«Des comportements choquants …»

«Des comportements choquants …»

Plus d’un million de contraventions ont été distribuées durant la période du premier confinement ; la plupart d’entre elles pour défaut d’attestation de déplacement. Lors du second confinement, près de 300 000 sanctions supplémentaires ont été enregistrées. A cela, il convient d’ajouter 45 000 verbalisations pour «non respect du port du masque». L’ensemble de cette comptabilité réclamerait aujourd’hui d’être réévaluer.  

A eux seuls, ces chiffres suffisent à comprendre que depuis le sommet de l’Etat jusqu’au plus anonyme des commissariats de quartier, une politique unique prévaut ; celle-ci consiste à étreindre certaines fractions de la population afin de leur dénier toute capacité ou possibilité de faire face et de s’organiser par elle même pour solutionner des questions qui la concernent au premier chef. Au lieu de cela, un pouvoir militarisé qui se drape derrière la légitimité d’institutions réglées à la mesure de ses seuls intérêts de classe culpabilise, infantilise, discrimine et réprime. 

On sait comment, au titre de la lutte contre le virus, les quartiers populaires furent les premiers suspectés de «laisser aller» et investis en priorité par les forces de police. On sait surtout que c’est là où se paie le plus lourd tribu en terme de contamination, que le chômage y frappe plus brutalement encore et que les conditions d’existence au quotidien s’y dégradent de façon alarmante. Et comme on pouvait s’y attendre, la seule réponse que l’Etat apporta, dès les premiers instants où l’épidémie s’est répandue, fut de réprimer les initiatives d’entraides collectives qui se mirent spontanément en place car elles échappaient à son contrôle(1). 

De la même manière, nous n’avons pas oublié la haine qui anima l’ensemble du pot de pus médiatique lorsqu’en Ille-et-Vilaine quelques centaines de jeunes décidèrent en fin d’année de braver l’état d’urgence afin de partager durant l’espace de quelques heures un indispensable et vital moment collectif. Nous n’oublions pas davantage la façon avec laquelle Darmanin envoya ses flics mettre fin à la fête et traduire en justice celles et ceux qu’il qualifia de «délinquants». Depuis, on a appris de l’ARS de Bretagne que l’événement n’était à l’origine d’aucun cluster recensé à ce jour(2). De leur côté, les organisateurs avaient pris soin de communiquer sur les recommandations à observer et mettaient à disposition des participants tout le matériel de protection indispensable. 

Pendant ce temps, on nous rapporte qu’à son tour, tel ou telle ministre du gouvernement et le président lui même vient d’être contaminé par le virus ; certains poussant le civisme jusqu’à ne surtout pas l’avouer publiquement…

 

quand ça flambe dans les commissariats de Dunkerque 

Dernièrement, un groupe d’avocats de Dunkerque s’est alarmé du «comportement choquant» des policiers de plusieurs commissariats de la cité. Ces avocats qui interviennent au sein même des locaux viennent de dénoncer leur mise en danger  par «le non respect du port du masque et des gestes barrière de la part des membres de la police autant que des gardés à vue pendant les auditions.»(3) 

Les policiers dunkerquois incriminés n’étaient à notre connaissance ni les organisateurs ni les participants de la rave de Lieuron. Mais nul ne doutera du fait qu’il  échapperont à toute forme de contravention et de sanction judiciaire. Et cette fois l’ARS du Nord n’aura pas à investiguer longuement pour identifier les auteurs de nouveaux clusters puisque plus de 60 cas positifs au virus ont été détectés chez ces seuls porteurs d’uniformes …

Boulogne-sur-mer, le 01/03/2021

(1)Ce fut le cas dans plusieurs quartiers de différentes villes comme Marseille ou Montreuil. 

(2)L’Agence Régionale de Santé n’est que la courroie de transmission du pouvoir politique en matière de santé. 

(3)La Voix du Nord du 24/02/2021.

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