan de bataille était préparé d’avance et que l’objectif était de gagner du temps par de faux-espoirs. On nous dira que tout a été fait pour sauver les Fraisnor, que c’est la faute à la désindustrialisation et à la crise, « donnez vos CV on étudiera vos dossiers ». Mais les masques sont déjà tombés. En témoigne l’arrogant adjoint du préfet et ses subalternes policiers qui se sont dépêchés de verbaliser les voitures des salarié-es venus protester. Circulez, il y a plus rien à voir !

Les Fraisnor sont allés deposer des CV au conseil général du Pas-de-Calais (26/06/13)

« Chez moi, je tourne en rond donc je reste tant qu’on est pas éjectés »

Malgré ses coups de massue répétitifs, la lutte est encore vivace dans l’usine occupée. Mais Christel et ses copines ne se font pas d’illusions et parlent déjà entre-elles de la suite. « On a deux solutions : le CSP (contrat de sécurisation professionnelle qui n’a rien de sécurisant) qui prévoit une formation et un salaire à 80% pendant un an ou le RE (retour à l’emploi …. précaire) géré par Pôle Emploi (…) parmi nous, il y en a qui veulent faire aide soignante, auxiliaire de vie, etc ». Mais l’amertume est dans l’esprit de chacune. En me faisant la visite de l’usine encore réfrigérée, Véronique, fière de ses 14 ans d’usine, note que derrière les 110 salarié-es, il y a 110 familles promises à la précarité. Outre l’affectif, il y a surtout des salarié-es qui ont lutté mais qui n’obtiennent rien de plus de l’État et du patron qui peuvent dans la période se permettre une telle arrogance. Comme pour les autres fermetures d’usine, la classe dominante joue la même partition : le patron ferme l’usine, le politique promet le « redressement productif » et lance des faux-espoirs. Reste les ouvrier-es coincés entre la croyance encore persistante d’une social-démocratie aux commandes de l’État qui va les sauver et la nécessité de lutter pour garder leur emploi et ainsi éviter la précarisation et la marginalisation. Le rapport de force reste inégal et il le restera si des solidarités ne se créent pas. La convergence n’est pas seulement un entre-soi des secteurs qui font naufrage, elle doit être plus générale. Le 7 juillet, les ouvrier-es de Fraisnor organisent un barbecue dans ce sens.

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur Les « Fraisnor » en lutte : du gaz contre le chloroforme

La Mouette Enragée n°31 vient de paraître !

La Mouette Enragée n°31 vient de paraître !

 

promo

ou

 

Publié dans Dans vos agendas | Commentaires fermés sur La Mouette Enragée n°31 vient de paraître !

Radio Vostanie : discussion autour de la période en général et sur les suites de la lutte des ouvriers et des ouvrières de PSA Aulnay en particulier.

Radio Vostanie : discussion autour de la période en général et sur les suites de la lutte des ouvriers et des ouvrières de PSA Aulnay en particulier.

Samedi 25 Mai nous avons engagé une série d’échanges autour de la période en compagnie des camarades qui animent la Web-radio Vosstanie. Ces discussions font suite à la réunion publique que nous avions organisé collectivement à Lille avec un groupe d’ouvriers grévistes de l’usine PSA Aulnay. Vous pouvez écouter l’intégralité de cette émission mais également ré-écouter l’enregistrement de la réunion qui s’est tenue à Lille le 21 avril en télé-chargeant le lien ci dessous.

http://rapidshare.com/files/905512911/PSA%20LILLE%20AFPDR%20final.mp3

Nous vous recommandons plus particulièrement l’écoute, en fin d’émission, de l’intervention du camarade qui fut au sein de l’usine en lien direct avec les ouvriers d’Aulnay. Sa contribution apporte de nombreux éclairages sur ce qui a fait de cette grève une lutte particulière à un moment particulier. Une lutte, comme le précise d’ailleurs le camarade en question qui n’est pas terminée et connaît encore aujourd’hui dans l’enceinte même de l’usine de multiples rebondissements.

http://www.mediafire.com/download/mxaawwd81j843fj/Emission_du_25_Mai_2013.mp3 
Thèmes de l’émission du 25 mai 2013:L’OIT, L’anti-fascisme est-il soluble dans la lutte de classes ? Le sport noir et rougeaussi con que les autres… Quel sport ? Présentation du Groupe la Mouette enragée – Grève et grévistes à PSA  – Les manoeuvres politiciennes de LO et la CGT.

Radio Vosstanie : http://vosstanie.blogspot.fr/2013/05/radio-vosstanie-le-25-mai-2013-21h.html
Radio Egregore : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?rubrique93

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur Radio Vostanie : discussion autour de la période en général et sur les suites de la lutte des ouvriers et des ouvrières de PSA Aulnay en particulier.

Actions de Solidarité avec les ouvriers et les ouvrières de PSA Aulnay en grève depuis quatre semaines.

Actions de Solidarité avec les ouvriers et les ouvrières de PSA Aulnay en grève depuis quatre semaines.

Enregistrement du débat qui sʼest tenu le dimanche 21 avril avec des ouvriers de lʼusine dʼAulnay à la librairie occupée “Lʼinsoumise” à Lille.

https://www.wetransfer.com/downloads/a8eb5081c28ec221cfef26a82dcf51b720130503094607/bd6a5c9ef1a9ff8bc3fadecdb0c5094420130503094607/89e18c#

Le dimanche 21 avril 2013 avec quelques camarades de Paris et ceux de la librairie occupée “L’Insoumise” à Lille, nous avons organisé une journée de débat en accueillant un groupe de grévistes de l’usine de construction automobile PSA d’ Aulnay. Notre objectif était clairement de donner la parole à des travailleurs en grève depuis plusieurs semaines, de permettre à la lutte de sortir de l’usine, de s’exposer publiquement en franchissant les obstacles du contrôle syndical et partidaire. Bref, de tisser concrètement des liens de solidarité entre travailleurs, chômeurs, étudiants, etc… tous et toutes impliquées d’une façon ou d’une autre dans la lutte de classe.

