Au sujet de la tentative de censure de l’OCL, de Tomjo, de Vanina (et accessoirement du débat critique sur les gigafactories)

Au sujet de la tentative de censure de l’OCL, de Tomjo, de Vanina
(et accessoirement du débat critique sur les gigafactories)

La Mouette enragée qui a participé au débat organisé à Lille par les camarades de L’OCL s’associe à la diffusion de ce communiqué.

A l’initiative de l’Organisation communiste libertaire (OCL), une discussion publique intitulée « Les voitures électriques, les gigafactories dans les Hauts-de France et ailleurs. Transition du capitalisme ? » devait avoir lieu le samedi 22 mars à Lille au Café Citoyen. Mais, dix jours avant, au moment de la promotion de cet évènement sur les réseaux anarchistes/antiautoritaires lillois, des propos diffamatoires, des insultes, de grossières contrevérités et parfaites idioties ont circulé au sujet de l’OCL (1). L’objectif des personnes qui les ont répandus était d’empêcher cette discussion, ce qui a fonctionné car face à des pressions répétées – en virtuel et en réel – l’équipe du Café citoyen de Lille a décidé d’annuler la réservation de ses locaux. Au final, la discussion a bien eu lieu mais dans un bar/kebab tandis qu’a été fait le choix de ne pas rendre public ce nouveau rendez-vous pour permettre une discussion et un débat sereins.
De telles pratiques nous conduisent à faire les mises au point suivantes :

L’OCL est une organisation anticapitaliste et antipatriarcale dont les membres œuvrent, dans la mesure de leurs moyens et notamment par leur participation aux mouvements sociaux, à favoriser des ruptures avec l’ordre établi afin d’en finir avec la hiérarchie sociale et avec l’État. L’OCL existant depuis près de cinquante ans, il est facile de connaître ses positions politiques, que ce soit en lisant son journal mensuel Courant alternatif, en écoutant les émissions de radio réalisées par ses militant-e-s (par exemple celle d’Egregore à Reims) ou en participant aux rencontres libertaires qu’elle propose chaque été. On peut trouver sur notre site internet tous les articles parus dans Courant alternatif et de très nombreuses émissions, ainsi qu’une présentation de l’OCL et ses analyses sur les thèmes les plus divers : Qui sommes-nous ? Et d’autres textes de position.

Les courants anarchistes ou antiautoritaires sont multiples. S’ils conservent de nos jours, sur certaines thématiques, des références communes liées à l’histoire du mouvement ouvrier et aux productions de ce que l’on appelait les « penseurs socialistes », leurs points de vue diffèrent sur d’autres – en particulier sur les questions de la « race » ou du « genre » depuis que l’idéologie postmoderne les a revisitées. Cette idéologie divise aussi les milieux antiracistes et féministes, et elle a largement contribué à détacher la « gauche » au sens large des classes laborieuses et à lui faire oublier la nécessité d’une révolution sociale.

Les pratiques d’invectives, voire de menaces physiques, sont malheureusement devenues courantes dans les milieux militants d’extrême gauche ou libertaires – souvent par le biais des réseaux dits sociaux et autres groupes de messagerie. Dans ces « espaces virtuels », il est impossible d’avoir de vrais et fructueux échanges, puisque ce sont les personnes les plus virulentes qui les occupent et qui, par la violence de leur discours, en bâillonnent d’autres – les étiquettes « facho », « réac » ou « transphobe », ou encore l’amalgame à l’extrême droite (ou à Trump, maintenant) visant à enterrer toute opposition. Il s’agit en effet, pour ces autoritaires, de mener des luttes de pouvoir internes en entretenant le conflit pour jeter l’anathème sur des « ennemis » diabolisés par leurs soins. Leur objectif étant d’empêcher l’expression de toute dissidence, voire simplement d’une position plus nuancée, bien plus que d’avancer quelques arguments rationnels permettant de réfléchir ensemble de façon à s’enrichir mutuellement et, surtout, à aller dans le sens d’une émancipation sociale.

