Avec ou sans Front populaire, l’avenir ce ne sont pas les élections

Avec ou sans Front populaire,
l’avenir ce ne sont pas les élections

 

 

Nous reprenons et distribuerons le tract des camarades de l’Organisation Communiste libertaire du Finistère.

tract-dissolution PDF

Macron adore dissoudre : le CCIF, Palestine Vaincra, les soulèvements de la terre, … et maintenant l’Assemblée nationale. Il est difficile d’analyser la tactique de Macron. Espère-t-il pouvoir garder une majorité relative à l’assemblée par le montage de fronts républicains locaux ? Se rêve-t-il en homme providentiel contre l’extrême droite, quitte à utiliser tous les pouvoirs spéciaux si le RN gagnait les élections législatives ? Une chose certaine, Macron, comme d’autres avant lui, a facilité la montée du RN par sa politique antisociale, répressive et nationaliste. A l’image d’autres pays, la bourgeoisie française préfère un régime autoritaire teinté de démocratie pour éviter toute révolte sociale, quitte à mettre l’extrême droite au pouvoir.

En réaction, des partis dits de gauche et certaines organisations syndicales appellent à un « front populaire » électoral. Oublié le serment de 2016 lors de Nuit Debout « je ne voterai plus PS », oubliée la politique de Hollande-Valls qui amena une accentuation de la répression, de mesures antisociales comme la loi Travail, la chasse aux migrants, … Oubliée la Gauche Plurielle PS-PC-écolos qui accentua le dégoût de cette gauche dans les milieux populaires. On nous propose de tout oublier et de tout recommencer.

Bien sûr, la victoire du RN ne serait pas anodine, cela risquerait d’accentuer la politique raciste et la chasse aux pauvres. Mais le RN n’est pas un parti fasciste au sens où les partis de Hitler ou Mussolini l’étaient. C’est devenu un parti de droite radicale(1) installé dans le jeu politicien actuel, et les grands capitalistes en sont parfaitement conscients et en font donc sa promotion (Bolloré, Arnault, …).
Toutes les organisations qui appellent à s’unir dans les élections contre le RN ont, de près ou de loin, été les actrices des défaites sociales récentes, se contentant d’appeler au mieux à des « journées d’action » ponctuelles comme lors du dernier mouvement des retraites, plutôt que d’essayer d’organiser une riposte plus radicale par la généralisation de la grève. Si le RN gagne à lui de larges couches populaires, c’est avant tout à la suite de ces défaites. S’il n’y a plus d’espoir pour améliorer collectivement nos vies par la lutte, le repli individualiste gagne, avec l’adhésion aux idées rétrogrades associées : nationalisme, racisme, sexisme, …. Les élections n’y changeront rien car même si la gauche gagne, elle ne redonnera pas de perspectives progressistes. Les salaires, conditions de vie, … ne se modifieront pas. Tous les gouvernements de gauche, en France ou ailleurs, ont trahi ces dernières années tous les espoirs mis en eux (Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, PS en France associé ou non avec écologistes ou PC). N’ayons aucune illusion sur un nouveau gouvernement de gauche qui fera comme ses prédécesseurs : renier ses promesses.

Cela dit, nous laissons bien évidemment à chaque personne l’autonomie de son choix pour les futures élections. La question centrale pour nous(2), que ce soit le RN ou pas qui gagne les futures élections : comment favoriser l’autonomie de futurs mouvements de lutte pour que ces derniers redonnent un sens concret à la lutte de classe, redonnent le sens de la victoire collective, permettent d’offrir d’autres perspectives aux opprimées que le jeu électoral dans lequel on nous enferme.

(1) N’oublions pas l’extrait de naissance du RN tout de même.
(2) Elles seront forcément gagnées, (même avec 80 % d’abstention).

Le 10 juin 2024
Organisation Communiste Libertaire (OCL) Finistère
Contact : ocldz@riseup.net

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Discussion avec les camarades de la revue Partisan à propos de l’enquête ouvrière

Discussion avec les camarades de la revue Partisan à propos de l’enquête ouvrière

Nous livrons le contenu de la discussion que nous avons eu avec un camarade de la revue Partisan publiée par l’OCML-Voie-prolétarienne au sujet de l’enquête ouvrière en général et de la publication de « Avant de faire le tour du monde… » en particulier. Cet interview vient d’être publiée dans le dernier numéro de leur revue*.

Ce moment d’échange, par delà nos divergences réelles et historiques, fut l’occasion de partager nos points de vue respectifs sur la période en dehors de tout sectarisme et dans une atmosphère chaleureuse. C’est suffisamment rare dans les milieux militants d’aujourd’hui pour que nous le soulignions. Nous remercions ces camarades d’avoir pris contact avec nous et d’être venus à notre rencontre.

Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier…
Enquête ouvrière, 2017-2023

C’est un livre vraiment atypique dans le milieu militant qui vient d’être publié chez Acratie. Il est l’oeuvre du « Groupe Communiste Anarchiste de Boulogne-sur-mer », qui publie le journal « La Mouette Enragée » depuis 1992. On peut le trouver dans quelques librairies militantes, ou le commander à l’adresse suivante La Mouette Enragée BP 403, 62206 Boulogne-sur-mer cedex.

C’est une enquête approfondie, réalisée plusieurs années durant, dans les secteurs de la classe ouvrière et du prolétariat, essentiellement dans la région du Nord-Pas-de-Calais. On y trouve le secteur médical et son intégration croissante dans le business plan du capitalisme mondial (EHPAD, ambulanciers, sage-femme…), les livreurs Uber-Eats, la logistique (Amazon, La Redoute, Verbaudet), les centres d’appel, l’industrie agro-alimentaire, les PME et l’intérim, etc. Ce sont des enquêtes sur le terrain, avec des interviews, le tout d’une grande richesse.

Un tel livre ne pouvait pas nous laisser nous laisser indifférent. D’une part parce qu’il réaffirme la centralité ouvrière dans le projet politique, d’autre part parce qu’il part de l’enquête, qui est un des points clés de notre référence au maoïsme : comme disait Mao Zedong, « celui qui n’a pas fait l’enquête n’a pas droit à la parole ». C’est la base première de la ligne de masse, et donc de la possibilité d’une intervention politique communiste dans les masses et auprès des éléments avancés.

Et ce livre est d’une grande importance pour saisir les évolutions de la classe ouvrière dnas un pays impérialiste comme le nôtre. Et c’est pour cela que nous sommes allés les rencontrer à Boulogne, pour le interviewer, pour mieux comprendre leur travail et leur projet. L’interview est ci-dessous, relue par leurs soins.