Cette grève, exceptionnellement longue, concentre en son sein une partie de la résistance aux mesures que le capital impose actuellement au travers de ses restructurations et liquidations de sites. Elle se déroule au moment où L’Etat commande avec la collaboration des organisations syndicales, hypocritement opposées ou véritablement collaborationnistes, ce qui revient strictement au même, une série de mesures qui vont aggraver nos conditions d’exploitation : casse des conventions collectives, baisse des salaires, augmentation des cadences, chantage au licenciement, etc … comme le disent les grévistes, “… notre grève il faut s’en saisir, elle est importante, elle se déroule à un tournant (…) elle doit servir aux tous ceux qui luttent actuellement…”

Importante cette grève, elle l’est en effet ! Car ce qui s’annonce comme un cauchemar supplémentaire pour l’ensemble des prolétaires, les ouvriers d’Aulnay le vivent déjà au quotidien. Conscients qu’il n’ y a pas d’autre alternative que le combat, ils exposent et expliquent les moyens qu’ils se donnent pour lutter au jour le jour : arrêt de la production, caisse de grève, occupations de sites, tournée des usines, etc…

La fameuse “convergence”, dont le gauchistes nous rebattent les oreilles depuis des lustres et qu’ils ne comprennent que comme la somme de regroupements bureaucratisés d’essences syndicale ou politique, les ouvriers d’ Aulnay présents lors du débat nous en parlent justement. Ils nous disent combien les obstacles sont nombreux lorsqu’ils recherchent le contact, à la base, entre travailleurs en lutte. La limite qui s’impose à eux, c’est d’abord le contrôle des appareils au profit de leurs intérêts propres de boutiquiers et la difficulté qu’il y a à dépasser cela dans le cours de la lutte.
Cette rencontre a permis de libérer la parole, de débattre sans médiation d’aucune sorte.
Elle nous a renforcé dans notre conviction que c’est, entre autre, au travers de ces moments là que se tissent les liens indispensables à l’élaboration d’un rapport de force. “Nous partons de zéro” dit une camarade, “ Tout est à faire”, en effet, tout est à construire  et c’est d’ailleurs ce à quoi s’affèrent à leur tour des camarades de Toulouse qui accueilleront les grévistes d’ Aulnay le samedi 11 mai à 17 heures au Centre social Autogéré, 2 rue du Faubourg Bonnefoy. ici

Tract distribué en solidarité avec les grèvistes d’ Aulnay le 1° Mai à Arras, lors du Salon du Livre d’Expression Populaire et Sociale et lors du triste rassemblement syndical devant la gare.

 

Tract d’appel à la journée de l’insoumise

Signalons également le point de vue sur cette rencontre/débat du camarade qui anime le blog  » Le Prolétariat Universel » : 

« Un débat exemplaire avec des prolétaires en grève sortis de leur usine ».

 http://proletariatuniversel.blogspot.fr/2013/04/un-debat-exemplaire-avec-des.html

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur Actions de Solidarité avec les ouvriers et les ouvrières de PSA Aulnay en grève depuis quatre semaines.

ChaPitre ferme à Boulogne-sur-mer  : émoi, émoi, émoi…

ChaPitre ferme à Boulogne-sur-mer  : émoi, émoi, émoi…

C’est avec émotion, et une certaine habitude, que la presse et les élus réagissent à la fermeture brutale de l’enseigneChapitre, « véritable symbole de la vie commerciale et culturelle du centre ville ». Car c’est bien d’enseigne – de marque – qu’il s’agit. ChaPitre est la propriété d’Actissia (anciennement Direct Group France, alors propriété du groupe allemand Bertelsmann, regroupant les marques France Loisirs, Le Grand Livre du mois et Chapitre.Com). Le tout, filiales francophones en Belgique, en Suisse et au Québec comprises, est tombé en 2011 aux mains de Najafi Compagnies, un fonds d’investissement américain basé à Phoenix, en Arizona.

Il y a neuf ans à Boulogne, l’entité ChaPitre avait, déjà, phagocyté quelques plus anciens symboles culturels locaux comme le disquaire Digital, ou la Maison de la presse… Sans parler de l’effondrement consécutif de la librairie my(s)thique Duminy et de son rachat par Majuscule aujourd’hui lui aussi mourant.
Tour rapide sur les entourloupes.

Najafi commence par vendre le siège social de France Loisirs, lequel, du coup, verse un loyer annuel de 5 millions d’euros pour ses propres murs. S’ensuit le début de dislocation des boutiques et des salarié-e-s, considérés comme toujours trop chers (des baux à la masse salariale). Le magasin boulonnais est pourtant des plus rentables. Mais Najafi, qui n’a jamais caché que son plus grand intérêt restait les sites internet, a bien décidé de faire en sorte de pouvoir se débarrasser des boutiques physiques, au moins en partie (5 à 10 millions investis dans Chapitre. Com en 2012).
Plusieurs deals ubuesques ont été proposés par le PDG Jorg Hagen, aux salarié-e-s des magasins condamnés, propositions variant selon le site. Premier raid : une proposition aux salarié-e-s de racheter 55 % des magasins, 45 % restant à Actissia. Autrement dit, utiliser l’argent des salarié-e-s pour augmenter les résultats de Najafi. Aussi, par souci de diversification, certains disquaires et libraires pourraient se retrouver à vendre -sans la moindre étude de marché ni modalités juridiques- des cosmétiques (de la marque suisse Karin Herzog) ou des compléments alimentaires ! Et autres enfarinades…

Quoi qu’il en soit l’affrontement qui se déroule au siège rue de Grenelle à Paris s’est déjà avéré musclé, au sens propre, les gros bras patronaux étant entrés en action contre les délégués de la CGT.
Reste que les employé-e-s du site de Boulogne sont dans l’expectative. Le sentiment est que le « plan social » est plié. ChaPitre Boulogne est mort et, symbole ou pas, en centre ville ou sur une zone industrielle, les « partenaires sociaux » vont prochainement connaître la qualité du cercueil, les conditions du départ…

Cette nouvelle période d’offensive du capitalisme, au travers en l’occurrence d’une restructuration via la fibre optique, réduisant toujours plus la part variable du profit (le coût de la main d’œuvre et des sites de production -ici de distribution-) ne relève ni du symbole, ni d’un problème endémique. Se solidariser avec le personnel de ChaPitre, c’est prendre conscience que la lutte menée aux travailleurs par le patronat est globale. Comme ses enseignes qu’il allume et qu’il éteint en fonction de ses appétits propres.
Pour en savoir plus sur les coulisses du plan chaPitre :
http://www.everyoneweb.fr/lacgtchapitre.com/
http://www.actualitte.com/

Publié dans Luttes dans les boîtes | Commentaires fermés sur ChaPitre ferme à Boulogne-sur-mer  : émoi, émoi, émoi…

Rencontre-débat en solidarité avec les ouvriers de PSA-Aulnay.

