Au sujet de la tentative de censure de l’OCL, de Tomjo, de Vanina (et accessoirement du débat critique sur les gigafactories)

Au sujet de la tentative de censure de l’OCL, de Tomjo, de Vanina
(et accessoirement du débat critique sur les gigafactories)

La Mouette enragée qui a participé au débat organisé à Lille par les camarades de L’OCL s’associe à la diffusion de ce communiqué.

A l’initiative de l’Organisation communiste libertaire (OCL), une discussion publique intitulée « Les voitures électriques, les gigafactories dans les Hauts-de France et ailleurs. Transition du capitalisme ? » devait avoir lieu le samedi 22 mars à Lille au Café Citoyen. Mais, dix jours avant, au moment de la promotion de cet évènement sur les réseaux anarchistes/antiautoritaires lillois, des propos diffamatoires, des insultes, de grossières contrevérités et parfaites idioties ont circulé au sujet de l’OCL (1). L’objectif des personnes qui les ont répandus était d’empêcher cette discussion, ce qui a fonctionné car face à des pressions répétées – en virtuel et en réel – l’équipe du Café citoyen de Lille a décidé d’annuler la réservation de ses locaux. Au final, la discussion a bien eu lieu mais dans un bar/kebab tandis qu’a été fait le choix de ne pas rendre public ce nouveau rendez-vous pour permettre une discussion et un débat sereins.
De telles pratiques nous conduisent à faire les mises au point suivantes :

L’OCL est une organisation anticapitaliste et antipatriarcale dont les membres œuvrent, dans la mesure de leurs moyens et notamment par leur participation aux mouvements sociaux, à favoriser des ruptures avec l’ordre établi afin d’en finir avec la hiérarchie sociale et avec l’État. L’OCL existant depuis près de cinquante ans, il est facile de connaître ses positions politiques, que ce soit en lisant son journal mensuel Courant alternatif, en écoutant les émissions de radio réalisées par ses militant-e-s (par exemple celle d’Egregore à Reims) ou en participant aux rencontres libertaires qu’elle propose chaque été. On peut trouver sur notre site internet tous les articles parus dans Courant alternatif et de très nombreuses émissions, ainsi qu’une présentation de l’OCL et ses analyses sur les thèmes les plus divers : Qui sommes-nous ? Et d’autres textes de position.

Les courants anarchistes ou antiautoritaires sont multiples. S’ils conservent de nos jours, sur certaines thématiques, des références communes liées à l’histoire du mouvement ouvrier et aux productions de ce que l’on appelait les « penseurs socialistes », leurs points de vue diffèrent sur d’autres – en particulier sur les questions de la « race » ou du « genre » depuis que l’idéologie postmoderne les a revisitées. Cette idéologie divise aussi les milieux antiracistes et féministes, et elle a largement contribué à détacher la « gauche » au sens large des classes laborieuses et à lui faire oublier la nécessité d’une révolution sociale.

Les pratiques d’invectives, voire de menaces physiques, sont malheureusement devenues courantes dans les milieux militants d’extrême gauche ou libertaires – souvent par le biais des réseaux dits sociaux et autres groupes de messagerie. Dans ces « espaces virtuels », il est impossible d’avoir de vrais et fructueux échanges, puisque ce sont les personnes les plus virulentes qui les occupent et qui, par la violence de leur discours, en bâillonnent d’autres – les étiquettes « facho », « réac » ou « transphobe », ou encore l’amalgame à l’extrême droite (ou à Trump, maintenant) visant à enterrer toute opposition. Il s’agit en effet, pour ces autoritaires, de mener des luttes de pouvoir internes en entretenant le conflit pour jeter l’anathème sur des « ennemis » diabolisés par leurs soins. Leur objectif étant d’empêcher l’expression de toute dissidence, voire simplement d’une position plus nuancée, bien plus que d’avancer quelques arguments rationnels permettant de réfléchir ensemble de façon à s’enrichir mutuellement et, surtout, à aller dans le sens d’une émancipation sociale.

Présentement, c’est donc l’OCL qui est la cible de telles attaques. Ses militant-e-s voulaient débattre avec d’autres du problème que posent les gigafactories (usines de fabrication de batteries électriques) dans les Hauts-de France, et plus largement des nouvelles stratégies économiques des capitalistes. Mais pareil sujet est visiblement jugé secondaire par certains tenants du postmodernisme voulant décider pour le reste de l’humanité de ce qui doit être débattu. En effet, une de nos camarades, Vanina, est blacklistée par leurs soins pour avoir pris position de façon critique, d’un point de vue féministe, matérialiste et libertaire, contre la « théorie queer » et ses effets sur les mouvements féministes dans le monde dans son dernier livre, Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes (2). Pour les contempteurs de Vanina, non seulement elle n’aurait pas dû pouvoir présenter ce livre, mais l’OCL ne devrait plus exister. Pourtant, un certain nombre de débats ont été faits sur Les Leurres postmodernes, où des points de vue très opposés et contradictoires ont été exposés et discutés sans que l’on s’écharpe ou même que l’on sombre dans l’insulte et la diffamation. C’est la meilleure preuve qu’il vaut toujours mieux, entre camarades, défendre le droit d’expression que l’interdire, et discuter « en vrai » plutôt que dans quelque vase clos numérique, quel que soit le degré d’inclusivité ou de bienveillance affiché par ses membres dans leur profession de foi.

Enfin, concernant les procès par association (ici entre l’OCL et Tomjo), il nous paraît absurde de croire que relayer les textes et analyses de camarades équivaut à une absence de regard critique sur leurs positions. Ainsi, nous avons invité Tomjo pour débattre avec nous de l’implantation de gigafactories dans les Hauts-de-France, parce que nous estimons la valeur de son analyse (3) et que nous pensons avoir avec ce camarade bien plus de points communs que de désaccords. Contrairement à nos « agresseurs bienveillants » et censeurs, nous ne sommes pas une Eglise figée dans un dogme. La discussion sur les batteries a été intéressante sur un sujet qui fait consensus dans les bourgeoisies politiques et économiques et qui pourtant amène à de profondes restructurations du capitalisme et donc de nos vies. Il nous paraît nécessaire d’apporter un regard communiste libertaire sur ces questions. Message à tous les camarades qui n’ont pas encore troqué leur esprit critique contre une vision binaire du Bien et du Mal en milieu militant, vous pourrez lire nos réflexions à ce sujet dans le numéro de mai de Courant Alternatif.

L’OCL, mars 2025

Notes :
1 – Citons par exemple, l’OCL « est une scission raciste et transphobe de l’UCL » or nous existons depuis 49 ans contre 6 ans pour l’union communiste libertaire
2 – édité en 2023 par les éditions Acratie. Quelques phrases du livre de Vanina ou de commentaires sur le site internet de l’OCL ont circulé sur les réseaux sorties de tout contexte et de toute réflexion globale. Lire un texte, un chapitre dans son entier reste la base de toute pensée critique …
3 – On peut retrouver cette analyse sur « chez.renart.info »

Ce contenu a été publié dans General. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire