Actualisation – Construisons la solidarité avec les mineurs espagnols en lutte

Actualisation – Construisons la solidarité avec les mineurs espagnols en lutte

 

Nous poursuivons nos actions de soutien aux mineurs espagnols (pour le début, voir ici). Mardi 3 Juillet, à l’occasion de l’arrivée du Tour de France à Boulogne sur mer, nous avons redéployé une banderole de soutien avec cette lutte au dessus de l’autoroute A 16 entre Boulogne-sur-mer et Calais. Les automobilistes étaient nombreux et l’accueil plutôt favorable à l’écoute des nombreux klaxons et à la vue des pouces levés.

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Les informations qui nous parviennent d’Espagne sur le mouvement de lutte des mineurs recouvrent pour la plupart d’entre-elles un caractère factuel. Le point de vue énoncé dans le communiqué qui suit et produit par le syndicat CNT-AIT de Léon, apporte quelques éléments qui dépassent le seul recensement des affrontements quotidiens et l’avancée de la Marche sur Madrid.

     Au delà des banalités d’usage sur le rôle et la fonctions des médias, c’est, en filigrane, la stratégie qu’emploie l’État pour atomiser et déstructurer une communauté qui est ici évoquée au travers de l’ exemple des bourses d’étude proposées aux enfants de mineurs. C’est également la question du coût de la production de l’énergie, de son utilité sociale et de son impact environnemental qui est posée dans ce point de vue. Des éléments essentiels que les mineurs eux mêmes n’ont de cesse d’évoquer lorsqu’ils dénoncent l’absence totale de perspective d’avenir pour les régions où ils vivent.

Soutien et réflexions autour du conflit minier.

Lundi 18 juin, Syndicats de la CNT-AIT de Léon

Nous assistons toutes ces dernières semaines à un nouveau retour d’une des luttes ouvrières les plus historiques de notre pays, la lutte minière. Ce n’est pas la première, et ce ne sera probablement pas la dernière, car le secteur de la mine, bien qu’en récession, a encore beaucoup à dire.

Toutefois, bien qu’il se caractérise par des affrontements bien plus sanglants que ceux que nous sommes habitués à voir, il n’est pas retransmis dans les média de communication avec l’honnêteté qu’il mérite. Nous ne parlons pas ici de quelque chose qui doit nous surprendre, ceux qui pensent qu’il s’agit de médias neutres qui cherchent la vérité de l’information, comme ils s’en auto caractérisent eux-mêmes, sont plein d’illusions.

Les mass-media sont au service du capital et de ceux qui gouvernent le pays, c’est-à-dire ceux qui les payent et les financent qui ne sont pas différents de ceux qui tirent les fils de la politique et de l’économie, chefs d’entreprises et politiques. Il est important de se poser le problème, avant de lire le journal ou regarder le journal télévisé, si réellement ces journaux cherchent la vérité, ou la changent et tentent d’orienter dans la mesure du possible la pensée de la société vers leurs intérêt. Et quels sont les intérêts de l’état et du capital, des politiques et chefs d’entreprises, en cette période de crise économique et financière ? Probablement que leur priorité, n’est pas de nous l’expliquer ouvertement ni de façon subtile, c’est la lobotomisation de la population, donner de l’opium au peuple pour qu’il ne se réveille pas et ne soit pas conscient de la force qu’il a dans ses mains, que la richesse et la production mènent à ceux qui travaillent, c’est-à-dire les travailleurs, alors que les politiques et chefs d’entreprises goûtent seulement au luxe du travail d’autrui.

Football, Grand frère (émission de TV) …, on nous donne tout type de distraction pour notre temps libre alors qu’à peu de kilomètres de nos maisons est en train de se produire d’authentiques batailles rangées entre mineurs et policiers, comme si nous étions remonté de 70 ans et étions dans les temps du maquis. Cependant à peine quelques miettes dans les journaux télévisées et la presse écrite.

Jusqu’il y a peu de temps, et encore maintenant, l’esprit de la lutte ouvrière est vivant. Nous ne devons pas oublier que les droits dont jouissaient les travailleurs jusqu’il y a peu d’années (car ils sont tristement en recul) ont été obtenus avec la sueur et le sang de nos grands-parents. La journée de 8 heures et les week-end ne furent pas octroyés par la bonté d’un quelconque patron, mais par les exigences des travailleurs en lutte qui pour cela ont subi des violences.

