Boulonnais, Boulonnaises, vous êtes filmés ! Ou Comment joindre l’inutile au désagréable…

Boulonnais, Boulonnaises, vous êtes filmés !

Ou Comment joindre l’inutile au désagréable…

« Suite aux événements ( l’incendie partiel d’une terrasse de restaurant (ndlr) qui se sont déroulés en Ville fortifiée dans la nuit du 29 au 30 août  2018, le maire Frédéric Cuvillier tient à informer les Boulonnais des dispositions prises […] sur la question de la vidéo-protection dans notre Ville. » C’est ainsi que La Semaine dans le Boulonnais du 31 août dernier nous annonçait les intentions de Frédéric Cuvillier de doter la ville de trente caméras de surveillance supplémentaires et plus précisément dans les quartiers « identifiés comme prioritaires » Et la Lettre du Maire de septembre 2018, intitulée Tranquillité et Sécurité de tenter de justifier cette décision de vidéo-matage à tout-va. 

Pourtant, Frédéric Cuvillier, était plutôt réticent quant à l’usage de la vidéosurveillance (1) qu’il ne voulait pas voir « se généraliser partout sur l’espace public » nous rappelait La Voix du Nord dans son édition du 2 septembre 2013. Mais ça, c’était avant, pendant l’intérim de gestion des affaires courantes de Mireille Hingrez-Céréda. Celle-ci inaugurait le suivi digital de nos levers de coude dans le quartier chaud de la place Dalton suite, déjà, à du fait divers. Dans la foulée, le toujours avant-dernier plan de contrôle des quartiers populaires – le siglage ZSP : Zone de sécurité prioritaire –, en 2014, prévoit une vingtaine de caméras à Transition, tant sur l’espace public que privé… ( la Voix du Nord du 13/01/2014 ).  Un an plus tard, le même quotidien tuyaute : « le dispositif déjà existant sera étendu. Le nombre de caméras passera de huit à dix-huit ». Et de préciser les lieux d’implantation : boulevards Daunou, Auguste-Comte et Clocheville, ainsi qu’aux rues Nationale et Faidherbe.

Priorité affichée : la chasse à l’incivilité 

Dans son tract, le maire explique que «  l’alcoolisation sur la voie publique et l’existence de comportements inadaptés » motive qu’on tienne à l’œil le lambda par le déploiement d’une trentaine de caméras judicieusement situées : le centre-ville, la ville fortifiée, Éperon-République, le dernier sou, Sainte-Beuve, le port de plaisance et Bréquerecque, tous quartiers « identifiés comme « prioritaires ». Identifiés par qui ? Sur quels critères ( peut-être le ratio éthilisés/noctambules ) ? 

À y regarder de près, cette carte  des quartiers à risque est une carte… postale ! Ce sont en effet les zones à haute valeur touristique ajoutée (commerces, espaces culturels et de loisirs…), tourisme d’affaire compris, notamment dans les nouveaux quartiers Éperon-République. On aurait pu croire qu’au vu de la notoriété grandissante de Boulogne sur Mer dans le cercle des villes qui comptent et de son événementiel hautement achalandé, c’est la gestion des foules, voire la menace terroriste qui aurait incité à mettre le paquet sur le criblage visuel de nos rues et bâtisses. Mais non, c’est l’incivisme alcoolisé qui justifie et la décision et la facture.

À Boulogne, on voit … ce que tu vois ! 

Parlons affaires

À ce propos justement : « L’État ne peut se détourner de sa responsabilité : il doit donner tous les moyens à nos forces de sécurité publiques et assurer un cofinancement du dispositif. » Telle est la supplique adressée par le maire de Boulogne à l’État afin d’obtenir les subsides nécessaires au déploiement des trente indispensables caméras. Mais les 175 000 € ( soit environ 25O rémunérations mensuelles d’AVS au passage ) attendus de l’État,  au titre du fonds interministériel de prévention de la délinquance – en principe « dus » – semblent difficiles à grappiller…