Bien sûr, nous ne partageons pas l’orientation politique de ces camarades (et cela se voit à la lecture de l’interview), en particulier ce qu’on peut appeler le culte de la spontanéité révolutionnaire, c’est à dire la recherche des secteurs prolétaires et ouvriers qui vont spontanément être à l’avant garde d’une future révolution sociale. Nous n’allons pas ici reprendre tous les éléments de nos positions, rappelons en particulier que si nous voulons nous appuyer sur tous les embryons de conscience et de pratique révolutionnaires de la classe ouvrière contre son exploitation, nous affirmons sans hésitation qu’elle est spontanément réformiste, la conscience étant aussi -et principalement- le reflet de la soumission de la force de travail au marché capitaliste, concurrence entre ouvrier.e.s et recherche du « meilleur prix » de cette valeur d’échange particulière décrite par Marx il y a longtemps. Nous renvoyons nos lecteurs aux documents de notre organisation, et à notre plateforme politique.

Néanmoins, nous avons des convergences réelles avec « La Mouette Enragée », au delà de la rage ! Ce souci prolétarien, cette recherche de la compréhension de la réalité au delà des clichés, et nous l’avons dit, la centralité ouvrière. Un livre à lire absolument, à discuter, à enrichir, à critiquer.

1- Quelle importance pour vous de la centralité ouvrière, comment voyez vous la différence entre classe ouvrière et prolétariat ?

Sans bien sûr remonter aux restructurations de la fin des années 70, il nous semblait nécessaire de faire le point après des années de défaites répétées et cumulées autour de « la question du travail » posée à l’échelle de la classe : que ce soit lors des mobilisations nationales autour de la casse des retraites ou de la « Loi Travail », des attaques contre les droits sociaux, l’assurance chômage, etc.
On pense que les raisons de ces revers, essuyés dans l’intervalle comprise entre 1995 et aujourd’hui, ne sont pas uniquement liées à des questions de stratégies ou de mobilisations syndicales, mais aussi à une profonde modification de la composition de classe : comprendre pourquoi certains secteurs se mobilisent et d’autres pas, ou très peu … On a observé une profonde modification de la typologie des emplois ces dernières décennies, avec une chute de l’emploi industriel et un transfert massif de la force de travail vers les services et une montée de l’emploi précaire sous de multiples formes…

Maintenant, pour répondre simplement et un peu schématiquement à votre question, nous rangeons dans la catégorie « classe ouvrière » les individu-es qui effectuent un travail productif au sens ou Marx le définit dans les manuscrits de 1861-63(1), c’est à dire un travail exploité qui au sens capitaliste du terme produit de la plus-value… et dans « le prolétariat » celles et ceux qui vendent leur force de travail mais ne l’échangent pas forcément contre du capital… Une personne qui travaille en qualité d’AESH(2) dans le secteur public, s’il faut prendre un exemple concret.

2- Quelle est la démarche de l’enquête, comment voyez-vous les contradictions au sein de la classe (hommes/femmes, français/immigrés…) ?

Vous avez raison, les problèmes spécifiques des travailleuses en tant que femmes sont peu abordés ! Toutefois, les retours d’enquêtes et les témoignages que nous avons collectés dans les secteurs du soin, des plateformes d’appels, de la vente par correspondance, et même dans l’industrie agro-alimentaire émanent essentiellement de femmes. Comme nous l’avons précisé dans l’avant propos, ce livre est une esquisse qui appelle à remettre le travail sur le métier, ce que nous allons faire assurément. Il nous a aussi été reproché de ne pas aborder la question du logement ou celle de la consommation ou du mode de vie…

Délibérément, nous avons fait le choix de nous concentrer sur les lieux et les moments d’exploitation et non sur ceux de la reproduction. Un choix assumé et qui nous offre l’opportunité dans les temps à venir d’ouvrir les chantiers qui ne l’ont pas été …

Vous avez également raison quant à la place octroyée aux travailleurs immigrés dans l’enquête. Ne pensez pas que nous éludons la question, nous avons été très investis de 1999 à 2005 sur ce terrain dans la région de Calais, sur une position de classe et en rapport toujours à cette question du travail, mais dans sa dimension internationale, cette fois. Nous en avons tiré un bilan qui a été édité dans un livre collectif(3). La limite que soulignez vient aussi du fait que dans plusieurs secteurs où nous avons enquêté, les travailleurs immigrés sont très peu présents, si ce n’est absents. A Boulogne-sur-mer, par exemple, les personnes venues du Maghreb ou du Portugal dans les années 60 pour travailler dans les aciéries sont reparties massivement avec les plans de retours associés à la restructuration et la liquidation du secteur… En revanche, dans la région lilloise, nous avons rencontré un certain nombre de travailleurs immigrés notamment à la Redoute, mais les questions spécifiques aux conditions de l’immigration n’ont pas été abordées.

Le rejet de l’autre, de l’étranger, comme la xénophobie sont effectivement une réalité comme le rapporte dans le livre un témoignage provenant du secteur portuaire de Boulogne-sur-mer. Des camarades l’ont enduré personnellement, mais c’est le résultat d’une identité et d’une culture ouvrière particulières qui s’est construite sans apport exogène, dans de petites boites, de génération en génération… Une survivance au jour d’aujourd’hui. Dans les grosses boîtes de la zone portuaire, les rapports sont différents et la xénophobie plus discrète ou absente. Et pour répondre, enfin, à vôtre question, bien sûr qu’il faut combattre le racisme s’il s’exprime au sein de la classe, sans concession d’aucune sorte et spécifiquement si nécessaire …

3- Quelles contradictions avec la petite bourgeoise intellectuelle ?

