Voici le témoignage d’un marin de passage à Boulogne-sur-mer qui nous éclaire un peu plus sur les réalités de ce métier.
La Mouette : Comment trouves-tu du travail en règle général ?
Je viens du Calvados et je vais de port en port. J’ai des adresses ou je prends contact avec le Comité local des pêches, il y en a dans chaque port.
La Mouette : Tu travailles sur quel type de bateau ?
Sur des bateaux de pêche industrielle ou artisanale, ça dépend, mais ça me permet de connaître les différents types de pêche.
La Mouette : Peux-tu nous parler de tes conditions de travail ?
Généralement je suis en activité 7 mois dans l’année, mais les conditions sont différentes d’un bateau à l’autre. Le travail est difficile, tu es continuellement sur le qui-vive. Il faut savoir que tant qu’il y a du poisson, il y a du travail ; j’ai déjàtravaillé 48 heures d’affilées et les pauses sont rares. Évidemment, quand il y a une surcharge de travail et que les conditions sont difficiles, l’ambiance est parfois tendue… c’est normal… et parfois, c’est pour des conneries…
Dans la pêche artisanale l’ambiance est plus familiale ; sur les bateaux industriels les relations sont plus serrées, chacun tient à son poste, le second et le mécanicien ne mangent pas avec nous, tu vois… mais attention, bien souvent si le patron dit qu’il soutient les matelots lors des conflits, il reste le patron…
La Mouette : Comment s’applique la rémunération des équipages ?
D’abord, le patron soustrait les frais de gasoil, l’huile, le matériel, les vivres… en général le matelot a droit à une part, le novice 3/4 de part et le mousse 1/2 part. En fait cela dépend aussi des ports : à Cherbourg, le second recevait 1/4 de part en plus mais il s’occupait des épissures ; en fait c’est le patron qui décide.
La Mouette : Pour toi, à quoi sont dues les difficultés actuelles ?
Les importations ! C’est ce qui nous fait le plus de tort. Et le manque de poissons aussi, quoique en partie ce sont des conneries…
Boulogne-sur-mer. octobre 1995.