Présentement, c’est donc l’OCL qui est la cible de telles attaques. Ses militant-e-s voulaient débattre avec d’autres du problème que posent les gigafactories (usines de fabrication de batteries électriques) dans les Hauts-de France, et plus largement des nouvelles stratégies économiques des capitalistes. Mais pareil sujet est visiblement jugé secondaire par certains tenants du postmodernisme voulant décider pour le reste de l’humanité de ce qui doit être débattu. En effet, une de nos camarades, Vanina, est blacklistée par leurs soins pour avoir pris position de façon critique, d’un point de vue féministe, matérialiste et libertaire, contre la « théorie queer » et ses effets sur les mouvements féministes dans le monde dans son dernier livre, Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes (2). Pour les contempteurs de Vanina, non seulement elle n’aurait pas dû pouvoir présenter ce livre, mais l’OCL ne devrait plus exister. Pourtant, un certain nombre de débats ont été faits sur Les Leurres postmodernes, où des points de vue très opposés et contradictoires ont été exposés et discutés sans que l’on s’écharpe ou même que l’on sombre dans l’insulte et la diffamation. C’est la meilleure preuve qu’il vaut toujours mieux, entre camarades, défendre le droit d’expression que l’interdire, et discuter « en vrai » plutôt que dans quelque vase clos numérique, quel que soit le degré d’inclusivité ou de bienveillance affiché par ses membres dans leur profession de foi.

Enfin, concernant les procès par association (ici entre l’OCL et Tomjo), il nous paraît absurde de croire que relayer les textes et analyses de camarades équivaut à une absence de regard critique sur leurs positions. Ainsi, nous avons invité Tomjo pour débattre avec nous de l’implantation de gigafactories dans les Hauts-de-France, parce que nous estimons la valeur de son analyse (3) et que nous pensons avoir avec ce camarade bien plus de points communs que de désaccords. Contrairement à nos « agresseurs bienveillants » et censeurs, nous ne sommes pas une Eglise figée dans un dogme. La discussion sur les batteries a été intéressante sur un sujet qui fait consensus dans les bourgeoisies politiques et économiques et qui pourtant amène à de profondes restructurations du capitalisme et donc de nos vies. Il nous paraît nécessaire d’apporter un regard communiste libertaire sur ces questions. Message à tous les camarades qui n’ont pas encore troqué leur esprit critique contre une vision binaire du Bien et du Mal en milieu militant, vous pourrez lire nos réflexions à ce sujet dans le numéro de mai de Courant Alternatif.

L’OCL, mars 2025

Notes :
1 – Citons par exemple, l’OCL « est une scission raciste et transphobe de l’UCL » or nous existons depuis 49 ans contre 6 ans pour l’union communiste libertaire
2 – édité en 2023 par les éditions Acratie. Quelques phrases du livre de Vanina ou de commentaires sur le site internet de l’OCL ont circulé sur les réseaux sorties de tout contexte et de toute réflexion globale. Lire un texte, un chapitre dans son entier reste la base de toute pensée critique …
3 – On peut retrouver cette analyse sur « chez.renart.info »

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Emission de radio autour du livre « Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier »

Emission de radio autour du livre
«  Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier »

L’émission L’actualité des luttes sur Radio Paris Pluriel diffuse l’enregistrement de la présentation et de la discussion qui a suivi à Paris le 8 février 2025 à l’EDMP.

Pour écouter la présentation et le débat :

https://actualitedesluttes.info/emission/avant-de-faire-le-tour-du-monde-faire-le-tour-de-latelier-une-enquete-ouvriere-de-la-mouette-enragee

ou

 

Boulogne-sur-mer, le 20/03/2025

 

 

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NOUS NE LAISSERONS PAS LE SILENCE RECOUVRIR LES VIOLENCES POLICIÈRES DE SAINTE-SOLINE

NOUS NE LAISSERONS PAS LE SILENCE RECOUVRIR
LES VIOLENCES POLICIÈRES DE SAINTE-SOLINE

Lors de la manifestation contre les mégabassines qui a eu lieu à Sainte-Soline le 25 mars 2023, la répression exercée par les forces de l’ordre a fait plus de 200 blessé-e-s, et l’arrivée tardive des secours pour les prendre en charge a aggravé l’état de certains.