La question de la bureaucratisation et de la place octroyée aux membres de la petite bourgeoisie dans le mouvement révolutionnaire, en-soi, n’est pas nouvelle(4). Elle se pose depuis le départ et continuera de se poser même à ceux qui tentent de s’en affranchir avec volonté. Ce n’est pas une fatalité, mais de là où nous nous situons, nous répondrons, un peu facilement direz-vous sans doute, que c’est dans le cours du mouvement et du cœur du mouvement lui-même, de sa force et de sa dynamique, que surgiront (ou non !), les éléments de contre-pouvoirs indispensables. La spontanéité est à nos yeux un facteur essentiel, même si comme nous aimons l’ajouter : « la spontanéité, ça se travaille ! »

Ceci dit, cette question se pose aux conditions de la période, c’est à dire que les années 80 sont passées par là… Un cocktail à base de restructurations industrielles, d’emprise plus large et plus longue du système scolaire et de son idéologie bourgeoise sur de plus larges strates de la société, la montée de catégories intermédiaires nécessaires aux conditions de l’exploitation contemporaine, tout cela a favorisé et amplifié le phénomène que vous décrivez. Raison pour laquelle nous avons fait le choix de ne donner la parole qu’à des femmes ou des hommes du rang, la plupart sans mandat syndical, ou entrés en bagarre contre les bureaucraties comme lors de la lutte menée à l’époque à la Redoute par « Les Redoutables ». Initialement, ils étaient à la CFDT pour un certain nombre d’entre eux, mais face à la collaboration de leur dirigeant lors du plan social, ils ont fait sécession. Depuis, il faut tout de même préciser que certains leaders de ce mouvement ont intégré d’autres structures syndicales pour « continuer le combat », avec des concessions parfois surprenantes faites à la cogestion… C’est le cas aussi des femmes de Vertbaudet, au départ pas syndiquées, mais qui ont rejoint majoritairement la CGT qui a cadré la grève puis les négociations.

4- Marxisme et communisme comment enquêter sur la conscience politique, au sens large ?

Évidemment la question est politique et révolutionnaire. A plusieurs reprises, nous nous référons à Tronti au début du livre, même si comme vous le savez, nous ne sommes absolument pas léninistes. Tronti affirme dans l’un de ses derniers ouvrages que : « … sans classe ouvrière, pas de politique  ! » Nous ne l’interprétons pas de la même manière que lui, puisqu’il a été sénateur, mais son énoncé dit le tout, à savoir que sans la présence et l’intervention de la classe ouvrière, rien n’est possible fondamentalement ! Maintenant, cette notion de « la conscience » n’est pas restée en arrière plan, mais c’est la question « casse-gueule » par excellence, à plus forte raison quand le mouvement ouvrier traverse, comme c’est le cas actuellement, une crise profonde. A notre avis, la conscience est une catégorie à manipuler avec précaution car elle fait intervenir une dimension psychologique induite dans le rapport et le passage du personnel au collectif et vice et versa. Et l’enquête se mène plutôt au cas par cas, c’est d’ailleurs l’une de ses limites. Excepté, dans les moments de forte conflictualité où elle prend alors une autre tournure…

5- Quelles perspectives à ce livre et cette enquête ?

Nous allons poursuivre notre chemin et l’enquête par la même occasion, pour toutes les raisons et les  insuffisances que vous avez soulevées à juste titre. Nous commençons à peine à parler de notre travail autour de nous, et souhaitons échanger à son sujet le plus largement possible et ainsi favoriser les rencontres. Et dans l’état d’esprit que vous évoquez dans votre introduction, c’est à dire en dehors de tout sectarisme ! Aussi, cette enquête est l’occasion de prendre des contacts dans des secteurs clés où demain, peut-être, se noueront des enjeux lors d’un mouvement social (grèves, blocages, etc). Nous manquons souvent de temps et d’espaces lorsqu’éclate un conflit, tant les prolétaires sont de plus en plus atomisés. L’enquête, au-delà d’être un outil d’analyse, s’avère être aussi un outil au service de la lutte des classes, pour s’organiser à la base.

Boulogne-sur-mer, Lille, Marseille.
Le 20/04/2024.

——————————
(1)Théories sur la plus value. (Livre IV du Capital).
(2)AESH : Accompagnant des élèves en situation de handicap.
(3)De Sangatte à Coquelles. Situation et interventions (1999-2004).
https://lamouetteenragee.noblogs.org/files/2017/05/sangatte-coquelles.pdf
(4)Qu’on soit d’accord ou pas avec les conclusions qu’il en tire, J.W. Mahkaïski avait dès la fin du 19° siècle posé le problème à sa façon.

* Pour en savoir plus :

OCML-VP : contact@ocml-vp.org
BP 133 – 93213 Saint-Denis La Plaine cedex

Le site de OCML-VP : http://ocml-vp.org

Les camarades de l’OCML-VP animent également le site « Où va la CGT ? » dont nous recommandons la consultation : http://ouvalacgt.over-blog.com

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Le Collectif Dunkerque Anti-CRA appelle à un  rassemblement  samedi 1er juin à 14h à Dunkerque place du centenaire

Le Collectif Dunkerque Anti-CRA appelle à un  rassemblement samedi 1er juin à 14h à Dunkerque place du centenaire

Journée de mobilisation contre la construction de Centre de Rétention Administratif (CRA). Ni à Dunkerque ni ailleurs !

Les états français et britannique veulent construire un centre de rétention administrative (CRA) à Dunkerque !

Les CRA sont des prisons où l’état français enferme les personnes qui n’ont pas les « bons papiers » dans l’attente de leur expulsion du pays. Les violences et mauvais traitements contre les prisonnier-es y sont quotidiens. Il existe déjà 27 de centres de rétention administratives dans toute la france, dont un à Calais et un autre à Lille.

Il y a un an, le gouvernement a fait voter la loi LOPMI qui prévoit un doublement des places en CRA d’ici 2027 (3 000, contre près de 1 500 en 2017). De nombreuses constructions de CRA sont donc programmées partout en France : à Dijon, Oissel, Nantes, Béziers, Aix-en-Provence, Goussainville, Nice, Mérignac, à Mayotte et aussi dans le dunkerquois.

Ce nouveau projet s’inscrit dans les logiques racistes et sécuritaires de la france et du royaume-uni, comme de l’ensemble des pays européens, qui dépensent des milliards d’euros dans la militarisation des frontières, le flicage et le harcèlement des personnes exilées.

A ce stade, bien que l’emplacement du futur centre soit tenue secret, l’appel d’offre pour la construction du CRA de Dunkerque a déjà été clôturé. Nous savons qu’il aura la capacité d’enfermer 140 personnes de plus. En tant que collectif de lutte contre ce projet, nous vous invitons à nous rejoindre pour une journée de mobilisation contre la construction du CRA. Soyons nombreuxes !

Le 1er juin à 14h
Place du centenaire (Kursaal, côté plage) !
Liberté pour toutes et tous !

                                                     ———————-

Day of mobilization against the construction of the administrative detention center (CRA). Neither in Dunkirk, nor elsewhere !

The French and British states want to build an administrative detention center (CRA) in Dunkirk!

CRAs are prisons where the French state locks up people who do not have the “good papers” while awaiting their expulsion from the country. Violence and mistreatment against prisoners is a daily occurrence there. There are already 27 administrative detention centers throughout France, including one in Calais and another in Lille.

