Caméras de surveillance contre les migrants :  nouvelle annonce faite aux mairies du littoral à propos du projet Terminus

Caméras de surveillance contre les migrants : 

nouvelle annonce faite aux mairies du littoral à propos du projet Terminus

Le verdict rendu par la perfide Albion est douloureux à avaler pour les édiles de la CAB, et leurs sentiments ont été rapportés par La Voix du Nord du 5 avril. Olivier Barbarin, le maire du Portel, très colère, tonne «C’est inadmissible !» ; «C’est décevant» pour Jean-Luc Dubaele, maire de Wimereux ; et «Le financement n’ira qu’à Calais» jalouse Brigitte Passebosc, maire PCF de Saint-Étienne-au-Mont …

Bref, ils en sont pour leurs frais. Enfin, façon de parler, puisque c’est le contribuable britannique qui était censé casquer pour leurs gadgets… 

Terminus : c’est quoi ?

Issu du traité franco-britannique de Sandhurst conclu le 18 janvier 2018, lors du sommet franco-britannique entre le Premier ministre britannique Theresa May et le président de la République français Emmanuel Macron, Terminus est le petit nom élégant donné au dernier dispositif attendu dans le cadre de la lutte contre les traversées illégales de la Manche. Vincent Pihen précise dans son article dans Le phare dunkerqois, publié en ligne le 4 février, qu’il vise à lutter contre les incivilités et les conséquences dramatiques liées à la problématique migratoire et, cite Olivier Barbarin : « il s’agit de prévenir les infractions aux règles de la circulation d’ordures mais aussi pour assurer le secours aux personnes » (sic). Le rapprochement malheureux ne dit pas si les citoyens sont invités à la salubrité participative, à l’instar de l’Ifremer qui a lancé en 2020  une application (Fish & Click) qui permet aux utilisateurs de signaler tous les déchets de pêche qu’ils rencontrent sur le littoral ou en mer. 

Le système de vidéosurveillance Terminus consiste en une implantation massive et stratégique de caméras sur 130 km sur le littoral de Dunkerque à la baie de Somme. Une vingtaine de communes se sont mises en lice. Équipées de «quatre têtes», ces caméras seront particulièrement perfectionnées, certaines spécifiquement dédiées à la lecture des plaques minéralogiques.

Les autorités ont identifié des «points stratégiques», comme les intersections de départementales et points d’accès à la mer, encore indemnes de tout flicage en direct. Les images seront centralisées par la gendarmerie et la police «qui pourront surveiller tous les mouvements suspects de véhicules», mais les mairies pourront également les visionner, selon Laurence Prouvot, maire de Wissant. Les autorités britanniques, en revanche, n’y auront paraît-il pas accès. Ouf ! ce n’est qu’une chasse au passeurs, pas aux malheureux exilés qui eux, sont «mis à l’abri et orientés dans le dispositif national d’accueil » selon l’expression consacrée par l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration). Bref, il s’agit d’empêcher les migrants de s’embarquer n’importe où et n’importe comment en risquant leur peau davantage que de leur assurer un avenir loin de leur condition de victimes des guerres, dictatures, famines, sécheresse et esclavages dans nos mines de terres rares ou autres… Et finalement de les y renvoyer.

Money ! Money ! Money !

In fine, seule Calais sera suréquipée en matériel sécuritaire. Aucun élu – ni même la Préfecture ‒ n’a connaissance du montant de l’enveloppe allouée aux «mouvements suspects de véhicule». Certaines communes avaient déjà condamné des chemins de traverse menant au littoral. Et même, selon france3-regions.francetvinfo.fr du 28 mars, la commune de Cayeux-sur-Mer, en baie de Somme, a déjà implanté quatre caméras dans son hameau de Brighton(!)-les-Pins. Coût total de l’opération : 67 108 €, financé à hauteur de 55 923 € par le fonds britannique. L’autre partie (11 185 €) sera prise en charge par la fédération départementale de l’énergie (FDE), dont le prestataire est Citeos. Une opération blanche pour la commune rassure Matthieu Blin, directeur général des services de la mairie de Cayeux-sur-Mer. Et le même d’en définir l’objectif final de placer une trentaine de caméras pour surveiller les 14 kilomètres de littoral. La deuxième tranche, prévue pour fin 2022, début 2023 devrait permettre l’installation de 12 caméras supplémentaires, pour un investissement de 205 000 €. La mairie compte appeler à l’aide le département (plafonnée à 50 000 €) et la région (30 000 €). Le fonds britannique bouclant le tout.

Alors, combien pour mater le sable jusqu’à Dunkerque ? Too much assurément. D’autant que le nombre de migrants qui risquent le tout pour le tout est passé au record de 28 000 personnes en 2021 ; le nombre de naufragés a triplé (source www.infomigrants.net). C’est en millions que les dispositifs de dissuasion à gagner l’Angleterre se chiffrent. 

Les caméras viennent s’ajouter aux kilomètres de barbelés, aux rangers et aux matraques et lacrymos… Plus de véhicules mobiles, de quads, de 4×4 sur les plages du littoral nord. Plus de zodiacs dans la Manche pour intercepter les migrants, plus de caméras thermiques et d’équipements de vision nocturne pour repérer le moindre mouvement sur les plages et dans les dunes de Calais, Grande-Synthe, Dunkerque… Et puis Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, qui a déployé fin 2021 un avion pour patrouiller au dessus de la Manche… Et puis les CRA…

Que faire de plus ‒ si Britannia ne finance pas ‒ pour empêcher toute cette misère du monde de venir se noyer dans le détroit ? Un mur, peut-être. On ne serait pas les premiers, ni en Europe, ni ailleurs…

Boulogne sur Mer le 11 avril 2022

Pour en savoir plus, une analyse du Traité de Sandhusrt par Antoine Guérin :

https://doi.org/10.4000/revdh.3772

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