Les travailleurs communaux face à la sortie du confinement

Les travailleurs communaux face à la sortie du confinement

Pour mémoire, le maire de Boulogne-sur-mer avait rappelé tous ses agents au travail à la date du 20 avril 2020. A cette occasion, il leur présenta un « Plan de Continuité d’Activité » pour le moins tiré par les cheveux. Le constat des agents avait été rapide, on les faisait revenir alors que l’activité de la plupart d’entre eux n’était pas nécessaire au bon fonctionnement du service public ; et de surcroit sans mesures de sécurité sanitaire appropriées.

Nous arrivons à la fin de la période de confinement et le constat est aussi limpide que précédemment : les agents n’ont pas plus de matériel aujourd’hui qu’ils n’en avaient en date du 20 avril pour assurer leur sécurité sanitaire. Sachant que dans le même temps, le maire menait ses opérations de communication en rappelant la nécessité de bien rester confiné et de pratiquer les gestes barrières mais sans mettre à disposition les moyens nécessaires à cet effet. Heureusement, tous les agents ne sont pas revenus ! En effet, certains bénéficiaient d’autorisation spéciale d’absence (lié à la garde d’enfants ou pour diverses pathologies) ou d’arrêt maladie. Et c’est bien parce que les effectifs n’étaient pas au complet que les mesures de distanciations ont pu être observées !

Mais le problème se répétera le 11 mai, lors du déconfinement, car tous les agents sont rappelés au travail, à 100%. Sans matériels de protection, sans possibilité de respecter les règles de distanciation nécessaire, cette reprise va être très compliquée à gérer pour les agents, à la différence de l’autorité territoriale qui n’a pas l’air de s’en inquiéter plus que cela. Des structures qui accueillent du public en temps normal rouvriront à ce même public le 18 mai. Malheureusement, rien à l’heure actuelle ne lui garantit une sécurité sanitaire, pas plus d’ailleurs qu’aux agents qui seront présents. Une chose est sûre, et c’est une maigre consolation, si les conditions ne sont pas réunies le jour J pour assurer le bon fonctionnement des structures, les agents auront le recours du droit de retrait comme établi dans les statuts de la fonction publique et le texte d’état d’urgence sanitaire, en espérant que les syndicats maison fassent leur travail, mais sans trop y croire car pour le moment ils sont plutôt en mode silence radio … Encore une affaire à suivre !

Depuis, les agents ont eu la désagréable surprise d’apprendre que le maire allait leur imposer des congés obligatoires en cette fin de confinement. Au niveau national, une ordonnance en date du 15 avril 2020 permet aux patrons d’imposer des congés à leurs salariés pendant la période de confinement. Il en va de même dans la fonction publique d’Etat et les collectivités territoriales pour lesquelles il est précisé que ce serait au bon vouloir des autorités compétentes de prendre ou non ces mesures. Une fois de plus, le procédé reste le même, les agents ont été mis devant le fait accompli, avec une réaction singulière du syndicat majoritaire maison. En effet, ce syndicat a annoncé que les agents devaient prendre des RTT ou congés imposés par le maire, que cela était obligatoire (alors que c’est faux , il suffit de consulter les textes), que les agents n’avaient pas le choix, mais qu’il « fallait toutefois rester vigilant »… On pourrait se demander :  « de qui se moque-t-on ? » D’autant que ces RTT ou congés imposés sont rétroactifs à la date du 16 mars 2020 (date du début du confinement). Cette injonction se fait en deux temps, d’abord pour la période du 16 mars au 16 avril, puis pour celle du 17 avril jusqu’à la fin du confinement. En l’occurrence, il s’agit de 5 jours de RTT pour la 1ère tranche et de 5 autres jours de RTT pour la 2ème tranche (remplacés par des congés annuels si les agents n’ont plus assez de RTT).

Les agents, donc, se voient sucrer leurs RTT ou congés annuels comme s’ils étaient coupables de quelques méfaits, et une fois de plus, tout ceci s’est fait dans l’urgence afin de ne pas leur laisser le temps de prendre les informations nécessaires afin de réagir. Par la suite, on a expliqué aux agents que ceux qui s’étaient mis en arrêt de travail ne devraient pas de RTT car ne compterait que la période où ils étaient en autorisation exceptionnelle d’absence. Il en serait de même pour les agents qui étaient en télétravail ou travail à distance, on ne leur imposerait que la moitié de RTT préconisé (c’est-à-dire 2.5 jours au lieu de 5 jours). Quel soulagement !

Voici encore un grand moment dans le fonctionnement interne de la mairie de Boulogne-sur-mer, alors qu’alentours peu de collectivités territoriales ont fait ce choix, ou tout au moins cela ne s’est pas fait sans de vives réactions des syndicats et des salariés. On peut craindre de nouvelles surprises, d’où la nécessité de rester vigilant et ce, le plus collectivement possible.

Boulogne-sur-mer, le 10/05/ 2020

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