Le 31 janvier à Boulogne-sur-Mer, la police protège les patrons du quartier de marée !

Le 31 janvier à Boulogne-sur-Mer, 

la police protège les patrons du quartier de marée !

 

Première surprise, de bon matin aux abords du quartier industriel de Capécure, une rangée de camions de CRS stationne le long des enceintes des usines Findus et Continentale Nutrition. Seconde surprise, des hommes fusil au poing fanfaronnent sur les trottoirs et sur le rond point du bassin Napoléon. La police a investi le quartier de marée …

Un certain ordre règne à Capécure …

Les patrons des usines agro-alimentaires semblent enfin avoir obtenu ce qu’ils réclamaient à cor et à cri : pouvoir exploiter leur main d’oeuvre et engranger leurs profits sans être inquiétés. Les multiples actions de blocage de la marchandise, les coupures de courant opérées par les électriciens grévistes, les défilés dans les artères de la zone, tout cela et bien d’autres choses encore, il n’en voulaient plus ! La police en protectrice de « La Liberté du Travail » a donc rappelé à la population que l’exploitation du travail salarié ne souffre aucune restriction, d’aucune sorte. A bon entendeur …

Du côté de la manif …

Des fanions par centaines, des piétons par milliers, plus nombreux encore que le 19 janvier, c’est dans un cortège bigarré que les manifestant.es ont arpenté le pavé boulonnais. Davantage encore de salarié.es du privé s’étaient cette fois mobilisé.es.

Pour l’occasion, c’est une intersyndicale large, épanouie, joliment colorée et « interpro » qui  l’a jouée bras-dessus-bras-dessous – même la très réac flic Alliance agitait son petit drapeau mauve ; une influence et une servitude pourtant sûres auprès de tous les gouvernements qui leur ont octroyé des droits et avantages à faire saliver n’importe quel « partenaire social » conciliant.

Si les fameux 64 ans étaient l’objet du courroux populaire, les discussions au sein du cortège laissaient accroire que cet épisode de l’offensive des bourgeoisies patronales et de gouvernement n’était qu’un saillant sur le front de la casse sociale. Et de se remémorer les mobilisations monstres et les défaites cuisantes de 2003 et 2010. Le parallèle s’établit sur une intersyndicale de façade et de démonstration.

Si pouvoir se compter par milliers ‒ disons 6000 selon… ‒ est « bon signe », il est pertinent de savoir quoi faire de cette « armée ». 

Moment de flottement, une dynamique à trouver …

Comme nous l’avions pressenti, l’entrée de la zone industrielle à la manifestation était interdite par deux vingtaines de flics. Il eût sans doute suffit d’avancer franchement pour passer, même si, évidemment, d’autres godillots armés faisaient à coup sûr renfort à l’intérieur. Las ! Après une (trop) longue hésitation, la sono-ballon de la meneuse CGT a choisi de finir la ballade… Grincements de dents, émotion… Une poignée de manifestants s’est précipitée dans un couloir appelant le reste du cortège à les rejoindre afin de contourner le dispositif policier. Peine perdue. Pour autant, les échanges sur l’instant traduisaient la conscience bien établie qu’il ne va pas falloir que cela se reproduise et qu’il faut entrer dans le vif ; se contenter de faire du chiffre ne mènera nulle part.

Le mot de la fin reste à un camarade de la CGT : « si toutes les boîtes de Capécure étaient en grève ( la gare routière en particulier ), il n’y aurait pas besoin d’y aller. »

CQFD…

Boulogne-sur-mer, le 01/02/2023

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