Rencontre-débat en solidarité avec les ouvriers de PSA-Aulnay.

 

psa-aulnay.jpg

Publié dans Dans vos agendas | Commentaires fermés sur Rencontre-débat en solidarité avec les ouvriers de PSA-Aulnay.

« Quieren acabar con todo » (« Ils veulent en finir avec tout »,) Retour sur la grève des mineurs de l’État espagnol

« Quieren acabar con todo » (« Ils veulent en finir avec tout »,) Retour sur la grève des mineurs de l’État espagnol

 

   L’Espagne a connu à la fin du printemps et durant l’été 2012 un important conflit dans les bassins miniers du Nord du pays. La Mouette enragée a montré sa solidarité avec cette grève en organisant des distributions de tracts entre autres lors d’un concert d’Higelin le 11 juillet, en déployant une banderole de solidarité à plusieurs reprises au dessus de l’autoroute A16 et surtout en suivant presque au jour le jour ce conflit sur notre blog. Sa durée (65 jours), sa violence, la solidarité des populations des bassins miniers, ont suscité notre intérêt. Cette grève est une des luttes les plus importantes en Europe depuis longtemps mais est-ce une lutte qui aurait pu entraîner d’autres secteurs dans une généralisation du conflit ?

 

b

Aux origines du conflit : les plans charbon.

    L’industrie du charbon en Espagne est moribonde(2). En 1991, 45 212 mineurs extrayaient 19,32 millions de tonnes de charbon, aujourd’hui environ 4 000 mineurs extraient 8,5 millions de tonnes. 41 000 emplois ont donc déjà été perdus depuis 20 ans avec, c’est à noter, une hausse de la productivité (- 90% d’emplois pour – 57,5 % de production). Le charbon espagnol est par ailleurs de mauvaise qualité. On ne saurait donc être étonné que les importations prennent le dessus : sur les 6 premiers mois de l’année 2012 c’est 10,2 millions de tonnes qui ont été importées principalement de Colombie, Russie, États-Unis, Indonésie et… Afrique du Sud.

Le charbon est utilisé essentiellement pour la production électrique dont il reste la principale source avec 20-25 % de l’électricité espagnole produite à l’aide de charbon. Mais là encore, il y a perte de son poids : dans les années 1990 c’est 40 à 45 % de l’électricité espagnole qui était faite de combustion du charbon.

Cependant, ces 4 000 emplois directs en génèrent 30 000 indirects et font vivre environ 200 000 personnes dans les bassins miniers.

 

Face à la mort de leur industrie, les mineurs se sont déjà à plusieurs reprises révoltés et cela a abouti à l’apparition de « Plans charbon ». En 1998, les mines connaissent un mois de grève qui donne le Plan Charbon 1998-2005 signé par le gouvernement du parti populaire d’Aznar. Nouvelle grève en 2005 et cette fois c’est le premier ministre socialiste Zapatero qui signe le Plan 2006-2012.

 

C’est ce plan ou plutôt les modifications que souhaite y apporter le gouvernement du PP de Rajoy qui est l’objet de la contestation. Ce plan se nomme très exactement « plan national de réserve stratégique de charbon 2006-2012 et nouveau modèle de développement intégral et durable des bassins miniers ». On le devine à son seul nom, il n’est pas fait pour maintenir l’industrie d’extraction du charbon en Espagne. Dans son introduction le charbon est considéré seulement comme une réserve stratégique d’énergie. Surtout, ce plan annonce que le respect de l’environnement est désormais une priorité et de fait le charbon en tant qu’énergie non renouvelable est sujet aux restrictions de production des plans européens concernant ces énergies. Ce plan prévoit donc des réductions de production et d’emplois. Les chiffres annoncés sont d’une précision impressionnante : on passerait à 9,2 millions de tonnes de production fin 2012 dont 5 951 700 t dans les mines souterraines et 3 248 300 t dans les mines à ciel ouvert, le tout avec 437 mineurs à ciel ouvert et 4 865 mineurs de fonds soit un total de 5 302 travailleurs. On peut le voir, la situation réelle a largement dépassé les prévisions du plan charbon.

Face à ces réductions le plan met en place tout un système de subventions pour reconvertir les bassins miniers et en théorie favoriser leur développement ainsi que le maintien des jeunes sur place, le but étant de mettre fin à la mono-industrie de ces régions.

 

Les aides se répartissent en plusieurs catégories : tout d’abord des subventions aux entreprises pour la production de charbon avec l’accord de l’Union européenne (301 M€ prévus en 2012), puis de l’aide à la construction d’infrastructures pour moderniser les bassins miniers et attirer d’autres entreprises (167 M€), 167 M€ prévus pour soutenir les projets de reconversion des mineurs et aider à l’implantation d’entreprises, 56 M€ pour la formation des ouvriers et pour des bourses d’étude pour leurs enfants enfin 12 M€ pour assurer la sécurité des installations minières. Le gouvernement Rajoy dans le cadre des plans d’austérité et de coupes budgétaires a décidé de tailler dans le vif : baisse à 111 M€ pour les aides à la production, 101,6 M€ pour les infrastructures, 39 M€ pour les reconversions, 2 M€ pour les bourses et 0 pour la sécurité des mines. Ce sont ces coupes budgétaires qui ont mis le feu aux poudres.