A year ago, the government passed the LOPMI law which provides for a doubling of places in CRA by 2027 (3,000, compared to nearly 1,500 in 2017). Numerous CRA constructions are therefore planned throughout France: in Dijon, Oissel, Nantes, Béziers, Aix-en-Provence, Goussainville, Nice, Mérignac, Mayotte and also in Dunkirk.

This new project is part of the racist and security logic of France and the United Kingdom, as well as all European countries, which spend billions of euros for the militarization of borders, policing and harassment of people on the move.

Although the location of the future center is kept secret, the call for tenders for the construction of the Dunkirk CRA has already been closed. We know it will have the capacity to lock up 140 more people. As a collective fighting against this project, we invite you to join us for a day of mobilization against the construction of the CRA. Let’s be numerous!

June 1st, at 2pm
Place du centenaire (Kursaal, beach side)!
Freedom for all!

Boulogne-sur-mer, le 27/05/2024

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Solidarité totale avec les kanaks en lutte contre le colonialisme

Solidarité totale avec les kanaks en lutte

contre le colonialisme

En la circonstance, nous relayons le communiqué de l’Organisation Communiste Libertaire.

Puisque le peuple vote mal il faut changer le peuple. C’est, en paraphrasant Brecht, ce que font tous les colonialistes lorsqu’ils doivent passer par la case électorale. Ils ont cru que le droit de vote accordé aux « indigènes » serait suffisant pour calmer leur ardeur à vouloir se libérer. Cela n’a pas été le cas, comme cela n’a pas été le cas non plus avec le droit de vote accordé aux prolétaires hommes, puis femmes. Que faire ? Eh bien tout simplement changer le peuple en en modifiant la composition grâce à l’arrivée de nouveaux colons… favorables au colonialisme ! Ça s’appelle colonisation de peuplement, la recette est toujours la même quel que soit le mode de gestion choisi par l’impérialiste : Dictature, esclavagisme ou prolétarisation avec démocratie parlementaire ou pas.

Une grande majorité des kanaks se sont toujours battus contre ce que la métropole France leur faisait subir pour profiter des bénéfices du nickel et garder sa position stratégique dans le pacifique. Certains, bien sûr, ne rêvaient que de construire un Etat comme les autres dirigé par une bourgeoisie comme les autres exploitant une force de travail comme les autres en contrôlant à leur profit la manne minière. Mais la grande majorité projetait, à travers la lutte anticoloniale, de construire une société sans exploitation contrôlée par des structures de base.

La lutte était le lieu où se discutait et s’élaborait une utopie constructive qui ne demandait qu’à être mise en œuvre, sans discrimination de couleur de peau. Evidemment les colons, soutenus par le gouvernement de la métropole ne veulent pas de ça ! Ils n’hésiteront pas à utiliser les pires moyens de répression pour que cette dynamique ne reprenne pas. A nous d’agir dans la métropole pour affaiblir l’Etat français par tous les moyens à travers les différents mouvements sociaux existant ici et là et à manifester notre solidarité totale avec les kanaks en lutte contre le colonialisme qui n’est qu’une facette du capitalisme.

OCL, le 16/05/2024

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L’économie de guerre selon Macron,  ou produire au son des canons …

L’économie de guerre selon Macron, 

ou produire au son des canons …

Le numéro du mois de mai de la revue Courant Alternatif a été réalisé durant les semaines précédentes à Boulogne-sur-mer et Lille. Il a été maquetté à Moulins. Pour retrouver le sommaire, découvrir la revue, lire les premiers articles en ligne ou, mieux encore, pour s’abonner, rendez-vous sur le site : https://oclibertaire.lautre.net

Nous proposons à la lecture ce texte extrait du numéro en question. 

L’économie de guerre selon Macron, 

ou produire au son des canons …

La guerre a été un auxiliaire indispensable du développement capitaliste, avant d’en devenir une de ses maladies (1). Dans la fleur de l’âge, il s’agissait encore d’exporter sur d’autres continents les antagonismes européens. Coup sur coup, deux guerres mondiales l’ont fait reparaître au cœur du vieux centre historique et boucler le cycle. Serions-nous à la veille d’en clore un nouveau ?

Plusieurs événements récents témoignent de vives tensions entre puissances impérialistes. Cependant, la guerre froide est définitivement derrière nous et il serait hasardeux d’échafauder un scénario pour le temps présent tant les alliances se nouent et se dénouent au rythme d’une crise ponctuée de coups de théâtre à mesure qu’elle s’aggrave. Une chose est certaine, la sainte alliance des industriels, des politiciens et des militaires demeure plus que jamais d’actualité. A fortiori quand simultanément ou à tour de rôle ils flairent une opportunité à saisir. Et pour l’heure, c’est de cela dont il semble être question.

L’économie de guerre selon Macron

Qui se souvient encore de Montebourg et son « Redressement Productif » ? La « Start-up Nation » semble, elle aussi, être tombée aux oubliettes. Rien d’étonnant à cela depuis le discours performatif de Macron à Eurosatory qui, de facto, aurait fait entrer la France en « économie de guerre » (2). Martiale, s’il en est, la formule interpelle. Pour autant, quelle réalité et quels enjeux recouvre-t-elle réellement ?

La définition communément admise de « l’économie de guerre » est celle d’un Etat qui réoriente par la planification la production de ses industries dans le but de remporter une victoire militaire. Le corollaire en est l’accroissement de la pression fiscale et de la création monétaire, l’inflation et la dette publique. Autant dire la combinaison parfaite de tout ce que l’équipe gouvernementale en place affirme vouloir combattre pied à pied.

En vérité, le défi auquel sont confrontées toutes les majorités politiques quelles qu’elles soient demeure la crise de reproduction élargie qui mine depuis plusieurs décennies l’économie capitaliste mondialisée. Celle-ci se caractérise par une surcapacité de production manufacturière, la chute de l’emploi industriel, la saturation des marchés et la baisse des taux d’investissement en capital fixe (3).