Ce recours à l’État tient à l’évolution historique de la vidéosurveillance. Laurent Mucchielli dévoile ce programme politico-industriel massif, dans son livre Vous êtes filmés! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance. Il estime « qu’aujourd’hui il y aurait environ 1,5 million de caméras filmant des lieux publics et des voies publiques, dont environ 150 000 à l’initiative des communes (soit le triple des estimations officielles). Seulement 5 des 60 plus grandes villes françaises ne sont pas équipées. Début 2018, 88% des villes de 15 000 à 150 000 habitants sont pourvues d’équipement ou de programmes. La moyenne serait de près de 52 caméras par ville en 2016, un chiffre qui a doublé depuis 2010. 80 à 90% des communes en zones urbaines sont vidéosurveillées et l’extension se poursuit depuis 2015 en direction des petites villes et des territoires périurbains et ruraux. Chez nous par exemple, c’est le cas de Desvres qui va  franchir le pas. La vidéosurveillance s’est imposée partout ! »(2) 

C’est ainsi qu’à l’échelle boulonnaise l’idée d’une mutualisation des moyens via la CAB est évoquée. La supervision de l’urbs se ferait au niveau de la « métroplole » littorale. Nous nous permettrons à ce sujet de remémorer au maire/président de la CAB l’existence de L’AN2V ( l’association des villes vidéosurveillées ) qu’a pu connaître l’ancien ministre des transports autour de 2014. Cette instance réunit concepteurs et marchands de systèmes de sécurité, boîtes de sécurité, entreprises privées et publiques, communes et regroupement de communes, équipées ou désireuses de l’être.(3) Un espace propice à fluidifier, s’il en était besoin, les relations entre bizness et politique.

Une politique sécuritaire de basse intensité

 Plus prosaïquement, on peut penser que de déploiement de caméras relève de la réponse clientéliste à une pression de commerçants et de citoyens en proie au sentiment d’insécurité. Et sous couvert de picole et des débordements de quelques un-e-s, on met sous surveillance toute la population ou presque afin que l’image de Boulogne sur Mer ne soit pas entachée. Bref, pour que Boulogne soit « bien vue », il faut avoir les Boulonnais-e-s à l’œil.  Assurer le commerçant de toute absence de vomi ou d’esbroufe susceptible d’effrayer le client, allogène notamment, et que l’« image » du territoire reste « vendable ».

Le marché en hausse du flicage tente bien des élus en baisse de popularité. Et d’électorat : à Boulogne sur Mer, Frédéric Cuvillier est passé de 71,61 % de bulletins exprimés aux municipales en 2008 à 54,79 % en 2014. Entre temps l’entrée en lice de l’ineffable Antoine Golliot a porté ses fruits àl’ex FN :  26,14 % aux mêmes municipales de 2014. Scores voisins aux autres scrutins d’avant  implosion du FN et du… PS. Scores relativisés, comme partout, par une abstention massive ( parfois bien au-dessus de 40 % ; plus de 55 % au premier tour de la présidentielle 2017 ! ) ; le leurre de la démocratie par délégation a fait long feu.

Cette course à l’échalote a un sens : le ras-le-bol du Boulonnais moyen est loin des considérations invoquées par les « sécuritaristes » et leurs partenaires ou obligés. La montée en épingle de tel ou tel acte délictueux ou criminel ne focalise pas les conversations à l’arrêt de bus ou au bistrot, le sentiment d’insécurité qui est exprimé est social. La réalité du vécu est certifiée :  une étude de la  DIRECCTE ( direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi ) parue en avril 2015, le Boulonnais est l’une des zones de la région et du pays les plus en déclin depuis les années 1960. En même temps, le taux de chômage à Boulogne est de 21,40%, alors que la moyenne nationale est de 9.08%. Le taux de pauvreté atteint 31 %.

Les préoccupations pour sa survie de la population ne sont pas d’ordre sécuritaire mais social. Sauf à mettre ces deux considérations en rapport, bien sûr : l’insécurité économique viendrait-t-elle des asociaux ? Thème de campagne itératif mais toujours bien pratique.

