Le Nouveau Front Populaire : Toujours se méfier des professionnels prompts à se prétendre nous


Le Nouveau Front Populaire :
Toujours se méfier des professionnels prompts à se prétendre nous

« Discours, sermons, programmes ne seraient encore que piperies et mensonges ; les mêmes jongleurs ne reviendraient que pour exécuter le même tour, avec la même gibecière ; ils formeraient le premier anneau d’une chaîne nouvelle de réaction plus furieuse ! Sur eux, anathème et vengeance, s’ils osaient jamais reparaître ! Honte et pitié sur la foule imbécile qui retomberait encore dans leurs filets ! »[…]*

Les politologues et les analystes des média se félicitent du dernier scrutin : seulement 40 % environ des inscrits – c’est-à-dire les citoyens canoniques reconnus par la sélection républicaine et démocratique – ont posé le geste politique de ne pas élire. De ce sursaut d’entre-deux tours des élections législatives devait découler la majorité parlementaire. Elle est toute relative ; c’est celle du Nouveau Front Populaire. Il s’agit pour le dissolvant Macron de désigner un chef de Gouvernement. Mais il a prévenu, dans un premier temps : pas question d’avoir un Premier ministre Insoumis ( la langue française est bien faite ). De son côté l’inénarrable Mélenchon dit le contraire. Le suspense dure. Dure. Dure et fatigue…

Petit rappel chronologique :

Le premier jour, Macron dissout l’assemblée nationale.
Le deuxième jour, Renaissance, pris entre deux fronts, compte, tel Samson, abattre les colonnes du temple sur iceux. Raté, le Premier Ministre ne sera pas « René ».
Le troisième jour et ceux qui suivent, c’est un foutoir sans nom qui agite l’hémicycle.

De bonne Constitution

Comme c’est l’usage, c’est du Nouveau Front Populaire ( NFP ), majoritaire avec ses 193 sièges ( contre 143 députés pour le Rassemblement National et 165 pour la Macronie ) que devrait sortir le nouveau Premier Ministre. Comme l’exigent les us de la Vème République, le Premier ministre en exercice, Attal donc, remet sa démission au Président de la République, Macron en l’occurrence, lequel… la refuse tout de go ! Un scandale pour « les »(1) extrêmes, NFP et RN.
Sauf qu’il y a quelques détails à ne pas négliger sur le fond, s’agissant de pouvoir et d’enjeu politique. Macron le savait-il ‒ il est banquier d’origine – ou l’un ou l’autre de ses conseillers lui a-t-il suggéré ?, la Constitution de la Vème République, gaullienne, laisse les mains libres au Président manitou sur ce sujet : rien ne l’oblige à nommer un Premier Ministre issu de la majorité législative. Par ailleurs, aucun délai n’est imposé. L’article 8 de la Constitution (ne) dit (que) : Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.(2) Point.

Si Bardella est presque soulagé – il visait surtout l’étape ( réussie ) des européennes et n’avait foutrement pas autre chose que des gardes du corps pour bâtir un Gouvernement – Mélenchon, lui est Furibard, tout le NFP est furibard !

Le Nouveau Front Populaire : une composition française

Comment dire ? Le NFP, c’est… complexe. On s’y tire dans les pattes parfois avec lyrisme : «  la grandeur éthique d’une gauche qui veut gouverner, c’est d’avoir la conscience qu’on gouverne avec des gens avec qui, justement, on n’est pas tout-à-fait d’accord »(3) lache doctement Raquel Garrido députée LFI. Tout est dans l’euphémisant « tout-à-fait »…

Le NFP serait né de la volonté historique d’affronter le fascisme, cette fois « à portée de canon de l’Assemblée nationale » selon Yannick Jadot des Écologistes.

Auparavant était la Nouvelle union populaire écologique et sociale ( Nupes ). Il s’agissait d’une coalition de partis de gauche issue de la défaite à l’élection présidentielle de 2022. En cause : pas de candidat de gauche au second tour. Flûte ! Objectif : gagner les législatives qui suivent.
Pas mal ! Pas de majorité absolue mais la Nupes est le premier groupe d’opposition parlementaire.