 

 

Chronologie des événements

 

Sans-titre.png

 

Nous n’allons pas ici refaire un point détaillé des événements mais cette grève semble s’être déroulée en trois temps :

a. Du 23 mai au 18 juin : des débuts aux mains des mineurs

    La grève est lancée à l’appel des deux syndicats majoritaires du secteur : le SOMA-FITAG-UGT et la fédération de l’industrie des CCOO. Les deux centrales appellent à 4 jours de grève générale dans le secteur minier les 23-24 et 30-31 mai 2012. Malgré cet appel syndical, UGT et CCOO sont très vite débordés par la base. Les mineurs qui clairement n’ont plus rien à perdre ont déclenché une grève générale illimitée dès le 30 mai, le lendemain CCOO et UGT annoncent au gouvernement qu’ils vont hausser le ton ! Rapidement les deux syndicats se rendent à l’évidence, ils n’ont d’autres choix, poussés par la base, que d’appeler à cette grève générale illimitée qui a commencé sans eux. Pour preuve de la détermination des mineurs, dès le 23 mai, 8 d’entre eux se sont enfermés au fond d’un puits dans la province du Léon à Páramo del Sil (Pozo(3) de Santa Cruz de la UMINSA(4)) avec cette déclaration loin d’être syndicale « si aucune solution n’est trouvée, nous ne sortirons du puits que les pieds devants » ! Dans les Asturies, 4 mineurs s’enferment dans le Pozo Santiago à Aller et 4 autres dans le Pozo Candín à Langreo, deux puits de la HUNOSA.

On le voit la détermination des mineurs est forte et pour agir ils n’attendent pas les syndicats, toujours dans un processus de négociation avec le gouvernement et la Carbunión, le syndicat patronal du charbon.

Néanmoins le taux de syndicalisation des mineurs est extrêmement fort. Ainsi, si les mineurs prennent les décisions en AG ce sont bien des mineurs syndiqués qui agissent ce qui permet à l’UGT et aux CCOO de ne pas être totalement à l’écart. Ces derniers prennent une seule initiative d’ampleur : un appel à la grève générale dans tous les secteurs professionnels dans les bassins miniers le 18 juin.

 

Cette période du 23 mai au 18 juin est celle qui nous a donné les images les plus spectaculaires du conflit avec des mineurs utilisant les mêmes moyens que les forces de répression pour lutter : boucliers, casques, charges et les spectaculaires lances-fusées. Surtout, c’est durant cette période que les barrages de routes sont les plus importants, les mineurs ne se contentent pas d’occuper leurs lieux habituels de production. Ainsi dès le 31 mai c’est plus de 300 routes et voies ferrées qui sont bloquées dans les Asturies. Un des moments cruciaux de cette lutte se déroule à partir du 3 juin, à cette date une grève illimitée est lancée dans les transports asturiens. Le 6 juin pendant que les mineurs bloquent les voies ferrées asturiennes, les chauffeurs routiers bloquent les routes et la province des Asturies est totalement isolée du reste du pays. Malheureusement, le conflit des transporteurs est arrêté le 8 juin suite à de longues négociations avec le patronat. Ce dernier ne pouvait évidemment laissé se poursuivre la convergence des luttes, les mineurs se retrouvent seuls à lutter. Il est à noter également que des membres du mouvements des Indignés du 15 mai participent aux actions, il y a jusqu’aux Anonymous qui vont pirater le site internet de la Carbunión.

 

b. Du 18 juin au 11 juillet : la Marche Noire et la reprise en main syndicale.

 

marcha negra madrid 2

Le 18 juin est un tournant : les syndicats reprennent la main. A l’occasion de la grève générale dans les bassins miniers, les coupures de routes sont toujours aussi importantes et une manifestation de plus de 50 000 personnes a lieu dans les Asturies. Face à ce succès, les syndicats annoncent le départ d’une marche noire des mineurs vers Madrid. En partant de différents bassins miniers, une marche par étapes pour sensibiliser les populations doit rejoindre la capitale pour une grande manifestation nationale le 11 juillet. Cette marche est entièrement gérée par les syndicats UGT et CCOO et attire à elle une large couverture médiatique. Si cela a le mérite de forcer les Espagnols à prêter attention à ce conflit et permet d’importants témoignages de solidarité, cette marche cache la poursuite des affrontements entre mineurs et forces de l’ordre dans les bassins miniers. Bref elle cache le vrai mouvement. Surtout, cela redonne l’initiative aux deux centrales syndicales.

Cette marche est clairement un succès et les manifestations à son arrivée à Madrid furent d’une taille importante avec plus de 1 million de personnes le 11 juillet auxquelles s’ajoutent des manifestations régionales pour ceux qui n’ont pu se déplacer. Le but des syndicats étaient que cette marche n’arrive pas car le gouvernement aurait cédé avant. Or c’est même pire, en réponse à la mobilisation massive des madrilènes, Rajoy annonce un nouveau plan de rigueur avec hausse de la TVA, des impôts, baisse de salaire des fonctionnaires.

 

c) Du 11 juillet au 3 août : de l’isolement à la fin.                

 

L’arrivée de cette Marche Noire à Madrid est donc un paradoxe. Elle est à la fois l’apogée de la solidarité envers les mineurs avec ces manifestations de masse et la conclusion de ce mouvement avec la reprise en main syndicale. A partir du 11 juillet, les syndicats reprennent les négociations avec l’entrée en jeu de l’USO, syndicat minoritaire dans les mines du León. Ils recadrent les initiatives des mineurs et vont s’entre déchirer sur l’issue de la grève. Par ailleurs, aucun autre secteur d’activité ne prend le relais des mineurs, bref le 11 juillet est le début de l’isolement des mineurs.

