Grève au collège Jean Moulin du Portel
Au collège Jean Moulin du Portel, les personnels n’ont pas attendu la sempiternelle grève carrée des grosses orgas syndicales du jeudi 10 février pour se lancer dans un mouvement de grève reconductible contre les suppressions de poste dans leur établissement.
Dès le lundi 7 février au soir le chef d’établissement dans une grande messe nous a abreuvé de chiffres et de statistiques pensant nous faire avaler les suppressions de postes (2,5) alors que le nombre d’élèves de ce collège en éducation prioritaire resterait le même. Le lendemain matin l’ensemble des professeurs s’est réuni en Assemblée Générale et nous avons décidé à l’unanimité de nous mettre en grève reconductible de suite.
Ce collège n’avait pas connu un tel mouvement depuis longtemps. Surtout, il a été totalement autogéré, tout fut fait par l’AG : les revendications, les communiqués à la presse, la mise en place d’une caisse de solidarité, les rencontres avec la hiérarchie… Très tôt les parents d’élèves ont soutenu et rejoint ce mouvement, venant chaque matin devant le collège avec les enseignants grévistes. Lors de la journée nationale de grève du 10 février, agents et surveillants ont eux aussi rejoint le mouvement.
Ce mouvement s’est fait sans l’intervention des grosses organisations syndicales dirigistes et récupératrices, il s’agissait donc d’une lutte des salariés sans contrainte de stratégie syndicale, sans contrainte de calendrier. Pour la première fois depuis longtemps la politique des journées d’actions perlées a été remise en cause par cette AG qui a donc tenu près de deux semaines de grève.
La hiérarchie s’est montrée répressive face à ce mouvement qu’elle n’attendait pas ou plus de la part d’enseignants et surtout faute d’autres réponses. Le chef d’établissement a parfaitement rempli son rôle de représentant du rectorat en nous accusant, les enseignants, d’être les responsables de l’agitation des élèves durant cette grève, accusant la grève de ralentir les négociations qu’il menait avec l’inspection académique alors qu’il n’est qu’une courroie de distribution, convoquant enseignants et parents d’élèves qui avaient osé s’exprimer dans la presse… L’inspection académique qui a reçu les mandatés de l’AG en audience après une semaine de grève pour ne rien donner accusant la crise économique mondiale d’être responsable de notre situation et des suppressions de postes ! Cascade de chiffres et mépris de l’humain, des élèves et des personnels peut résumer cette audience de près de deux heures.
Au final, si sur les revendications nous n’avons rien obtenu nous ne sommes pas totalement abattus. La fin de la grève à la veille des vacances fut difficile mais tous ensemble nous avons construit dans ce collège un outil de résistance contre les dérives autoritaires de notre hiérarchie. Nous avons tous retrou-vé la volonté de nous battre contre toutes les réformes de casse du service public. Une lutte contre les grandes réformes médiatiques mais aussi tous les moyens insidieux de nous faire rentrer dans le rang : conseil pédagogique, entretien individuel avec le chef pour la notation, multiplication des taches du professeur principal, heures supplémentaires…
Maintenant notre lutte autogérée nous a uni et encouragé à continuer mais nous ne pouvons rester seuls. Dès ses premiers tracts l’AG du collège a appelé les autres établissements scolaires du Boulonnais à la rejoindre car nous subissons tous la même politique réactionnaire. Nous avions bien conscience que seuls nous n’allions pas gagner, un mouvement d’ampleur sur le Boulonnais aurait été plus efficace mais ce n’est qu’un début. Cette grève doit servir pour montrer à tous les établissements scolaires qu’ils ne doivent pas se laisser faire, la lutte finira par payer car nous avons raison et ils ont tort.
Un travailleur en lutte du collège du Portel