Viennent les sénatoriales. LFI, centre de gravité de la « nouvelle union » se fait doubler par le PS, le PCF et EELV qui constituent des listes dans son dos. Le prétexte ? Le centre de gravité ne détient ni une région, ni un département ni même une grande ville ; Les Insoumis n’ont à leurs yeux aucune légitimité à jouer les chefs. S’ensuivent les indéfectibles différends sur la politique étrangère : Poutine en Ukraine, le Hamas, les accointances bolivariennes… LFI, par la voix tonitruante de Mélenchon, dissone par trop de celles des « camarades » et, aux élections européennes de 2024 : feue l’alliance, chacun y va pour sa propre chapelle. Résultat : Patatras ! Le RN est déclaré bon premier. Plus grave, ses 30 délégués sont la première composante du groupe politique Patriotes pour (sic) l’Europe, aux côtés du Fidesz de Viktor Orbán, du FPÖ de l’Autrichien Herbert Kickl ou encore du Vlaams Belang de la Belgique flamande entre autres. Tout un ramassis d’identitaires, de xénophobes et… d’« Eurosceptiques » ! Le PPE(4) est le troisième groupe du Parlement européen, et Bardella en est le Président ; Orbán est le Président pour six mois – c’était opportunément son tour – du Conseil de l’Union européenne …

Ni une, ni deux ! Entre le 10 et le 13 juin la gauche française crée une alliance inédite : Le Nouveau Front Populaire. Rien à voir avec la Nupes, objectif : gagner les législatives de 2024.
Ouf ! Avec 193 voix, le NFP est le premier groupe parlementaire, devant Renaissance et le RN. Mais loin de repeindre un hémicycle en dégradé du rosâtre au rouge, il aurait fallu 90 sièges de plus – des strapontins auraient d’ailleurs suffi…

Il faut absolument faire quelque chose de la majorité relative !

Mais quoi ? Proposer un Premier Ministre !
Mais qui ? Pas tous en même temps s’il-vous-plaît !

C’est la course à l’échalote ; Mélenchon a tranché selon l’objectif de sa coalition : ce sera lui. Le patchwork des gauches, dans une grande démonstration de démocratie avait annoncé un résultat « des débats » pour le 14 juillet ( Fête de la Fédération oblige ! ). Reporté… au 18. Le 18, Faure, appuyé par son PS revivifié par une augmentation de 110 % de son personnel législatif – élu y-compris par ses pires ennemis intimes du moment – , propose de nommer Laurence Tubiana ( ex conseillère de… Jospin ! ). Celle-ci, diplomate de métier, adresse finement un clin d’œil à Mélenchon, en visant à « arracher des mesures sociales », notamment sur la pénibilité dans la réforme des retraites. Las !  le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, casse la baraque en balançant que Tubiana ferait « rentrer par la fenêtre les macronistes ». Devant un évident rejet de sa candidature, celle-ci jette l’éponge le 22 juillet. Quant à Huguette Bello, Présidente PLR(5) de La Réunion, ce sont LFI et le PCF qui la poussent à la candidature pour le Primo-ministère. Huguette Bello est emblématique de ce qu’est le NPF, de ce qu’était la Nupes. Elle connaît tous les opportunismes sur lesquels tente de surfer une gauche naturellement basée sur ses rivalités ( au mieux ! ), et… c’est la tasse. Bello est pourtant de bonne composition. Elle est issue du Groupe communiste à l’Assemblée et soutient Hollande en 2012. Elle parraine Mélenchon aux élections présidentielles de 2017 et 2022. Elle est présente sur la liste LFI-Union populaire aux fameuses européennes de 2024. Bref, « elle est crédible » selon l’experte Marine Tondelier dont le parti en agglo ( Europe Écologie/Les Verts ) navigue à vue, et sans vagues, dans le marigot unitaire. D’ailleurs, c’est quelqu’un, précise-t-elle « qui connaît le Parlement, qui a la capacité à construire une majorité » et qui « a l’habitude d’échanger avec Emmanuel Macron ». Qu’est-ce à dire, même les prétendus gauchos du PC ont leurs entrées à l’Elysée ? Mais d’autres, au PS, chuchotent une version plus complotiste. Le PC aurait subtilement glissé le nom d’Huguette Bello dans les débats pour sauver son groupe à l’Assemblée grâce au renfort de députés réunionnais.