 

   pozo candin 2

Évidemment durant cette période, les mineurs vont continuer à bloquer des routes, des voies ferrées, des entrées d’agglomération, des centrales thermiques. Mais les actions sont de moindre ampleur et ne sont plus quotidiennes. La lutte se recentre dans les bassins miniers et autour des puits. La répression également car les forces anti-émeutes entrent dans les centres villes pour arrêter et matraquer les mineurs en grève.

Le discours syndical change également : à partir du 19 juillet, le SOMA-UGT envisage d’abandonner la stratégie de coupures des routes ce qui provoque des tensions avec les CCOO. L’USO jette de l’huile sur le feu en accusant de corruption les autres syndicats et en poursuivant les négociations avec le gouvernement. Par ailleurs, les syndicats font pression sur les mineurs enfermés pour que ceux-ci abandonnent ce mode de lutte. Les mineurs enfermés depuis 50 jours remontent mais sont relayés par d’autres. Dans des communiqués de presse, les deux syndicats majoritaires s’excusent auprès de la population de la gène occasionnée par leur grève et souhaite le retour à des moyens de lutte plus traditionnels ! A partir du 29 juillet, les rumeurs de reprise du travail commencent à circuler et le 3 août les mineurs retournent au fond dans la défaite.

 

Les moyens d’action

    D’origine syndicale, le conflit a utilisé des moyens d’actions très traditionnels dans les grèves espagnoles. Évidemment, il y eut des manifestations dans différentes villes des régions minières mais aussi dans toute l’Espagne le 11 juillet lors de l’arrivée de la Marche Noire. Cette marche s’inscrit également dans la stratégie classique des syndicats. En effet, dans les conflits miniers les syndicats ont toujours organisé des marches des centres d’extraction vers les capitales provinciales et ce fut aussi le cas lors de ce conflit. Par ailleurs, la marche noire s’inscrit dans une logique nationale d’organisation de Marches de protestation vers la capitale madrilène : ainsi peu de temps avant le conflit minier les enseignants organisèrent une Marche Verte et à la fin du conflit c’est une Marche des précaires et chômeurs qui est arrivée à Madrid. Des réunions publiques d’information furent organisées à travers l’Espagne, certaines mairies furent occupées par les mineurs et après la Marche Noire certains campèrent devant des sites touristiques tel le musée du Prado pour informer la population.

 

A côté de cela les mineurs ont mis en œuvre un véritable rapport de force dans leurs bassins miniers. Tout d’abord, ils occupèrent durant tout le mouvement les sites d’extraction. Certains se sont enfermés au fond du puits, là encore cela s’était déjà produit par le passé mais pas aussi longtemps, ni avec autant d’ouvriers. A un moment de la grève près de 40 mineurs furent au fond des puits en Asturies et León, certains restant 50 jours au fond avant de sortir sous la pression syndicale. D’autres bloquaient les accès au site avec barrages de wagons rempli de bois et pneus prêts à être enflammés. Évidemment, les mineurs ont également isolé régulièrement leurs villes et provinces en coupant routes et autoroutes ainsi que les voies ferrées. Tous les moyens étaient bons : troncs d’arbres, rails, pneus, pierres, panneaux de signalisation, wagonnets d’extraction de charbon… Cela était clairement auto-organisé sans aucun contrôle syndical, bref, les mineurs ont pris en main leur grève. Par ailleurs, ils ont su inverser le rapport de force sur le terrain contre les forces anti-émeutes. Les mineurs ont fabriqué les mêmes armes que les policiers et ont utilisé les mêmes tactiques. La violence des affrontements fut telle que les syndicats de policiers se sont plein de leurs conditions de travail dans les bassins face à ces mineurs. Il est quand même plus facile de réprimer des Indignadospacifistes et qui ouvrent les bras pour se faire matraquer que des mineurs qui appliquent la stratégie policière pour occuper leur territoire et sauver leur peau.

 

On ne peut passer sous silence le rôle des femmes des mineurs dans cette grève. On les retrouve peu sur les piquets mais on les voit sur les carreaux de mines en soutien aux enfermés. On les retrouve dans toutes les manifestations et marches organisées. Surtout, ce sont les femmes qui ont servi de relais lors des protestations au Parlement espagnol. A chaque fois que la question du conflit minier était évoquée à l’Assemblée espagnole, elles étaient dans le public pour manifester leur mécontentement. Surtout, après la Marche noire lorsqu’on sentait les mineurs découragés, elles organisèrent des manifestations et surtout bloquèrent le port de Gijón en raison de la présence de réserve de charbon importé d’Amérique latine par Goldman Sachs pour éviter qu’il ne rejoigne des centrales thermiques.

 

manif-femmes.png

 

Cette « violence » du conflit est très logique : les mineurs et leur famille se trouvent ici face à une logique de destruction économique de leurs provinces. Il ne s’agit pas seulement de perdre un emploi, c’est toute la vie qui s’éteint sans les mines. Nombre des bassins miniers ne vivent encore que de la mine malgré les « plans charbon » censés les restructurer. Quel avenir pour les jeunes ? Pourquoi rester dans un territoire qui n’offre plus rien ? Bref, ils n’avaient plus rien à perdre. Malheureusement, ils n’ont pas réussi à amener cette lutte contre le capital et sa logique d’exploitation des populations ailleurs que leurs bassins miniers. Ainsi la tentative de poursuivre le combat autour des ministères à la fin de la manifestation madrilène du 11 juillet de certains mineurs et manifestants a échoué très rapidement, faute de soutien.

 

Entre solidarité et isolement

 

C’est un des problèmes de cette grève, le manque global de soutien. On ne peut nier une forte solidarité dans les bassins miniers eux-mêmes. Entre mineurs cela va de soi : dans un métier pénible la solidarité est normale, les mineurs faisaient grève avec leurs camarades d’équipe de travail. La population, bref les familles des mineurs n’ont pas cessé de soutenir les mineurs. Même les commerçants qui furent remerciés par des mineurs remontant de leur enfermement. Les municipalités soutinrent également le mouvement en particulier les administrations tenues par le PSOE qui jouaient là une carte politique. Dans les bassins miniers tout le monde joue sa survie ce qui a permis aux mineurs de bénéficier de ce soutien. Pendant la Marche noire, les mineurs ont bénéficié d’un fort mouvement de sympathie de la part de la population durant toutes leurs étapes : fortement applaudis durant leur défilé, aucune municipalité n’a manqué à l’appel lorsqu’il fallait les héberger lors de leurs étapes. Jusque l’université de la Monclóa qui les a hébergé à leur arrivée à Madrid. Ce soutien s’est vu lors de l’immense manifestation du 11 juillet : tous les salariés des secteurs victimes de coupes budgétaires se sont joints au défilé.