Pour ces mêmes raisons, la lutte que mènent les mineurs des Asturies et Léon mérite tout notre respect quelques soient les critiques que nous pouvons faire sur ses fins. Il est question d’une lutte de travailleurs pour garder leurs poste de travail, le futur de leurs familles et de leur terre, car dans les bassins miniers il n’y a rien d’autre que la mine, comme ils le disent. Une lutte de base, de ceux qui travaillent, et dans la rue, pas une négociation de leaders syndicaux dans les bureaux du patronat. Le bras de fer que les mineurs maintiennent avec le gouvernement et son bras armé, police et garde civile, est exemplaire quant aux formes. Il est question d’une défense légitime de leur futur, contre un décret qui ne tient pas compte de ce même futur. Pour cela, nous ne devons pas prendre l’usage de la violence comme gratuite mais bien comme un moyen de se défendre face à une agression. S’ils nous parlent avec violence, nous répondrons de la même façon. Misère, expulsions, salaire de merde, horaires démentiels, accidents du travail, coupes budgétaires, privatisations, ça c’est de la violence.

Les mineurs ont un taux de syndicalisation de 90 % voire plus, et beaucoup de leurs luttes se sont caractérisées par un affrontement direct. Le SOMA (Sindicato de Obreros Mineros de Asturias) [membre de la FITAG UGT, voir leur site internet : http://www.somafitagugt.es/ ,leur page parle principalement de la marche noire] appartient aux syndicats majoritaires même s’il a souvent été considéré comme « dissident syndical » c’est-à-dire que sa trajectoire n’a pas suivi les voies ordinaires sinon que d’une manière ou d’une autre ils ont décidé de leur lutte de manière horizontale.

Dans ce cas, malgré la présence d’expressions syndicales majoritaires, il n’apparaît pas que les coupures de routes furent pré-négociées comme nous l’avions connu dans d’autres conflits miniers. Dans ce cas il n’apparaît pas que les syndicats élèvent leur voix chantante, sinon que ce sont les travailleurs, bien qu’affiliés aux syndicats « ouvriers-vendus », qui luttent pour leur futur travail, comme la logique doit être.

Dans une autre part, on aperçoit dans les médias d’information alternative que la lutte maintenue jusqu’à ce moment avec le gouvernement est relativement équilibrée, y compris dans certaines occasions nous avons vus les policiers qui furent obligés de se retirer. Cela est-ce possible ? Est-ce que les mineurs ont bu dans la marmite ? Peut-être que l’idée la plus logique est que le gouvernement ne souhaite pas promouvoir un affrontement sévère, mais probablement jouer l’usure, de façon que ne se voit pas trop la violence policière, chaque fois plus dans les bouches de tout le monde.

Pour autant, de la même manière que nous pouvons dire que l’esprit et les formes de la lutte en cours sont très positifs, nous pouvons dire aussi que les objectifs qui se perçoivent dans celle-ci ne sont pas aussi admirables qu’il y paraît. Il existe quelques aspects qui nécessitent une analyse avant de soutenir la lutte les yeux fermés.

En fin de compte, le conflit a surgi car les subventions pour la mine ont été réduites substantiellement dans les budgets de l’état, signé jusque la fin de l’année 2018. Dans ces dites subventions, une partie très importante du budget était destiné à la reconversion du secteur, c’est-à-dire, pour théoriquement créer de nouveaux secteurs productifs dans les zones minières qui pourraient se substituer lentement à la mine et ils existaient des opportunités dans ces régions. Ce type de subventions existe depuis de nombreuses années, car cela fait plusieurs années qu’il était prévu de démanteler le secteur petit-à-petit. Le grand problème qui surgit aujourd’hui est que ces fonds pour la reconversion n’ont pas été utilisés à reconvertir quoi que ce soit. Actuellement, les mineurs luttent pour proroger les fonds qu’ils n’ont pas reçu plus qu’au titre de salaire et qui vont directement aux entreprises minières, non au secteur minier et ses travailleurs, nous croyons que c’est eux qui doivent créer de nouvelles alternatives avec ces dits fonds. Toutes les subventions reçues ont servi pour maintenir le secteur, pour rénover des machines mais cela n’a pas créé de futur dans la région. Dans tous les cas, elle on été converties en bourse pour études des enfants de mineurs, routes, universités et complexes omnisports.

Il ne nous paraît pas que maintenir les subventions soit une solution au problème, d’autant qu’elles n’étaient prévues que jusque l’année 2018. Dans le cas où les mineurs gagnent la lutte, que se passera-t-il après 2018 pour les contrées minières ? Les gens d’ici devront émigrer, comme dans tant d’autres lieux où les mines furent démantelées. Malgré les potentialités du territoire, il ne se passe rien. Malgré les luttes, le futur de la population des bassins est aussi noir que le charbon.

