Boulogne-sur-mer par un vilain matin

Boulogne-sur-mer par un vilain matin

Tandis que d’autres assistaient à la messe, une centaine de personnes ont répondu à l’appel contre la loi « immigration asile » sur le port, devant la CCI, dimanche 14 janvier à 11 heures.

Plusieurs prises de parole ont réitéré les motifs légitimes d’exigence de retrait de cette enfilade de dispositions, toujours plus iniques et régressives, de gouvernement en gouvernement.

Les orateur-trice-s ( Extinction Rebellion et LFI ) ont justement rappelé les grandes lignes de la loi Darmanin ( il est injuste de pas y associer le nom du ministre du travail, Olivier Dusopt ).

Le texte prévoit des quotas migratoires, le durcissement du regroupement familial, un délai de carence pour l’ouverture des prestations sociales non contributives aux étrangers…
Autrement dit : plus facile d’expulser – y – compris les personnes arrivées avant l’âge de 13 ans ‒ ; plus difficile d’entrer par l’immigration choisie, possibilité d’être déchu de la nationalité française et donc expulsable pour un oui, pour un non et même pour un peut-être…
Rien de nouveau finalement.

Combattre une énième loi relative à l’immigration est normal. Il a été rappelé que le Capital est derrière les causes ( exploitation, misère, guerre, famine, menace politique ou religieuse… ) et que l’obligation faite de quitter sa terre et les siens pour l’Europe, la France est une question de survie.

La lutte contre ces mesures est une lutte de classe. Cela fait vingt ans, avec le soutien armé des gouvernements britanniques, que notre région est, pour ( tous ) les gouvernements, un laboratoire de lutte contre les immigrés, d’y tester les moyens de contrôle et de ciblage, délégitimiser les solidarités et accoutumer la population à une militarisation de la société toujours plus forte, naturaliser enfin la violence d’État.

Par coïncidence insupportable, quatre migrants ont été retrouvés sans vie sur plage près de Wimereux et un cinquième corps était ramené à Boulogne-sur-mer pratiquement au moment-même du rassemblement. L’hommage qui leur a été rendu ne masque pas la colère tue. Les victimes voulaient tenter la traversée de la Manche, profitant… d’une accalmie. Au total, 72 autres personnes ont été prises en charge par les secours. Deux ont été embarquées au commissariat. Traqués par les flics, ramassés par les pompiers. Foutu sort qu’on leur réserve. Fermement quand ils sont vivants, humainement quand ils sont mourants.

C’est le sort de tout ce qui bouge : étranger en exil, militant à Sivens ou Sainte-Soline, chômeur en jaune, jeune à capuche, ouvrier en grève… Ce n’est donc pas tant une question de racisme : Macron et les Saoudites sont copains comme cochons, Sarkozy s’aplatissait devant Khadafi et roucoulait avec El Hassad, et puis la Françafrique… Qui se souvient des printemps arabes – presque tous les participants au vu de la moyenne d’âge – revoit la valse hésitation des « homocraties » ocidentales attendant le résultat des courses…

Un camarade l’a rappelé : il s’agit d’un combat des riches contre les pauvres ; nous disons prolétariat contre Capital. Pouvoir contre plèbe. Partout. Toujours.

Enfin, XR et LFI ont rappelé que la veille, le samedi 13 janvier à 18 heures un rassemblement s’est tenu contre le massacre des Gazaouis. D’aucuns, de bonne foi et non sans raison, disent qu’il s’agit d’une « punition collective » suite aux actions du Hamas. C’est bien pire. Gaza est devenu un camp de concentration à ciel ouvert, abandonné de tous, de tous les États. De toute façon, Israël, cette enclave occidentale imposée par la couronne britannique s’est toujours moquée des résolutions internationales. Et pourquoi pas ? Pas une fois, depuis 1948, une sanction n’a été prise ou appliquée à cet État ! Aujourd’hui, le gouvernement d’extrême droite de Nethanyahou ne fait que peaufiner la politique de colonisation/éradication des Palestiniens.

Ces quelques heures de solidarité à Boulogne paraissent énormes au regard de l’apathie. D’une part, nous serons bien peu à empêcher le grand nettoyage de printemps quand s’annonceront les JO et les touristes. Local.
D’autre part la guerre, quel qu’en soit son prétexte, est restée une valeur sûre. Elle permet de désigner l’ennemi, l’ami de l’ennemi, le soutien de l’ami… et de faire d’une pierre tous les sales coups qu’on veut. Global.

Boulogne-sur-mer, le 16/01/2024

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