Enchaînés à la logique du profit, politiciens et magnats n’ont jusqu’alors rien entrepris qui n’ai exacerbé davantage les antagonismes entre zones d’influences rivales : développement de la finance et explosion de bulles à répétition ; transfert massif de main d’œuvre vers le secteur tertiaire, faible moteur de croissance et générateur d’emplois peu qualifiés et mal payés ; montée des tensions internationales et renouveau protectionniste …

La quête du Graal industriel

Au vu de la situation, la réindustrialisation est devenue le mantra de certains décideurs, tout particulièrement en France. C’est ainsi que la fraction du patronat qui marquait le pas au sein du Medef, celle de l’UIMM (4) dont le président n’est autre que le PDG de Dassault, accueille le climat géopolitique actuel comme une aubaine. En premier lieu, elle y voit l’occasion de redorer son blason et reprendre la main après des années de ringardisation de son image et la révélation d’affaires délicates, véritables secrets de Polichinelle (5) …

Surtout, elle peut s’afficher comme le maître d’œuvre du projet gouvernemental de moderniser non seulement l’activité militaire, mais le secteur industriel dans son ensemble. Ainsi, le tour est joué, et l’industrie militaire se trouve l’instigatrice d’une réindustrialisation fantasmée. Pour asseoir sa position, le patron de l’UIMM met dans la balance la seconde place acquise par la France devant la Russie de Poutine dans la vente d’armes sur le marché mondial. Il est vrai que depuis la guerre en Ukraine les actions en bourse des fabricants de matériel militaire, toutes catégories confondues, ont augmenté de plus de 35 %.

Si l’industrie ne représente plus que 10 % du PIB de la France, celle de l’armement vient de réaliser 30 milliards de chiffre d’affaires dont 10 milliards à l’export. En comparaison des 2096 milliards accumulés par l’industrie manufacturière allemande en 2020, cela parait assez dérisoire (6). Mais c’est aussi de l’équilibre ou plutôt du déséquilibre au sein du « couple franco-allemand » et de l’UE dont il est question. La volonté affirmée par la France de construire l’Europe de la Défense ne s’entend qu’en termes de bénéfices qui lui échappent encore sur un marché dont elle tire l’une de ses principales sources de revenus. A titre d’exemple, l’UE dépense 60 milliards pour acheter des avions à Lockheed Martin, les polonais s’équipent auprès des coréens et les allemands continuent de prendre leurs consignes à Washington… Un retour sur investissement d’autant plus attendu par l’UIMM qu’elle verse chaque année plus de 400 000 euros afin d’obtenir l’écoute bienveillante de la Commission Européenne.

Dérouler le tapis rouge au patronat

A la veille du premier conflit mondial, R.Luxemburg affirmait que pour la classe capitaliste le militarisme est devenu indispensable à un triple point de vue : « 1° défendre des intérêts nationaux, (…) 2° constituer un domaine d’investissement privilégié tant pour le capital financier que pour le capital industriel(…) 3° assurer sa domination de classe sur le peuple travailleur… »

A la lecture du numéro de la Revue Nationale Stratégique de 2022(7), on notera qu’aucun de ces trois points ne manque à l’appel d’un programme qu’incarne idéalement le nouveau Délégué Général pour l’Armement, Emmanuel Chiva, à la fois business man, haut fonctionnaire et officier de réserve.

Sur le thème de la défense des intérêts nationaux, on n’observe rien de réellement nouveau. La surveillance et le développement de la cybersécurité figurent à l’ordre du jour, mais ce sont avant tout les partenariats entre gouvernements associés au ventes d’armes qui intéressent l’Etat. Ces contrats lui permettent de garder des positions stratégiques à l’international ainsi que son statut de « puissance d’équilibre ».

Le second point de la feuille de route éveille, lui, un intérêt plus marqué. « Remettre la capacité de produire au cœur des préoccupations », en produisant plus, plus vite et surtout moins cher implique de simplifier et optimiser l’outil industriel. L’objectif poursuivi vise ainsi à « réduire de 20 % le niveau d’exigence afin de simplifier le travail ». En exigeant moins de justification, l’Etat assume de partager les risques induits avec le patronat, entendez de le couvrir en cas de problème.

On mesure déjà ce que ce programme renferme d’atteintes aux conditions de sécurité et de travail des personnes affectées aux tâches de production des secteurs concernés. Et plus avant, à l’ensemble du monde du travail car Macron et sa troupe insistent sur la nécessité d’impliquer dans le projet les milliers de PME et ETI qui travaillent déjà à cheval entre le civil et le militaire. Recourir aux « sociétés duales » est une vieille pratique dont l’industrie nucléaire demeure en France un cas d’école. Dans le cas présent, les innovations et les retombées sont attendues essentiellement sur les produits de haute technologie et à forte valeur ajoutée. D’une pierre, deux coups…

Enfin, après celui des travailleurs, viendra le tour des jeunes et en priorité ceux des milieux populaires. Ils feront l’objet d’une reprise en main par le travail, la discipline et l’idéologie. Un responsable de la DGA affirmait à la presse que l’industrie – de défense – est essentielle pour mettre « des gens derrière les machines. » Pour y parvenir il entend « communiquer auprès des jeunes » afin de recruter un certain nombre d’entre eux sur des postes de soudeur ou d’ajusteur en mécanique fortement demandés par les industriels. Bientôt, le ministère de la défense entamera des démarches dans ce sens auprès de celui de l’Education Nationale.

A son tour, l’école sera mise à contribution afin de promouvoir le SNU et œuvrer à « renforcer et enraciner au plus tôt l’esprit de défense dans la jeunesse et l’attractivité du métier des armes, afin de bâtir un socle de résilience collective ».

Où trouver l’argent ? 

Comme le dit le proverbe, le papier ne refuse jamais l’encre, et de la plume à l’usine, il reste de la marge… En premier lieu, l’Etat se doit d’assurer le financement de ce scénario. Les 413 milliards annoncés n’y suffiront pas et les banques y regarderont à deux fois avant de s’engager.

Soucieuses de leur image, elles pourraient perdre l’accès aux financements à taux réduits si tout à coup elles se mettaient à investir fortement dans la production et le commerce des armes. Pour le moment encore, la taxonomie (8) pratiquée par la Banque Européenne d’Investissement les en dissuade, à moins qu’elle aussi ne change son fusil d’épaule sous la pression des états membres. On apprenait récemment que le ministère des armées travaille à la mise en place d’un réseau de référents bancaires en France mais aussi en Europe …

Il existe bien sûr le marché financier européen, en particulier Euronext où le cours des actions des fabricants d’armes a doublé sous l’effet conjugué de la guerre en Ukraine et des menaces lancées par Trump. Dans l’hypothèse de sa réélection, celui-ci annonce retirer son soutien financier à l’Europe si certains états membres ne subventionnent pas davantage l’OTAN…

Il reste évidemment le bas de laine des épargnants français d’un montant de 2 500 milliards d’euros sur lequel l’Etat lorgne avec convoitise.

