A Lille, une intersyndicale qui appelle la police à l’aide …

A Lille, une intersyndicale qui appelle la police à l’aide …

 

A bien des reprises nous fûmes témoins à Boulogne-sur-mer des rapports qu’entretient toute une partie du petit monde syndical avec la police, ses RG, ses commissaires, etc … Dernièrement à Lille, cette collusion a entraîné une dénonciation écrite à l’adresse du ministre de l’intérieur de toute une partie des manifestants et signée de la main de plusieurs organisations. Nous n’en sommes pas surpris.

Malgré cela, l’intégration achevée des syndicats et la perte de repères les plus élémentaires qui l’accompagne a connu ces dernières semaines un début de remise en question. Si nous n’entretenons aucune illusion au sujet de ces appareils et de leur fonction, c’est à la fraction de la base la plus consciente que revient la responsabilité de dénoncer et faire cesser ces pratiques répugnantes.

Un camarade de Lille nous livre son témoignage.

Le 27 janvier dernier, l’intersyndicale régionale CGT, FSU, FO et UNEF s’est fendue d’une lettre au ministre de l’intérieur pour réclamer l’arrestation de certains manifestants à Lille ! Dans le texte, cela donne : «Régulièrement, lors de nos manifestations, un groupe de personnes non identifiées s’immisce dans nos cortèges et se livre à un certain nombre de dégradations : vitrines, panneaux publicitaires ou abribus brisés. Notre service d’ordre de la manifestation isole le cortège syndical de ce groupe d’individus. Facilement repérables au départ de la manifestation, ces individus ne font l’objet d’aucune intervention de la police pourtant massivement présente. »

 

 

Puis dans la suite du communiqué (1), les chefs syndicaux se plaignent du préfet qui interdit l’accès au centre ville et qui avait le 23 janvier dernier lors d’une marche aux flambeaux interdit les torches par arrêté préfectoral (2) et enfin, dans un citoyennisme touchant ils finissent par demander le respect du droit de manifester, dans « le cadre des lois »(3).

Misère des appareils …

Depuis cette publication, les manifestations lilloises ne sont toujours pas autorisées dans le centre-ville, il y a toujours un cortège de tête fourni et éclectique rassemblant des individus syndiqués ou non, en noir ou pas et les gaz lacrymogènes pleuvent à gogo sur tout le monde sans distinction… La seule nouveauté réside dans le fait que les chefferies syndicales ne se masquent plus pour casser le mouvement. La CGT arrête de son propre chef la manifestation car elle ne supporte plus le cortège de tête, son service d’ordre s’est étoffé et essaie de jouer les gros bras (vainement!) tandis que la FSU discrédite au micro les actions décidées par l’AG inter-établissement de Lille, actions pourtant non violente comme ce fut le cas lors de la manifestation de ce jeudi 6 février. C’est donc une intersyndicale aux abois qui tente de reprendre la main sans y parvenir totalement car la base est remuante et cette histoire de courrier adressé au ministre n’arrange pas les choses. En parlant avec des cgtistes de base, ils sont scandalisés, ne savent pas qui a signé et se préparent à demander des comptes à leur chef qui malheureusement devrait s’en sortir en appelant à maintenir l’unité syndicale.

 

 

et réveil de la base !

Mais l’espoir persiste ! En décembre, lors de la grève des cheminots, des sections UNSA entières ont tenu tête à leur direction pour continuer la grève pendant les vacances. Depuis le 5 décembre dans les manifestations, des individus voire des unions professionnelles comme celle de l’énergie s’auto-organisent et passent à l’action directe en coupant le courant des lieux de pouvoir et en se retrouvant devant le cortège intersyndicale dans une posture moins « traîne savate ».

 

 

Malheureusement cette base n’est pas encore assez nombreuse pour vraiment déborder l’intersyndicale qui dans l’agglomération lilloise ne propose aucune action de blocage économique. Cela dit, c’est un processus lent mais qui progresse : l’année dernière les gilets jaunes ont prouvé qu’il était possible de se réapproprier des moyens d’actions efficaces sans attendre les ordres d’en haut ni rien déclarer. Dans les têtes aussi, face au mur que représente le gouvernement et le patronat qui veulent nous imposer leur monde libéralisé, le discours de classe réapparaît et les lignes de fracture se redessine entre le capitalisme et nous. Quant aux directions syndicales, ce genre d’exemple prouve qu’elles ne cherchent pas l’unité et la victoire, elles sont obnubilées par leur représentativité aux yeux de l’État.

A l’intersyndicale et à l’État, nous ne défilerons plus derrière vous, nous ne sommes pas des camarades ou des partenaires sociaux, nous sommes vos pires ennemis de classe.

Lille, le 09/02/2020

(1) Entièrement consultable sur le site de la FSU Lille
(2) Interdiction pas respectée par les manifestants présents grâce au rapport de force en notre faveur
(3) Quand on constate chaque jour que la bourgeoisie viole la « légalité » qu’elle nous impose à coup de trique, ce n’est plus faire preuve de naïveté mais de lâcheté.


Complément d’information

Un camarade de l’ Union Syndicale Solidaire nous informe que Solidaires Nord a mis le sujet sur le tapis en intersyndicale régionale en s’appuyant sur le communiqué suivant : https://solidaires.org/L-Union-syndicale-Solidaires-Nord-condamne-les-violences-policieres-qui-visent

Ce camarade précise que « ce n’est quand même pas toute l’intersyndicale qui fait n’importe quoi, merci de le noter. »

Par ailleurs, l’UL CGT Tourcoing dénonce la lettre envoyée par la CGT lilloise au ministère et aurait rédigé un communiqué à ce sujet.


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