Cette histoire est le buisson qui cache la toundra.
Car pour l’heure, c’est une nouvelle désunion qui se dessine. Manuel Bompard dézingue carrément Olivier Faure :  « depuis sept jours, il exprime une opposition totale à toutes les propositions qui sont faites autres que celles qui sont issues du Parti socialiste et en l’occurrence la sienne ». Et il enfonce le clou : « il y a du côté du Parti socialiste un certain nombre de prises de position pour dire que finalement, ce qu’il faudrait faire, c’est commencer les renoncements sur le programme du nouveau Front populaire pour essayer de trouver une sorte de majorité avec des secteurs qui viennent du macronisme ».(6) Plus grave encore : en mars 2024, la collectivité, présidée par Huguette Bello, a été condamnée à indemniser 18 agents « dont le CDD n’avait pas été reconduit » pour embaucher à leur place des proches de la majorité !(7)
C’ééétait donc çaaa… Il-y-a-un-traî-tre-par-mi-nous ! Tout-de-suite les insinuations calomnieuses. Ce n’est pas comme si, lors des législatives de 2017, vingt-deux députés socialistes(8) avaient rejoint En Marche !

Conscient du malaise, Bompard propose de laisser reposer la désignation du Premier Ministre et de se concentrer sur un autre enjeu non-négligeable : la Présidence de l’Assemblée Nationale ( Voir encadré ). Ce que déplore le PS en indiquant dans un communiqué du 15 juillet : « Nous souhaitons d’une part indiquer qu’il n’y a jamais eu la volonté d’un quelconque veto systématique de la part du Parti socialiste à toute candidature issue du Nouveau Front Populaire. Nous avons exprimé un désaccord sur une candidature, comme d’autres ont exprimé leur désaccord sur d’autres candidatures. C’est le fonctionnement démocratique d’une union respectueuse de chacune de ses composantes. D’autre part, nous avons comme les autres fait plusieurs propositions, pour cheminer vers un choix consensuel. » Bon.

Le combat continue

Après la passe d’arme cocasse dans l’hémicycle pour désigner grand et petits chefs, c’est regonflé que le NFP aborde la nomination logique d’un premier Ministre issu de ses rangs. Le but est aussi de contrer la force d’inertie de Macron ; il est vrai que ce dernier n’avait habitué personne, y-compris et surtout chez les siens, à un tel stand bye. Pourtant, il suffisait de l’écouter ; son choix entrera dans le seul spectre perceptible à ses yeux : ni infra rouges, ni vert-de-gris – pas de LFI ni de PCF, pas de RN. Est-ce pour cette raison qu’en dernière instance le Nouveau Front Populaire s’est-il résolu à proposer Lucie Castets ? « C’est quelqu’un qui est très solide, très crédible et qui a réussi à mettre d’accord les quatre forces du Nouveau Front populaire autour de son nom » assure ( décidément ! ) Marine Tondelier sur France-TV. Choix négocié en seulement seize jours et au troisième essai, ajouterons-nous.

Macron, lui, repousse Lucie Castets dédaigneusement. Pourtant, la dame a plein de qualités – préservation des services publics, chasse à la criminalité financière, etc. – et cadre tout-à-fait avec l’idée d’un premier Ministre technique(9) qu’il commence à envisager, faute d’accord avec LR et les centristes pour former une majorité. Mais, opportunément, il y a cette histoire procédurière selon laquelle Castets, haut fonctionnaire à la mairie de Paris, aurait dû se mettre en disponibilité, plutôt que de poser des congés,(10)cartonne LR dans un baroud d’honneur,…
Et aussi l’« affaire » du triangle rouge de Bompard(11)…
Et patati et patata…
Faute de réel affrontement politique, on se trouve les pinailleries qu’on peut.