 

Mais ce soutien reste symbolique. Le combat des mineurs n’a pas dépassé leur champ d’activité et leur région. Alors que l’Espagne est traversée par une multitude de grèves dans tous les secteurs, il n’ y a pas eu de convergence des luttes. Un événement révélateur a lieu le 11 juillet. Pendant que le gouvernement Rajoy annonce les coupes budgétaires, des fonctionnaires se réunissent spontanément devant le siège du gouvernement régional madrilène alors que la manifestation des mineurs n’est pas terminée. Pourquoi ne pas avoir fait bloc ? Les mineurs n’ont par ailleurs pas su ou pas pu étendre leur conflit à d’autres régions ou d’autres secteurs. Les blocages sont restés cantonnés aux bassins miniers. Au début de la grève, 3 jours durant les chauffeurs routiers sont avec les mineurs mais le patronat n’est pas stupide, il a vite cédé face aux chauffeurs pour isoler les mineurs. Les salariés des activités utilisatrices du charbon surtout les centrales thermiques n’ont pas rejoint le mouvement. Si une centrale thermique a bien été bloquée par les mineurs, elle avait assez de réserve pour poursuivre sa production et il est symptomatique de constater que la part du charbon dans la production électrique espagnole n’a pas baissé durant cette grève.

 

On peut expliquer cet isolement tout d’abord par l’importance qu’occupent dans certains milieux militants les questions d’ordre environnementales, pour autant bien réelles. Nous avons pu relever sur certains sites espagnols, des déclarations indiquant qu’il s’agissait là d’un combat d’un autre âge. Pour certains Espagnols, il n’était plus utile de sauver l’industrie du charbon, il faut passer à autre chose. Évidemment autant de déclarations de personnes ne vivant pas dans les bassins miniers. Tous les Espagnols subissent les effets des coupes budgétaires alors pourquoi les mineurs y échapperaient-ils ? Autant d’avis et de déclarations qui viennent de la propagande des médias de masse plus occupés à montrer la violence des méchants mineurs contre les gentils policiers protecteurs de l’ordre établi que de montrer la violence de la société capitaliste dans les bassins miniers qui provoque la désertification et la mort de ceux-ci. Le sentiment d’appartenance à une même classe a sans doute fait défaut et empêché des solidarités plus vastes de s’exprimer et donc la généralisation du conflit à tout le monde du travail. Fort logiquement État et syndicats ont joué sur cet isolement.

 

caricature.png

 

La chape syndicale

    Dans cette grève, les syndicats sont à la fois à l’origine de ce conflit mais aussi à l’origine de son arrêt. La quasi totalité des mineurs sont syndiqués principalement au SOMA-FITAG-UGT et dans les CCOO. Ces deux centrales sont à l’origine de la grève de 4 jours. En lisant le tract d’appel, leur revendication est claire : « non à la fermeture des mines de charbon ». C’est le slogan maintes fois répété dans ce tract de quatre pages. La trahison est là dès le départ. Ils annoncent cela alors qu’ils sont signataires avec la Carbunión du plan charbon qui prévoit très clairement la fermeture des mines de charbon. Cette grève pour les deux centrales syndicales est donc un moyen de pression politique sur le Parti Populaire de Rajoy. La première page du tract est très instructive à ce propos : « nous allons mettre en relief les véritables intentions du PP », « l’administration du PP fait preuve de démagogie » ou encore « sans l’action syndicale, le PP aurait fermé les mines depuis 1996 » date du premier plan charbon. Les mineurs ne devaient donc pas mettre beaucoup d’espoir dans les réelles idées de leurs organisations syndicales. On sent clairement que UGT et CCOO souhaitaient utiliser les mineurs, dont ils prévoyaient la détermination, pour tenter d’amplifier une lutte inter-catégorielles contre la politique de rigueur et les coupes budgétaires de Rajoy.

Que dire de plus ? Les deux centrales syndicales ont donc parfaitement joué leur rôle de canalisateur du mouvement social avec la claire intention de ne pas perdre la main. En même temps que cette lutte, UGT et CCOO n’ont cessé de poursuivre les négociations avec la Carbunión proposant même à la mi-juillet un plan commun pour lisser les coupes budgétaires envoyant ainsi un signe d’accord sur celles-ci au gouvernement. UGT et CCOO n’ont cessé de réclamer la poursuite des négociations avec le gouvernement dans le cadre de la commission de suivi du plan charbon.

On peut comprendre cet acharnement à sauver le plan charbon et en réclamer un nouveau quand on sait que certaines des aides, entre autre pour la formation, transitent par les syndicats. Cela va provoquer des tensions avec l’USO le syndicat minoritaire des Hullera Vasco-Leonesa accusant ses deux congénèrent de corruption. Par ailleurs, CCOO et UGT sont parties prenantes du process de production dans l’entreprise publique HUNOSA : en effet ils sont membres du Conseil d’Administration de cette entreprise, principal foyer de la grève, aux côtés des représentants du gouvernement.

Les deux principales centrales, pourtant habituées à travailler ensemble dans tous les secteurs, n’ont pas fait preuve d’une entente parfaite. Tout d’abord chacun a aidé les puits où il est majoritaire. Lors de la marche noire, des mineurs faisaient remarquer que les deux syndicats n’avaient même pas réussi à s’entendre pour faire un tee-shirt commun ! A la fin de cette Marche noire, des tensions sur la stratégie sont apparues. Le 11 juillet, les CCOO voulaient rester camper à Madrid : refus de l’UGT. Dans les bassins miniers les coupures de routes étaient soutenus par les CCOO pendant que le 16 juillet dans un communiqué de presse l’UGT lance un appel à la « normalisation des actions ». Au sein de l’UGT le syndicat des mineurs SOMA a toujours été plus radical, d’où l’enjeu pour les CCOO dans le but peut-être de ravir quelques voix aux prochaines élections professionnelles de 2014 dans le secteur.

