A Boulogne-sur-mer patrons de la marée et policiers font main basse sur la ville. Combien de temps allons nous encore accepter cela ?

A Boulogne-sur-mer 

patrons de la marée et policiers font main basse sur la ville. 

Combien de temps allons nous encore accepter cela ? 

 

Nouvelle humiliation en l’espace d’une semaine … 

Le 7 février, dans son article en ligne, La Voix du Nord signalait qu’« au début de la manifestation, un tract a été lu par l’intersyndicale, face à la foule, pour dénoncer la décision de la sous-préfète Dominique Consille. » et concluait par : « Un face-à-face pacifique a eu lieu entre forces de l’ordre et quelques manifestants sur le pont Marguet, interdit d’accès. » Sur place, parmi les manifestants, les commentaires sont sans appel. Que cherche-t-on en faisant le tour du port de plaisance ou d’un centre ville qui n’est plus qu’un décor ? Parallèlement, le changement de programme et la « prise » des ponts par la police avant même le départ a été vécu comme une provocation devant laquelle il n’y a qu’à serrer les dents.

Pour la seconde fois, une poignée de patrons dicte sa loi à la police qui interdit à des milliers de travailleurs de marcher là où chaque jour ils usent et perdent leur santé. Comme nous en convenions au micro(1), la question n’est pas que symbolique, elle pointe aussi les insuffisances dans la manière de conduire actuellement la mobilisation. Jamais jusqu’ici l’accès du quartier industriel de Capécure n’avait été interdit à de banales manifestations syndicales. Il aura suffit d’une première fois pour conforter les patrons et l’Etat dans leur volonté commune de condamner l’accès de la zone aux travailleurs en lutte. 

Des reculs qui n’augurent rien de bon …

Le 19 janvier au matin, un camarade de la CGT nous affirmait que le blocage de la zone de Capécure est un faux problème. Il a parfaitement raison ! La vraie question est celle de l’extension de la grève en son coeur et au delà. Mais ce raisonnement touche une autre limite que le camarade ne peut ignorer ; nous n’allons pas attendre que la CGT ou qui que ce soit d’autre parvienne à s’implanter fermement sur le site pour entamer l’action sur le terrain… D’abord, car l’implantation syndicale peut être une condition nécessaire mais en aucun cas elle ne sera une condition suffisante. Ensuite, si l’Etat et les patrons se montrent aussi résolu à nous voir user nos semelles loin des lieux de la production, c’est bien la preuve que c’est à cet endroit précis qu’il faut agir en priorité. Et enfin, c’est la stratégie poursuivie depuis les bureaux des appareils parisiens, cette fameuse « unité syndicale » tant vantée dans les médias de la bourgeoisie qu’il faut interroger, critiquer et dépasser au plus vite. 

Une socio-diversité en hausse

Au-delà de la quantité des participants, certes logiquement en baisse comme celui de la feuille de paye au fil des jours de grève, on peut en mesurer la qualité et la diversité. 

Il est évident que la présence du secteur privé reste forte et parlante et, stratégie ou hasard, on a l’impression de décrochages alternatifs dans les entreprises « emblématiques ». Ainsi, ce mardi, Suez et d’autres boîtes du secteur privé de la distribution énergétique étaient-elles de la partie. Le BTP , et notamment des salariés de PME ( maçonnerie, plomberie, couverture, etc. ), était aussi mobilisé. Certes, ne s’agissait-il pas de décrochages en masse, mais même symboliquement, l’agglomération de travailleurs de ces secteurs sensibles pourrait laisser espérer la naissance d’un vrai mouvement autrement perturbant pour le capital et ses relais étatiques.

Les agents du service public, des territoriaux aux personnels hospitaliers ou de l’EN, les cheminots et le TP étaient presque naturellement représentés, par les catégories les moins « privilégiées » des salariés de l’État ou de ses déclinaisons territoriales.

Quelques Gilets jaunes étaient encore là.

Par ailleurs, les salariés de la Continentale relookée ont crée la surprise. Leurs drapeaux noirs floqués du nom de la boîte, sans étiquette syndicale – qu’on ne réclame d’ailleurs pas ‒ n’a cependant pas laissé de questionner sur le sens de cette démonstration… Ce sont aussi les camarades de Capitaine Houat, Findus ou encore Mowi qui ont démontré par leur présence que Capécure constitue bien un enjeu pour la suite. 

« l’unité syndicale »

L’unité syndicale est une formule vide de réalité concrète. Dans les faits, Laurent Berger tient Philippe Martinez par la moustache qui de son côté agrippe Solidaire par les …oreilles. Cet entre-soi bureaucratique court-circuite toute initiative à la base, entretient l’illusion que « la bataille de l’opinion » pourrait faire plier Macron et paralyse des énergies vitales et indispensables à la construction d’un indispensable rapport de force dans les boîtes et sur le bitume. Ce scénario ne gène d’ailleurs pas tant que ça certains secteurs du syndicalisme qui redoutent de devoir mouiller le maillot, conscients qu’ils sont de ne pas forcément en avoir les moyens …

Un fait est pourtant incontestable, ce n’est pas en se retranchant derrière l’écran de fumée du podomètre syndical qu’on remportera la partie. 

Leur démocratie n’est pas la nôtre

Même s’il feint de vouloir aller plus loin, Laurent Berger l’affirme, il respectera la sanction de l’assemblée nationale au terme du processus qui ratifiera le plan concocté par Macron et son clan. Les travailleurs conscients de leurs intérêts n’ont pas à remettre leur sort entre les mains d’une bureaucratie quelle qu’elle soit. Berger, Martinez et consorts n’ont pas à décider à notre place. La seule démocratie que nous reconnaissons est la démocratie ouvrière, celle qui assure et renforce le pouvoir des travailleuses et des travailleurs sur leur lutte pour leur émancipation sociale. A Boulogne-sur-mer, comme ailleurs, ce sont les grévistes réunis en assemblée générale qui désormais doivent décider de la manière d’organiser et de mener cette lutte, personne d’autre. Et voilà maintenant qu’on nous annonce le 7 mars comme le coup de départ « d’une montée en puissance de la mobilisation »…

La démocratie ouvrière !

La grève doit se construire localement et s’ancrer à la base sans plus attendre le parachutage d’un calendrier depuis Paris. Nous devons multiplier les initiatives de toutes sortes et particulièrement celles qui permettent de renforcer et élargir le rapport de force ici et maintenant. 

On en débat et on s’organise !

(1) Le point sur la situation à Boulogne-sur-mer et Saint-Nazaire au 31 janvier 2023, avec nos camarades de Reims qui animent l’émission L’Egregore.  

Emission de radio sur la lutte contre la casse des retraites 

Boulogne-sur-mer, le 12/02/2023

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