Macron, en forme olympique, pense tout-haut à un groupe baroque majoritaire à l’Assemblée allant des débris de la droite « classique » ‒ mais laquelle ? ils se haïssent tous ! ‒ qu’il a pris soin de pulvériser, jusqu’au parti socialiste d’Olivier Faure. Lequel est accusé par Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard de se laisser tenter.
La boucle est bouclée croit-on… Eh bien non ! Au bout d’une semaine, c’est un cadre de LFI, Éric Coquerel qui flingue Lucie Castets sur une histoire d’infaisabilité historique de récupérer les impôts des « expatriés fiscaux ».(12)
Rien ne va plus, et ça se voit de plus en plus.

Le fil vert sur le fil rouge…

La griserie du succès d’Olivier Faure et du PS, confrontée à l’autoritarisme de Mélenchon est déjà en soi une malfaçon du « front » que nombre d’intéressés des classes populaires n’ignorent pas.

Le programme « commun » du NFP, dont Bompard accuse Faure de dévier pour mettre le cap sur les marches de la Macronie mais que Tondelier assure qu’il demeurre « être la boussole » de Castets, mérite un peu d’attention. Au-delà de la forme, le « packaging » étudié pour séduire la diversité de son électorat ( une grande coalition de la gauche moderne ), c’est un méli-mélo de pièces de différents puzzles, évidemment impossibles à assembler sauf à rogner les bords et refaire le motif, chacun voulant imposer son modèle d’origine.
Il ne s’agit pas de s’attarder sur le bric et le broc du programme dit commun, il ne l’est pas.
Tout oppose les « partenaires » de cette imposture politique.

Les composantes s’affrontent sans merci pour décrocher le maroquin suprême de Premier Ministre. Sous la Vème République, c’est un marchepied pour le trône. Au sein même des partis, le débat est un pugilat. Ainsi  « le Parti socialiste est passé, en quelques semaines, d’une ligne Glucksmann à une ligne Mélenchon. En adoptant cette posture, il a privilégié les coups de billards à cinq bandes plutôt que de chercher réellement une solution pour sortir le pays de l’ornière » décoche Hélène Geoffroy, ancienne ministre dans Le Monde en ligne du 26 juillet. Celle-ci est une opposante déclarée à Olivier Faure au sein du PS. Rivale pour la direction du PS, elle avait lors de la campagne interne dénoncé chez Faure un « manque de démocratie interne », un « manque de travail et de réflexion idéologique » et une ligne politique peu claire qui le pousse à s’allier avec les écologistes avant de rompre brutalement les ponts. Bonne camarade elle le soutient maintenant au sein du NFP. Tant pis pour « l’idéologie » et la démocratie interne.

La même Hélène Geoffroy pose finalement une vraie question : « Nous avons voulu mettre un nom avant de se poser la question de savoir ce que l’on veut faire. Gouverner ou juste obtenir la démission du président de la République ? C’est un gouvernement dont notre pays a besoin. Les Français veulent des réponses à leurs difficultés du quotidien… » François Ruffin qui a rompu avec Mélenchon avait déjà donné la réponse dans le Figaro : « la gauche, quelle nullité ! […] Ils ont été nuls pendant deux ans, ils ont été nuls pendant les six mois de campagne européenne où on avait une gauche en miettes, le moral dans les chaussettes parce qu’ils y étaient allés chacun dans son couloir : Parti communiste, Parti socialiste, France insoumise, les Écologistes », « ils aiment perdre, c’est le choix de la défaite, ils veulent pas gagner, ils veulent pas gouverner. »

L’Union fait la farce

Le Nouveau Front Populaire est un monument de mauvaise foi, un grouillot opportuniste, une escroquerie intellectuelle et politique. Le NFP ressemble comme deux gouttes d’essence à tout ce que les Gilets jaunes voulaient dégager ; il n’a, du point de vue de ses ambitions, rien reprocher à ses concurrents. D’ailleurs, tous les « fronts » passés, présents et à venir ne sont que des échafaudages bancals, éphémères et surtout trompeurs et clientélistes sur leurs intentions de réformes, en terme d’abolitions ou rétablissements de lois, d’imposer les interdictions et les obligations ( forcément ) civiques au gré des faits divers, voire pour les plus téméraires référendums ( ou plébiscites ? )… Un de ces édifices vermoulus érigés par une gauche de métier, voués, disons-le, à se casser la gueule du fait leurs alliances bidon, des calculs faussés par la mathématique du réel, des ambitions mesquines de jeunes loups comme des losers aigris.

