Politiques européennes des pêches : les oublis de l’analyse économiste

En décembre 2002, les négociations sur la nouvelle politique européenne en matière de pêche ont tourné à la foire d’empoigne entre les différents ministres européens. Deux camps : les  » pro-pêche  » : (France, Espagne, Portugal, Irlande, Italie, Grèce) et les « anti-pêche  » (Allemagne, Suède, Norvège) se sont acharnés à défendre l’intérêt de leur secteur respectif.

Deux options d’une seule et même logique productiviste et dévastatrice -fermes d’élevage ou pêche industrielle- qui ne vise qu’à satisfaire l’ intérêt des marchands

Pêche intensive …

     La pêche intensive telle qu’elle se pratique depuis des décennies a eu pour effet de mettre en danger les stocks de nombreuses espèces. Aujourd’hui, celles des grands fonds, peu connues car peu étudiées – aucun état initial des stocks n’a été établi – comme la Lingue, l’Empereur, le Beryx, ne sont plus épargnées. Les reproches faits aux pêcheurs par le commissaire européen Franz Fischler et les solutions qu’il propose se résument à l’application d’un “principe de précaution” nécessaire d’après lui au vu du flou scientifique dans lequel baigne le secteur halieutique (les pêcheurs ayant leurs scientifiques et les  » anti-pêche  » les leurs … ). C’est aujourd’hui devenu une facilité pour les pouvoirs de tous poils que de se cacher derrière l’avis des scientifiques de tel laboratoire ou de son concurrent et ainsi d’évincer la question de fond. La question économique, sociale et écologique, en mot comme cent, la question politique.

ou élevage industriel ?

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    L’élevage industriel de poissons, présenté comme une alternative respectueuse du milieu est loin d’en être une ne serait-ce qu’en terme de respect de l’équilibre biologique. En effet, ce type d’élevage nécessite de part sa nature même l’utilisation massive de produits issus de l’industrie chimique : antibiotiques, d’additifs alimentaires aux effets toujours mal connus etc… Par ailleurs, le recours à la sélection génétique aboutit à un appauvrissement dramatique du patrimoine des espèces d’élevage, mais aussi, de part la pollution (alevins  » s’enfuyant « , matériel génétique (œufs, sperme) diffusé dans l’environnement) à une contamination des espèces sauvages situées à proximité des lieux d’élevage. Le phénomène est tel qu’en Europe, de nombreux saumons  » sauvages  » étudiés révèlent posséder d’importantes traces de gênes originaires de saumons d’élevage. Les effets à moyen et long terme sont peu voire pas connus et l’on peut craindre le pire. Ainsi, on a déjà constaté, que la majorité des alevins des saumons sauvages sont à 65% des femelles. Ce phénomène inexpliqué à ce jour est constaté depuis une dizaine d’année à proximité de fermes d’élevage norvégiennes.

La même logique à l’œuvre.

     Derrière les fameux intérêts nationaux mis en avant par les médias européens, on constate qu’une fois encore, la logique du capital est la seule a prévaloir dans ces négociations.

Boulogne-sur-mer. Janvier 2003.


Encadré : Résumé des mesures prises par l’Union européenne.

Limitation des prises :

    Les prises autorisées de cabillaud seront réduites de 45 % à partir du 1er février 2003, au lieu des des 80 % préconisés par Bruxelles. Les quinze repoussent à la fin mars l’adoption d’un plan définitif de reconstitution des espèces pour une mise en application au 1er juillet.

Effort de pêche” :

    Dans l’immédiat, la prise en compte de “l’effort de pêche” – le temps passé en mer – ne s’appliquera qu’aux stocks de cabillaud de la mer du Nord, de l’Ouest de l’Ecosse, du Skagerrak/Kagerrat (au large du Danemark). Il ne touchera ni l’est de la Manche, ni la mer d’Irlande, concession aux marins irlandais et aux français de Boulogne-sur-mer.

Aides publiques :

     Des aides au renouvellement des bateaux pourront être octroyées jusqu’au 31 décembre 2004. Pour chaque navire neuf financé sur fonds publics, un ancien de capacité équivalente partira à la casse.

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