Enfin et surtout, le déficit public savamment entretenu par les droits de tirage sans limite accordés au patronat occasionnera de nouvelles et juteuses coupes budgétaires au détriment de la santé, de la culture et de la protection sociale. Il ne fait aucun doute que de coquettes sommes ainsi générées trouveront acquéreurs auprès des favoris du prince …

Et maintenant 

L’hypothèse de la guerre ne doit jamais être considérée avec légèreté. Pour le capitalisme, celle-ci a une fonction précise : détruire du capital en excès et relancer un nouveau cycle d’accumulation. Pour autant, nous nous garderons d’affirmer catégoriquement comme certains le font que nous sommes à la veille d’une nouvelle déflagration mondiale.

Nous devons nécessairement redoubler de vigilance et nous opposer à toute forme d’embrigadement. Pour cela, il nous faut combattre tous les discours patriotiques, nationalistes, militaristes et impérialistes d’où qu’ils viennent et sans exclusive. Le refus du SNU et de la propagande d’Etat à l’adresse des plus jeunes, la lutte contre les coupes budgétaires dans les secteurs vitaux de la société et surtout le combat de classe au quotidien contre le patronat et le capital sont les seules armes dont nous disposons, il ne tient qu’à nous de les employer à dessein.

Boulogne-sur-mer, le 14/04/2024

Notes

1. Il n’est jamais inutile de revisiter ses classiques. Les principaux textes de R. Luxemburg sur le militarisme et l’impérialisme apportent aujourd’hui encore un point de vue éclairant sur la question. 

2. Eurosatory est un salon international qui réunit tous les deux ans à Paris les principaux industriels de l’armement. 

3. « Karl Marx à Pékin », l’ouvrage de Mylène Gaulard, édité en 2014, offre un tour d’horizon dont les conclusions sur « Les dangers de la suraccumulation en Chine » – et au-delà – se sont confirmées depuis. 

4. L’Union des Industries et Métiers de Métallurgie (UIMM). On ne présente plus le patronat français de la métallurgie, il existe une littérature fournie sur son compte…

5. L’affaire des caisses noires de 2007 n’est qu’une péripétie parmi la longue liste de celles qui jalonnent son histoire.    

6. PIB de l’Allemagne : 4500 milliards en 2020. PIB de la France : 2304 milliards en 2020.

7. Document à retrouver sur le site du Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale.

8. Taxonomie : à l’origine une branche des sciences naturelles détournée afin de verdir certaines pratiques bancaires et/ou productives.

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Relaxe d’un militant calaisien accusé d’outrage à Darmanin

Relaxe d’un militant calaisien accusé d’outrage à Darmanin

Ce 7 mai, à deux heures trente de sa convocation pour audience, c’est motivé, souriant et sûr de son bon droit que Grégory Lefebvre arrive au rassemblement de soutien organisé devant le Tribunal de Boulognesur-mer. Militant de LFI et Gilet Jaune, participant actif à la lutte contre la réforme des retraites, aujourd’hui dénonciateur de la violence d’État, le camarade a tout pour lui déplaire.
C’est sous un flot de drapeaux insoumis que nous avons pu, très brièvement, échanger quelques mots.

Grégory est entendu pour outrage au ministre de l’Intérieur. Il est en effet accusé d’avoir crié « Darmanin assassin, t’as du sang sur les mains ! », lors de la manifestation pacifique « pour une justice sociale, contre le racisme et les violences policières » du 23 septembre 2023 à Calais.

Comme d’habitude depuis vingt ans

D’une part, ce slogan est repris depuis 2021, depuis les 27 premiers migrants davantage victimes de la politique anti-migratoires de l’Europe – et des accords franco-anglais toujours en vigueur – que des eaux du détroit du Pas-de-Calais. D’autre part, Grégory n’est pas à l’origine du slogan scandé par le cortège. Mais il s’y associe évidemment sans réserve. Et quand bien-même, la solidarité de l’ensemble des participant.es en fait autant de justiciables.

Grégory explique que ce qui est en cause, c’est la liberté d’expression mais aussi le soutien aux étrangers en souffrance, qui circulent sur les terres européennes et qui finissent morts, maintenant sur les plages de la Côte d’Opale. C’était récemment le cas pour six d’entre eux.

Lex iniusta est sed lex est (1)

L’article 40 du code de procédure pénale impose aux officiers et aux fonctionnaires de signaler les crimes ou délits dont ils ont connaissance. Celui-ci a été expressément rappelé aux fonctionnaires armés le jour même de la manif. Grégory en fera les frais ce jour-là.

Les portefeuilles, c’est comme les cuirasses, moins c’est épais, plus l’individu derrière est vulnérable. Aussi l’amende est-elle calibrée à 15 000 € et les frais d’avocat s’élèvent pour l’instant à 2 000 €. La bonne vieille méthode éprouvée est souvent payante : les flics repèrent un prolo – lequel en l’occurrence ne touche pas même le SMIC – un peu actif de préférence ; ils le font mitonner et multiplient les intimidations ; et ça se finit au tribunal, souvent seul et « à poil »pour l’achever, le « faire taire » comme le dit Grégory. Au point de lui suggérer « plaider-coupable » – tentative de corruption légale – que Grégory a refusé de signer.

Comme les Gilets Jaunes interpellés ( et meurtris ) massivement, comme les grévistes et « bloqueurs » du mouvement contre la réforme des retraites, les opposants au racisme d’État sont eux-aussi des cibles : intimidation, GAV, menaces… Et même souvent une façon pour les bras armés de l’État d’arrondir leurs fins de mois en se constituant partie civile pour rébellion.

Sauf que cette fois, le « client » n’est pas seul et est décidé à se battre.

Enfin !

Nous ne sommes pas allés à l’audience et ne pouvons rapporter ce qui est advenu.
Néanmoins une chose est sûre, Grégory Lefebvre y entre avec la conviction ferme : son procès est fondé sur des positions politiques et non sur des faits de droit commun. Ce sera sa ligne de défense.
Plus que « deux poids deux mesures », c’est un rapport de force entre un engagement politique assumé et un pouvoir effectivement malveillant selon son propre terme(2). Pourtant, il nous dit, toujours avec le sourire : « j’espère que ce coup-ci, la justice de la République sera du côté des accusés »…

Grégory bénéficie d’un soutien que ses prédécesseurs à la barre lui envieraient sans-doute : des organisations politiques ( LFI, POI, PCF ), syndicales ( CGT ) et associatives ( ATTAC, Extinction Rébellion… ) et même du député LFI Ugo Bernalicis doit faire le déplacement.
La campagne pour les Européennes n’y est peut-être pas pour rien ; osons dire qu’on s’en fout.
Dans les faits, il est essentiel en situation de lutte de compter sur son orga. C’est bien le moins.

