Depuis les dernières arrestations la solidarité avec les lycéens et étudiants inculpés s’affirme concrètement.

Depuis les dernières arrestations la solidarité avec les lycéens et étudiants inculpés s’affirme concrètement.

 

Le 10 mai, dans le cadre d’une action contre la “loi Travail” menée au terminus des bus, place de France, deux étudiants furent pris à partie par la police et placés en garde à vue.

 

Rassemblements devant le commissariat

Dès l’arrestation du premier de leurs deux camarades, les lycéens mobilisés se sont rendus devant le commissariat pour réclamer sa libération tandis que d’autres informaient la population aux alentours des faits qui venaient de se dérouler. A seize heures, une trentaine d’entre eux retourneront rue Perrochel où la police jouera d’intimidation et les filmera depuis le toit de l’hypermarché du boulevard Daunou. Certains subiront ensuite un contrôle d’identité à l’intérieur de la galerie commerciale. Le second étudiant sera arrêté, au soir, chez lui, avec la grossière invitation à se munir de son téléphone portable …

 

Intervention à la Voix du Nord

Ce ne fut pas long avant que le quotidien local relate les faits de la manière la plus caricaturale qui soit. L’article en question est un modèle du genre (1). Dans la trentaine de lignes qui le compose on y déniche nombre des éléments de langage propres à cette presse provinciale et paresseuse, en deux mots “petite bourgeoise”. Le texte est une mise en forme bâclée d’un rapport de police duquel transpire cette vision d’un monde qui se partagerait entre d’un côté les “meneurs” et de l’autre les “manipulés”, en d’autres circonstances entre “manifestants” et “casseurs”. D’ailleurs le quotidien ne fait pas mystère de la source à laquelle il puise sa matière puisqu’il livrera dans la première mouture de l’article les identités des personnes interpellées. Un “droit !”, s’empressera de justifier un journaliste auprès d’une délégation composée de lycéen-es et de travailleur-ses venue réclamer dans les locaux du journal des explications et le respect de l’anonymat. Les échanges qui s’en suivront seront virulents et la rédactrice finira par céder. Tout cela serait sans importance si cette presse régionale ne demeurait malgré les difficultés qu’elle rencontre, elle aussi, la forme d’information écrite la plus lue encore aujourd’hui. Bernard Lambert dans son ouvrage “Les paysans dans la lutte des classes” brosse avec sagacité le portrait de ces journaux régionaux qui “rapportent des nouvelles faciles, qui ne menacent aucun tabou, aucune idée reçue, aucune autorité en place. (…) Leurs rédactions doivent nécessairement entretenir les meilleures relations avec les autorités locales, ne serait-ce que pour ne pas tarir leurs sources ultérieures d’information”(2). De leur côté, des camarades du journal lillois “La Brique” ont publié un dossier intitulé “La Voix du Nord : impostures, arnaques et profits” qui met à mal le mythe du journal issu de la résistance et lève le voile sur ses pratiques (3).

 

Un comité de soutien

Le 11 mai, une trentaine de personnes : des lycéens, des étudiants, des parents, des salariés se sont réunis pour échanger sur les arrestations survenues la veille et réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour y faire face le plus collectivement possible. Une discussion nourrie s’est engagée et plusieurs pistes ont été retenues. D’abord a été rappelé la nécessité de faire circuler de l’information précise sur les conditions de la garde à vue en particulier et sur les droits des interpellés face à la police et à la justice en général (4). Les procès sont pour l’Etat un moyen de réprimer mais également de vider les poches des militants ou de leurs proches. Pour cette raison la question de la solidarité financière a été posée et des pistes ont explorées. Lors des actions de barrages du 17 mai, les lycéens ont déjà récolté des fonds auprès d’ automobilistes solidaires.

 

Devant le tribunal

Tôt le matin du 11 mai et durant toute la matinée, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir les deux étudiants qui sortaient de 48 heures de garde à vue. Nous reviendront ultérieurement sur les conditions dans lesquelles celle-ci s’est déroulée. La date du procès a été fixée au 7 juillet, d’ici là, la lute continue contre la “loi travail”, contre le capital. La solidarité est partie intégrante de cette lutte, c’est une des conditions de sa victoire, elle doit continuer à s’exprimer et à s’élargir sans restriction.

 

Boulogne-sur-mer, le 22/05/2016.

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Notes:

(1)“Boulogne : la police a interpellé un étudiant qui voulait bloquer la circulation des bus” in la Voix du Nord du 11/05/2016.

(2)“Les paysans dans la lutte des classes”. Bernard Lambert. Editions du Centre d’histoire du travail.

(3)“La Voix du Nord : impostures, arnaques et profits”, à lire ici. Un autre texte à lire sur le sujet, celui de Frederic Lépinay “La Voix du Nord, histoire secrète” dont le site Acrimed fait une présentation sur son site .

Pour rappel : l’état civil est la seule information que l’on est en droit de nous exiger lors d’un interrogatoire . Il est vivement conseillé pour sa propre défense et pour la sécurité de ses camarades de garder le silence et de ne pas signer le PV à l’issu de l’interrogatoire. A diffuser largement :

Le manuel de survie en garde à vue à consulter ici.

Guide de survie en manif et garde à vue, par le le Collectif de défense juridique rouennais ici.

 

 

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