A partir de cela, peut-être que la solution passe par exiger du gouvernement et des entreprises minières que la richesse générée par le secteur de la mine soit utilisée dans une réelle reconversion vers d’autres secteurs, dans les mains de ceux qui vivent de ces terres. Les grandes entreprises du charbon nationales continueront à garder leurs privilèges quand la mine disparaîtra alors que la population qui habite ces terres devra partir. Ce fait est intolérable et toute la richesse générée est la propriété des travailleurs, qui ont maintenant la responsabilité d’exiger de l’avoir en propre pour créer des opportunités en dehors du charbon. Nous ne voulons pas de chefs d’entreprises qui se félicitent eux-mêmes pour payer leurs travailleurs en période de grève, il n’y a pas besoin de fils de mineurs universitaires qui devront partir dans d’autres lieux pour travailler, sans futur pour les peuples miniers.

Une autre alternative que pose la lutte est d’exiger du gouvernement que les entreprises d’électricité utilisent le charbon national. Un autre pourcentage des subventions à la mine que nous avons auparavant commenté est utilisé à cela et l’argument de ceux qui veulent les démanteler d’un trait de plume est que le charbon national n’est pas rentable. Actuellement et depuis quelques années, le secteur minier en Espagne nécessite des aides pour être soutenu, car il est vendu aux entreprises d’électricité meilleur marché que ce qu’il coûte. Cela pour que le charbon espagnol soit compétitif avec le charbon étranger produit dans des pays comme la Chine. Le libre marché fait qu’il est bien plus rentable d’acheter le charbon d’autres lieux du monde que consommer celui de terres proches. Et pourquoi est-ce meilleur marché ? Pour des raisons aussi simples que les conditions de travail sont plus précaires et les salaires plus bas. Et tout cela malgré les coûts de transport.

En résumé, notre pays est en crise et le gouvernement fait des coupes, car pour lui cela ne vaut pas la peine de maintenir les entreprises minières espagnoles d’autant qu’il ne s’agit pas d’un négoce rentable. Malgré tout les entreprises d’électricité continueront à consommer du charbon, évidemment étranger, produit dans des mines où les gens sont empoisonnés pour un salaire de merde et des conditions lamentables.

Il est possible que nous devions commencer nous-même à proposer que le monde du libre commerce n’a aucun sens. La responsabilité sociale ne peut nous permettre de consommer une énergie qui est produite à des milliers de kilomètres dans des conditions de semi-esclavage, parce qu’il est de la responsabilité de tous de fournir une consommation locale en assumant les coûts réels de sa production.

La démesurée et croissante consommation énergétique actuelle manque de logique dans un monde où les ressources sont finies. La croissance qui est présentée par les états comme seule alternative à la crise est une sentence de mort maintenant que les ressources que contient la planète sont limitées et accessibles seulement à quelques uns. Les pays développés doivent assumer la responsabilité de leur consommation réelle et cesser de vivre sur le dos des pays pauvres, de leurs bas coût de production, sur le dos de la vie des travailleurs et de la santé environnementale de leurs terres. Pour cela, si nous décidons de consommer du charbon, car notre consommation énergétique l’exige, qu’au moins il soit produit localement, que nous assumions le coût réel de sa production et l’impact environnemental qu’il produit. Seulement dans ce cas nous pouvons commencer à envisager qu’une consommation aussi démesurée n’est pas nécessaire mais qu’elle est préjudiciable et nocive.

 

Traduction effectuée par la Mouette Enragée à Boulogne-sur-mer

 

  cartel mineros 11 julio bloque unitario RGB web

 

Enfin, nous actualisons la liste de liens pour couvrir les événements récents : le déroulement de la marche noire des mineurs qui convergent vers Madrid pour une manifestation le 11 juillet mais aussi les luttes autour des mines qui continuent et même se renforcent face à la répression policière de l’Etat espagnol.

 

Quelques photos de la marche.

http://periodismohumano.com/economia/los-mineros-marchan-sobre-madrid.html

 

La mobilisation et les affrontements se poursuivent au quotidien

http://periodismohumano.com/economia/huelga-general-en-las-cuencas-mineras.html

 

http://periodismohumano.com/economia/los-mineros-en-huelga-siguen-en-lasbarricadas.html

 

http://periodismohumano.com/economia/la-carga-de-la-brigada-minera.html

http://periodismohumano.com/economia/huelga-general-en-las-cuencas-mineras.html

 

Une vidéo :

http://www.youtube.com/watch?v=9ICMOee25UM&feature=share

 

Liens : http://bloqueunitario.org/   Blog pour information sur les initiatives de convergence de différents secteurs en lutte en lien avec la marche

http://www.alasbarricadas.org/noticias/node/21184  Suivi régulier de la situation

 

Nous rappelons à  celles et ceux qui souhaitent débattre et envisager collectivement des suites à cette action à nous contacter à l’adresse de la Mouette : lamouette.enragee@wanadoo.fr  ou directement sur ce blog !

 

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