Pas étonnant donc que tous les partis – à l’exception notable du Parti Communiste – se sont rendus à la convocation du Medef « en marge » des dernières élections. Ce dernier leur a fait passer, selon le mot-valise de la presse, un Grand Oral relatif à la compatibilité des programmes avec sa feuille de route économique(13). S’il est difficile de préciser ce qu’ont pu défendre les candidats examinés, la pure acceptation de cette règle du jeu signifie clairement qu’il n’est question nulle part, pour cette gauche, de s’affranchir du capitalisme mais bien de s’y accomoder. Verdict, via Les Échos, de Patrick Martin, le patron du Medef : les responsables politiques doivent « sortir des postures et des provocations vis-à-vis des acteurs économiques ». C’est-à-dire que l’abrogation de la réforme des retraites, par exemple, « serait un signal terrible à l’égard des marchés financiers, mais surtout pour la pérennité de notre système par répartition », pareil pour l’ISF, etc.
Espéraient-ils pouvoir négocier un accord avec le patronat, obtenir un ticket de recevabilité dans les hautes sphères ou s’agissait-il de jouer les bravaches style « ennemi de la finance » ? Trahison ou spectacle ?

Aucun postulant à diriger l’État ne peut ignorer les injonctions du patronat, des banquiers, des agences de notation. Or, on ne voit nulle part dans le programme de la « gauche unie » une quelconque attaque frontale du capitalisme. On peut se casser de l’OTAN ou de l’UE, pas de l’économie de marché. Pas en tant qu’État-Nation participant à toutes les formes d’exploitation des humains et du monde. Le capitalisme est un système maffieux, on dirige un État – une succursale –, on collabore ipso facto. La classe ouvrière, comme en 1981, autant qu’en 1936, sait que le « programme commun » est une escroquerie politique, un paravent à la lutte des appareils et des élites pour le pouvoir. La classe ouvrière n’est que le cheptel électoral à qui il n’y aura qu’à balancer deux ou trois mesures-phares en début de mandat, et empaqueter quelques trucs mineurs à échéance. Et promettre de faire tout le reste si on lui redonne le pouvoir. Entre temps, on peut toujours inciter ( généreusement ) les entreprises à rester en France, et donc adapter « le travail » dans ce sens et, conséquemment, redonner des moyens à la police pour « renouer le lien avec la population ».

Il faudra descendre dans la rue. Encore.
Tous ont trahi la classe ouvrière ; tous ont officiellement rayé la lutte des classes de leurs statuts ; tous ont abandonné l’objectif d’une Révolution sociale émancipatrice.
Aucun n’y tient. Tous en ont peur.
Au mieux ils montent en marche dans les mouvements initiés par la base du prolétariat – les ouvriers, les retraités, les chômeurs, les étrangers, les « éco-warriors »… – et y glanent quelques « souffrances populaires » dont ils promettront de s’occuper dans leurs programmes. Haut et fort dans l’opposition, moins franchement une fois au pouvoir. Ils produiront des lois, engoncés dans les concepts de leur classe. La dénonciation de la « violence » militante deviendra, restera leur credo et leur seule réponse sera armée.

