Troisième mort en huit mois sur le site sidérurgique d’Arcélor Dunkerque
Décidément, rien ne change. Depuis sa création, plusieurs dizaines de travailleurs ont trouvé la mort sur le site sidérurgique de Dunkerque. Au cours de ces huit derniers mois, trois ouvriers ont encore perdu la vie à leur poste de travail. Le premier a été percuté par une chargeuse, le second écrasé par un wagon, le dernier a chuté le 13 juillet dans une coulée de fonte liquide. Cette énumération funèbre dément à elle seule la politique d’affichage de la direction de l’usine qui n’a jamais cessé d’affirmer qu’entre ses murs “la sécurité demeure centrale”.
Les restructurations engagées au tournant des années 80, ont fait du site Dunkerquois une usine compétitive selon les critères de la profitabilité capitaliste avec trois fois moins de salariés qu’il y en avait à l’époque(1). Les camarades du Syndicat de Lutte des Travailleurs d’Usinor-Dunkerque (2) expliquaient à cette période que les conséquences de cette politique étaient de deux ordres : “une multiplication d’accidents graves liés à la productivité et un autre aspect qui entre en ligne de compte dans le nombre d’accidents graves, c’est une certaine politique de la direction d’Usinor qui est de ne tenir aucun compte des mises en garde qui sont faites sur les problèmes de sécurité (3) … » Une réalité jamais démentie jusqu’à aujourd’hui puisque quelques semaines avant le dernier accident mortel en date, un intérimaire (4) avait déjà fait une chute tombant à côté d’une coulée du haut-fourneau nº 2. Le danger avait été identifié et avait fait l’objet d’un signalement après une enquête du CHSCT sans qu’aucune suite ne soit donnée.
Dernièrement des “records de production” ont été atteint à Dunkerque et la direction ambitionne déjà de réaliser une nouvelle performance en produisant 7 millions de tonnes d’acier à l’horizon de 2018. Pour parvenir à leurs fins les dirigeants successifs du site se sont appliqués tout au long de ces années à imposer aux salariés de nouvelles techniques de management toujours plus dissolvantes. Depuis les premiers “cercles de qualité” jusqu’à l’actuelle “implication de l’individu, le rendant responsable de sa sécurité et de celle des autres”, on réalise le terrain que la patronat n’a cessé de gagner en parvenant à imposer son idéologie à mesure qu’il supprimait toujours plus de travail vivant. La riposte syndicale est d’ailleurs assez éloquente, un membre de la CGT avouait dans la presse régionale : “ On se sent un peu impuissant” …
Boulogne sur mer, le 20/07/2015.
Notes :
(1) En trente ans, l’effectif de l’usine est passé de 10 000 salariés à un peu plus de 3 000 aujourd’hui.
(2) http://lamouetteenragee.over-blog.com/article-au-pays-d-usinor-la-projection-et-le-debat-autour-de-l-experience-du-syndicat-de-lutte-des-travai-86223870.html
(3) http://lamouetteenragee.over-blog.com/article-projection-debat-au-pays-d-usinor-le-23-septembre-a-20h30-84086093.html
(4) Aujourd’hui 15 % des travailleurs d’Arcélor Dunkerque sont des intérimaires ou des salariés précaires.