Si j’étais cégétiste…

Si j’étais cégétiste…

 

J’aurais bien du mal à comprendre et à me reconnaître dans les discours, positions, appels et engagements de ma boutique selon le degré hiérarchique, la localisation, la boîte ou le secteur d’activité d’où ils émanent.

 
Ainsi, après avoir mené des actions (sur les dépôts de carburants et autres blocages) et tenu des discours justement intransigeants, à l’échelon national, au cours de la lutte contre la « loi travail », on ne saurait que reconnaître un investissement classiste du syndicat alors bête noire officielle de Valls et des patrons.
Au niveau local, à Calais précisément, la CGT dockers, après s’être déjà illustrée cet hiver lors des manifs -prenons les pour ce qu’elles sont – anti-migrants, aux côtés des patrons, des commerçants et des politiciens (1) voilà-t-il pas que la même section cégétiste appelle « tous les salariés calaisiens à venir la nuit donner un coup de main aux forces de l’ordre sur la rocade assaillie par les migrants». Le motif ? Les tentatives désormais désespérées des migrants d’embarquer dans tout ce qui roule vers la Grande Bretagne sur les zones encore sans chiens ni barbelés, mettrait en péril l’autoroute ferroviaire entre le port de Calais et le terminal du Boulou, situé à la frontière franco-espagnole. (2) Et d’enfoncer le clou, tout en nuance : «Conscients des difficultés des réfugiés de guerre», [ils (comité d’entreprise et CHSCT) ] réclament plus de fermeté à l’encontre des «migrants économiques » qui augmentent selon eux la population de la « jungle ». Avec la nécessaire précision de l’incontournable chantage à l’emploi.
Cette singularité de la section calaisienne de la CGT Port et docks pose question au regard des affiches contre les violences policières diffusées lors du récent conflit contre la loi « Travaille ! » – la CGT police s’étant défaussée sur les politiques mais ce n’est pas la question -, mais davantage encore face à la déclaration de la Fédération de la CGT Ports et Docks parue le 29 avril 2015 sur le site de l’UL CGT de Tourcoing. (3) À l’échelle européenne, la CGT semble également prendre la «question migratoire» sous son aspect dramatique ; elle est signataire d’un texte intitulé « Stop à l’hécatombe. Nous exigeons justice, protection et respect des migrants” et émanant de l’international Réseau syndical sur la migration méditerranéenne et sub-saharienne. Laquelle se réfère à « une Union européenne ouverte et sûre, pleinement attachée au respect des obligations de la Convention de Genève sur les réfugiés et des autres instruments pertinents en matière de droits de l’homme, et capable de répondre aux besoins humanitaires sur la base de la solidarité ».

Si j’étais cégétiste, j’aurais tendance à affirmer sans faille une conscience et la solidarité de classe avec les travailleur-euse-s victimes des États, des patrons et de leurs polices. Tous ensemble ! D’où qu’on vienne…

 

(1)http://france3-regions.francetvinfo.fr/picardie/calais-2000-manifestants-pour-la-defense-du-port-et-de-la-ville-911991.html

(2)http://www.lavoixdunord.fr/region/l-autoroute-ferroviaire-calais-le-boulou-suspendue-en-ia33b48581n3621343

(3) http://ulcgt-tourcoing.fr/2015/04/29/declaration-de-la-federation-cgt-ports-et-docks/

(4) http://serveur2.archivehost.com/membres/up/1451077023/2015/Declaration_RSMMS_22Avril2015.pdf

 

Stop à l’hécatombe par Fédération de la CGT Ports et Docks

Stop à l’hécatombe par Fédération de la CGT Ports et Docks

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