Pour ne pas conclure

La dissolution précipitamment prononcée par Macron a des effets qu’il n’a à l’évidence lui-même pas prévus. Mais le businessman professionnel a appris à sauter sur n’importe occasion susceptible de rapporter quelque chose ; un certain ennemi de la finance peut en témoigner. À lui-même, à sa caste idéologique – toujours aussi indéfinissable que le libéralisme ruisselant – et à sa classe.
Le capitalisme s’est toujours adapté à n’importe quel régime, qu’il y ait des chars ou non sur les Champs Élysées.(14) Les industriels, les banquiers comme les négociants en tout et en n’importe quoi – à prendre au sens propre – ont toujours tiré profit des guerres comme des paix qu’ils déclenchent et négocient respectivement en temps opportuns. Et tous les régimes se sont pliés au capitalisme. Qu’ils soient dans les bagages des déplacements officiels d’État, en lobbying derrière les colonnes du palais Bourbon ou en se répartissant les marchés des offres territoriales, les mondes de l’économie libérale et de la politique professionnelle sont comme cul et chemise. Le pouvoir, l’État, le gouvernement et son chef ne sont que les relais politiques, asservis ou par pragmatisme, du capital. Si les prétendants aux ors de la République sont divisés entre-eux, ce n’est que question d’Ego. Qu’advienne un César et toutes les allégeances, les compromissions, les trahisons, se feront en coulisse et le jeu « démocratique » reprendra à l’Assemblée.

Enfin, à cette heure, on peut dresser deux constats. Un : avec un gouvernement réduit à la figuration, tout fonctionne « couramment » ‒ la Belgique a été un an et demi sans gouvernement ‒ ; deux : le quotidien des classes populaires demeure.
Alors que la politicaillerie est dans le décor, de préférence celui des J.O., des salarié.es continuent à se battre ; l’exploitation est ininterrompue, les injustices ne faiblissent pas, le contrôle est permanent.

La route reste longue, pénible et violente jusqu’à l’émancipation. Il va falloir que nous dépassions le spectacle tragi-comique de la classe politique en compétition pour notre domination. Très vite, très fort.

[…]« En présence des prolétaires armés, obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra.
Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d’arbres de la liberté, par des phrases sonores d’avocat, il y aura de l’eau bénite d’abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours !
Que le peuple choisisse ! »*

Boulogne sur Mer le 8 août 2024

* Auguste Blanqui, Un toast à la prochaine Révolution, Prison de Belle-Isle-en-Mer, le 10 février 1851. Publié par « les amis de  l’Égalité. »
**Merci à Gérard du site https://spartacusbond.blogspot.com pour son illustration très réussie que nous avons reprise.

1.Si nous considérons d’un point de vue politique et historique le RN comme idéologiquement et intrinsèquement d’extrême droite bon teint, il nous est difficile d’identifier une extrême gauche chez le NFP, ne serait-ce que par la composition des têtes de gondole respectives des partis qui le composent.
2.Source : https://www.conseil-constitutionnel.fr/sites/default/files/as/root/bank_mm/constitution/constitution.pdf
3.Écoute les tous ! sur Huff: Comment la gauche justifie son alliance nouée en un temps record – Vidéo Dailymotion
4.Détail sur : Patriotes pour l’Europe — Wikipédia (wikipedia.org) Voir la partie « composition ». Presque drôle !

5.Pour La Réunion : une scission du PCR – le parti communiste réunionnais – dont elle se fait jeter, suite à son refus de parachutage sur une autre circonscription que la sienne lors des législatives de 2012 ; déplacement stratégique décidé par le polit’ bureau local.
6.Source : NFP : les tractations se poursuivent mais le blocage persiste, toujours pas de nom pour un Premier ministre | Actu
7.A La Réunion, le conseil régional sanctionné après avoir recruté des proches de la majorité (lemonde.fr)
8.Dont Brigitte Bourguignon – qui est de la revue et boulonnaise ! Elle sera même ministre déléguée.
9.Un Premier Secrétaire qui gérerait ad libitum les affaires courantes, toutes les affaires courantes, rien que les affaires courantes ?
10. Voir ( ou pas ) le Canard enchaîné du 31 juillet, « Castets de gondole » p.2
11.Législatives 2024 : Manuel Bompard explique pourquoi il portait un triangle rouge lors du débat (huffingtonpost.fr)
12. Source : Le Canard enchaîné du 7 août 2024
13.Voir 15727-propositions-medef-elections-europe-ennes-2024-light.p.
14.En 1981, la droite avait brandi la menace de voir les chars russes défiler sur les Champs Élysées en cas de victoire de Mitterrand et de la gauche unie ( si ! ). Finalement ça a été Helmut Kohl, Chancelier allemand, chrétien démocrate libéral et conservateur, qui a gravement accompagné Mitterrand devant la tombe du soldat inconnu à l’arc de triomphe, acte magistral d’une amitié sans fin…


