Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier…  L’enquête ouvrière en question au café-librairie  À la ligne

Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… 

L’enquête ouvrière en question au café-librairie  À la ligne

La Mouette Enragée était accueillie ce samedi 16 novembre à 18 heures au café-librairie À la ligne pour une présentation de son livre « Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier… ». Le livre est le support, l’objet de la rencontre, une discussion autour de l’enquête ouvrière, outil de compréhension du monde et de la lutte des classes.

Entre quinze et vingt personnes avaient fait le déplacement, militantes ou non. 

Au travers d’une enquête ouvrière menée à Boulogne sur Mer, à Lille, en Bretagne et ailleurs, il fallait rendre compte de l’existence, certes invisibilisée et atomisée mais réelle, d’une classe ouvrière remodelée par le Capital au gré de de ses restructurations, confronté à la baisse tendancielle du taux de profit. C’est aussi l’anonymat de l’exploitation quotidienne que le livre a la volonté d’exhumer. Dès lors, l’enquête n’est pas une finalité mais un outil pour s’approprier collectivement une expérience commune, socle de la lutte des classes. Le livre n’est pas une fin en soi, l’enquête ouvrière continue. La réflexion sur les rapports d’exploitation, le sens du travail et sa dépossession doit nourrir les pratiques de luttes collectives. 

L’échange a permis un partage d’expériences personnelles et de considérations politiques plus larges, des questionnements communs sur nos défaites mais aussi sur les possibilités concrètes d’une recomposition de la classe ouvrière. Certes cela nécessite de s’accorder sur le sens des mots, de définir des concepts, bref, de parler la même langue et, surtout, de se débarrasser de la naturalisation des rôles et places assignés par la bourgeoisie. L’exploitation et les mouvements sociaux, la violence de la bourgeoisie et celle, en retour de prolétaires en lutte, la répression policière et judiciaire, le rôle des syndicats ont été support à discuter de l’« état » de la classe ouvrière ici et ailleurs. Des points de vue personnels qui ont contribué à un questionnement plus vaste, forcément inachevé.

La discussion a duré près de deux heures. Un temps certes insuffisant pour faire le tour des analyses qui émanent des témoignages recueillis, comme des perspectives communes que nous pouvons en dégager.

A Boulogne-sur-mer, la salle commune de la Bourse du travail n’est plus qu’un souvenir, les lieux d’accueil sont rares et de plus en plus difficiles d’accès, l’incitation au débat est supplantée par les décisions d’« intérêt public », au mieux par des questions binaires. Il est donc rassurant de voir naître des espaces où le livre et la parole se conjuguent… Ici, à Boulogne, cet espace politique est ouvert à la librairie À la ligne… titre du livre de l’ouvrage de Joseph Ponthus, un témoignage du quotidien destructeur d’un ouvrier qui pourrait être n’importe quel autre…  

L’enquête est un acte permanent, multiforme, évolutif. Le livre un support matériel dont on peut parler « physiquement ». Souhaitons donc chaleureusement que le café-librairie dans le centre de Boulogne sur Mer continue longtemps à s’ouvrir et à inviter à le faire.

Nous y reviendrons. Allez y faire… un tour.

Boulogne sur Mer, le 18 novembre 2024

   

      

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