De la coercition à la docilité

Le maire use dans sa lettre du glissement sémantique de vidéo-surveillance à vidéo-protection, dérive lexicale inaugurée dès 2010 par Brice Hortefeux.(4) Ce tour de passe-passe conceptuel est la première étape d’un processus visant à faire intégrer au quidam qu’on l’épie pour son bien et que donc s’en formaliser relève de l’inconscience ou de l’ingratitude. Il ne s’agirait pourtant pour tout-e réfractaire que d’une très élémentaire et légitime insubordination. En effet le fameux adage arguant que « si l’on n’a rien à se reprocher, on n’a rien à cacher» ne vaut pas. On peut aussi vouloir vivre heureux et si l’on ne nous soupçonne pas, pourquoi nous observe-t’on ? Le reproche que d’aucun-e ne se fait pas spontanément vient opportunément de la loi – ou de l’arrêté municipal – en vigueur.(5) Filmez les tous, Big Brother reconnaîtra les siens. Or, c’est précisément dans le but de la naturalisation d’un auto-contrôle « spontanéisé » de chaque individu comme de franges entières de la population qu’est organisée cette accoutumance aux caméras. En l’occurrence, il s’agit d’appliquer à la ville ce qui est de règle dans n’importe quel centre commercial privé : le matage. Si le quidam entre en client, qu’il sache qu’il est déjà traité en suspect ; que la caissière s’abstienne de vérifier le cabas d’une mémé et c’est la faute professionnelle. L’intention est d’inscrire dans l’esprit de chacun-e ( chaland, salarié, badaud… ) qu’il ou elle est potentiellement observé-e partout, toujours. La panoptique (6) reste dans nos sociétés l’idée du (XVIIIème) siècle, dans des versions toujours plus globales et technologiques.

Frédéric Cuvillier fait savoir dans sa lettre qu’il « attache une attention toute particulière au cadre de vie et à la tranquillité dans [notre] quartier ». Ne peut-on, en ces temps de restructuration urbaine et de malaise social comprendre, en parallèle, que l’intérêt du pouvoir politique se porte sur  l’organisation urbaine et l’émergence de troubles sociaux ? Lors d’une session récente d’un groupe de travail ( mars 2018 ), l’AN2V s’est proposée de travailler sur la question ainsi posée : « comment installer de la vidéoprotection en milieu hostile ? ». Christian Hortin, consultant au sein du Bureau d’études de Securitas, a participé à l’une d’entre elles : « Logement social : comment un bailleur social traite-t-il les « sites à risques ? » (sic). Apportant ainsi son expertise en protection des biens auprès des collectivités et des entreprises.

In video veritas

Qu’on ne se méprenne donc pas : les intentions du pouvoir capitaliste ne se résument pas à un 1984 de Orwell, trop caricatural pour être, pour l’instant, crédible mais bien plus à une société de contôle  à la Burroughs. Ainsi, Tonio Negri, dans un entretien avec Gilles Deleuze en 2009 : « C’est certain que nous entrons dans des sociétés de « contrôle » qui ne sont plus exactement disciplinaires. Foucault est souvent considéré comme le penseur des sociétés de discipline, et de leur technique principale, l’enfermement (pas seulement l’hôpital et la prison, mais l’école, l’usine, la caserne). Mais, en fait, il est l’un des premiers à dire que les société disciplinaires, c’est ce que nous sommes en train de quitter, ce que nous ne sommes déjà plus. Nous entrons dans des sociétés de contrôle, qui fonctionnent non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée. Burroughs en a commencé l’analyse. »(7) Le concept de « société de contrôle » a été  repris par Antonio Negri et Michael Hardt pour désigner un monde basé sur des existences apparemment « émancipées », caractérisées par l’autonomie et la communication, mais qui subordonne celles-ci aux exigences de l’accumulation capitaliste.

