La très républicaine loi sur la sécurité globale

La très républicaine loi sur la sécurité globale

Tandis que dans les rues de Paris, un cortège de plusieurs milliers de manifestants s’ébranlait péniblement(1), sur une place de Calais, un rassemblement statique d’une centaine de personnes s’en tint aux prises de paroles publiques.

Lorsqu’un rapport de force s’engage, il arrive que la lecture ou la diffusion d’un texte qui atteint son but se révèle être aussi efficace, si ce n’est plus, que la destruction toute symbolique d’une vitrine de banque. Dans certaines circonstances, il en ira autrement, une pratique n’exclue pas l’autre car dans tous les cas il s’agira de recourir aux bons outils sans souscrire à quelque fétichisme qui soit. 

Ce samedi après-midi à Calais, hélas, l’arme choisie de la critique manqua sa cible, et pour cause… La poignée de syndicalistes qui se succédèrent à tour de rôle au micro psalmodia paresseusement l’antienne d’une « police républicaine utile à la population » mais dont la mission est aujourd’hui dévoyée par un pouvoir politique aux aboies et qui l’instrumentalise. Des policiers eux aussi «victimes» des restrictions budgétaires et de la «casse des services publics», dans la bouche de responsables syndicaux, pouvait-on s’attendre à autre chose ? 

A la vue des quelques bannières socialistes déployées à ce rassemblement nos syndicalistes auraient pu s’extirper d’une amnésie si commode. Il est vrai que des décennies de promiscuité et de renvois d’ascenseur de part et d’autres n’aident pas à y voir très clair sur le sujet … 

Alors, posons nous la question: le Parti Socialiste et avec lui la gauche à ses côtés a-t-il instrumentalisé la police lorsqu’il était au pouvoir ? Non, évidemment. De Jules Moch à Manuel Valls en passant par Mitterand, tous ces ministres de l’intérieur n’ont fait que servir les intérêts de la république à coups de trique, de fusils ou de guillotine, comme il se doit. Que ce soit face aux ouvriers en lutte ou aux algériens réclamant leur indépendance, les socialistes furent en leur temps les « marcheurs » d’aujourd’hui, des serviteurs dévoués des intérêts exclusifs de la bourgeoisie au pouvoir. Là est la seule fonction de la police, rien de plus, rien de moins.

A chaque fois que la bourgeoisie a concédé aux prolétaires, ce ne fut que sous la contrainte, sous la critique des armes de la grève de masse, des occupations d’usines, de la résistance armée. Une militante de l’organisation Lutte Ouvrière rappela cette évidence, relevant un peu le niveau au milieu de cette bien triste mascarade …

Boulogne-sur-mer, le 13/12/2020

(1)Après deux samedis de manifestations pétillantes, le couple Lallement-Darmanin avait décidé de rappeler aux parisiens le goût du « savoir faire français » en matière de « maintient de l’ordre ».

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