 

mineurs-cagoules.png

Mais toutes ces querelles syndicales, qui ont occulté auprès du grand public le véritable mouvement, ont été rendues possibles grâce à leur véritable coup de maître stratégique : la Marche Noire. Par son côté spectaculaire elle a attiré les médias et le soutien de la population. Dans le même temps, cela sortait les mineurs de leurs bassins miniers pour un mode d’action très syndical. Cette marche offre aux syndicats une couverture médiatique importante car comment cacher que sans eux elle n’aurait logistiquement pas lieu. Formidable coup de com qui attire les lauriers à eux et cache un peu plus le cœur du mouvement dans les bassins.

Enfin, le rôle des syndicats « anarchistes » CNT, CGT et SO a été plus que marginal malgré leur participation à la Marche noire. Ceux-ci sont restés à l’écart de ce conflit tout d’abord car ils sont globalement absents des sites miniers. Ensuite, une bonne partie de leur réflexion politique sur ce conflit a été centralisée sur la violence du rapport de force afin de mettre de côté leur point de vue écologique sur le charbon. Cependant leur analyse politique remettait parfois en avant la contradiction dans cette grève : en revendiquant le maintien des subventions étatiques et des mines, les grévistes revendiquaient le maintien de l’outil de leur exploitation, le capitalisme.

 

La stratégie étatique

 

L’État espagnol a agi simplement : il a attendu. Évidemment il a envoyé les forces anti émeutes dans les bassins miniers, évidemment les ministères madrilènes étaient fortifiés lors de la Marche noire mais pour le reste, Rajoy et Soria ont été droit dans leurs bottes. Un signe très clair de cela : la réponse à la Marche Noire a été l’annonce au Parlement de nouvelles coupes budgétaires. On peut expliquer un tel calme par deux faits.

L’Espagne de 2012 n’est pas la Grande-Bretagne de 1984 et visiblement le gouvernement Rajoy n’a pas anticipé ou recherché ce conflit. Il devait bien se douter que les mineurs réagiraient à l’annonce de ces coupes car à chaque fin d’un plan charbon les mineurs faisaient grève. Mais le charbon n’est plus une industrie stratégique aux yeux de ce gouvernement.

Surtout, les syndicats ont cadré le mouvement. Jamais ils n’ont voulu autre chose que des négociations et le gouvernement s’est même appuyé sur l’USO pour semer le trouble parmi eux en l’invitant à la table des négociations alors qu’il n’est pas représentatif dans le secteur.

Au final, le gouvernement a gagné sur toute la ligne. Non seulement ses coupes sont passées mais il a peut-être affaibli durablement la détermination des mineurs et d’autres secteurs d’activités. Par ailleurs, pour 2013 il n’y a pour l’instant plus de plan charbon. On pourrait se dire qu’il n’y a donc plus de plan de fermeture des mines mais cela veut dire aussi que les aides accordées jusque là aux mineurs sont soumises aux aléas gouvernementaux annuels. Déjà pour 2013, Rajoy a annoncé qu’il ne finançait plus aucun départ en pré-retraite pour les mineurs.

 

 

Les suites du conflit.

bazooka.png

On ne peut que regretter l’échec de cette grève. Véritablement mouvement impulsé par la base appuyé par toute une contrée qui a su inverser momentanément le rapport de force. Mais d’entrée de jeu, elle était fragile. Grè ve de survie lancée par les syndicats, il s’agissait encore une fois de se défendre et non de gagner de nouvelles choses.

Que dire aussi de la situation financière des mineurs ? Les deux syndicats majoritaires UGT et CCOO ont aidé financièrement les mineurs en négociant auprès d’un organisme de crédit des prêts que les mineurs vont donc devoir rembourser ! Seule l’USO a versé une aide directe mais uniquement à ses adhérents.

Le patronat a repris la main dans les mines. Ainsi, Vittorino Alonso a pu réprimer durement une longue grève de 63 jours dans les mines à ciel ouvert de la UMINSA : l’aurait-il pu sans le récent échec de la grève du printemps ? (voir encart 3). Pendant ce temps, la direction de la HUNOSA se lance dans des projets de capitalisme vert. A coup d’investissement démentiel, le groupe HUNOSA se lancerait dans la capture de CO2 pour créer le « charbon vert » ! Le capitalisme a donc repris la main mais l’Espagne reste un chaudron où grèves et manifestations se succèdent au rythme des plans de rigueur. Quant aux mineurs, ils n’ont toujours rien à perdre et pourraient se relancer dans un mouvement encore plus radical.(5)

 

(2) Les chiffres qui suivent viennent des statistiques sur l’énergie de l’Université de Schaerbrook au Canada, du ministère de l’industrie espagnol et des syndicats UGT et CCOO.

(3) Pozo = puits

(4) Fin octobre, Alonso a annoncé la fermeture de ce puits, foyer traditionnel de grève.

(5) Pour faire cet article, nous avons utilisé les sites internet des syndicats et entreprises sités, les sites gouvernementaux espagnols, le plan charbon, le Bolletin Oficial del Estado, les sites de journaux et agences de presse tant espagnol que régionaux. Enfin, l’ouvrage d’Henri SIMON To the bitter end. Grève des mineurs en Grande-Bretagne (Mars 1984-Mars 1985) publié chez Acratie en 1987 a fortement alimenté notre réflexion.1234

Encadré 1. Syndicalisme et combat minier.