Quelques jours après, quatre plaintes « contre X » ont été déposées concernant les personnes les plus durement atteintes physiquement :

– les parents de Serge (qui était alors dans le coma) ont porté plainte pour tentative de meurtre et pour entrave volontaire à l’arrivée des secours ;

– Mickaël, pour tentative de meurtre et pour entrave volontaire à l’arrivée des secours ;

– Olivier, pour des violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente, commises par une personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ;

– Alix, pour des violences volontaires commises par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné une ITT de plus de huit jours.
Début avril 2023, le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc a lancé des investigations sur les « circonstances des blessures les plus graves occasionnées par les forces de l’ordre lors de la manifestation à Sainte-Soline ».

Près de deux années se sont écoulées depuis, et pourtant le résultat de ces investigations n’est toujours pas connu. Il a successivement été annoncé en décembre 2023, en mars 2024, en juin 2024 ; en septembre 2024, M. Astruc a été remplacé par M. Teillet…
Sachant que les conclusions des experts ont été remises à M. Teillet en décembre 2024, nous demandons que soit enfin levé le silence entourant les violences policières à Sainte-Soline.

Les parents de Serge, Mickaël, Olivier, Alix,

le 19 mars 2025

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Presse locale et lobby policier « Tu me tiens, je te tiens… »

Presse locale et lobby policier

« Tu me tiens, je te tiens… »

A des degrés divers, et pour des raisons évidentes(1), la proximité de la presse et des médias avec l’institution policière est un fait établi de longue date. Les projecteurs aujourd’hui braqués sur les plateaux-télé et les colonnes des magazines du magnat Bolloré ne doivent pas nous aveugler car ce partenariat se pratique avec un zèle comparable au sein du service public de l’information, si cher au coeur de la gauche.

Le « journalisme de préfecture » ne relève pas que de la formule. Une coupure de presse locale nous le rappelle en ouvrant ses colonnes au rassemblement organisé il y a quelques jours devant le commissariat de Boulogne-sur-mer par le syndicat de police Alliance, en soutien à leur collègue accusé du meurtre de Nahel Merzouk par le parquet de Nanterre.

L’article en question est en soi un modèle du genre. L’euphémisation y tutoie à chaque ligne la duplicité. Un jeune homme désarmé n’a pas été abattu, il « a été neutralisé par un tir de policier lors d’un contrôle routier »(2), la révolte sociale qui s’en est suivie, spontanée, radicale, incontrôlable s’y trouve ravalée à des « heurts de contestation »(3)… La pondération déontologique du journaliste réduite à un numéro d’équilibriste renvoie chacun à ses responsabilités : « la scène filmée montre que le policier tire à bout portant », mais Nahel « conduisait une voiture sans être titulaire du permis. » Tout comme la députée d’extrême droite Christine Engrand arrêtée sur l’A16 en septembre 2024, lors d’un contrôle routier, sans qu’on lui ai pour autant logé une balle en plein thorax. Etonnant, non ?