Grenouillage à L’Assemblée nationale

C’est amusés que nous regardons les errements, les histoires d’ascenseurs et les croche-pied directs que s’envoient rageusement les « représentants du peuple ». Certains ont même failli en venir aux mains.

Première reprise : l’élection au « perchoir »
Ce coup-là, Olivier Faure le joue collectif. Aucun doute, le NFP se solidarisera derrière « une candidature unique au perchoir, un seul nom pour le premier tour ». Celui du communiste André Chassaigne. Battu de 13 voix par Yaël Braun-Pivet qui remettait son titre en jeu.. Et pour le coup, Mélenchon s’étrangle qu’« Une ligne rouge est franchie avec le vote illicite de ministres ». Effectivement, la question se pose. Comprendre que les ministres toujours en poste, même réduits à l’état de plantes vertes, ne peuvent voter en tant que députés.

Deuxième reprise : les postes-clefs
Deux vice-présidences sur six, une questure sur trois, et neuf secrétaires sur 12 ! La nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet sera marquée d’une pierre blanche pour le Nouveau Front Populaire. « Nous obtenons la majorité des postes (au bureau), c’est la démonstration que le NFP est le pôle le plus large à l’Assemblée nationale » commente Mathilde Panot (LFI).Un motif pour exiger de Macron un Premier ministre issu de ses rangs. On connaît la suite. Mais le diable se niche dans les détails ; le NFP, en détenant plusieurs postes-clefs, a un pouvoir décisionnaire d’une importance capitale ; une arme qui devrait servir dans l’appareil législatif.
Dernière reprise : l’arrière cuisine
La répartition des postes a déclenché une crise, au sens propre, au sein de l’hémicycle.
D’abord, tour de chauffe : un bourrage d’urne ! Comme en constatent nos « observateurs » dans les dictatures de tout poil. Une apparition de dix enveloppes surnuméraires dans les urnes a contraint à annuler un scrutin. Et le député PS Jérôme Guedj de demander une enquête et la révision des modalités de vote.
Ensuite, le règlement de l’Assemblée préconise une répartition équitable des groupes au sein de cette instance collégiale, qui est le principal organe décisionnaire de l’Assemblée nationale. Cette fois-ci le groupe Ensemble pour la République ‒ Macronien présidé par Attal, qui avait donc le droit de voter ‒ avait décidé lundi de ne mettre aucun bulletin « ni pour le RN, ni pour LFI ». Renvoi d’ascenseur de Macron à ses alliés de La Droite républicaine qui obtiennent, eux aussi plusieurs postes-clés, prix de leur soutien à la candidature de Yaël Braun-Pivet. Et que dalle pour le RN !
Le député PS Arthur Delaporte a au contraire salué « la victoire du barrage républicain » contre le parti d’extrême droite. Ce brave garçon n’a rien pigé à l’organistion tactique des macronistes pour se garder une partie indispensable de la droite à l’Assemblée.
Marine Le Pen, elle, qui s’y connaît, notamment au parlement européen, a tout bien compris et dénonce des « magouilles » et des « achats de poste » qui « foulent aux pieds la démocratie », C’est dire !

Il est rassurant de savoir que ces gens nous représentent, décident du bon et du mauvais, en imposent des lois. En cas de manquement on nous matraque, on nous juge, on nous fait payer (le plus cher possible ) et on nous enferme… en notre propre nom.
Source : Législatives anticipées : le Medef dénonce les propositions de « certains », pointant les projets du RN et de LFI (latribune.fr) avec AFP


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