C’est pourquoi, nous nous associons à Grégory Lefebvre comme à toutes celles et tous ceux qui maintiennent face au juge la dimension politique de leur lutte.
Faisons en sorte que les tribunaux soient pleins à craquer ( pour de bon ! ) de gueules ouvertes contre la violence première de l’État. Il est temps de passer de la criminalisation des luttes par l’État au combat contre les crimes de celui-ci !

Et gare ! à la revanche : Quand tous les pauvres s’y mettront

– A l’heure où nous rédigeons ces quelques lignes, nous apprenons avec la plus grande des satisfactions, que Grégory a été relaxé !

(1) Iniutus lex sed lex / Dura lex sed lex : La loi est dure mais la loi c’est la loi.

Boulogne sur Mer le 8 mai 2024

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Sur Micro Rebelles un entretien autour de l’enquête ouvrière

Sur Micro Rebelles un entretien autour de l’enquête ouvrière

Le 1er Mai à Arras, lors du salon du livre d’expression sociale, nous nous sommes entretenus avec un camarade de la radio Micro Rebelles.

Une discussion autour de l’enquête ouvrière, de la composition de classe à l’heure d’aujourd’hui, du sentiment d’appartenance, de la conscience de classe …

Nous remercions chaleureusement Lucien pour cet entretien.

Pour écouter ce reportage :

https://www.micros-rebelles.fr/site/radio/podcasts/avant-de-faire-le-tour-du-monde-faire-le-tour-de-latelier


Micro Rebelles, qu’est-ce que c’est ?

Nous profitons de l’occasion pour présenter cette radio-web associative et autogérée domiciliée à Lens dans le bassin minier.

https://www.micros-rebelles.fr/site/

Créée en 2015, elle produit de l’information d’actualité locale sociale, politique et culturelle avec un regard critique.

C’est une association d’éducation populaire, qui anime aussi des ateliers radiophoniques et d’Éducation aux Médias et à l’Information pour enfants, jeunes et adultes.

On y traite de problématiques bien différentes de celles dont nous abreuve quotidiennement les médias bourgeois, qu’ils soient locaux, régionaux ou autres …

Ainsi à La Une on retrouve l’actualité sociale et politique conduite au travers de reportages. Les derniers sont consacrés aux grèves au palais des Beaux Arts de Lille, ou à la situation des personnes qui actuellement tentent de franchir la frontière franco-anglaise …

L’Agenda du bassin minier propose chaque semaine les dates des évènements militants et culturels de la semaine à venir, dans le bassin minier ainsi que les sorties pour les jeunes.

Le bulletin international rend compte des différentes facettes de la lutte de classe dans le monde Ses animateurs rejettent une stricte vision nationaliste qui vise uniquement la recherche de solutions pour la France car le capitalisme s’est construit et se déploie à l’échelle mondiale. Les enjeux sont internationaux, la circulation des capitaux n’a pas de frontières et celles-ci n’existent que pour diviser les peuples.

L’émission Histoire ouvrière revient sur des événements particuliers de l’histoire ouvrière du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

De nombreuses autres émissions proposent spécifiquement de rendre compréhensible les ressorts de l’économie capitaliste, de donner la parole aux femmes du Planning familial du Pas-de-Calais, de confronter les témoignages sur les questions de santé au contact de professionnels…

Nous vous invitons, à vôtre tour, à découvrir Micro Rebelles, à lui exprimer votre soutien, à prendre contact si le coeur vous en dit !

Boulogne-sur-mer, le 03/05/2024

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Une publication de l’hebdomadaire chrétien La Vie à propos de l’enquête ouvrière

Une publication de l’hebdomadaire chrétien
La Vie à propos de l’enquête ouvrière

Pour nous, la surprise est d’autant plus grande qu’elle a surgi de là où on s’y attendait le moins… L’hebdomadaire chrétien La Vie consacre sur son site un article détaillé à la publication récente de notre enquête ouvrière.

Un étonnement redoublé du fait que dans nos milieux, l’intérêt pour ce que nous nous obstinons à nommer la classe ouvrière a disparu à mesure que l’urgence et le moléculaire y ont pris le pas sur l’histoire, la révolution sociale et la classe … Ringardisés les prolos, exit les prolos !

Longtemps encore, on se souviendra du choc culturel qu’avait provoqué la rencontre que nous avions organisée à Lille entre un groupe d’ouvriers de l’automobile en grève et des militants radicaux locaux (1). « Vous n’êtes tout de même pas venus ici pour nous vendre des bagnoles ! » avait asséné l’un d’entre eux aux quelques grévistes de PSA Aulnay qui avaient fait le déplacement. « Parce que tu crois qu’on nous a laissé le choix de bosser en usine !? », lui avait calmement rétorqué l’un d’entre eux… La contradiction était posée, le débat se poursuivra l’après midi durant …

Voilà de ces moments trop rares qui, entre autres choses, nous ont convaincu de la nécessité et du bien fondé de nous lancer dans ce travail d’enquête.

Alors, quand un journal chrétien comme La Vie s’en fait le relais, nous ne pouvons que nous en féliciter et les en remercier !


Une nouvelle enquête ouvrière signée

la Mouette enragée

Un groupe de communistes anarchistes du Boulonnais publie un ouvrage sur la vie et les conditions de travail actuelles des ouvriers et employés d’entreprises des Hauts-de-France. Militant et documenté.
Par Dominique Fonlupt

Pour lire la suite de l’article : https://www.lavie.fr/actualite/societe/une-nouvelle-enquete-ouvriere-signee-la-mouette-enragee-94046.php


Boulogne-sur-mer, le 26/04/2024.

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Rendez-vous le 1° Mai à Arras  au 23e salon du livre d’expression populaire  et de critique sociale 

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Rendez-vous le 1° Mai à Arras  au 23e salon du livre d’expression populaire  et de critique sociale  Comme chaque année, La Mouette Enragée sera présente le 1° Mai à Arras, au salon du livre d’expression populaire et de critique sociale. … Continuer la lecture

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Inondations dans le Pas-de-Calais : des larmes sous la pluie …

Inondations dans le Pas-de-Calais :

des larmes sous la pluie …

 

 

Un mois durant, le nord de la France a connu un phénomène météorologique exceptionnel qui risque de se banaliser dans les temps à venir en regard du réchauffement climatique et de ses conséquences attendues. Ses effets ont été décuplés par un aménagement capitaliste de l’espace pensé exclusivement en termes de profits immédiats.

Bien que l’ensemble de la région ait été touché, nous porterons la focale sur le pays boulonnais qui nous offre un éclairage d’ensemble à partir d’un point privilégié.