Quant à Alliance, ce lobby corporatiste auprès des groupes politiques les plus réactionnaires dont le secrétaire général clamait en avoir « Marre des raclures, des nuisibles, des jeunes d’origine étrangère »(4), malgré la langue embrouillée de son délégué retranscrite dans les colonnes du journal, son intention demeure manifeste: « Ça fait partie de l’appréhension des collègues, à réfléchir (!), peut-être trop réfléchir (!) avant de faire une action de feu, qui est toujours légitimée… »

55 morts en 2024, le pire bilan policier depuis plus de 50 ans

Les sites Désarmons-les et Anti-média(5) ont établi une comptabilité et une cartographie du nombre de personnes décédées au fil du temps entre les mains de la Police Nationale et Républicaine. Il ressort de cet état des lieux une augmentation ininterrompue depuis vingt-cinq ans du nombre des victimes. L’année 2024 enregistre un record avec 55 morts, soit plus d’un par semaine. Il faut remonter à l’année 1967 en Guadeloupe, quand les gendarmes on tué entre 80 et 200 ouvriers lors de grèves consécutives à une agression raciste pour atteindre et dépasser cette performance…

Il apparaît évident que le travail établi par Désarmons-les et Anti-média, avec les limites qui sont les leurs(6), n’a aucune chance d’être entrepris par quelque média bourgeois que ce soit, raison suffisante pour s’en instruire et les soutenir.

Boulogne-sur-mer, le 15/03/2025

  1. Affirmer que la presse et les médias de masse sont aux mains de ceux qui détiennent le pouvoir économique et… politique, est incontestablement un poncif. A l’époque des flux et des réseaux, où l’image tourne en boucle sur elle-même, le journaliste pastiche, il n’informe pas.
  2. Affaire Nahel : rassemblement au commissariat. In : La semaine dans le boulonnais, 12 mars 2025.
  3. Dont il faut évidemment trouver l’explication dans l’incurie éducative des parents en milieu populaire, comme s’est plu à le marteler à l’époque des faits la clique Maconiste.
  4. https://www.mediapart.fr/journal/france/040724/marre-des-raclures-des-nuisibles-des-jeunes-d-origine-etrangere-le-patron-d-alliance-police-assume-sa-prox
  5. https://desarmons.net ; https://antidotmedia.noblogs.org
  6. « Ce chiffre de 55 morts par an, constaté dans des articles de presse, sous réserve d’autres cas passés sous les radars… ». Ibidem.
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Retour sur la soirée organisée à Limay par L’Union Solidaires 78 autour d’ “Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier”

Retour sur la soirée organisée à Limay par L’Union Solidaires 78 autour d’ “Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier

 

Les camarade de l’Union Syndicale Solidaires 78* ont publié sur leur site ce compte rendu de la soirée qu’ils avaient organisée autour de l’enquête ouvrière et de la publication d’ « Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier ». Nous les remercions encore de ce bon moment passé en leur compagnie et relayons leur article.

Cette soirée, accueillie par la librairie La Nouvelle Réserve et animée par Solidaires 78, en présence des auteurs de l’enquête ouvrière “Avant de faire le tour du monde, faire le tour de l’atelier”, a été une réussite, en ce qu’elle a permis de mettre en lumière la centralité de la condition ouvrière et la pertinence de son combat pour la transformation sociale. Des profils variés de travailleurs, chômeurs, retraités y ont assisté : ouvriers, enseignants, énergéticiens, AESH, soignants… sous le constat partagé d’une situation commune, celle du travail exploité et de la nécessité de la lutte.

Présentation de la démarche d’enquête

La Mouette Enragée est un collectif anarchiste-communiste de Boulogne-sur-Mer qui se définit comme mouvementiste : ils partent de leur participation aux luttes pour construire leur analyse, et interviennent dans ces luttes en tant qu’égaux.
Les premières enquêtes ouvrières ont été faites par la bourgeoisie, dans une volonté de coercition, car le passage forcé de la condition de paysans à celle d’ouvriers provoquait des remous et faisait des prolétaires nouvellement formés une classe dangereuse.

F. Engels puis K. Marx ont ensuite élaboré des enquêtes sur la vie des ouvriers, au travail ou en dehors, pour dresser un portrait de la classe ouvrière, tourné vers l’action. Celui de Marx était un questionnaire sous forme de 101 questions.
Dans les années qui suivent Mai 68, les opéraïstes italiens, Socialisme ou Barbarie et les Cahiers de Mai reprennent leur héritage en France. Enfin, plus récemment, des groupes comme Angry Workers au Royaume-Uni élaborent des enquêtes dans les lieux où ils travaillent, avec la participation des travailleurs. C’est de démarches de ce style que La Mouette Enragée s’inspire.

