Procès de militant-es No Border au TGI de Boulogne-sur-mer le 19 juin !
Pour rappel, Jennifer, militante NoBorder à Calais comparaissait pour violence contre une agent de la PAF en mission pour évacuer le squat Thélu!
Elle était convoquée à 8h30 et l’audience a commencé à 12h45 environ! Il y avait 6-7 militants NoBorder en soutient, deux personnes de la LDH Boulogne, 4-5 policiers avec leur lachrymo au cas où et un RG boulonnais.
Pour commencer, la juge a évidemment demandé à la militante si elle reconnaissait avoir donné un coup à la policière. Jennifer répond que non en tout cas aucun coup volontaire!
Les questions de la juge pour Jennifer ont ensuite surtout porté sur les raisons de sa présence dans le squat, pourquoi les 3 autres militants sont sortis du squat rapidement et elle y est restée? Est-ce qu’elle pense que son activité dans le squat peut faire évoluer la situation?
Mat-Mat Naget, la fliquette qui accuse Jennifer, répond à son tour aux questions de la présidente et confirme sa position disant que le coup a été donné volontairement et que ce n’était pas en se débattant et ajoute que les deux militants qui n’ont pas voulu sortir, étaient très difficilement maitrisables. Elle dit aussi que lors du menottage, elle a essayé sans succès de donner d’autres coups.
Vient ensuite, sur une intervention de la procureure, un court débat sur la façon dont la policière a tenu Jennifer, par la gauche ou par la droite, le bras gauche ou le bras droit! Les versions de la policière semblent être différentes à l’écrit et à l’oral.
Un second débat est lancé sur l’interprétation du certificat médical de la policière, indiquant des stigmates mais ne disant pas clairement d’où ça venait!
Le troisième débat est au sujet de la déclaration de la policière, ses versions un peu différentes (ce qu’elle a dit dans sa déposition, ce qu’elle a dit au médecin et ce qu’elle dit au tribunal). La première version est qu’elle a reçu un coup de genou, la deuxième un coup de pied et la troisième deux coups de genou.
La procureur interroge ensuite Jennifer et lui demande si elle serait prête à aller plus loin pour défendre ses idées. Jennifer répond que oui. Elle signale aussi qu’elle agit en fonction de ses positions et idées personnelles et non en fonction des idées globales des autres militants ou des No-Border en général. Elle lui redemande pourquoi elle a refusé de sortir du squat alors qu’il n’y avait plus personne, et elle répond que son ami (un autre militant) était bousculé par les policiers et qu’elle ne voulait pas le laisser seul.
Monsieur Deguisne, l’avocat de la policière (qui a souvent été l’avocat de migrants ou de militants, JC Lenoir par exemple) explique que sa cliente n’a rien contre les idées des NoBorder ni contre eux, mais qu’elle fait son travail et exécute les ordres qu’elle reçoit, c’est a dire de contrôler les migrants et de faire sortir les militants du squat. Il dit qu’elle a fait son travail consciencieusement et de façon irréprochable et n’a jamais utilisé plus de force qu’il n’était nécessaire et que malgré ça Jennifer lui aurait donné volontairement un coup de genou. Il termine sa plaidoirie en disant qu’on ne peut pas accepter des violences contre un agent qui travail et qu’ils demandent 200€ de dommage.
Vient ensuite le speech de la procureure! Elle commence en disant qu’elle serait la première à dénoncer des violences policières si celles-ci étaient avérées et réelles. Elle confirme que les agents sont formés à utiliser la force de façon strictement nécessaire et adaptée à chaque contexte. Elle ajoute aussi que Jennifer provoque en refusant de sortir du squat et qu’en plus de ça elle refuse de signer le procès verbal et a refusé de donner ses empreintes, ce qui aurait pu aussi être retenu contre elle.
Elle parle aussi du gabarit de la policière qui n’est pas grande et pas costaud et laisse supposer en décrivant Jennifer comme une grande sportive, que la violence venait de Jennifer plus que de la policière. Elle requiert elle aussi 200€ d’amendes.
Enfin Madame Calonne, l’avocate des NoBorders, donne sa version. Elle rappelle une nouvelle fois le doute sur l’interprétation du certificat médical. Ensuite elle rappelle le contexte général de la situation en commençant par rectifier la parole de la procureure, elle signale que la majorité de migrants présents ne sont pas des « clandestins » (comme l’a souvent répété la proc.) mais sont des demandeurs d’asile. Elle ajoute que d’ailleurs l’Etat ne respecte pas son devoir car ne les loge pas comme il devrait le faire. Elle en vient ensuite au contexte lié aux vidéos et a l’article publié sur le net via les sites de rue89 et des inrockuptibles, montrant des policiers de la PAF dansant sur de la musique africaine dans le squat et n’arrêtant personne (elle parle de vidéos édifiantes). Elle conclut cette première partie en disant que vu ce contexte, l’activité des militants no-border dans le squat s’apparente d’avantage à un rôle citoyen qu’un rôle provocateur.
Madame Calonne fait aussi un lien avec les autres procès a venir, celui du 29 juin pour outrage et celui du 12 juillet pour violence et occupation illégale.
Elle pose aussi la question de l’intérêt de réaliser l’interpellation de la militante par trois policiers, alors que vu le petit gabarit de Jennifer, un seul aurait suffit! Elle rappelle enfin le doute sur la réalité des propos de la policière vu ses différentes versions quant au coup reçu (1 ou 2 coup de genoux ou un coup de pied)
La juge décide de délibérer la semaine prochaine, c’est a dire le 23 juin, le même jour que le délibéré du procès des trois demandeurs d’asiles soudanais comparaissant pour occupation illégale. Dans le cas de nos trois amis soudanais, la procureure a demandé 2 mois de surcis et 2 ans d’interdiction de territoire français. La procureure semble une fois de plus ne pas savoir ce qu’est un demandeur d’asile (d’ailleurs lors du procès elle utilisa « clandestin »), car de part son statut un demandeur d’asile ne peut pas être interdit de territoire.
Jeudi 23 juin :
Comme prévu le délibéré tombe dans la mâtiné : une relaxe pour Jennifer! La juge, pourtant réputée pour avoir l’incarcération facile, n’a donc pas cru les mensonges très mal dissimulés de la jeune policière !
Le résultat du procès des trois demandeurs d’asile soudanais arrive quelques heures plus tard : même résultats, relaxe pour les trois !
Ces deux procès spectacles et grotesques auront justes permis de criminaliser un peu plus les migrants et les militants. La faible mobilisation de soutien pour ces procès montre aussi le manque d’intérêt des associatifs humanitaires, qui une fois de plus préfèrent donner la pitance paternaliste aux pauvres plutôt que se déplacer au tribunal pour soutenir les inculpés et montrer leur désaccord face a ces arrestations et ces procédures judiciaires abjectes !
Deux autres procès sont prévus dans les semaines à venir, le 29 juin pour un outrage et le 12 juillet pour trois militants accusés de violence en réunion, occupation illégale et refus de se prêter au jeu des empreintes digitales !
A noter aussi que trois plaintes ont été déposées par des militants NoBorders contre des agents de la PAF et de la CRS, pour violence.