 

Le principal syndicat de mineurs est le SOMA (Sindicato de los Obreros Mineros de Asturias) fondé en 1910 dans les Asturies, principales régions minières en Espagne. Il fait parti dès 1911 de la FITAG (Federación de Industria y Trabajadores Agrarios) du syndicat espagnol UGT (Unión General de Trabajadores). L’UGT est le deuxième syndicat espagnol selon les résultats des dernières élections professionnelles de 2011. Dès sa création en 1888, il a été proche du PSOE, le parti socialiste espagnol. Au sein de l’UGT, le SOMA a toujours été un trublion tant par ses pratiques internes horizontales que par la radicalité de ses actions.

Selon ces mêmes élections, on trouve en premier syndicat les CCOO (Comisiones Obreras). Officiellement fondées en 1976, les premières commissions ouvrières étaient apparues clandestinement sous le franquisme dans les années 1960. Les CCOO sont proches du Parti communiste espagnol. Dans les mines, les CCOO sont le deuxième syndicat.

Troisième syndicat espagnol, l’USO (Unión Sindical Obrera) fondée en 1961 est dans la tendance du socialisme chrétien. Plus grand syndicat de la fonction publique, on le trouve implanté dans une entreprise minière du León, Hullera Vasco-Leonesa.

Du côté de l’anarchosyndicalisme, CNT (Confederación Nacional del Trabajo),CGT (Confederación General del Trabajo) et SO (Solidaridad Obrera) sont inexistants dans les mines.

 

Les mines espagnoles ont toujours été un haut lieu de lutte des classes, en particulier celles d’Asturies. On ne compte plus les grèves générales dans les Asturies : septembre 1911, deux mois en 1917, une grève insurrectionnelle en 1934… Dans l’histoire du pays, la plus célèbre est celle de 1962 à la fois à propos des conditions de travail et en opposition politique au régime de Franco. Ces dernières années les grèves se sont multipliées pour la survie de l’industrie, toutes sur la base de deux fois deux jours de grève et des Marches mais aucune n’avait atteint l’ampleur de celle de 2012.

 

 

Encadré 2. Industries minières en Espagne.

 

L’exploitation du charbon en Espagne comporte à la fois des mines à ciel ouvert et des mines de fond. La principale entreprise minière des Asturies est la HUNOSA (Hulleras del Norte). Entreprise publique créée en 1967, elle compte en 2012 sept puits en cours d’exploitation, un lavoir à charbon et une centrale thermique. Son Conseil d’administration comporte des représentants de différents ministères (industrie, écologie, économie), de la province des Asturies et des syndicats UGT et CCOO.

A côté de la HUNOSA, on trouve toute une série d’entreprises privées et tout d’abord la plus grande d’entre elle la UMINSA (Unión Minera del Norte). Elle est implantée dans les Asturies, le León et la province de Palence. La UMINSA est apparue en 1998 par la fusion de différentes entreprises appartenant à Vittorino Alonso. Depuis, elle n’a cessé d’acheter d’autres entreprises minières devenant ainsi la première en Espagne. Exploitant des mines à ciel ouvert, la UMINSA a été fortement critiquée pour ses dégâts environnementaux entre autres en 2011 par les Indignés. Elle devance la Coto Minero Cantábrico apparue en 2008 suite à la fusion de deux entreprises d’Asturies et León. Elle appartient aussi à Alonso qui est ainsi le principal entrepreneur des mines. Alonso est souvent apparu dans les chroniques judiciaires espagnoles pour des faits de corruption ou détournement de fonds. A côté de ces trois géants, on trouve aussi la Hullera Vasco-Leonesa et une dizaine d’autres entreprises de petites tailles.

Toutes ces entreprises y compris la HUNOSA publique sont membres du syndicat patronal Carbunión. La Carbunión est présidée par Vittorino Alonso.

 

 

Encadré 3 : la deuxième grève des mines cet été.

 

Il y eut en Espagne une seconde grève des mineurs cet été. Elle n’a concerné que les mineurs à ciel ouvert de la UMINSA. Alonso a prévu une réorganisation des conditions et temps de travail de ses salariés provoquant une baisse mensuelle de la rémunération de 200 à 400 €. Les salariés se sont immédiatement mis en grève et elle dura 63 jours. Plusieurs particularités sont à noter : les syndicats ne sont pas à l’origine de ce conflit et n’y prirent presque pas part. Contrairement à la précédente, cette grève ne faisait pas l’unanimité chez les ouvriers de la UMINSA. Par ailleurs, très peu de soutien est venu des autres mineurs. On peut noter enfin que les ouvriers des mines à ciel ouvert ne font pas partie de la convention collective des mineurs, plus avantageuse, mais de celle des ouvriers du bâtiment. De fait la grève est restée une grève d’entreprise et Alonso put réprimer lourdement. Les membres des comités de grévistes ont été licenciés et au final Alonso n’a reculé sur rien annonçant le soir de la dernière négociation un plan de réduction de l’emploi ! Depuis, fin octobre, Alonso a annoncé réduire de 50% le nombre de salariés dans ses deux entreprises, Coto Minero Cantábrico et la UMINSA.

 

 

Publié dans Solidarité internationale | Commentaires fermés sur « Quieren acabar con todo » (« Ils veulent en finir avec tout »,) Retour sur la grève des mineurs de l’État espagnol

Enquête de la Brique sur la pêche à Boulogne sur mer

http://idata.over-blog.com/4/34/89/80/rubon107.jpg

Enquête de la Brique sur la pêche à Boulogne sur mer

 

rubon107.jpg

 Au programme :

La Brique d’Avril / Mai 2013 est dans les kiosques ! Au sommaire :

  • Enquête à Boulogne : La pêche prend l’eau.
  • Accords de compétitivité : Marche ou grève !
  • Lahoucine Ait Oumghar : Tué par la police
  • RFID : Un tour de Pass Pass signé Transpole
  • 1789 : la Révolution bourgeoise à Lille
  • Hôtesses : L’intérim en talons haut
  • Reportage au Vénézuéla : Retour sur les années Chavez

Mais aussi : des dessins à volonté, de la poésie, du débat syndical, une nouvelle BD, un docu, du rap… et une livraison de brèves fraîches !

Publié dans Dossier Pêche | Commentaires fermés sur Enquête de la Brique sur la pêche à Boulogne sur mer