L’enquête

L’enquête menée par La Mouette Enragée n’est pas une enquête universitaire ni sociologique. Elle n’a pas de prétention scientifique, et elle est bénévole. Elle se fait dans une perspective de lutte de classe, au même niveau que les enquêtés, sans vision surplombante.

Elle cherche à remettre la classe ouvrière sur le devant de la scène, à l’heure où celle-ci se voit invisibilisée y compris par ceux qui se prétendent la défendre. La classe ouvrière est la classe qui produit de la plus value par le travail salarié exploité. L’enquête s’attache donc essentiellement aux travailleurs du privé. Cela ne veut pas dire que les travailleurs des services publics ne sont pas exploités, ou que la privatisation qui les affecte est négligeable. Il s’agit simplement d’un choix de méthode. Un autre choix relève des questions : elles concernent la production et non la reproduction, ce qui ne veut pas dire que les questions de logement, consommation, etc., ne sont pas intéressantes.

Le questionnaire se découpe en différentes parties (le poste, les nuisances, le temps de travail, le salaire, la hiérarchie, les collègues, les luttes…). Les témoignages étaient recueillis de différentes manières, avec des efficacités variables. Le papier et les QR codes n’ont pas été des réussites, alors que la distribution avec discussion de la main à la main ont bien mieux fonctionné. C’est à l’occasion de luttes que la collecte était le plus facile : les gens ont le temps de répondre quand le travail s’arrête.

Les territoires enquêtés sont le Boulonnais, la région lilloise et la Bretagne, dans des secteurs comme la santé, les centres d’appel, l’agro-alimentaire, la logistique, la construction navale, les coursiers à vélo. Des contacts syndicaux ont permis d’approcher certains secteurs, certains se sont montrés plus réticents (livraison à vélo, notamment à cause de la barrière de la langue), mais les luttes rendaient la parole sur le travail bien plus libre.

Les résultats

Quelques constats ressortent de cette enquête :

  • il faut en finir avec l’image de l’ouvrier d’usine, car la condition ouvrière est aujourd’hui largement partagée au delà, notamment dans le tertiaire
  • la transnationalisation et la financiarisation ont éloigné les capitalistes des travailleurs : on connaît de moins en moins son patron
  • l’exploitation s’est accrue rapidement ces dernières décennies, en même temps qu’une rigueur salariale redoutable. La mécanisation a accru le rythme du travail, même si les machines sont peu entretenues. L’exploitation est renforcée notamment dans les secteurs où la croissance des profits est plus difficile à obtenir
  • un recours accru à l’intérim, notamment en périodes tendues, mais parallèlement des tentatives de fidélisation de la main d’œuvre en CDI (logistique par exemple), car le coût est important, et les salariés démissionneront tant les conditions sont dures
  • le management a un poids important sur les salariés, et les collectifs de travail sont souvent brisés
  • pourtant, sur de nombreux lieux de travail, il existe toujours des réflexes de solidarité

Quelques perspectives

Depuis les années 70, la situation a beaucoup changé pour le prolétariat français : c’est la fin des grandes concentrations ouvrières, la main d’œuvre est atomisée dans des unités de production plus petites, la syndicalisation s’est effondrée, comme le nombre de jours de grève. La catégorie ouvriers de l’INSEE a reculé, alors que les professions intermédiaires et les cadres ont augmenté. Ces chiffres peuvent être trompeurs, car de nombreux travailleurs du tertiaire peuvent être considérés comme des ouvriers.

