Gilets Jaunes 22ème : un point d’étape
Ce rendez-vous des Gilets Jaunes à Boulogne pourrait être considéré comme une promenade dominicale au regard de la bonhommie conviviale du cortège, en famille avec les enfants, en promenant le chien ( rien de péjoratif là-dedans ). Image bucolique ?
Pourtant, dès le rassemblement, les participant-e-s déplorent d’emblée le faible mobilisation à cette marche déclarée : environ 80 personnes au départ, 50 une heure plus tard. Constat paradoxal : le parcours défini prévoit d’éviter le centre ville et les lieux touristiques, mais plusieurs rond-points sont au programme. Certes, la densité de la circulation n’aura guère gêné que quelques automobilistes du dimanche qui ont le temps et les « blocages » étaient filtrants. Symbolique consentie par des « autorisateurs » bienveillants ?
Délitement ou second souffle ?
Dans le cortège, des GJ de la première heure à la détermination intacte et aux slogans fondateurs, des personnes, notamment retraitées dont c’était la première sortie revendicatrice, et des gens venus de Calais, Dunkerque… dont certains « tournent » sur les manifs, de Lille à Boulogne, d’Arras à Paris.
Il faut ici s’arrêter à ce qui anime le cœur des conversations. La question des « casseurs » s’est absentée ; on peut même dire que, bien que l’appel soit porté par les « vrais Gilets Jaunes », l’opprobre sur les facteurs d’atteintes au capitalisme n’est plus de mise. L’interpellation de GJ locaux aura révélé la nature des discours et pratiques du pouvoir, en particulier dans l’atteinte au droit à manifester.
Il est indéniable qu’au-delà des fondements de la grogne, nous sommes à un tournant du mouvement. Si la nécessaire rencontre entre GJ d’horizons géographiques est constructive à l’aune des expériences respectives, des jalons sont posés quant à la suite envisageable.
Et pour le coup : envisagée sans ambiguïté : le RIC. Il est incontestable que d’aucuns ont fait le déplacement pour la promotion de la voie référendaire citoyenne. Pour en avoir un tant soit peu discuté en marchant, force est de constater que d’une part les contradictions internes abondent dans l’argumentaire et sont d’autre part le reflet d’une stratégie désormais sur les rails, tracée par une partie, aux contours imprécis, de groupes de Gilets Jaunes à l’échelon national.
La tournure est désormais, enfin ! politique même si dans ce cortège bon enfant à Boulogne, d’aucun tenant du RIC en dénie – contre les tous politiciens parce qu’ils font (sont, seraient ?) la politique ! – l’impérieuse réalité.
Les comptes facebook ou autre vont être nourris de/par ce débat encore en gestation…
La Mouette Enragée ne le manquera pas.
Boulogne sur mer le 15 avril 2019