Pour Foucault, la formule abstraite du Panoptisme n’est plus « voir sans être vu », mais « imposer une conduite quelconque à une multiplicité humaine quelconque ».(8) Plus insidieuse et tellement plus pragmatique ; il s’agit de faire de chacun-e son propre inquisiteur. Inscrire la permanence puis l’habitude inconsciente d’intégrer les paradigmes du capitalisme d’aujourd’hui aux comportements et relations sociales. Il en découlerait, bien au-delà de la prévention d’actes inciviques ou délictueux – d’autant plus que la judiciarisation/criminalisation des conflits sociaux est accentuée – le sentiment diffus de culpabilité. Les comportements d’intégration et d’exclusion sociale propres au pouvoir sont ainsi de plus en plus intériorisés dans les sujets eux-mêmes. Par ailleurs la panoplie des outils de vidéosurveillance permet potentiellement de nous suivre et regarder par dessus notre épaule, de zoomer ( sur ce que l’on a dans les mains, ce qu’on lit, regarde ou écrit… ), bref de percer notre intimité. Comme si la vie privée disparaissait dans les lieux publics.(9)

En cette période de transition, cela s’accompagne de dispositifs  traditionnels immuables : la multiplication des fonctions de la police  – au travers de sa militarisation, et des tâches qui lui incombent, notamment –, la numérisation infinie des fichiers et leur interconnexion, l’espionnage social et commercial via cartes à puce et appareils « intelligents » ( cartes de fidélité, paiement par CB, dossiers scolaires, professionnels… ou encore Linky et compteurs consorts… ), les « voisins vigilants » et toutes les formes d’auto-censure prodiguées par des normes de respect, indues dans l’absolu ( hiérarchie sociale, autorité et subordination, acceptation des religions et athéisme « tolérant »…). 

S’il serait outrancier de prêter à la Mairie une intention totalitaire, sa course à la vidéosurveillance correspond aux enjeux capitalistes qu’elle accompagne et promeut à l’envi. Les allées et venues quotidiennes du commun tombent inévitablement sur une, deux, dix caméras à longueur de journée. La systématisation est à craindre ; la surveillance, le contrôle, l’anticipation des comportements en ces temps de régression sociale constituent un enjeu économique et politique intrinsèque au développement de la smart-city.

Mesure d’inutilité publique

Certes, la surveillance numérisée donne toutes les apparences aux élus d’une conception technologique, attentive et rassurante de la gestion de nos déambulations. Peut-on se penser « protégé » de coin de rue en boutique, de lieu de travail en bâtiment public ? 

 Toutes les enquêtes un peu sérieuses le montrent : la vidéo surveillance ne sert à rien en terme de sécurité. Mais le postulat contraire est  entretenu. « Les politiques aiment les chiffres quand ils s’en servent comme arguments d’autorité. Mais surtout pas pour évaluer leurs choix. Si je devais simplifier en une phrase à quoi servent les caméras, je dirais : d’abord à faire de la politique sur le mode sécuritaire. […]  Il est bien plus commode de rester dans le flou quand on parle d’un sujet, ça permet de dire tout et n’importe quoi dessus. Le réel fait peur aux politiques. » (10)

Les faits élucidés en direct sont négligeables mais très médiatisés. Les délinquants, ou considérés comme tels, ne restent pas sous les caméras ( deal et autres faits délictueux ), ils se déplacent. Alors, les images de terroristes, qui revendiquent d’ailleurs leurs actes, sont l’alibi qui justifierait le déploiement sans limites de l’arsenal. (11) Or, il ne s’agit que d’un volet du marketing des lobbies du secteur. L’industrie du numérique et le pouvoir politique ont besoin de la peur pour se développer ou se maintenir.

Et alors ?

Alors résumons. Un : l’élection présidentielle de 2002 dont les campagnes ont été entièrement bâties sur le délire sécuritaire –  avec le psychodrame associé que l’on sait –  a généré, induit, construit une focalisation d’un sentiment irrationnel d’insécurité toujours croissant. Le moindre citoyen de la plus éloignée des communes vivrait avec la peur au ventre. Deux : la rapidité et l’amplification du moindre fait divers sert d’appui aux élus de tous niveaux pour concocter des lois, décrets, arrêtés… et pour développer des dispositifs de contrôle et de répression sans cesse plus sophistiqués, intrusifs et coûteux. Cet arsenal en lui-même est anxiogène en « certifiant » qu’ on n’est plus en sécurité nulle part . Trois : ce grand flip institutionnalisé génère un marché spécialisé qui s’engouffre dans la brèche du partenariat politico-économique et génère d’énormes profits à travers de puissants lobbies. Une partie de l’« opinion publique » est satisfaite, une mesure brandie fait écran de fumée à la déshérence sociale, le smart business tourne : tout le monde est content. 