La thématique de la “souffrance au travail” est parallèlement devenue incontournable, alors que la dureté de la condition d’exploité n’a rien de nouveau : c’est qu’elle se généralise à des couches du salariat qui s’imaginaient jusque là épargnée. Certains, notamment dans les centres d’appel, la santé, disent “on est devenus une usine”.
La fin de la figure centrale de la classe ouvrière s’est accompagnée de la fin du programme politique de la classe ouvrière, représenté par ses partis et syndicats de masse, ainsi que du recul du sentiment d’appartenance de classe, de la solidarité et des socialités associées, au profit d’identités de consommation, communautaires, etc.

Pourtant, la disparition de la classe ouvrière est un fantasme, comme celui des usines sans ouvriers d’E. Musk. Le capitalisme est un rapport social : pour qu’il y ait du capital, il faut du travail, et vice-versa. Le salariat présuppose le patronat.
Toutefois, il n’y aura pas de retour en arrière, la réindustrialisation de la France est un mythe. Au niveau actuel de productivité et à l’heure d’une mondialisation jamais vue, la bourgeoisie française ne relancera pas les aciéries du Nord-Pas-de-Calais.

La Mouette Enragée propose donc l’enquête ouvrière comme un outil qui part de la centralité de la classe ouvrière, d’un point de vue ouvrier, pour faire une critique actualisée du travail et du capital, avec la classe ouvrière d’aujourd’hui.

La critique du travail a muté, aujourd’hui, les salariés semblent mettre à distance le travail, de façon individuelle : les salariés de call centers disent que leur travail ne sert à rien, ni à eux ni à la société, à Amazon, on admet être remplaçable, on lutte contre la déqualification, on recourt à l’absentéisme, à la grève pour justifier un retard, on ne vient même pas sur le piquet lors de grèves tellement on haït le lieu de travail… Une enquête sociologique de la bourgeoisie montre que moins de 2 salariés sur 10 se sentent engagés dans leur travail.

Échanges avec la salle

Des personnes ont regretté l’absence de questions spécifiques sur la condition des femmes, alors même qu’elles sont très représentées dans les réponses au questionnaire, voire largement majoritaires dans certains secteurs. Le questionnaire étant relativement ouvert et libre, les femmes étaient libres d’y répondre dans ce sens, et la discussion n’était pas cadrée. Certains passages du livre mentionnent le sexisme latent, comme à Vertbaudet pendant la grève. Le fait que les enquêtés étaient des hommes a toutefois certainement été un obstacle. Une autre explication est l’absence de conscience féministe chez beaucoup de travailleuses.

De même, la question de l’immigration n’a pas été abordée de manière plus dédiée, même si une question sur les différences de salaires dans boîte permettait d’aborder cette discrimination. Le secteur d’enquête est toutefois un lieu de relativement faible présence de travailleurs issus de l’immigration.
La méthode de constitution de la somme que constitue le livre, et de la durée du travail militant (2017-2023) a été posée. Le livre est majoritairement constitué du regroupement de travaux publiés dans le journal local de La Mouette Enragée, dans différents numéros.

Les contacts ont été obtenus par le biais de camarades locaux, l’implantation du groupe politique de La Mouette étant un atout. L’enquête ouvrière apparaît comme un formidable outil pour entrer dans la lutte avec les personnes concernées, pour faire du mouvementisme. La parole s’ouvre et le résultat est concret.

Le retour auprès des salariés à propos de l’enquête est en discussion, rien de spécifique n’ayant pour l’instant été organisé. Les enquêtés ont reçu le livre. Beaucoup ont changé de boulot, déménagés… à l’image du salariat éclaté d’aujourd’hui. Le contact est maintenu, mais la question de savoir quoi faire après le livre se pose.

Pour conclure, disons comme l’a souligné un membre du public : on devrait tous êtres des enquêteurs !”.
—————————
https://solidaires78.org/2025/03/02/retour-sur-la-soiree-avant-de-faire-le-tour-du-monde-faire-le-tour-de-latelier/

Boulogne-sur-mer, le 12/03/2025

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Retrouvez la revue Courant Alternatif à la librairie « A La Ligne » à Boulogne-sur-mer

Retrouvez la revue Courant Alternatif
à la librairie « A La Ligne » à Boulogne-sur-mer


Vous pourrez dorénavant lire la revue Courant Alternatif à Boulogne-sur-mer en vous la procurant à la librairie-café « A La Ligne » 47 rue Victor Hugo.