Les scientifiques convoqués pour l’occasion on attesté que des facteurs naturels ont joué un rôle en amplifiant les effets de précipitations incontestablement exceptionnelles : « proximité de la mer, topographie, sols argileux ou tourbeux, absence de fortes pente… »

On s’étonnera tout de même que la hausse de la température de la mer en général, et de la Manche en particulier, n’ait pas suscitée plus de commentaires de la part de ces experts. A nôtre connaissance, seule Météo France a communiqué sur le sujet, rappelant qu’une hausse avérée de 3°C à 5°C de la température de la mer en été, entraîne une plus forte évaporation, générant une masse d’eau disponible dans l’atmosphère plus importante et par conséquent des pluies intenses. Intenses, elles le furent, puisqu’en un mois l’indicateur pluviométrique de l’arrière pays boulonnais enregistrait une mesure à 428,8 mm au lieu des 136 mm en temps normal. Reporté au débit du principal cours d’eau de la zone, on constatait une hausse là aussi conséquente : de 0,818 m3/s en moyenne, on est passé à 16,54 m3/s en novembre. Autre facteur qui, à première vue paraîtrait positif, celui-là : les nappes phréatiques se sont rechargées comme jamais auparavant, mais leur saturation a rapidement participé de l’aggravation du phénomène …

L’aménagement capitaliste de l’espace

Voyons maintenant ce qu’il en est des différents choix d’aménagement et des ses conséquences induites. En recoupant quelques données, on découvre un peu effaré qu’entre les années 50 du siècle dernier et aujourd’hui : les marais, les tourbières, les prairies inondables et les étangs qui occupaient 70% du territoire régional n’en représentent plus que 0,8 % … Ces zones humides dont dépendent près d’une espèce animale sur deux, filtrent et régulent les stocks d’eau et constituent le moyen le plus efficace pour prévenir et lutter contre les inondations. A la place, ont été construits des bassins de rétention dont les capacités sont jugées largement insuffisantes par les maires des communes récemment submergées. Une fois encore, on ne s’interroge pas sur les causes du sinistre, on réclame d’urgence de canaliser l’eau et de la stocker dans des ouvrages bâtis à cet effet. Choix écologique et économique calamiteux quand on sait qu’un seul hectare de tourbe permet d’économiser 2 000 euros par an en dépense d’infrastructure béton …

Intérêts contradictoires et renvois de responsabilités

Le « dôme de précipitation » [1] qui s’est abattu sur le boulonnais a mis en lumière les intérêts contradictoires qui s’affrontent quand soudain la machine s’enraye.

D’abord, ceux des agriculteurs dont les exploitations ont été inondées. Pour la première fois, ils ont manifesté sur le port de Boulogne-sur-Mer pour dénoncer la mauvaise utilisation faite de l’écluse dans le but de protéger de la crue les bateaux du bassin de plaisance… Argument contesté aussitôt par un universitaire de Lille 3, interrogé par la presse régionale. Il a préféré, comme les experts météo s’en remettre « au phénomène exceptionnel. » Mais encore !?

Rappelons toutefois, que ces agriculteurs souvent à la tête d’exploitations de taille moyenne, n’ont jamais freiné la destructions des haies du bocage boulonnais, ni la revente de leurs terres aux promoteurs immobiliers qui mitent de leurs lotissements hideux ce qu’il subsiste encore de campagne un peu vivante …

De leur côté, les plaisanciers savent compter sur le soutien du maire de Boulogne-sur-Mer. Comme nombre de ses coreligionnaires, il travaille d’arrache pieds à transformer une ville en proie à la désindustrialisation en un site touristique d’envergure régionale. Depuis des années, les ressources prélevées localement ainsi que les subventions captées de parts et d’autres alimentent des projets qui remodèlent la ville aux fins d’attirer une clientèle belge aisée, lassée de son littoral bétonné hérité des années septante… Voilà de l’argent qui aurait pu servir, entre autre, à curer et entretenir régulièrement le lit de la Liane, la rivière qui traverse la ville de Boulogne-sur-Mer. Envasée et ensablée de longue date, l’eau sortie de son lit s’est répandue sur les terres de plusieurs communes en amont, ainsi que sur l’étendue de la zone industrielle au Sud de l’agglomération… Là encore, la mairie, la communauté de communes et la région se renvoient la balle quant au financement de l’opération.

Egalement pointés du doigt par les agriculteurs, les mariniers. Toujours selon eux, le niveau d’eau des canaux aurait été maintenu trop haut afin de préserver la navigation et l’activité économique. Voies Navigables de France dément, affirmant au contraire avoir baissé le niveau des canaux à 1,10 m. Quoi qu’il en soit, ce sont plusieurs milliers d’habitants qui dans la région ont été frappés par les inondations. Près de 1600 rien que dans le Montreuillois.

Construire à tout prix

Dans l’agglomération boulonnaise, comme ailleurs dans le département ou la région, plusieurs quartiers résidentiels ainsi que des zones d’activité se sont retrouvées sous les eaux. Les raisons en sont connues et sont exclusivement d’ordre économique et marchand. Des lotissements ont été bâtis en zone inondable en toute connaissance de cause, notamment par le bailleur social « Pas-de-Calais Habitat ». De leur côté, les maires se retranchent derrière la crise du logement et les pressions qu’ils subiraient… Mais des particuliers insuffisamment argentés prennent aussi le risque de faire construire dans des zones menacées, en raison des coûts en dessous du marché.

Quant aux industriels : ils s’adaptent ! On ne change rien, on continue comme avant mais dans la stricte observance des normes inscrites dans le nouveau plan de prévention des risques naturels et d’inondation. Ainsi, dans la zone commerciale au sud de l’agglomération boulonnaise, le tout nouveau concessionnaire de motos Harley Davidson a construit son hangar commercial sur d’immenses pieux de béton de 12 m de long qui lui ont épargné le désastre qui a affligé ses concurrents. Dentistes, commerçants et avocats travestis en Dennis Hopper [2] d’opérette pourront continuer d’enfourcher leurs machines l’espace d’un dimanche ensoleillé sur la Côte d’Opale, voilà bien l’essentiel …

Boulogne-sur-Mer, le 17/12/2023

Notes 
[1] On ne compte plus les expressions et métaphores grotesques dont les journalistes et les politiciens nous abreuvent chaque jour à l’antenne : du « dôme de précipitation », à la « température ressentie », en passant par l’« éco-terroriste » sans oublier le très en vogue : « islamisme d’atmosphère »…
[2] Dennis Hopper est le réalisateur et principal acteur d’Easy rider, film culte de 1969 dans lequel il traverse les États-Unis à moto en compagnie de Peter Fonda.

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