Euh… Tout le monde ?

Boulogne-sur-mer, le 03/11/2018

(1) Il avait notamment voté contre la loi LOPPSI 2 lors du scrutin du 21/12/2010
(2) voir l’article d’Hubert Guillaud à propos du livre de Mucchielli  sur : http://internetactu.blog.lemonde.fr/2018/06/02/videosurveillance-paradigme-du-technosolutionnisme/
(3) Dans l’introduction de son guide de la vidéoprotection 2018, on peut lire : « Les entreprises innovent sans cesse, et nous proposent des technologies utiles, mais qui se heurtent fréquemment à des freins juridiques, voire des obstacles juridiques. Le législateur doit évoluer dans son approche. Il doit nous permettre de recourir aux innovations technologiques, à la condition bien entendu qu’elles soient mises en œuvre de manière proportionnée, avec une finalité bien établie, et en respectant au mieux les libertés individuelles. Nous travaillons sur ces aspects, en organisant des groupes de travail associant tous les acteurs concernés, en encourageant les bonnes pratiques, comme par exemple la mutualisation des dispositifs. » in ///C:/Users/fourn/Desktop/pixel_2017_bd1.pdf%20AN2V.pdf
(4) Pour l’anecdote : Hortefeux a obtenu à cette occasion le prix Orwell novlang par l’association Privacy International
(5 ) Imaginez qu’une caméra ait flashé des amoureux homosexuels qui se bécotent sur les bancs publics avant août 1982 ( l’Assemblée Nationale ne votera la dépénalisation de l’homosexualité. que le 27 juillet 1982 ) !  A contrario il n’est pas rare qu’une loi soit mise en chantier à la suite d’un fait divers. C’est précisément le contexte-alibi de la décision locale de Cuvillier.
(6) Conçu par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham, l’objectif de la structure panoptique est de permettre à un gardien, logé dans une tour centrale, d’observer tous les prisonniers, enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour, sans que ceux-ci puissent savoir s’ils sont observés. Ce dispositifdevait ainsi donner aux détenus le sentiment d’être surveillés constamment et ce, sans le savoir véritablement, c’est-à-dire à tout moment.
(7) http://lesilencequiparle.unblog.fr/2009/03/07/controle-et-devenir-gilles-deleuze-entretien-avec-toni-negri/
(8) Voir à ce propos http://1libertaire.free.fr/Biopolitique12.html : La « société de contrôle » désigne ainsi un monde où la domination capitaliste devient totalement diffuse au sein des relations sociales, du fait qu’elle est d’abord intégrée par les personnes contrôlées elles-mêmes ; sous la forme (pourrait-on dire) d’une idéologie ou d’une multitude d’idéologies, dominantes et omniprésentes.
(9)« La caméra c’est une extension de mon œil, c’est une partie de moi, j’arrive à un niveau où je me promène dans le magasin comme si je me promène à pieds (…) tu vas suivre la personne comme si tu marchais à coté d’elle et que tu étais debout, tu te rends même plus compte que tu es derrière un écran, c’est comme si tu marchais dans le magasin, il y a plus de différence » (Agent de surveillance/28 ans). in Murielle Ory, « La vidéosurveillance: une technologie inédite de gestion des risques urbains ? », Revue des Sciences Sociales de la France de l’Est, Strasbourg, n° 38, 2007, pp. 76-84
(10)Interview de Muchielli dans Libération en ligne : https://www.liberation.fr/france/2018/03/23/laurent-mucchielli-la-videosurveillance-conduit-souvent-a-un-simple-deplacement-de-la-delinquance_1638345
(11)  Pourtant, Nice, la ville la plus surveillée de France ( 1950 caméras et une application qui permet de dénoncer des délits ) , n’a pu empêcher la course criminelle d’un camion le 14 juillet 2016.
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