Courant Alternatif c’est chaque mois un point de vue Anarchiste-Communiste sur l’actualité, de l’analyse et de la réflexion. On peut désormais le trouver en librairie à Boulogne-sur-mer, qu’on se le dise !

Au sommaire ce mois-ci :

RUBRIQUES
3…….. EDITO : Mais à part ça, tout va très bien…

7…….. INSUBORDINATION SALARIALE chroniques de la lutte des classes
18…… VERTEMENT ECOLO
22…… BIG BROTHER chroniques du contrôle et de la répression

ENFERMEMENT
4…… Répression : la jeunesse en danger
6…… Mort D’ALASSANE SANGARE à Fleury-Merogis

MOUVEMENT SOCIAL
8…… Salaire, retraite : le temps du capital

ANTINUCLÉAIRE
9…… Antinucléaires, encore et toujours !
9…… Appel pour un Info Tour antinuk

MUNICIPALISME LIBERTAIRE
10…… Démocratie directe : L’exemple d’un petit village Meusien

TAMBOUILLE ÉLECTORALE
14…… Elections aux chambres d’agriculture : Victoire des syndicats productivistes et pro megabassine

ET PAR – DELÀ LES CÔTES
15…… Politique commune des pêches : pour quoi et pour qui ?
17…… Sea Shepherd : un leurre bien rodé

ÉCONOMIE
19…… Protectionnisme et libre échange : outils de domination

OUTRE-MER
24…… Mayotte/Archipel des Comores Chronique d’une convergence des brutes
26…… Martinique retour à l’ordre… colonial

LUTTE ANTICOLONIALE
28…… Le « réveil kanak » de l’après-68

ANTIRACISME
31…… L’antiracisme trahi

INTERNATIONAL
33…… Darfour : un quart de siècle de guerre
34…… Présentation d’El Amal (Espoir)
35…… Quel avenir pour le projet politique au Rojava (…) ?

La prochaine commission journal de mars aura lieu à LILLE les 22 et 23 mars 2025.
Pour y participer vous pouvez nous contacter à notre adresse ; lamouette.enragee@gmail.com

Boulogne-sur-mer, le 09/03/2025

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Dans la presse régionale

Dans la presse régionale

Boulogne-sur-mer, le 10/02/2025

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Rencontre à Paris 12° le samedi 8 février 2025 à 14h avec le groupe La Mouette Enragée autour de leur enquête ouvrière

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Rencontre à Paris 12° le samedi 8 février 2025 à 14h avec le groupe La Mouette Enragée autour de leur enquête ouvrière   La rencontre aura lieu à l’EDMP, 8 impasse Crozatier, à Paris 12e, le samedi 8 février 2025 à … Continuer la lecture

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Rencontre avec le groupe La Mouette enragée autour de son enquête ouvrière

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Rencontre avec le groupe La Mouette enragée autour de son enquête ouvrière   Le vendredi 7 février à 19h à Librairie La Nouvelle Réserve, 5 Rue du Maréchal Foch 78520 Limay   Le travail, on l’aime ou on le déteste, mais … Continuer la lecture

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LILLE – 18 JANVIER (19h) : DÉBAT : catastrophes minières d’hier et fatalisme d’aujourd’hui sur les accidents de travail

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LILLE – 18 JANVIER (19h) : DÉBAT : catastrophes minières d’hier et fatalisme d’aujourd’hui sur les accidents de travail Dans le cadre de l’assemblée nationale des ouvrier.es cordistes qui se tiendra à Lille le week-end du 18 et 19 janvier, … Continuer la lecture

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