Regarder la télévision, c’est faire les poubelles

Regarder la télévision, c’est faire les poubelles  Serge Danay

Le président du Medef, l’aristocrate Geoffroy Roux de Bézieux vilipende sur les ondes et les écrans les «150 personnes des raffineries Total Energie qui prennent les français en otage». C’est de bonne guerre, quand lui et les siens réduisent des millions de personnes, chaque jour et chaque nuit, aux raffinements de l’esclavage salarié au sein des entreprises qui sont leur propriété exclusive … 

Boulogne-sur-mer, le 16/10/2022

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Nous publions ce commentaire reçu d’un lecteur 


Votre observation est à « double-détente »…

Même un « esprit critique » qui aurait du temps à perdre à « regarder la télé » pour en décoder les messages subliminaux, en emmagasinerait « à l’insu de son plein gré » les présupposés toxiques, d’une part… 

Il reste, qu’à compter des années 1965-1975, prend place la « culture télévisuelle du divertissement » qui aura été le pendant de « la consommation des loisirs », jusqu’à ces années très popularisés (le divertissement et l’occupation des loisirs) par la radiodiffusion ( les +Lucien Jeunesse sur France-Inter, et les +Guy Lux sur Radio-Luxembourg…)

https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2014-1-page-219.htm

… qui aura enkysté dans le monde ouvrier la fausse conscience de « la gagne », de « l’objectivité » et du « flair-paye », communs à « la majorité silencieuse » des godillots moyens…

« L’information » (lisez « le formatage intériorisé » par l’oreille – canal d’accès direct à l’intimité, l’ouïe étant la seule ouverture de l’enveloppe charnelle au langage articulé, à la musique, au bruit…) étant EN TANT QUE MONOPOLE, une des pierres angulaires de la Constitution de la V° République comme projet gaullien de monarchie constitutionnelle et présidentielle.

Ainsi, en 3 générations (20 ans x 3), on aura fait passer une classe sociale entière de la « culture du livre », à celle de « l’écoute » de la parole verticale (on écoute la radio « en famille », pendant l’Occupation, qui devient transistor individuel pendant les journées de Mai-Juin 1968…), puis à celle de « l’abrutissement téléologique » par le « leit-motiv publicitaire » ( « La Renault révolutionnaire a mis un tigre dans son moteur ! »)…pour la déposséder définitivement d’un des outils historique de son émancipation : la lecture (assimilation de la mémoire orthographique et de l’abstraction conceptuelle..), et accélérer son processus d’atomisation par le décervelage, d’autre part.

Aujourd’hui, nous évoluons et régressons aux rythmes de la décomposition de ces précédents générationnels-là, depuis la suppression du monopole de feu-l’O.R.T.F. en 1981, qui a commencé par la libéralisation des radios (dites à l’époque « radios-libres »…), alors que le processus d’ouverture des chaînes de télévision publiques aux capitaux privés était largement amorcé (voir S.F.P.) par le rognage des statuts de leurs personnels et la part croissante des tâches de production dévolues aux personnels non-statutaires, l’atomisation ayant laissé un boulevard ouvert aux chasseurs de « clientèles captives ».

C’est donc aux marges de ce décor de carton-pâte en ruines que se construisent « les identités ouvrières », en détournant pour partie son langage miné, quelques soient les fils qui les relient à des traditions de lutte de classe (de mémoires familiales, comme de pratiques collectives…).

Boudjemaa


 

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